Archives avril 2017

Mettre sa vie sur pause

Il y a un an exactement, le 31 mars 2016, je décidais de partir en

Il y a un an exactement, le 31 mars 2016, je décidais de partir en thérapie pendant vingt‑huit jours sans aucun contact avec l’extérieur. Mettre ma vie sur pause, car ce n’était pas une semaine dans un tout-inclus qui allait me guérir de ce mal intérieur que je sentais grandir depuis quelques années. Depuis quand en fait? Je ne savais plus, car du plus loin que je me souvenais, j’ai souvent senti que je venais d’une autre planète.

Non, je ne suis pas alcoolique ou dépendante des drogues, non, je ne suis pas bipolaire ou folle à lier, peut-être juste dotée d’un cœur plus sensible que la moyenne. Le 28 avril 2016, après vingt‑huit jours à pleurer ma vie, mes échecs, ma séparation, mon enfance, mon père absent et mon petit frère tannant. Vingt-huit jours à écrire ma vie (du plus loin que je me souvenais) avec les petits et les grands deuils, les rejets, les peurs de ne pas réussir et surtout ce désir de me faire tant aimer. La veille de ma sortie, j’ai regardé brûler ce rouleau de papier contenant Les malheurs de Véro sur l’air de Human, de Christina Perri. J’ai dit au revoir à mes amis de thérapie pour reprendre ma route seule avec un sac à dos rempli de nouveaux outils pour m’aider à mieux gérer mon anxiété et mes peurs.

Depuis un an, les relations toxiques ne m’attirent plus, j’apprends à apprivoiser ma solitude, à rassurer ma petite Véro et à lui dire qu’elle est bonne, qu’elle peut venir poser sa tête sur mon épaule et que je vais la consoler et l’écouter. J’apprivoise beaucoup de choses, comme le fait de voir partir ma fille et de réaliser que ma fin de semaine sans elle n’est pas remplie de milliers d’activités et de tonnes d’amis. Que je peux passer quarante‑huit heures seule avec moi‑même, aller au cinéma ou au spa en solo et me donner une tape dans le dos : Bravo Véro! En apprenant à être bien seule, tu finiras par accepter plus facilement la vie à deux avec ses hauts et ses bas!

Je vous mentirais si je vous disais que cette dernière année a été facile. Malgré le yoga, les lectures et surtout le fait de mieux gérer mes pensées, il y a certains matins où je sens que ma sérénité est partie prendre une marche et a perdu son chemin au retour. J’ai cependant compris que j’ai tellement de potentiel en moi, un boulot de rêves depuis le début de ma carrière, des amies en or, une maman si aimante et une charmante cocotte qui m’apprend jour après jour que la vie est remplie de petits bonheurs avec son regard émerveillé sur la vie. Ma plume me permet de parler de ce que je vis, on se confie à moi et on réalise que je ne suis pas une superwoman. Je m’implique en santé mentale, j’ose parler des tabous liés à la dépression, à l’anxiété et aussi de ma grande sensibilité. Pendant vingt‑huit jours, on m’a parlé du moment présent, que je ne peux contrôler le futur, que je ne peux ressasser le passé. Que je dois vivre mon ici et maintenant… et ça fait presque 365 jours que je me le répète!

Véronique Hébert

Vos commentaires : v23hebert@icloud.com

 

« Mais t’as pas l’air malade?! »

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Depuis treize mois, je vis mon quotidien entre les quatre murs de ma charmante maison, mais depuis trente ans, je vis mon quotidien entre les quatre murs de ma tête douloureuse…

J’ai toujours eu mal à la tête. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu cette douleur lancinante entre les tempes, tellement que j’ai longtemps cru que c’était normal. Un mal quotidien, parfois léger, mais plus souvent qu’autrement si intense que le contenu de mon estomac se retrouvait dans la cuvette des toilettes… J’ai vécu ainsi les vingt-trois premières années de ma vie et puis j’ai trouvé un remède… Être enceinte! Neuf mois sans aucun mal de tête, deux fois! Et puis les deux fois, inévitablement, j’ai accouché! Oh misère! Le mal se multipliait à mesure que la famille s’agrandissait. Après bébé numéro deux, la douleur a atteint son apogée. Mais, je gérais, je suis faite forte; pourquoi étaler cette maudite souffrance de toute façon?

Un jour, assise dans le bureau de mon médecin, elle se tenait devant moi le regard grave et un air sévère que je ne lui connaissais pas. J’ai le même médecin depuis plus de vingt ans, elle connaît mes migraines depuis que je suis toute petite. Elle connaît aussi mon caractère, ma carapace, mais surtout ma fierté. Quand elle s’est mise à parler, les larmes sur mes joues suivaient le rythme : « Tu dois t’arrêter, tu dois te reposer, tu dois t’écouter. À partir de maintenant, tu seras à la maison jusqu’à ce qu’on te soulage, même si tu ne veux pas, ce sera ça. »

C’est comme si on me disait que j’avais perdu la bataille. Les maux de tête m’avaient eue. J’ai vécu tout ça comme un immense échec. Des semaines de noirceur et d’inquiétudes, des dizaines de tests, tout autant de médecins. Personne n’arrivait à trouver. J’ai essayé tous les médicaments, toutes les façons de me les administrer et j’ai enduré leurs foutus effets secondaires. Je me suis auto-injecté des médicaments, moi qui avait une peur bleue des aiguilles. J’ai tout fait. Je souffrais de migraines chroniques, comme 1 % de la population québécoise, et personne n’arrivait à me soulager.

Jusqu’à ce qu’on parle du Botox. La solution qui serait peut-être miraculeuse. On allait m’injecter cet agent de comblement dans la tête, le visage, le cou et les épaules de façon à calmer le mal. Un long processus vraiment douloureux combiné à 850 km aller-retour toutes les douze semaines. Sans aucune garantie de succès.

J’ai reçu mon troisième traitement cette semaine, le dernier espoir, le dernier essai, celui qui me dira si enfin, je retrouverai un jour un peu de paix. Dans quelques semaines, je crierai victoire ou je pleurerai un autre échec. Si ça fonctionne, je peux espérer un soulagement d’environ 50 %, peut-être plus, peut-être moins. Mais toute ma vie, toutes les douze semaines, une petite aiguille fera une quarantaine de trous dans ma tête.

Mais pour la première fois en trente ans, je me donne le droit d’avoir mal. J’essaie chaque jour de vivre avec, mais de façon saine. Les personnes qui m’ont déjà vue en crise de migraine, je les compte sur les doigts d’une main. Je peux aussi compter sur les doigts de cette même main le nombre de fois où l’homme qui partage ma vie chaque jour depuis plus douze ans m’a vue perdre le contrôle face à la maudite douleur. JE ME CONTRÔLE, toujours. Quand je suis allongée, à moitié nue sur la céramique de la salle de bain, dans le noir complet à me vomir les tripes tellement j’ai mal, je ne veux que personne ne voie ça, personne.

Alors quand je te croise à l’épicerie et que tu me regardes l’air songeur en me disant : « Ouais, mais t’as pas l’air malade?!», tu sais quoi? Je t’emmerde. Et toi, qui me vois dans la rue ou n’importe où ailleurs et qui me juges, tu sais quoi? Je t’emmerde aussi. Non je n’ai pas l’air malade, et j’espère ne jamais, au grand jamais, avoir l’air malade. Je me suis déjà souhaité un cancer ou une jambe en moins pour qu’on arrête de porter ce regard sur moi. Mais aujourd’hui, c’est terminé! Et je sais que toutes les personnes qui, comme moi, souffrent en silence, sans marques sur leur corps, t’emmerdent aussi!

Quand on insère dans ma tête la douloureuse aiguille qui me soulagera peut-être. Quand j’avale ces foutus médicaments qui brouillent ma mémoire et mes facultés. Quand je me réveille en plein jour et que le soleil qui brille me fait mal au lieu de me faire du bien. Il n’y a que moi qui sais combien c’est difficile. Mais si un jour, un mal invisible s’attaque à toi, je sais que tu me comprendras enfin. Et tu sais quoi? La vie m’a appris que tu auras besoin de mon empathie malgré toutes les fois où, toi, tu as eu le jugement facile.

 

Karine Arseneault

Le terrain est toujours plus vert chez le voisin

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Le terrain est toujours plus vert chez le voisin : c’est connu! Daussi loin que je me souvienne, jai envié les autres. Leurs beaux terrains verts m’ont toujours semblé plus invitants que le mien, couvert de mauvaises herbes et de garnotte.

Petite, j’enviais mes voisines d’en face parce qu’elles avaient des poupées des New Kids On The Block et pas moi! Vers la fin du primaire, je jalousais tellement ma camarade de classe, qui semblait avoir tous les talents, que j’avais confectionné une poupée vaudou à son effigie pour rééquilibrer un peu les choses (rassurez-vous, ce fut complètement inutile! Aucun enfant ne fut blessé ni maltraité!) Au secondaire, je détestais les filles minces, populaires et habillées à la dernière mode. Adulte, j’ai trouvé injuste de voir mes copines aller à l’université, tomber enceinte avant moi, se faire construire de grosses baraques, voyager à travers le monde, etc.

Et puis, j’ai compris…

Tu sais, ton couple de voisins, ceux qui habitent la grosse maison, avec le beau spa, le gros garage, le magnifique aménagement paysager et les deux voitures de l’année stationnées à l’avant? Et bien ce quon ne sait pas, cest que ça fait maintenant dix ans qu’ils essaient en vain d’avoir un enfant : un enfant qui ne s’achète pas.

Pis tu sais, ton ami Facebook, celui qui rayonne de zénitude, qui publie quotidiennement de belles pensées positives, qui ne s’accroche pas dans les valeurs superficielles et matérialistes, qui semble si serein et épanoui? Et bien ce quon ne sait pas cest quau fond, il se sent comme un échec monumental; il se remet en question constamment. Les belles citations quil publie, il espère y croire un jour, mais il n’est pas rendu là.

Pis tu sais, ton amie parfaite, celle qui peut manger tout ce qu’elle veut sans prendre une once de gras, qui fait trois demi-marathons par année, qui avait perdu son poids de grossesse un mois seulement après l’accouchement? Et bien ce quon ne sait pas, cest quelle sentraîne de façon compulsive et se fait vomir tous les jours. Elle cache des barres de chocolat quelle mange en cachette et quand elle se regarde dans le miroir, son reflet la rend malade.

Pis tu sais, la petite famille parfaite que tu côtoies à l’aréna? Le beau petit couple, avec trois enfants, toujours aussi amoureux après dix ans? Celui qui fait plein dactivités en famille, qui habite une mignonne petite maison et qui se promène toujours main dans la main? Et bien, cette famille-là, c’était la mienne. Ce que vous ne saviez peut-être pas, cest quon n’était plus amoureux depuis longtemps, quon parlait de séparation toutes les semaines et quon ne se touchait plus depuis des mois. Le papa souffrait d’un problème de santé mentale, il découchait de temps en temps sans dire à la maman où il était, et la maman s’endormait en pleurant TOUS les soirs.

On voit constamment défiler des statuts Facebook et des photos où on «tague» le bonheur. Devant ces étalages de réussites et de bonheur sans nuages, on en vient à penser que tout le monde est plus heureux que nous. Mais sait-on ce qui se passe réellement dans la vie des autres? Et de toute façon, est-ce vraiment important? Le bonheur du voisin vient-il vraiment ternir le nôtre? Nous avons tous notre lot de malheurs, petits et grands. Les apparences peuvent être trompeuses.

Donc la prochaine fois que vous trouverez le terrain plus vert chez le voisin, arrêtez-vous. Il sagit peut-être de gazon synthétique ou peut-être que des petits vers blancs s’y cachent. Prenez plutôt le temps d’arroser et de nourrir le vôtre!

 Steph Nesteruk

SILENCE!

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« On se calme! », « On arrête de parler! », « Silence! », « Chut! » Tous ces petits mots me font dresser les poils sur les bras. Je ne veux surtout pas généraliser parce que comme dans tous les métiers, il y a des travailleurs compétents qui innovent, et d’autres moins compétents qui sont là pour la paye. Je sais également que la plupart du temps, les enseignants font tout en leur pouvoir pour offrir à nos enfants une qualité de vie enrichissante.

Par contre, je me pose des questions sur la liberté de nos enfants dans les écoles. Je n’ai pas de doutes que dans les classes, les apprentissages peuvent se faire de différentes façons et que les enseignants sont souvent des vrais magiciens pour trouver la bonne manière d’enseigner à nos enfants, qui ont chacun leur personnalité. Je fais ici un portrait global de la situation sans pour autant mettre toutes les écoles dans le même panier.

Mais… est-ce qu’on est vraiment obligés d’imposer autant de moments de silence dans une journée? Silence dans les rangs, silence dans les corridors, silence dans le vestiaire, silence dans les salles de bain, silence dans la bibliothèque et parfois même, silence dans la classe pour que les élèves puissent se concentrer. De plus, dans certaines écoles, le silence est demandé pendant le dîner pour éviter que les enfants qui discutent trop avec leurs camarades prennent du retard pour la récréation. Donc, si je résume tout ça, les enfants ont le droit de s’exprimer lorsqu’ils en ont la permission en classe et dans la cour d’école?

Nos enfants ont des idées et des opinions. Nos enfants devraient être libres de créer et de laisser aller leur imagination, qui à leur âge, n’a pas de limites. Une petite fille qui a une moins bonne note parce qu’elle n’a pas suivi exactement le modèle du clown que l’enseignante leur a proposé… est-ce acceptable? Que le clown ait les cheveux jaunes ou mauve, est-ce vraiment grave? Moi, j’aurais félicité l’enfant pour sa créativité! D’un autre côté, je peux comprendre les exigences d’un programme scolaire qui désire voir si l’enfant peut reproduire quelque chose, s’il a un bon sens de l’observation. De quel côté doit-on se mettre?

Et bien moi, je me positionne du côté de la liberté avec encadrement. Le gros bon sens! Quand mes enfants reviennent de l’école avec du linge taché, je me dis qu’ils se sont amusés. S’ils reviennent avec les pantalons pleins de bouette, je me dis qu’ils ont exploré. S’ils reviennent avec de la peinture en dessous des ongles, je me dis qu’ils ont créé. Et si mes enfants reviennent avec un billet de communication parce qu’ils riaient trop fort dans la salle de bain et qu’ils ont dérangé une classe dans le gymnase d’à côté, et bien moi, je me dis qu’ils ont socialisé et qu’ils ont appris le respect des autres.

Je vous pose maintenant la question : qu’est-ce qu’un enfant pour vous? Pour moi, un enfant est un être unique, qui découvre, qui explore, qui pose des questions, qui rit, qui court, qui danse, qui expérimente pour devenir un adulte épanoui, heureux et en amour avec lui-même.

Valérie Grenier

WonderWoman est vulnérable

En tant que parent, vous le savez, nous avons souvent le rôle de su

En tant que parent, vous le savez, nous avons souvent le rôle de superhéros auprès de nos enfants. Depuis quelques mois, je joue cartes sur table avec mes enfants : WonderMôman est fatiguée et elle a peur. Je vis avec deux maladies chroniques depuis neuf ans et je suis en attente de résultats de biopsies.

Ma résolution pour 2017 était d’être heureuse. Pour le moment, je dirais que j’avais plutôt bien réussi, mais il y a eu une ombre au tableau. À la fin janvier, j’ai dû passer un examen routinier pour ma condition de santé et, pour la première fois, le test m’a fait peur. Mes enfants ont bien vu que maman était nerveuse. Je me suis donc assise avec eux et je leur ai expliqué mes maladies (maladie de Crohn et colite ulcéreuse, le jackpot intestinal) et les tests que j’allais passer sous peu. Je trouvais important de les mettre au courant parce que j’avais un mauvais feeling.

Mon plus vieux est autiste et n’a aucun filtre, donc le lendemain à l’école, sa classe et le service de garde ont eu une conférence de presse sur le fait que sa maman allait se faire entrer une caméra dans les fesses, mais qu’avant, elle devrait prendre des médicaments qui lui donnerait la diarrhée! Allo le malaise! Mon ego en a pris pour son rhume! Ma fille, quant à elle, s’est considérée comme informée et a pris soin de moi, alors que j’étais dans ma journée « d’intimité » avec le bol de toilette.

Le matin de l’examen, j’étais littéralement terrorisée. Pourtant, j’ai passé ce même examen au moins une vingtaine de fois sinon plus depuis mon diagnostic. Cette fois-ci, j’avais un mauvais feeling. Cette fois-ci, je réalisais qu’il ne restait plus beaucoup de traitements possibles avant une chirurgie qui me laisserait avec une stomie. Je réalisais que le traitement qu’il me restait à essayer avant la chirurgie impliquait des traitements par injections ou intraveineuses. Habituellement, lors de l’examen, je dors dès qu’on m’injecte l’anesthésiant, mais pas cette fois-ci; je suis restée éveillée durant tout l’examen. J’ai vu un bout de mon corps que je n’avais jamais vu avant! Entre vous et moi, je me serais passé de faire la rencontre de l’intérieur de mon intestin : ça ne faisait pas partie du bucket list des choses à voir dans ma vie!

Je suis ressortie de l’examen, rapport médical en main, mais en attente des résultats des huit biopsies faites. Pas juste une, mais huit! Pourquoi autant cette fois-ci? Rien pour rassurer l’anxiété qui sommeille en moi depuis cet examen. Si vous trouvez que les délais pour passer un examen en milieu hospitalier sont longs, les délais pour l’obtention des résultats le sont tout autant. Je suis toujours à ce jour en attente des fichus résultats!

Depuis l’examen, je lis sur les traitements possibles et sur la chirurgie. J’essaie de mesurer les impacts sur mon quotidien, sur ma vie de famille, sur ma vie de couple et sur ma vie sexuelle. Est-ce que les traitements me mettront à terre et me videront de mon énergie, comme c’est le cas actuellement avec ma médication? Quels seront les impacts sur ma santé? Si j’opte pour la chirurgie plutôt que pour les traitements et que j’ai un sac, de manière temporaire ou permanente, est-ce que je serai à l’aise de me déshabiller avec les lumières allumées? Est-ce que je me sentirai encore désirable avec ce nouvel accessoire obligatoire? Le serai-je toujours aux yeux de mon amoureux? Est-ce que la gestion d’un sac au quotidien sera compliquée lorsque je serai au travail? Est-ce que je vais encore monopoliser la salle de bain de la maison à gérer ledit sac? Vais-je être mentalement capable de gérer ça tout court?

J’ai toujours voulu me montrer forte, ne pas montrer ce qui m’affecte et être capable de tout gérer de front, mais je dois avouer que cette fois-ci, j’ai frappé un mur! La WonderWoman que je peux être parfois semble avoir foutu le camp et me laisse avec beaucoup trop d’incertitudes et de questions pour que je puisse faire comme si de rien était. Mes enfants me voient nerveuse, me voient pleurer et me voient m’inquiéter. Ça me rend mal à l’aise de ne plus être invincible à leurs yeux, mais je me dis qu’au moins, ils savent que tous les êtres humains ont leurs limites et que maman est humaine.

Annie St-Onge

Je n’étais pas prête

Sans voir rien venir, je me suis retrouvée parachutée dans le sexe des adolescents

Sans voir rien venir, je me suis retrouvée parachutée dans le sexe des adolescents. C’est comme si ma fille de quinze ans m’avait envoyé un gros coup de poing dans le ventre. Le souffle coupé, le corps plié en deux et l’âme en détresse, je criais à l’aide…

Mon bébé n’était plus. Elle avait franchi le cap, si vite. Trop vite pour moi. Je n’étais pas prête. J’ai eu envie de hurler à ces mains qui la touchent, à ce sexe qui lui a enlevé sa virginité : tu étais trop vite! Je n’étais pas prête!

Je sais bien que c’est sa vie, qu’elle était rendue là et qu’elle est heureuse. Je n’aurais jamais pensé que la vie sexuelle de ma fille pourrait me rendre si triste.

Je n’aurais jamais pensé avoir si peur. L’angoisse étouffante d’avoir un être qui pousse dans son ventre… La crainte des maladies… La trouille de voir son cœur entier se briser quand l’amour fera mal…

Je n’étais pas prête à faire un test de grossesse avec elle. Toutes deux, nous regardions l’urine monter tranquillement le long du bâtonnet. Nous avons arrêté de respirer pendant toutes ces longues secondes… Puis nos larmes quand nous n’avons vu qu’une seule barre mauve…

Je n’étais pas prête à lui faire installer un stérilet : cet objet étranger dans son petit corps… Je l’ai pourtant accompagnée, soutenue, écoutée. Mais mon âme tout entière hurlait…

Je n’ai pas eu le temps de me préparer. C’est allé trop vite. Tout passe si vite.
J’ai devant moi une femme. Des amoureux. Qui font l’amour. Deux corps brûlants d’hormones sous mon toit…

Il est où le mode d’emploi de maman dans ces moments-là? Qu’est-ce que je peux tolérer, encourager, comprendre, accepter?

Je me suis retrouvée parachutée dans la vie sexuelle des ados, avec des tests, des rendez-vous médicaux, des traitements, des doutes, des peurs, de la colère… mais surtout… avec beaucoup d’amour…

 

Eva Staire

Le combat d’une mère pour sa fille

L’histoire d’Alexane

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L’histoire d’Alexane

La délétion du chromosome 16, les parents d’Alexane ne connaissaient pas. Très peu de gens connaissent. C’est le problème d’une maladie orpheline. On ne sait pas. On suppose.

L’inquiétude des parents apparaît lorsque la petite Alexane atteint ses deux ans. Elle ne marche pas et éprouve beaucoup de difficulté à s’exprimer. À quatre ans, s’exprimer est difficile, Alexane cherche encore ces mots. L’enseignante de maternelle remarquera elle aussi que quelque chose ne va pas. C’est à ce moment que s’enclenchent différents tests. Prises de sang analysées en génétique à Sainte-Justine. Les neurologues entrent ensuite dans sa vie. Un premier dans la région et un deuxième au Centre Mère-Enfant Soleil à Québec. C’est à ce moment que le diagnostic se confirme. Anomalie chromosomique.

Une anomalie qui cause chez Alexane différents problèmes de santé, dont une épilepsie, un trouble du déficit de l’attention sévère et de dysphasie. En plus s’ajoutent des traits autistiques; ses relations avec les autres sont donc plus difficiles.

On connaît très peu de choses sur cette anomalie et, comme toute maladie orpheline, très peu de recherches sont effectuées. On ne peut pas prédire l’avenir d’Alexane, on ne sait pas comment l’anomalie chromosomique évoluera.

Alexane a maintenant neuf ans. Elle est toujours en attente de services qui pourraient les aider, elle et sa famille. Notre système de santé étant si bien fait… le peu de service qu’elle avait reçu avant l’âge de sept ans s’est interrompu. Pourquoi? Parce qu’à sept ans, elle a été placée dans un autre programme. Depuis près de deux ans, rien n’a bougé. Ses parents font de leur mieux pour aider leur fille. Ils ne comprennent pas la lenteur du réseau. Alexane a besoin d’aide pour grandir, pour évoluer. On leur refuse ce soutien.

J’ai beaucoup de difficulté à comprendre notre système de santé, notre gouvernement. Comment peut-on abandonner des enfants en difficulté et leurs parents? Les parents de la fillette se sont même vu refuser le soutien pour enfant handicapé. Les normes ont changé, elles sont plus sévères maintenant. C’est la réponse qu’ils ont reçue. J’aimerais beaucoup que ceux qui prennent la décision d’accorder ou non le soutien prennent une minute pour vivre le quotidien d’une famille comme celle d’Alexane. Les suivis en ergo, physio, orthophonie et autres spécialistes. Le désespoir des parents qui se sentent abandonnés. J’aimerais qu’ils suivent Alexane pendant une journée. Qu’ils voient ses difficultés quotidiennes. J’aimerais qu’ils lui expliquent pourquoi ils ne l’aident pas et pourquoi elle devra continuer à vivre les frustrations, la peine, le sentiment d’échec, les difficultés scolaires, etc. chaque jour.

Une maman, ça aime ses enfants sans frontières; elle déplacera des montagnes pour ses enfants. Mais parfois, les montagnes sont trop lourdes, elle a besoin de ce soutien.

La maman d’Alexane ne baisse pas les bras. Elle porte son armure de combat et mènera la bataille, épaulée par son conjoint et ses autres enfants. Elle réussira à faire bouger les choses.

Moi, j’essaie de les aider en vous partageant leur histoire… qui ressemble à celle d’autres familles abandonnées, qui doivent aussi se battre par amour.

 

Mélanie Paradis

 

C’est « juste » une infirmière…

C’est elle qui t’accueille quand tu arrives à l

C’est elle qui t’accueille quand tu arrives à la clinique ou à l’hôpital, c’est ton premier contact avec le réseau de la santé. Ce n’est pas le médecin, non : c’est « juste » l’infirmière… et pourtant…

Même quand elle est fatiguée, quand elle a faim, quand elle vient de se faire hurler dessus par un patient, quand elle a tenu la main d’un mourant, quand les cris d’un enfant résonnent encore dans son cœur… malgré tout, elle a toujours un sourire pour t’accueillir.
Un beau sourire rassurant, réconfortant et encourageant. Un sourire qui te dit que tout va bien se passer.

Elle est en première ligne. C’est elle qui absorbe la tonne d’informations que tu lui donnes trop vite, parce que tu es si angoissé. Elle prend note, résume et synthétise. Telle un détective, elle décortique ton discours afin que le médecin puisse donner un diagnostic. Ce diagnostic que tu attends avec inquiétude et impatience… elle, c’est « juste » l’infirmière… alors elle ne te le donnera pas. Elle est pourtant le premier maillon de cette chaîne qui te porte vers la guérison.

Elle est toujours là. Sept jours sur sept, le jour et la nuit. Le dimanche et les jours fériés, elle laisse sa famille pour t’accueillir, toujours avec ce sourire. Pourtant, elle culpabilise de ne pas être présente auprès de ses enfants. Le soir, elle rentre chez elle, épuisée, vidée. Elle a toujours une pensée pour ses patients et se remet en question indéfiniment.

Elle a une capacité vésicale immense, une grande prédisposition au jeun, une patience infinie, une dextérité à toute épreuve, des jambes capables de la tenir debout des heures durant et de parcourir un grand nombre de kilomètres.

Elle joue dans tes urines, te prélève du sang, nettoie tes plaies, te pique les fesses, t’administre de l’oxygène, te réanime, te donne les médicaments et les soins dont tu as besoin. Grâce à elle, tu vas te sentir bien mieux. Elle écoute et réconforte. Elle enregistre tes signes vitaux et se tient prête à bondir s’ils flanchent. Elle accompagne, et ce, jusqu’à la fin.

Alors, peut-être penses-tu que c’est « juste » une infirmière à ton chevet. Elle est les yeux, les oreilles et les mains du médecin, comme une passerelle, une équipe bien rodée qui œuvre pour améliorer ta santé.

Ce matin, une petite fille à mon travail jouait à écouter le cœur de son ourson avec un stéthoscope. Sa maman lui a demandé :
– Tu joues au docteur?
– Non, maman, je joue à l’infirmière!

Merci fillette, de montrer qu’être infirmière, c’est le plus beau métier du monde!

 

 

Gwendoline Duchaine

 

Ado, lève-toi et travaille!

Depuis quelques

Depuis quelques années, tu es passé dans le club des grands qui n’ont pas besoin de se lever tôt chaque matin pour aller au camp de jour pendant l’été. Tu passais juillet et août à relaxer avec tes amis, à voyager avec tes parents, à faire des grasses matinées sur le mode « repeat ». Tu lisais, tu jouais sur ta tablette, tu jasais sur Facetime ou tu allais au parc de planche à roulette. Peut-être que tu gardais ton petit frère ou ta petite sœur une fois de temps en temps. Mais en gros, tu te la coulais douce.

J’espère pour toi que tu as profité de tes étés sans responsabilités, parce que maintenant, c’est le temps de lever tes fesses du divan et d’entrer tranquillement sur le marché du travail. « Pourquoi, donc? », t’exclames-tu. Parce que tu es rendu là. Parce que ta tablette, tes applications, ta musique et tes vêtements dernier cri ont un prix. Parce que ce n’est pas à tes parents de tout faire pour toi. Tu n’es pas un oisillon qui se fait fourrer de la bouffe prémâchée dans le bec. Parce que d’ici quelques années, tu passeras des entrevues pendant lesquelles on te demandera de parler de ton expérience de travail. Si tu n’as rien à dire, tu te retrouveras coincé dans une spirale de refus et de manque d’expérience.

Alors, GO! C’est le temps, maintenant (oui, il neige encore, tu es en période d’examens au secondaire ou au cégep, tu es trop occupé pour penser à ce que tu feras cet été. Mais si tu ne le fais pas maintenant, ce sera trop tard! Tous les emplois étudiants seront déjà pris!). Établis un plan de match :

          Quelles sont TES raisons de travailler? Fixe-toi un objectif concret qui te motivera à te rendre au travail. Veux-tu t’acheter quelque chose en particulier ou refaire la décoration de ta chambre? Planifies-tu partir en appartement dans les deux prochaines années? T’acheter une voiture? Veux-tu acquérir de l’expérience dans un domaine spécifique ou rentrer ton gros orteil dans une entreprise?

          Quelle est la période pendant laquelle tu veux ou tu peux travailler? Toute l’année? En juillet et août? Peut-être dès le mois de mai si tu es au cégep?

          Veux-tu travailler le soir ou le jour? La semaine ou la fin de semaine? Des heures fixes ou sur appel? Peux-tu te déplacer en voiture, à vélo, en métro?

          Combien d’heures penses-tu travailler chaque semaine? Pendant l’été, tu peux bien sûr proposer tes services à temps plein, sauf si tu as des cours de rattrapage à compléter. Mais pendant l’année scolaire, entre dix et quinze heures par semaine, c’est suffisant si tu ne veux pas que tes résultats scolaires descendent. Ça dépend aussi de ton âge, de ton rythme d’apprentissage, de ton programme scolaire, de ta personnalité et de tes activités. Et  de tes parents!

Demande des conseils à ton bon ami Google pour t’aider à construire un curriculum du tonnerre. Même avec peu d’expérience et de poils aux aisselles, il y a moyen de structurer ton CV pour démontrer ta personnalité, tes atouts, tes références. Pense à ton entraîneur de soccer, au capitaine des Cadets, à la famille chez qui tu gardes des petits whippets depuis deux ans. Tiens aussi compte de ton implication comme bénévole. Ce n’est pas tout le monde qui se déguiserait en clown féérique pour maquiller des enfants dans un party communautaire! Pense à ce que tu as fait comme tâches, aux responsabilités que tu avais, à ce que tu as apporté dans chaque milieu. Tu as besoin de deux ou trois pages super structurées et concises, d’une lettre de présentation qui donne le goût de te rencontrer, et bien sûr, de personnes qui vont t’aider à éliminer toutes les erreurs de grammaire et d’orthographe de tes phrases.

Ce que tu veux, c’est une entrevue. Alors, inutile d’envoyer des tonnes de CV par courriel. Lave tes cheveux, rase ta barbe et mets-toi un kit propre: tu dois faire aller tes jambes et ton sourire et te rendre sur place, serrer des mains, parler au gérant, montrer ton intérêt. Ta mère peut bien te conduire si tu n’as pas de permis, mais de grâce, vends-toi toi-même. Si elle est du genre à te voler le show (« Vous savez, monsieur, mon fils, c’est le meilleur, il fait la vaisselle tous les soirs chez nous! Il a la même p’tite blonde depuis six mois, c’est de l’engagement, ça, monsieur! Vous devriez l’engager, vous ne le regretterez pas! »), demande-lui poliment de t’attendre ailleurs qu’à deux pieds de toi. Et fonce!

Ça t’écœure probablement d’avoir des exposés oraux à faire quatre fois par année à l’école, mais c’est le temps de t’en servir! Introduction, développement, conclusion. Précision, clarté, concision. Vocabulaire riche, grammaire soignée, débit et ton qui incitent ton futur employeur à t’écouter et à vouloir poursuivre la conversation. C’est le temps de te faire confiance, alors afuuuu afuuuu, tu vas les impressionner!

Et quand tu vas revenir à la maison avec ton premier contrat, attends-toi à ce que ta mère téléphone à toute la parenté pour leur dire jusqu’à quel point elle est fière de toi. Et qu’elle, elle l’a tout le temps su que tu serais capable d’obtenir ton premier emploi!

Nathalie Courcy