<span style="margin: 0px; color: #212529; font-family: '"',s
Aujourd’hui,
Mon tout petit bébé de neuf mois a failli mourir. Ben oui c’est cru, mais c’est ça. Il a succionné une fraise et elle est passée tout droit pour aller bloquer sa trachée. Plus d’air, plus un son, pas un pleur ni un soupir, rien. Il s’en allait…
Son visage était blême pour ensuite se colorer de bleu. Les petits yeux clos et tous les cris autour : « IL EST EN TRAIN DE MOURIR! »
Quand ça arrive, ton corps ne t’appartient plus, et ton esprit fuit.
Tu te mets en mode survie.
Appel au 911, ton amie qui fait les manœuvres pour dégager les voies respiratoires de ton bébé, sortir cette fraise qui est en train de lui arracher tranquillement sa toute petite vie de neuf mois.
Massage sous les côtes,
Tape dans le dos, tête en bas…
Doigt dans la gorge…
Pour en finir avec un bouche-à-bouche sur son tout petit corps inerte…
J’étais là, face à mon bébé bleu qui ne se battait pas… qui s’était doucement assoupi comme s’il faisait son dodo du matin qu’il n’avait pas fait encore.
Et je priais, priais qui voulait bien entendre mes mots… Papa, dieu, grand-maman…
Ne prenez pas mon bébé, pas là, par cette magnifique journée d’été où nous sommes tous heureux.
Vous ne pouvez pas.
S’il a besoin de moi, pour le protéger, le guider. L’aimer…
Il n’a juste pas idée comment moi, j’ai besoin de lui. Il est ma vie.
Et il est là… sur le sol… comme une poupée de chiffon.
Moi au téléphone avec les urgences à vivre un moment qui ne se peut pas. À vivre une histoire qui, d’habitude, n’arrive qu’aux autres; mais là, c’est moi qui la vis, c’est mon bébé qui est là, en train…
… d’y laisser sa peau.
Les cris des enfants qui étaient en état de choc de voir leur « frère, cousin, bébé ami » qui ne revenait plus…
« Maman, je veux pas qu’il meure ».
Pendant ces longues secondes en lien avec cette téléphoniste qui tentait au mieux de ses connaissances de me calmer et de me rassurer, j’ai entendu ma mère crier : « Il est ok, Lisa, il est ok! »
…………………….
Cet instant-là où je l’ai entendu gazouiller. Car il n’a pas pleuré, il n’a pas crié, il a juste rien fait.
Il nous regardait, épuisé, vidé. Et son regard était fuyant.
Il était apeuré.
Mais il respirait. L’air entrait et sortait de ses poumons.
Mon bébé n’était pas mort, il vivait.
Je ne peux que remercier le Ciel de ne pas l’avoir gardé pour lui… et aussi mon amie qui avait son cours de RCR frais en mémoire et qui a fait tout ce qu’il était possible de faire à un bébé qui est étouffé.
La vie me l’a laissé.
Parce qu’on le sait, elle en arrache, des bébés à des familles.
Ça aurait pu mal finir… mais
moi, mon 12 juillet 2016 s’est bien fini.
La ligne est tellement mince entre la vie et la mort. Tu as ce tout petit bébé qui rit fort et se traîne partout… quand soudainement, plus un mot, plus un bruit, rien.
Il s’endort pour, peut-être, ne plus se réveiller.
Soit cette fraise ressortait, soit mon bébé mourait à ce moment précis.
Par cette magnifique journée d’été où tout le monde était heureux et où personne ne se doutait que nous allions être confrontés à une pareille épreuve.
Lisa-Marie St-Pierre