Se réveiller la peur au ventre

Depuis trois semaines, je me réveille avec une boule dans le ventre et je me sens envahie par une grosse vague de déprime. Un peu comme quand on se réveille d’un mauvais rêve et qu’on reste avec un arrière-goût de tristesse, de colère, de peur… T’sais, comme lorsqu’on rêve que notre chum nous a trompée et qu’on se réveille un peu en maudit après lui ?

Je pense pouvoir dire que les choses allaient relativement bien depuis le début du confinement, du moins le premier mois. Je pensais avoir découvert la clé du succès : m’occuper ! Je me suis lancée dans mille et un projets qui m’occupaient l’esprit : j’ai terminé des rénovations qui ne finissaient plus de finir, j’ai lavé des recoins perdus de ma maison, j’ai savouré des instants de bonheur avec ma marmaille, j’ai pris goût à la popote, etc. J’en étais rendue à croire que la COVID-19 avec eu raison du pauvre hamster qui habitait ma tête depuis vingt ans !

Mais il faut croire que le satané hamster s’en est remis et il semble bel et bien immunisé parce qu’il est revenu en force ! Maintenant que la maison est propre (et dire que personne n’en sera témoin !), que j’ai réglé la To do list qui ornait le devant du frigo depuis cinq ans, que je peux affirmer fièrement avoir fait du pain maison et que mes enfants se sentent aimés et encadrés à souhait, j’ai peur ! Oui, j’ai peur ! 

Je n’ai pas tant peur des microbes : ça, mon rationnel s’en charge. J’ai peur de la suite des choses, de l’après-confinement, du retour à la normale. J’ai peur d’avoir un peu perdu ma place dans la société dont je me suis volontairement exclue depuis quelques semaines. Je me sens loin de mes amis, de ma famille, de mes collègues et des enfants que je côtoie habituellement chaque semaine. Je n’ai plus accès à tous ces sourires, ces tapes dans le dos et ces échanges qui me valident que je suis appréciée, que je suis utile, que j’ai des forces et que je suis « essentielle », moi aussi, à ma façon. J’ai l’impression de ne plus briller et ça me fait peur, parce qu’une étoile qui ne brille plus a tendance à être oubliée.

Pour le moment, je vais respirer par le nez, tenter de négocier avec mon p’tit hamster et me donner le droit de m’éteindre un peu, le temps de laisser les autres étoiles briller pleinement dans le ciel… tout en souhaitant retrouver mon éclat d’ici quelques semaines.

Stéphanie Nesteruk



Commentaires