Archives avril 2020

La réalité dans les CHSLD

Depuis le scandale du CHSLD Herron à Dorval, tout le Québec est secoué p

Depuis le scandale du CHSLD Herron à Dorval, tout le Québec est secoué par l’horreur qui sévit dans les CHSLD. Mais êtes‑vous réellement surpris ? Depuis de très nombreuses années, le personnel médical souligne les défaillances du système de santé dans les CHSLD. Le manque de ressources, le manque de personnel qualifié, les différences entre les CHSLD privés et publics et même d’un CHSLD privé à l’autre. Depuis de nombreuses années, nous demandons d’uniformiser la gestion des CHSLD, d’y investir plus de temps, plus d’argent. Pourquoi devons‑nous attendre qu’un évènement aussi atroce que ce qui se passe présentement dans l’actualité pour réaliser tous les défauts et les problèmes soulevés depuis des années ? On doit réaliser tout le travail à faire. Toutes les lacunes de ce milieu de santé.

Depuis notre plus tendre enfance, nous sommes élevés avec comme valeur de respecter nos aînés, de les protéger. Nos aînés sont, tout comme nos enfants, des trésors à chérir. Nos enfants ont tant à apprendre et nos aînés ont tant à nous enseigner. Ils ont pris soin de nous, ils ont probablement combattu pour ce que nous avons aujourd’hui ; nous ne devons pas les abandonner. Pourtant, lorsque ces personnes âgées sont placées en résidence, beaucoup sont laissés à eux‑mêmes.

Avant la COVID‑19, je trouvais leur situation triste et j’étais convaincue qu’aucun changement ne serait apporté. Maintenant, avec la COVID‑19, c’est la folie. Tout le monde doit aider, tout le monde doit se porter volontaire. Encore une fois, il a fallu un drame pour que nous agissions. Mais savez‑vous vraiment ce qui se passe présentement dans les CHSLD ? Je vais vous le décrire et vous verrez que le gouvernement ne dit pas tout.

Premièrement, nous allons dire les vraies choses. En Italie, ils avaient décrété qu’aucune personne de plus de 60 ans ne serait pas traitée, car leur taux de survie était trop bas. Sachez qu’au Québec, nous avons agi de la même manière sans le dire. Qui ne sera pas traité ? Les personnes en CHSLD. Et quand je parle de personnes en CHSLD, je ne parle pas uniquement des personnes âgées, non : je parle de personnes plus jeunes, entre 18 et 50 ans, qui sont totalement lucides, mais qui sont placées dans ces centres parce que leur condition est trop difficile pour que leur famille s’occupe d’elles. Donc, nous avons des personnes entre 18 et 100 ans dans le même bâtiment, qui n’ont pas toutes les mêmes chances de survie face à ce virus, mais nous les abandonnons toutes.

Deuxièmement, saviez‑vous qu’aucun patient en CHSLD n’est transféré à l’hôpital ? Non, aucun. Le CHSLD devient un hôpital, une unité de soins intensifs, mais sans respirateur. Nope, nada, rien, zéro !

Troisièmement, la pénurie de médicaments injectables. Autre grand secret. Certaines pharmacies ne sont plus capables de s’approvisionner en Morphine, en Lorazepam (Ativan), en Scopolamine (râles et surplus de sécrétions pulmonaires), en Furosemide (élimination de l’eau). Ces médicaments sont essentiels, surtout en soins palliatifs. Présentement, les personnes en CHSLD meurent de la COVID‑19 oui, mais noyées dans leurs sécrétions. Les pharmaciens/pharmaciennes se battent contre des compagnies pharmaceutiques pour avoir accès à ces médicaments. Beaucoup d’entre eux doivent acheter le même produit à une autre compagnie qui le vend entre 5 à 20 fois le prix. Les pharmacies font leur maximum pour éviter que les personnes souffrent, mais nos droits sont limités.

Quatrièmement, les familles de ces patients. C’est horrible. Ils ne veulent pas voir leur proche mourir seul. Plusieurs ont collé des messages dans les fenêtres, d’autres viennent tous les jours les divertir. J’ai vu une famille apporter son échelle pour atteindre la fenêtre de son proche mourant. À tour de rôle, ils montaient avec leur pancarte, leur cœur, leur chanson et disaient un dernier au revoir. Au bas de l’échelle, la famille en pleurs à deux mètres les uns des l’autre. C’est horrible.

Il y a beaucoup à faire en CHSLD. Nous avons oublié ces êtres humains, nous les avons abandonnés. Nous les avons sacrifiés. Quand tout sera terminé, quand les CHSLD seront vides, nos cœurs à nous seront pleins, de tristesse, de honte et de colère. Nous avons crié à l’aide longtemps et tout le monde se fermait les oreilles et regardait ailleurs. J’espère que cette pandémie saura remettre les choses à leur place, remettre de l’ordre dans notre système de santé défaillant.

À tous les médecins, résidents, infirmières, infirmières auxiliaires, préposés aux bénéficiaires et tous les autres membres du personnel médical : NE LÂCHEZ PAS !

Eva Staire

Réaliser l’impossible, juste pour toi !

Cher élève,

Est-ce q

Cher élève,

Est-ce que j’ai hâte de te revoir ?
Bien sûr que oui ! J’ai des papillons à chacune de nos rencontres virtuelles. ❤️

Par contre, j’ai des inquiétudes, ce qui est normal. Je veux t’accueillir de façon sécuritaire, autant pour toi et ta famille que pour ma famille et moi.

Est-ce que ce sera pareil comme avant ?

Malheureusement, non. Ce sera différent. Pour le moment, je n’en sais pas beaucoup, mais je peux te dire qu’il n’y aura pas de travaux d’équipe. Mes coins douillets seront rangés. Il est aussi fort probable que tu ne puisses plus emprunter les livres de la classe. Nous ferons des leçons en grand groupe et tu devras faire des exercices individuels que nous corrigerons ensemble ensuite. Nous visionnerons quelques capsules intéressantes. On pourra aussi faire des ateliers éducatifs en ligne assez dynamiques et amusants. J’ai préparé une liste de trucs que nous pourrons réaliser et tu verras, nos journées passeront vite, surtout avec tous les lavages de mains en vue. 😉

Est-ce que nous écrirons dans notre carnet d’auteur ?

Peut-être, je ne le sais pas encore. Par contre, nous devrons probablement partager tes écrits oralement puisque le partage et l’échange de matériel sera probablement proscrit. Cela m’attriste beaucoup, tu sais…

J’ai hâte de te revoir, de te faire rire, de faire des jeux de mots plates, de t’aider à apprendre… Je t’avoue, ma crainte est que tu t’ennuies malgré tous mes efforts. Je ne suis pas habituée d’enseigner de cette façon. Ne pense pas que j’ai changé ou que c’est parce que je n’avais pas envie de revenir. Ne pense surtout pas ça !

Sois certain que je vais faire mon possible, je ferai même l’impossible pour que ton retour se fasse en douceur, et ce, malgré la tourmente…

Je t’attends 🌟

Madame Karine

Se réveiller la peur au ventre

Depuis trois semaines, je me réveille avec une boule dans le ventre e

Depuis trois semaines, je me réveille avec une boule dans le ventre et je me sens envahie par une grosse vague de déprime. Un peu comme quand on se réveille d’un mauvais rêve et qu’on reste avec un arrière-goût de tristesse, de colère, de peur… T’sais, comme lorsqu’on rêve que notre chum nous a trompée et qu’on se réveille un peu en maudit après lui ?

Je pense pouvoir dire que les choses allaient relativement bien depuis le début du confinement, du moins le premier mois. Je pensais avoir découvert la clé du succès : m’occuper ! Je me suis lancée dans mille et un projets qui m’occupaient l’esprit : j’ai terminé des rénovations qui ne finissaient plus de finir, j’ai lavé des recoins perdus de ma maison, j’ai savouré des instants de bonheur avec ma marmaille, j’ai pris goût à la popote, etc. J’en étais rendue à croire que la COVID-19 avec eu raison du pauvre hamster qui habitait ma tête depuis vingt ans !

Mais il faut croire que le satané hamster s’en est remis et il semble bel et bien immunisé parce qu’il est revenu en force ! Maintenant que la maison est propre (et dire que personne n’en sera témoin !), que j’ai réglé la To do list qui ornait le devant du frigo depuis cinq ans, que je peux affirmer fièrement avoir fait du pain maison et que mes enfants se sentent aimés et encadrés à souhait, j’ai peur ! Oui, j’ai peur ! 

Je n’ai pas tant peur des microbes : ça, mon rationnel s’en charge. J’ai peur de la suite des choses, de l’après-confinement, du retour à la normale. J’ai peur d’avoir un peu perdu ma place dans la société dont je me suis volontairement exclue depuis quelques semaines. Je me sens loin de mes amis, de ma famille, de mes collègues et des enfants que je côtoie habituellement chaque semaine. Je n’ai plus accès à tous ces sourires, ces tapes dans le dos et ces échanges qui me valident que je suis appréciée, que je suis utile, que j’ai des forces et que je suis « essentielle », moi aussi, à ma façon. J’ai l’impression de ne plus briller et ça me fait peur, parce qu’une étoile qui ne brille plus a tendance à être oubliée.

Pour le moment, je vais respirer par le nez, tenter de négocier avec mon p’tit hamster et me donner le droit de m’éteindre un peu, le temps de laisser les autres étoiles briller pleinement dans le ciel… tout en souhaitant retrouver mon éclat d’ici quelques semaines.

Stéphanie Nesteruk

L’enfant oublié

Pour toutes sortes de raisons, où que tu sois en ce moment, tu vis quelque

Pour toutes sortes de raisons, où que tu sois en ce moment, tu vis quelque chose de triste. Au retour de la relâche, tu n’avais plus vraiment d’enseignant. Peut-être même avant.

Tu as vu défiler tellement d’adultes dans ta classe depuis les derniers mois que tu as oublié le nom de certains. Ton enseignant à toi, ton repère, ton phare, a quitté pour sa raison à lui. Épuisé, blessé, malade… Tu as compris, tu avais accepté.

Ce n’était pas facile, mais tu t’étais habitué à ces changements. Parfois, tu as dû t’adapter à cinq adultes en une seule journée… Ta consolation, c’était d’être avec ta gang.❤️

Et voilà que cette situation inattendue survient… Tu es coupé de ta classe, de ta gang. Ton prof? Bof, tu n’en avais plus vraiment. Sauf que présentement, cette absence commence à peser. Entendre tes amis dans la rue raconter leur rencontre virtuelle, recevoir des messages attentionnés de leur enseignant… Ça te fait de la peine. Tu n’as pas cette chance.

Je veux te dire que même si tu te sens oublié, sois assuré que quelque part, un enseignant t’es dédié, virtuellement, sur papier. Cette personne ne te connaît pas. C’est difficile pour elle d’organiser des rencontres alors que tu ne l’as peut-être jamais vue. Dis-toi une chose, cet enseignant n’attend que ça : te rencontrer en vrai, te connaître.

D’ici là, continue d’écrire à tes amis, de les appeler. Le soleil brillera à nouveau très bientôt. 🌸

Karine Lamarche

Ta petite face rouillée

Récemment, j’ai appris ton décès, cher grand-papa. Oui j’étais tris

Récemment, j’ai appris ton décès, cher grand-papa. Oui j’étais triste. Triste de te perdre, cher grand-père. Et encore plus triste de ne pas pouvoir aller te voir à tes funérailles à cause de cette pandémie, et aussi parce que moi, je suis éloigné. Éloigné dans une région avec beaucoup de cas malheureusement. Mais je me dois de respecter les directives de notre gouvernement afin de protéger tout le monde. Vraiment bizarre de vivre tes funérailles dans une telle situation. Je sais que je ne suis pas le seul à vivre cette situation ces temps‑ci. Mais nous devons nous adapter malgré notre tristesse.

Les 29 dernières années, on ne s’est pas vus très souvent à cause de ma carrière militaire… Aussi parce que je demeurais dans une région éloignée. Mais quand je faisais une visite en Beauce, j’en profitais pour te visiter à chaque fois.

Par contre, j’ai tellement de beaux souvenirs de mes 20 premières années.

Quand j’étais petit et que tu me voyais, tu disais : « Tiens ! Voilà ma petite face rouillée ! » (parce que j’avais des taches de rousseur plein le visage). Et tu partais à rire et tu me faisais rire, car j’étais heureux de voir mon grand-papa rire.

Je me souviens également de toi qui réparais tes autobus scolaires dehors en plein l’hiver, couché sur un morceau de carton sous l’autobus, sans aucun chauffage. Parfois, tu rentrais à l’intérieur pour te réchauffer quelques minutes. Tu effectuais aussi toutes les réparations dans le restaurant de grand-maman.

Plus tard pendant mon adolescence, tu me racontais tes histoires lorsque tu travaillais dans les camps de bûcherons. Tu me parlais des moulins à scie portables que tu avais. Sans oublier le moulin à scie que tu avais construit toi‑même et dont tu avais fait les plans pour que tout fonctionne. Un essieu était sous le plancher à la pleine longueur du plancher du moulin alimenté par un moteur à vapeur. Il servait à faire tourner toutes les courroies pour les scies, etc. Mais tout cela venait de ta tête. Incroyable, non ?

Je pourrais en dire plus, mais la liste est trop longue pour tout ce que tu as réalisé dans ta vie.

Si j’ai été débrouillard et créatif dans la vie, c’est grâce à toi et à mon père. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre comme on dit !

Toute ta vie, tu as travaillé très dur, à la sueur de ton front et dans des conditions extrêmement difficiles. Considérant que tu as travaillé dans le froid et couché sur le sol à maintes reprises pendant des années. Vraiment impressionnant que tu aies vécu jusqu’à l’âge de 98 ans !

Tu m’as toujours impressionné cher grand-papa et je m’en souviens encore. Je n’ai pas travaillé aussi dur que toi, mais j’ai été brave et courageux à ma façon.

Cet article pour moi est une façon de te rendre hommage. Je suis honoré de t’avoir eu comme grand-père et tu resteras toujours dans mon cœur et dans celui de ma famille. Mes enfants n’ayant pas eu la chance de connaître un grand-papa dans leur vie, ils ont eu celle d’avoir un arrière-grand-père. À chaque fois qu’on allait te visiter, les enfants étaient contents d’aller voir grand-papou, comme ils disaient.

Maintenant grand-papa, le temps est venu de te reposer après cette vie bien comblée. Tu as tellement travaillé fort que tu le mérites, ce repos. Mais sache que tu seras toujours dans mon cœur et que je ne t’oublierai jamais.

Ta petite face rouillée qui t’aime.

Carl xx

Carl Audet

La réouverture des écoles

Comme beaucoup de parents, nous attendons tous avec impatience les mesures

Comme beaucoup de parents, nous attendons tous avec impatience les mesures annonçant le déconfinement. Nous scrutons les paroles de notre premier ministre et on voit les foules se soulever dès qu’il est question de rouvrir nos écoles…

Le 22 avril, François Legault a annoncé qu’il présenterait sous peu un plan de réouverture des écoles et des entreprises par région. L’idée principale est de relancer d’abord les régions les moins touchées par la maladie et celles où la situation est stable actuellement. Il a spécifié que les parents qui ne souhaitent pas envoyer leurs enfants en classe n’y seront pas obligés.

Et déjà, face à la possibilité de laisser ce choix aux parents, j’espère sincèrement que ce choix sera éclairé, assumé et surtout, respecté. Je voudrais penser que tous les parents, peu importe le choix qu’ils feront, sauront respecter le choix des autres parents. Et disons qu’en temps normal, la parentalité de nos jours ne se fait pas toujours dans le respect de la différence… J’espère vraiment que cette pandémie aura appris aux parents à ne pas juger le choix des autres.

Alors voilà : peut-être que tu feras le choix d’envoyer tes enfants à l’école. Parce que tu dois aller travailler. Parce que tu as envie que tes enfants retournent à l’école pour apprendre et socialiser. Parce qu’il n’y a personne qui a une santé à risque chez vous. Parce que tu te sens à bout et que tu as besoin d’un break. Parce que tu ne te sens pas à l’aise d’enseigner à la maison. Parce que tes enfants ont envie d’y retourner. Je te dis : Let’s go! Envoie-les à l’école. C’est juste bien correct.

Alors voilà : peut-être que tu feras le choix de garder tes enfants chez toi. Parce que tu peux travailler de la maison ou que tu es déjà en congé. Parce que des gens ont une santé fragile chez toi. Parce que tu aimes ça rester en famille en confinement. Parce que tes enfants trippent à faire l’école à la maison. Parce que tu as peur des risques du déconfinement. Je te dis : Let’s go! Garde-les chez toi. C’est juste bien correct.

Alors voilà : peut-être que tu te sens bien perdu là-dedans. Peut-être que tu trouves que c’est une très grande responsabilité de devoir faire ce choix. Peut-être que tu as besoin d’y réfléchir encore. Peut-être que tu attends de voir ce que les autres vont faire autour de toi. Peut-être que tu as envie de tirer à pile ou face. Peut-être que tu vas laisser tes enfants prendre cette décision. Je te dis : Let’s go! Tu as le droit de te sentir perdu aussi, c’est juste bien correct.

Mon seul souhait, c’est que les parents prendront leur propre décision, sans juger celle des autres. Chaque parent fait de son mieux en ce moment. Et chaque parent prendra la bonne décision pour lui, pour sa famille, peu importe ce qu’il choisit de faire. Respect. Le but, ce n’est pas de se juger entre nous et encore moins de se sentir coupables de faire ce choix.

De plus, ça prend des parents qui feront les deux choix ! On a besoin de parents qui enverront leurs enfants à l’école. Parce que grâce à eux, l’économie pourra reprendre et cela permettra d’augmenter notre immunité collective. On a aussi besoin de parents qui garderont leurs enfants à la maison jusqu’en septembre. Parce que grâce à eux, nous pourrons échelonner les cas plus graves et éviter d’engorger les hôpitaux. Grâce aux choix de ces parents, nous pourrons échelonner la contamination et du coup, permettre à la société entière de mieux combattre cette cochonnerie.

Alors, encore une fois, peu importe ton choix, rappelle-toi que celui du voisin est tout aussi valable que le tien, malgré sa différence.

Joanie Fournier


L’éducation spécialisée : suivre les pas…

Être éducatrice spécialisée, c’est suivre les pas, que ce soit des pe

Être éducatrice spécialisée, c’est suivre les pas, que ce soit des petits où des grands, de reculons ou en avançant. Encourager et souligner l’effort, analyser l’arrêt, réfléchir à ce qui pourrait motiver à recommencer.

C’est considérer humblement que les faux pas ne déterminent pas un humain. Que rebrousser chemin est toujours possible !

C’est accepter que l’on va emprunter des chemins inexplorés.

C’est outiller l’autre afin qu’il puisse continuer.

Être éducatrice spécialisée, c’est accepter de suivre les pas ; c’est accepter qu’il n’est pas question de ce que l’on veut, mais bien de ce qui est le mieux.

C’est être là quand il y aura chute, mais faire en sorte que la personne pourra se relever.

C’est être là quand les pas sont incertains, mais être absent quand ce sera le marathon.

C’est marcher derrière, une main sur l’épaule, en répétant « je crois en toi, tu peux y arriver ».

Être éducatrice spécialisée, c’est suivre les pas et marcher dans l’ombre. La reconnaissance, elle ? Puisée dans les petites victoires, nul besoin de plus.

Bonne semaine des éducateurs et éducatrices spécialisés. Merci pour la différence que vous faites.

Marilyne Lepage

Bienvenue dans mon monde

Le début de cette pandémie nous a causé bien des soucis à tous. Certain

Le début de cette pandémie nous a causé bien des soucis à tous. Certains ont même développé de l’anxiété. Beaucoup de gens vivent du stress face au côté financier. Des séparations s’ensuivent, car ce mode de vie exige une adaptation et un contrôle de ses émotions. Les situations problématiques vécues par les gens sont nombreuses.

J’ai dû m’adapter moi aussi. Étant habitué de rester seul à la maison la semaine et de prendre soin de moi tout seul, je devais m’oublier un peu. Mes enfants étaient là et ils ne pouvaient pas passer leur journée devant les écrans. Ma femme fait du télétravail et elle fait sa part aussi. Entendre du bruit et des cris tous les jours est une grosse adaptation aussi pour mon TSPT. Cela a été très dur pour ma femme et moi, et j’ai dû faire d’énormes sacrifices. Mais c’est un combat de tous les jours et j’essaie de m’améliorer.

Quand je devais sortir, j’étais anxieux d’attraper ce virus à cause de tout ce que je voyais à la télévision. J’avais des symptômes physiques graves pendant les trois premières semaines… Normalement, je regarde très rarement les nouvelles car il y a beaucoup de négatif. Souffrant d’un TSPT sévère et de beaucoup d’anxiété, j’ai grandement diminué le nombre de fois où je consultais les nouvelles. Et cela m’aide beaucoup maintenant.

Un autre facteur de stress était que je me demandais qui allait s’occuper de ma petite famille si je tombais malade. Ma femme est immunosupprimée, ce qui veut dire que présentement, je suis le seul qui fait les courses. Aussi, ma chienne d’assistance Théra n’a pas eu de rendez-vous depuis deux mois maintenant. Normalement, elle se fait belle toutes les quatre semaines. Je ne peux pas lui couper ses griffes moi‑même, car je ne vois pas la petite veine à travers ses griffes noires. N’oubliez pas qu’elle est très importante pour moi. Ce n’est pas seulement un animal de compagnie.

Malgré tout, je me suis adapté quand même assez vite. Comme un militaire qui va à l’étranger pendant six mois dans un pays souvent apocalyptique. Sorties au restaurant, cinéma, magasinage, journée à la plage, etc. : ça n’existe pas. Sur un camp, on mange, on dort, on travaille, on s’entraîne et on patrouille. On ne sait jamais si on va revenir vivant dans notre beau pays. Quelques minutes de téléphones sont permises par semaine pour communiquer avec nos proches. Quand même, notre situation de confinement présentement n’est pas si pire !

Est‑ce que j’ai acheté beaucoup d’épicerie ? Non, seulement un petit peu plus que d’habitude, graduellement, pour éviter d’y aller trop souvent. Nous, les militaires, sommes habitués à avoir une liste d’équipement pour nos bagages afin d’avoir un peu de tout. Donc je me suis assuré que ma famille puisse avoir un peu de tout, sans exagérer. Mon expérience militaire me disait que les supermarchés ne pourraient pas fermer.

Pour moi, sortir pour l’essentiel est déjà une réalité depuis un bon bout de temps. Normalement, je sors de la maison seulement pour faire mes courses. La plupart des activités avec les enfants sont effectuées avec ma femme. Donc pour mon mode de vie, rien n’a changé. C’est pour cela que je vous dis : Bienvenue dans mon monde.

Oui, j’aimerais bien souvent aller voir des groupes rock que j’ai aimés pendant ma jeunesse. J’aimerais faire beaucoup de choses, mais les foules et le bruit, pour moi, c’est impossible.

Étrange à dire mais maintenant, je me sens mieux dans cette situation. Les supermarchés sont presque déserts. Une discipline rigoureuse est établie, ce qui vient me rejoindre face à mon expérience militaire. Les gens ont peur et ont probablement plus peur que moi. Donc ils gardent leurs distances. Bien sûr, je choisis les endroits où la plus grande discipline est respectée, peu importe le prix des aliments qui y sont vendus. Je me sens bien dans un supermarché presque désert. Je n’ai pas de flash-back. Je commence à me sentir plus en sécurité alors que d’autres vivent de l’insécurité. Je dois vous avouer que je privilégie la livraison à domicile autant que possible et l’achat local.

Je vois l’anxiété sur le visage des gens. Après tout, je suis devenu un expert dans ce domaine. Depuis deux ans que je consulte et que j’observe mes signes afin d’avoir des outils pour ma blessure. Quand quelqu’un est anxieux, ça devient plus facile pour moi de le découvrir.

Je me sens bien chez moi et je préfère ne pas sortir depuis presque deux ans maintenant. Il faut seulement du temps d’adaptation avec ceux qui ne peuvent pas vivre ainsi. Mais pour moi, c’était déjà ma façon de survivre.

Alors je vous souhaite la meilleure des chances, soyez disciplinés et restez chez vous autant que possible.

Carl Audet

L’ampleur de la crise

Maintenant, je comprends pourq

Maintenant, je comprends pourquoi tout le monde parle de gestion de crise. Cette crise, selon moi, a commencé le 13 mars dernier à l’annonce de la fermeture de toutes les écoles du Québec. Sauf que notre famille n’avait pas encore eu l’occasion d’en mesurer l’ampleur. Parce que moi, le 13 mars dernier, j’entrais à l’hôpital pour donner naissance à mon quatrième et dernier bébé. Je ressortais de l’hôpital durant le week-end… ce qui fait que depuis ce jour, je n’étais pas encore sortie de la maison !

Bien sûr, j’étais consciente que mon congé de maternité n’allait pas se passer comme je l’avais imaginé. Je n’aurais jamais pu planifier faire l’école à la maison à mes trois grandes filles, entre deux allaitements, alors que je souffrais déjà d’un cruel déficit de sommeil… Disons que j’avais imaginé un congé de maternité avec beaucoup plus de moments calmes à la maison… Mais bon, on s’est vite retroussé les manches (pas le choix !). On a fait un horaire aux grandes, pour tenter d’équilibrer les matières scolaires et les temps libres. Et j’ai vite appris à jongler dans ce quotidien.

Jusqu’ici, même après un mois, j’avais tout bonnement l’impression d’être en vacances, en famille. Même que je nous trouvais choyés d’avoir eu la chance de vivre les premières semaines de bébé tous ensemble. Mais voilà, je n’avais pas réalisé l’ampleur de la crise…

Oui… Je trouvais ça triste que nos familles ne puissent pas voir mon bébé. Je trouvais ça rushant d’avoir les enfants qui débordent d’énergie dans la maison. Je trouvais ça dur de n’avoir aucune aide de personne. Mais sans plus. Je ne réalisais tout simplement pas ce qui se passait dehors.

Je regardais les points de presse, j’écoutais les nouvelles et je voyais les points de vue défiler sur les réseaux sociaux. J’étais consciente que nous vivions quelque chose d’historique. Mais je n’avais pas réalisé à quel point…

Puis, après un mois passé sans sortir de la maison, j’ai dû me rendre à la clinique pour le premier rendez‑vous médical de bébé. Pis là, j’ai pogné de quoi ! J’ai réalisé l’ampleur de la crise… Un gros coup de poing au visage… Du plastique qui recouvre les murs, des salles d’attente complètement désertes et du personnel qui dévisage chaque personne qui entre… On m’a accueilli avec la porte barrée, avec une grosse pancarte indiquant d’attendre SANS TOUCHER À RIEN. Une infirmière est venue m’ouvrir la porte, elle m’a enfilé un masque avant que j’aie eu le temps de lui dire bonjour. Elle m’a enduit les mains de désinfectant et m’a demandé d’attendre dans l’entrée, debout. Elle m’a remis un formulaire à remplir, en me spécifiant que je devais utiliser mon propre crayon pour le faire.

Bon, j’avoue que je suis impressionnée par toutes les mesures préventives et l’assiduité du personnel médical. Mais comme il s’agissait du premier adulte que je voyais depuis un long mois, j’ai reçu ça comme une claque dans’ face ! J’ai réalisé l’ampleur de la crise…

En sortant de la clinique (ne vous en faites pas, je n’ai pas touché à la porte…), j’ai passé le trajet du retour avec un œil différent sur ce qui m’entourait… J’ai vu la distance entre les gens, les masques et les combinaisons de plastique en pleine rue. J’ai remarqué que chaque personne avec les cheveux blancs se faisait dévisager dehors. J’ai vu les magasins fermés, les rues désertes et les stationnements vides. Une ville fantôme… Et j’ai réalisé l’ampleur de la crise…

J’ai une énorme pensée pour les gens qui vivent seuls et plus encore pour les parents qui vivent confinés en appartement avec des enfants qui débordent d’énergie… J’ai une reconnaissance infinie envers tous ceux qui ont dû sortir pour aller travailler depuis un mois, peu importe leurs fonctions.

Je réalise la chance que j’ai en fait d’être en congé de maternité. Je ne pense pas à ce qui se passe dehors. Je ne pense pas à l’argent. Je ne pense pas à l’école ni à la garderie. Je vis avec mes enfants une période historique, dont ils parleront toute leur vie… On vit ce confinement en famille, comme des vacances. Et je savoure d’autant plus chaque jour, maintenant que je réalise l’ampleur de la crise.

Et vous ? Comment ça se passe ?

Joanie Fournier



Un casque, et après ?

Un casque, et après ? À toi, parent qui doit faire un choix. À toi qui

Un casque, et après ? À toi, parent qui doit faire un choix. À toi qui te fais dire que ton bébé a une plagiocéphalie et qu’il devra porter un casque. À toi qui penses qu’elle n’en a pas fait assez. À toi, je voudrais dire : ce n’est pas ta faute.

Ce n’est pas ta faute si ton bébé fait de longues nuits sur le dos. Ce n’est pas ta faute s’il est né avec un torticolis et ce n’est pas ta faute s’il est trop lourd pour pouvoir faire du portage à longueur de journée.

C’est correct d’accepter l’alternative du casque. Ceci ne fait pas de toi un mauvais parent. Dans la grande majorité des cas, le problème va se régler en trois mois. Et si finalement, ça n’a pas fonctionné, tu pourras dire que tu as tout essayé.

Oui, des tâches de plus vont venir s’ajouter à ta routine déjà remplie : 2-3 désinfections par jour, mais on s’habitue. Et si tu penses que cela va handicaper ton enfant dans ses mouvements et le fatiguer, ne t’en fais pas. Le casque a tendance à déranger tout le monde sauf bébé. Bien sûr, je trouve ça difficile de ne plus jouer dans les cheveux de ma fille lorsqu’elle dort ou de ne plus pouvoir l’embrasser sur la tête, mais c’est un coup à donner. Ce printemps, elle aura une belle tête ronde et pourra porter de beaux chapeaux. Car non, le port du casque ne sert pas qu’à régler un problème esthétique. Avec une tête plate, lorsque viendra le temps de lui acheter un casque de vélo ou des casquettes, il faudra lui en faire faire sur mesure pour que ça s’ajuste comme il se doit.

Donc, si tu te retrouves face à ce choix, n’écoute pas les critiques et les jugements des gens (oui, il y en aura). Fais ce que tu penses être le mieux pour ton bébé en ce moment. La tête d’un jeune enfant est très malléable. Ça se peut que ça se règle sans le casque, c’est un choix à faire. Ton enfant, tes décisions et tes choix. Et quand un choix est fait avec le cœur, c’est rarement un choix qu’on regrettera.  

Anouk Carmel-Pelosse

Plus près que jamais!

On a mis quelques semaines à s’organiser et on s’est enfin retr

On a mis quelques semaines à s’organiser et on s’est enfin retrouvés! Te voir sourire, pouvoir te taquiner, discuter avec toi, te guider : tout cela me manquait terriblement.

Et voilà que la technologie, qu’il m’arrive de bouder, devient soudainement ma principale alliée! Je peux enfin recréer ma classe dans ma cuisine ; tout tient sur mon écran de portable. C’est magique! Tu es là!

Mon cœur s’accélère quand je vois le nombre de participants augmenter…

Parfois, c’est amical. On se retrouve pour bavarder, pour se raconter nos vies du moment, se partager nos bonnes idées pour passer le temps.

Parfois, c’est purement didactique! Même si je sais que c’est maman ou papa qui t’a un peu forcé la main cette fois, je parviens tout de même à ressentir un brin de bonheur chez toi ; ça crève l’écran! Ce n’est pas tant les mots que je te dicte qui te procurent cette satisfaction, je le sais. Soyons honnêtes, c’est de retrouver tes copains, un morceau de ton quotidien qui fait briller tes yeux.

Te voir chez toi, dans ta chambre, dans ton salon, dans le bureau de tes parents, me fait sentir plus près de toi que jamais! On prend le temps ; le temps de rencontrer ton chien, ton oiseau, ton chat.

À l’occasion, c’est un frère, parfois deux, qu’on entend, qu’on voit se chamailler. J’ai même eu besoin d’intervenir quand deux d’entre vous ont retrouvé leur complicité d’avant, vous échangeant des regards sur l’écran, la rigolade reprenant ses droits. Tu sais quoi? Ce fut mon moment préféré!

Mon élève, tu me manques, mais étonnamment, je me rapproche de toi plus que jamais… Merci de t’engager autant dans tes apprentissages et d’être au rendez‑vous!

*** Cher parent, merci d’être mon complice plus que jamais…

Karine Lamarche