Archives mai 2020

La rentrée de mai

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances dâ€

Il y a deux mois, les écoles ont fermé. Deux mois, comme des vacances d’été. Mais sans été.

Les élèves sont partis. Sans savoir.

Les concierges ont tout désinfecté.

Les enseignants ont déplacé leur bureau de travail dans leur cuisine ou leur sous-sol.

Ils ont tout fait pour se réinventer. Pour apprendre de nouvelles façons de communiquer avec leurs élèves, avec les parents, avec l’équipe-école, avec les collègues. Team work encore plus que d’habitude.

Ils ont appris le fonctionnement de toutes les plateformes de partage de fichiers et de vidéoconférences. Ils sont devenus leurs propres techniciens informatiques, leurs propres cameramen ou camerawomen. Ils ont adapté leur matériel d’enseignement et d’évaluation à une modernité qu’on avait plus ou moins vue venir : l’enseignement à distance, à grande échelle, au secondaire comme au primaire. Je ne peux même pas imaginer de quoi ça a l’air avec les petits de maternelle…

***

Et maintenant que l’école rouvre ses portes, on fera le chemin inverse, comme à toutes les rentrées scolaires.

Les enseignants sont déjà de retour dans leur classe. Ils ont placé les pupitres (mais en ont sorti la moitié dans le corridor). Ils ont refait leur liste d’élèves (enthousiastes de retrouver ceux qui reviennent, tristes que la moitié du groupe reste à la maison ou soit envoyée dans une autre classe). Ils referont cette liste chaque semaine, en fonction des nouvelles inscriptions et des changements d’idée.

Ils planifient l’horaire des premières journées :

  • Beaucoup de temps consacré aux nouvelles règles à respecter (deux mètres de bulle, des collants aux planchers pour indiquer la direction des déplacements, des lavages de mains encore plus fréquents, et l’obligation d’attendre son tour deux par deux au lieu d’attendre en rang).
  • Le casse-tête des arrivées et des départs d’élèves, des récréations et des dîners.
  • Les matières (en nombre réduit) à réviser ou à enseigner en groupe live et à distance, sans autre matériel scolaire que ce qui se trouve dans les pupitres des élèves et dans l’imagination du prof.

Viendront les journées de canicule, la fatigue de fin d’année et la période des évaluations. Coronavirus, on n’y échappe pas ! Normalement, c’est balancé avec les voyages de fin d’année, les BBQ de juin, les célébrations de finissants, les activités extérieures dans les jeux d’eau et les parcs… mais pas cette année. Juin 2020 sera drabe. Mais mémorable.

Puis, le concierge refera sa tournée, encore et encore. Et encore. Chaque classe, chaque racoin, chaque lieu partagé. Matin, midi, soir. Tout sera nettoyé, organisé, désinfecté. Ça sentira l’eau de Javel dans les corridors ! Chaque jour. Je vous jure, les élèves ne s’enfargeront pas dans les boîtes à lunch qui traînent. Ce sera (en bon québécois) spik’n span.

Puis sonnera l’heure du retour des élèves. Comme à chaque mois de septembre, ce sera progressif, pour ne pas étourdir les enfants et les intervenants. C’est juste que là, la rentrée est en mai. C’est juste que là, la plupart des élèves connaissent leur école, leur classe, leurs amis, leur prof. Mais ils devront les regarder avec des yeux nouveaux. Des yeux prêts à découvrir un nouveau monde stérile en microbes, mais tout aussi fertile en apprentissages et en amitiés. C’est juste que là, les parents ne tiendront pas les mains de leur enfant jusqu’à la porte de la classe. Ils devront plutôt les badigeonner de Purel avant de leur dire au revoir de loin.

Si je me fie à ce que j’ai vu sur l’écran de mon ordinateur cette semaine, quand l’enseignante de mon fils de première année lui a fait visiter sa classe virtuellement, élèves et enseignants attendent ce moment avec impatience, même s’il sera rempli d’inconnu. Tout le monde (incluant les spécialistes du gouvernement, Horacio en tête) aura ses réticences et ses inquiétudes, et une hâte peut-être faite de maux de ventre et d’attentes trop élevées. Et tout le monde apprendra de tout ça.

Les profs et les enfants ont déjà compris que leur plus grand défi, ce sera de résister à l’appel des câlins. Et mon garçon, lui, sait que sa prof a déjà collé dans son pupitre la photo de son toutou préféré parce qu’il devra le laisser à la maison. Bien qu’il ait très hâte de retourner à l’école, il s’ennuiera aussi de son cocon familial. Au moins cette fois-ci, les vacances arriveront à peine un mois après la rentrée !

Nathalie Courcy

Messages d’enfants pour les mamies-mamans

Merci grand-maman de toujours nous soutenir je t’aime et je m’ennuie 

Merci grand-maman de toujours nous soutenir je t’aime et je m’ennuie ! (Clara-Michele, 14 ans)

Merci mamie pour les câlins pleins de vitamines. (Kelilan, 4 ans)

Grand-maman, c’est quelqu’un qui m’aime. (Leïla, 6 ans)

Grand-maman, c’est quelqu’un qui est là quand tu as des problèmes pis que tes parents sont pas là. (Madyson, 8 ans)

Grand-maman, c’est celle qui nous garde et nous donne beaucoup de chocolat. (Jillian, 10 ans)

Merci grand-maman de nous apprendre à tisser, à coudre. Merci de toujours sourire. (Alexane, 16 ans, et Lenya, 14 ans)

Merci de jouer au ballon avec moi. Merci de faire la meilleure nourriture du monde (Izaac, 7 ans)

Merci d’avoir donné naissance à la meilleure mère au monde😊 ! (Félix, 9 ans)

Pour moi, mamie, c’est quelqu’un que j’aime à l’infini. Merci d’être notre mamie et de souvent nous garder chez toi même quand on n’est pas obligés de se faire garder. Merci d’être une bonne mamie de même. Merci pour les bons repas, merci pour tout, tout, tout ! (Charlie, 10 ans🤍)

Pour moi, mamie, c’est ma personne préférée💖 ! Merci mamie pour les bonnes toasts au sirop de maïs, merci pour nous aimer. (Phenix, 4 ans🤍)

Merci grand-maman de nous garder l’été pour qu’on puisse jouer dans ta piscine. (Raphaël, 13 ans)

Merci grand-maman d’être là et de faire la meilleure soupe du monde. (Camille, 7 ans)

Merci mamie pour toutes nos sorties et activités ! On ne peut plus se faire de câlins et moi je suis bien contente de ça parce que je n’aime pas les câlins, mais toi, je t’aime💕. (Cassandre, 11 ans)

Merci Maman d’être aussi mon papa depuis la mort de papa. Merci d’être toujours présente, merci de me ramener sur Terre quand mon angoisse s’envole, merci de m’avoir appris à rire de moi, de ne pas avoir peur du ridicule.

Merci à ma mamie qui m’a transmis la passion pour l’histoire de ma famille (mes ancêtres), l’importance que la famille a dans nos vies. Merci de me partager tes trucs de cuisine, merci pour ta patience à essayer de m’apprendre comment tricoter ou faire du crochet (rien à faire, je comprends pas). Merci d’être une seconde mère pour moi.

Merci à ma mamie Barbier au ciel. Merci de m’avoir appris ce que c’est le pardon. Nous ne nous sommes jamais entendues, nous avions une relation affreuse, mais avant ton grand voyage, nous avons pu discuter et j’ai pu te pardonner et enlever un poids énorme sur ma poitrine.

« Vieillir ça fait pas peur, mais vieillir, c’est voir les gens que tu aimes partir avant toi et souffrir de leur absence. » 💓 (Cindy)

Et terminons avec un mot de sagesse de la part de la maman de Tania Di Sei :

« Fais ton possible et la vie se chargera de l’impossible ❤ Â».

Encore plus près

Depuis que je suis née, cette journée t’était réservée.

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Depuis que je suis née, cette journée t’était réservée.

Cette année pour la première fois, nous allons la partager.

Ça me fait tout drôle ce nouveau rôle

Et j’ai la chance que tu m’épaules

Je ne pensais pas pouvoir être plus proche de toi

Que nous le sommes déjà

Pourtant un nouveau lien nous unit

Et je ne pourrais en être plus ravie.

Je sais que tu trouves difficile

Que 650 km séparent nos domiciles.

Ça me brise autant le cœur de savoir

Que ma fille ne pourra pas souvent te voir.

Heureusement que Facetime existe

Pour que les beaux moments persistent

Tu as fait de moi la maman que je suis aujourd’hui

Et pour ça, jamais je ne te dirai assez merci

Tu m’as transmis toutes tes valeurs

Grâce à toi je vois avec les yeux du cœur

Je sais que je peux compter sur toi

Peu importe l’heure, le jour, le mois

Je sais que tu répondras présente

Quelle que soit la raison pour laquelle je me lamente

Merci maman d’être celle que tu as été

Celle que tu es et celle que tu seras

J’ai tellement hâte qu’on soit tous déconfinés

Pour enfin pouvoir te prendre dans mes bras

Je t’aime

Anouk Carmel-Pelosse

Je me suis perdue

Je me suis perdue, et j’en ai conscience. Chaque jour, je retrouve devant

Je me suis perdue, et j’en ai conscience. Chaque jour, je retrouve devant le miroir une personne que je ne reconnais pas. Chaque jour, je retrouve ce que j’ai toujours jugé.

Je l’admets, je t’ai jugée, toi qui as passé la trentaine à ne pas prendre soin de ton apparence et de ton âme. Je t’ai jugée avec tes joggings sales, ton chignon défait, ta trâlée d’enfants habillés de vêtements dépareillés. Je t’ai jugée avec tes cernes, ton mascara inexistant et ton peu d’estime de toi. Faut se l’avouer, tu étais à la fois tout ce que je voulais et tout ce qui me rebutait. Tu étais une mère à la tête de ta famille, tu étais importante, mais tu n’étais plus que l’ombre de toi‑même.

En fait, c’est ce que je me disais. Je m’expliquais mal tout ça. 

Parce que hey… MOI, j’avais deux enfants, un chum incroyable, un travail, un poids idéal et pas encore l’ombre d’une ride. J’avais 27 ans et j’étais fière de moi… mais je t’ai secrètement jugée. Je l’avoue. L’espace d’un instant, je t’ai regardée et je me suis dit… jamais je ne serai comme toi. Puis, j’ai continué mon chemin, avec mes enfants, mon mascara, ma toque juste assez défaite pour qu’elle soit belle et avec mes rondeurs inexistantes. 

Toute ma vie, j’ai su que le karma existait. En fait, pour moi il est toujours là. Tout près. 

En fait, je ne sais pas si je peux appeler ça le karma, ou tout simplement la vie. 

Depuis toujours, la vie se charge de me faire vivre les situations que j’ai jugées, pour que je puisse apprendre et comprendre.

Aujourd’hui, j’ai trois enfants. Je les aime. Mais je suis parfois/souvent épuisée.

Aujourd’hui, j’ai un travail que j’adore, mais j’ai pris la décision de ne plus vouloir atteindre les étoiles pour réussir. Je suis bonne dans mon travail, je pense même être excellente. Par contre, je prends ce qui passe. Je me dis qu’un jour, mes enfants seront grands et je travaillerai des 60 heures par semaine pour atteindre mes buts. J’ai choisi de les faire passer avant moi et avant mes rêves.

Aujourd’hui, j’ai 40 livres de plus qu’il y a deux ans. Je porte les mêmes leggings depuis neuf mois. J’ai quatre chandails qui me font dans ma garde-robe beaucoup trop pleine de vêtements qui représentent qui j’étais avant. J’aime bien en rire. Ça rend le tout si normal… Rendre les choses normales, les banaliser… ça aide à ne pas faire face à la réalité, non ?

Aujourd’hui, j’ai réalisé que je n’ai pas fait mes sourcils depuis… beaucoup trop longtemps. Ç’a l’air de rien, mais avant… ça ne serait pas arrivé.

J’ai aussi réalisé que je ne mets plus de mascara ni de cache‑cerne. Que mes cheveux sont remontés négligemment en toque parce que je n’ai pas le temps de les placer.

Aujourd’hui, j’ai reçu des vêtements que j’ai achetés en ligne. Je m’imaginais déjà dedans. J’avais hâte. Je les ai enfilés avec empressement et je n’ai pas reconnu la personne devant le miroir. 

Je me suis perdue…

Je n’ai jamais osé parler aussi ouvertement parce que j’avais peur du jugement. 

Je sais très bien que parmi vous, plusieurs se diront que je chiale pour rien. Certaines d’entre vous ont un poids plus élevé que le mien, d’autres rêvent d’engraisser. 

J’entends déjà les soupirs et les pleurs de celles qui ne peuvent avoir d’enfants et qui donneraient tout pour ne pas avoir les sourcils faits et pour tenir un petit être dans leurs bras. 

Secrètement, je vous entends… et je sais que vous avez toutes, à votre façon, raison.

Je sais aussi que des femmes comme moi, il y en a beaucoup. Et j’avais envie de leur dire qu’elles ne sont pas seules. 

J’ai envie de dire qu’il est temps que nous reprenions le contrôle de notre vie et de notre corps. 

Je ne veux pas être celle que je deviens, et je ne veux surtout pas dire à mes filles que c’est correct de s’oublier.

J’étais et je suis encore une femme de carrière. Une femme fière. Je serai toujours celle que je veux être. Je dois seulement apprendre à m’aimer assez fort pour me respecter. 

Ça ne veut pas dire de mettre mes enfants de côté… JAMAIS !!! Je serai toujours un pilier pour eux. Mais je veux devenir un pilier pour moi‑même d’abord et avant tout. Je veux être forte pour moi, et pour eux.

Je pense qu’aujourd’hui… il est temps que je me retrouve.

Pour toi, maman

Bonjour Maman,

Il y a

Bonjour Maman,

Il y a 48 ans, tu me donnais naissance. J’étais tout petit. Je pesais moins de 4 livres. J’avais hâte de sortir ! Non pas parce que je n’étais pas bien dans ton ventre, mais peut-être que j’avais hâte de vivre ma vie ! Tu as bien su prendre soin de moi, même si j’étais un grand prématuré. J’étais aussi ton premier enfant. Toute une surprise !

Malgré tout le travail que tu avais à faire, tu en as fait des choses avec moi ! Toutes les fois où tu as joué avec moi, toutes les petites attentions, juste pour me faire plaisir et réjouir mon cœur d’enfant, tous les vêtements que tu prenais le temps de me confectionner, tout le temps nécessaire à ma réussite scolaire ne sont que quelques exemples. Tu étais toujours là pour t’assurer que je ne manque de rien. Même si papa était parti pendant des mois, tu avais le don de me rendre heureux et de me faire plaisir avec de petites choses simples de la vie. Eh bien, sache qu’aujourd’hui, je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi.

Tu sais maman, si je me suis très bien débrouillé dans la vie, c’est en grande partie grâce à toi. Tu m’as élevé seule et tu as toujours été là pour moi quand j’avais besoin de toi. Même si tu avais un travail à temps plein, même si tu devais effectuer toutes les tâches de la maison, je pouvais toujours compter sur toi. Surtout lorsque je n’allais pas bien. Je me suis aussi toujours senti plus ouvert avec toi parce que tu étais présente.

J’ai tout appris de toi : la cuisine, la couture, comment entretenir une maison ou même travailler avec des outils. J’ai tout appris dans le respect et dans la joie. Je me rappelle qu’en troisième année, nous devions réaliser un projet de notre choix. Moi, comme d’habitude, j’avais des idées de grandeur ! J’avais décidé de faire un gros coffre en bois avec un tiroir dans le bas et un couvercle sur le dessus. C’était mon choix et au lieu de me décourager, tu as relevé tes manches et tu m’as tout enseigné : comment manipuler la scie sauteuse électrique et tous les autres outils. Je l’ai fait mon projet et j’en étais très fier ! Quand je l’ai apporté à l’école, j’ai impressionné mes amis. Même le professeur était impressionné ! À travers ce projet, tu m’avais aussi appris la détermination et la fierté. J’ai plein de beaux souvenirs comme ça, ma belle maman. Je ne peux pas oublier ces moments de joie parce qu’ils sont gravés dans mon cÅ“ur.

Malheureusement, je me souviens aussi de toutes les fois où tu étais triste et où j’aurais voulu intervenir. J’avais peur moi aussi, maman… Je n’étais pas grand et costaud comme papa, mais je te jure que si j’en avais été capable, je serais intervenu. Tu ne le sais pas mais à l’adolescence, quand j’entendais les disputes interminables de papa, j’étais assis sur le bord de mon lit et je me regardais dans le miroir. J’étais enragé. J’aurais voulu l’attraper pour qu’il arrête, mais il était deux fois plus gros que moi. Ses mains étaient trois fois plus grosses que les miennes. Une de ces fois‑là, maman, je me suis juré une chose : lorsque j’allais avoir une femme, j’allais en prendre soin et je lui ferais vivre totalement le contraire de ce que toi tu as vécu.

Je te remercie. Pour toutes les fois où tu as pris ma défense et toutes celles où tu m’as évité des coups. Je voyais la peur en toi, mais tu faisais le nécessaire pour me rendre la vie plus facile.

Aujourd’hui, à l’âge de 48 ans, je peux te dire que je n’ai jamais maltraité aucune femme. Ma femme, je prends soin d’elle et je l’aime. J’aurais aimé que toi aussi, tu puisses vivre une vie comme cela.

Mais laisse‑moi te dire une chose : tu es une femme forte. Malgré toute cette violence dans la maison et le suicide d’un de tes fils, tu as survécu. Tu m’as donné l’exemple. Tu as été un modèle pour moi, une combattante.

Regarde-moi aujourd’hui… Avec le temps, je suis devenu un homme de bonne carrure. Je suis allé à l’étranger à trois reprises dans des conditions extrêmement difficiles. J’ai servi mon pays pendant plus de 21 ans. J’ai des blessures physiques et mentales reliées à mon service. Mais je tiens encore debout. Je suis un papa et un mari respectueux.

J’aurais pu écrire un livre sur tout ce que tu as fait pour moi. Cette année, comme l’écriture est ma nouvelle passion, je voulais au moins t’écrire cette lettre pour la fête des Mères.

Je te l’ai déjà dit, je te le redis encore : je t’aime ma belle maman d’amour.

Tu es mon modèle, mon exemple, ma super maman.

Bonne fête des Mères, car pour moi, tu es la meilleure !

XXXXX

Carl Audet

Mon papa, confiné

Dans quelques jours, ce sera la fête de mon papa. Il aura 73 ans. Mon

Dans quelques jours, ce sera la fête de mon papa. Il aura 73 ans. Mon papa est atteint d’une maladie grave des poumons, une maladie dégénérative et malheureusement, elle ne se guérit pas.

Mon papa, comme beaucoup de papas, est confiné. S’il sort, il met sa vie en danger. Comme la plupart d’entre nous, vous me direz. Oui. Mais lui, ses poumons fonctionnent à moins de 30 %. Mon papa a des poumons malades.

Je lui ai donc formellement interdit de sortir. J’ai mal en dedans. J’ai mal de devoir lui dire quoi faire. J’ai mal aussi de voir que beaucoup de papas, de mamans et de grands‑parents sont prisonniers. J’ai mal de savoir qu’il y a des gens malades qui ne peuvent voir leur famille et qu’ils sont confinés, seuls.

Mon papa est dans une maison remplie d’amour. Une maison où les gens font attention, où les gens ne sortent pas vraiment sauf pour l’essentiel. Une maison où le lavage de mains devient presque une manie et où une crise d’hystérie surgit si la personne entre sans le faire. Mon papa est, je crois, bien entouré. Oh, ce n’est pas toujours facile, comme dans toutes les maisons, mais mon papa n’est pas seul. C’est ce qui compte.

Je lis de plus en plus des témoignages de préposé. e. s ou d’infirmiers. ères qui racontent comment les personnes âgées sont isolées et comment ces humains sont maltraités, mal nourris, mal aimés. J’ai mal en dedans.

J’ai souvent mal en voyant mon papa ne plus travailler et ne plus avoir de souffle. Sa santé va bien, mais son souffle ne va pas, lui. Ses poumons malades ne vont pas bien, eux, mais il me dit qu’il est heureux parce qu’il n’est pas seul. J’ai toujours peine à le croire. Je sors toujours de sa chambre avec le cœur en miettes. Et lui, il sourit, tout le temps!

Depuis le confinement, je réalise peu à peu ce que mon papa a toujours voulu me dire. Je réalise que j’ai fait le bon choix. Avoir les gens qu’on aime loin de soi en sachant qu’ils sont malades, il n’y a rien de pire. J’ai une pensée pour celles et ceux qui le vivent. Vraiment.  

  • Papa, tu peux descendre, le souper est prêt!

Tranquillement, je vois une petite tête blanche descendre l’escalier, à son rythme bien sûr, le sourire aux lèvres pour déguster un bon repas, en famille.

Oui, mon papa habite avec moi et en cette période de confinement, nous sommes bien heureux de nous avoir! Bonne fête papa!

Tania Di Sei

Tu as juste à te parler…

J’ouvre les yeux, je jette un regard au cadran : 3 h 36. L

J’ouvre les yeux, je jette un regard au cadran : 3 h 36. Le silence de la nuit est encore bien présent. Je referme les yeux, souhaitant me rendormir rapidement. Il est trop tard, mon cerveau s’est mis en marche.

Les idées se bousculent dans ma tête. Des scénarios épouvantables prennent vie. Je sens cette brûlure caractéristique dans mon ventre. Elle monte en moi graduellement. Ma respiration s’accélère de plus en plus.

J’ai envie de crier, de pleurer. Je tremble de tout mon corps. J’ai chaud, je transpire abondamment. La crise de panique m’envahit tranquillement.

Je choisis une lettre : C. Allez Mélanie, trouve tous les mots qui commencent par C. Concentre‑toi. Tu dois focaliser sur autre chose : cadran, cabane, cadeau, chien, chat. Je n’y arrive pas, je me projette au chevet de ma fille intubée qui lutte pour sa vie. Je me maudis de l’avoir envoyée à l’école. Elle a attrapé ce truc par ma faute.

Je ne contrôle plus ma respiration, je respire tellement vite. La poitrine me serre, j’ai peur de mourir. J’ai un déluge de larmes qui roulent sur mes joues. Je tremble tellement que mes dents claquent ensemble. Je veux que ça finisse. La crise de panique a gagné. J’ai perdu tout contrôle.

Respire ! La respiration, c’est la clé de tout. Je peux surmonter ça. J’y suis déjà arrivée. Je dois être plus forte que mon anxiété. Je ne suis pas cette anxiété.

Lentement, la crise s’en va. C’est plus facile pour moi de respirer. Je ne vais pas mourir. Lentement, ma respiration reprend un rythme plus normal. Cheval, cuillère, chaudière, crème, crème glacée. Ça va mieux, 3 h 59. Le sommeil me gagne enfin. Les larmes roulent encore sur mes joues.

Je vis avec mon anxiété depuis l’âge de neuf ans. Je me souviens parfaitement de ma première crise. Je me souviens de ma mère couchée avec moi et qui me dit : « Respire, ça va passer, tu peux y arriver. Allez, trouve des mots avec moi. »

J’allais bien depuis un bout de temps. Ma médication m’aidait énormément. Mais depuis que la COVID est apparue, mes crises d’anxiété sont revenues en force. J’ai repris mon suivi psychologique, ma médication a été augmentée. Je gère mal, très mal. Je vis une anxiété généralisée. C’est un problème de santé mentale, pas une anxiété normale que la population vit.

Alors à toi qui me dis « Tu as juste à te parler » : je sais que tu n’as jamais vécu ça, parce que tu saurais. Ne me dis surtout pas qu’on est tous dans le même bateau, parce que ce n’est pas le cas. Mon bateau à moi, il est plein de trous. J’essaie tant bien que mal de le patcher pour affronter la tempête et les vagues qui me frappent les unes après les autres sans répit. Mon bateau prend l’eau et j’ai vraiment peur de couler.

Mélanie Paradis

M’avouer vaincue, moi? Nah!

Ben oui, je suis une maudite bornée. Celle qui ne veut jamais perdre la fa

Ben oui, je suis une maudite bornée. Celle qui ne veut jamais perdre la face. Celle qui fera tout pour éviter le pire. Je suis celle qui va sourire en public, mais qui va rager rendue à la maison. Je suis comme ça. 

Je suis aussi celle à qui la vie a enlevé des personnes importantes cette année, mais qui continue de dire que tout va bien. Parce que je suis celle qu’on croit quand je dis que tout va bien. Je ne veux pas m’avouer vaincue et montrer que ça pourrait ne pas aller.

Oh, je suis celle qui dit que ça va avec le confinement ! Oui, je me plains de la perte des festivals, des spectacles et de ma belle culture d’amour qui me manque déjà, mais je ne veux pas m’avouer vaincue si je dis que chaque fois que quelqu’un sort de chez moi, je panique ; que si ma fille revient à la maison sans se laver les mains, c’est l’hystérie en dedans de moi parce que je pense à mon père qui est là avec ses poumons malades. Je voudrais avoir des yeux à rayons X pour scanner tout le monde qui s’approche de ma porte et surtout, je voudrais envelopper mon père dans du papier bulle pour le protéger. 

Je ne veux sûrement pas m’avouer vaincue en lâchant quelques sanglots quand maman m’appelle pour me parler de son boulot et de ses journées épuisantes à s’occuper des personnes âgées atteintes de la maudite COVID‑19. Une maman si extraordinaire, un ange gardien qui a été là toute ma vie pour moi et qui maintenant, met presque sa vie en danger pour les autres. Mais qui s’occupe de maman, aujourd’hui ? Je ne peux pas aller la voir ! 

Je ne veux sûrement pas m’avouer vaincue en disant haut et fort que je ne dors pas depuis le début du confinement ! Mon cerveau est sur le mode puissance maximale ! Il n’a pas compris le concept du repos, lui ! 

Je ne veux pas m’avouer vaincue devant ma fille, si grande, qui pense que tout va bien malgré le confinement, mais au fond, j’ai la chienne ! Qu’est‑ce qu’il va arriver avec ses études ? Elle saura s’adapter mais moi, je gère tout croche ! Je ne suis pas bonne dans ces affaires‑là de gestion d’émotions.

Je ne veux pas m’avouer vaincue en pleurant, en criant ou en disant que tout me rend anxieuse. 

J’ai l’habitude de tout contrôler et pour la première fois de ma vie, je ne contrôle rien. 

Alors je souris et je continue mon chemin en continuant de ne pas dormir, en me demandant quand est‑ce que je vais retourner travailler, de quelle couleur devrais‑je repeindre ma cuisine, quelle autre plante pourrais‑je acheter, est‑ce que je dois repasser à la SAQ ou à l’épicerie ?… Et en me disant que j’ai vraiment hâte de changer d’activité !  

Tania Di Sei

La ligne ou l’humeur ?

Il y a des choses pires dans la vie qu’un bourrelet mal placé. Entre une

Il y a des choses pires dans la vie qu’un bourrelet mal placé. Entre une santé mentale défaillante et un IMC trop élevé, le choix peut sembler évident. Mais non.

Imaginez : vous souffrez d’anxiété généralisée. Ou de dépression. Ou d’un trouble mental qui nécessite la prise d’un médicament sur une base régulière, en plus d’un suivi thérapeutique. Votre moral est à plat. Vous dépensez beaucoup (trop) d’énergie à essayer de vous lever le matin, ou de continuer votre journée, ou de dormir la nuit. Suivre les recommandations pour atteindre l’équilibre et le bonheur (bien manger sans vous empiffrer, boire assez d’eau et pas trop d’alcool, bouger tous les jours et pas seulement pour vous rendre au frigo, avoir une vie sociale satisfaisante [vous essaierez ça en temps de pandémie !], vous coucher tôt et dormir paisiblement, sourire, respirer par le nez et expirer par la bouche…) vous apparaît aussi possible que d’escalader l’Everest en gougounes en vous tenant sur la tête et en traînant un camion de douze tonnes derrière vous. Ça semble exagéré, mais pas tant. Vous en parlerez à ceux qui sont passés par les bas‑fonds de la déprime.

Donc, imaginez que vous êtes cette personne au bout du rouleau de la santé mentale.

Et là, vous lisez dans la notice remise par le pharmacien en même temps que votre nouvelle prescription qu’un effet secondaire possible est qu’il stimule l’appétit et prédispose à la prise de poids. Non, mais, ça donne le goût de le prendre, hein ?!

Vous vous raisonnez en vous disant que les effets secondaires, ça n’arrive pas à tout le monde. Que ces effets sont souvent temporaires. Que les avantages de prendre le médicament surpasseront grandement les effets poches… quand le médicament fonctionnera comme du monde (lire ici : quand la bonne molécule sera trouvée pour votre cas, que vous aurez augmenté le nombre de milligrammes jusqu’au bon dosage, lorsque ça fera plusieurs semaines que votre cerveau recevra l’agent stabilisateur). Mais ça doit vraiment passer par un risque de prendre de la bedaine ?

L’effet contraire est aussi possible. Par exemple, plusieurs médicaments qui contrecarrent les effets du TDAH diminuent l’appétit, entraînant parfois des pertes de poids importantes. Quand ma fille a commencé son traitement, elle se situait sous le 5e rang par centile sur la courbe de poids des enfants de son âge. Vous comprendrez qu’elle n’avait pas intérêt à perdre de poids. Le médecin a failli ne pas la médicamenter pour cette raison. Toutefois, les effets positifs du médicament s’annonçaient majeurs et on avait essayé plusieurs stratégies auparavant, toutes plus infructueuses les unes que les autres. Médicament il y a eu, avec surveillance médicale de très près. On a ajouté des protéines au menu, des collations, un gros déjeuner avant que le médicament ait le temps de faire croire à son système qu’elle n’avait pas faim. La méthode a fonctionné et l’appétit s’est finalement stabilisé. La concentration aussi.

De la même façon, les bonnes habitudes de vie peuvent permettre de ne pas (trop) prendre de poids même si un médicament risque de stimuler l’appétit. Ça, c’est si on a réglé l’habitude habituelle de compenser avec de la nourriture du chocolat et des chips. Si le défi de santé (mentale ou physique) pour lequel on est traité rend plus difficile le maintien de l’équilibre, un coaching familial ou spécialisé peut faire une grande différence. L’équation est acceptable si les quelques kilos équivalent à une humeur plus stable ou à une vision du monde plus harmonieuse, ou encore si les phobies et l’envie de mourir disparaissent. L’équation devrait être revue avec le médecin si le médicament (et le soutien psychologique) ne nous aident pas à remonter la pente après quelques semaines ou si les kilos s’emmagasinent jusqu’à l’obésité. Un cÅ“ur embourbé dans le gras, ce n’est pas mieux qu’un cÅ“ur embourbé dans les émotions négatives. On ne veut pas créer un problème en essayant d’en régler un autre…

Même chose si les livres s’accumulent (ou disparaissent) au point où notre estime personnelle tombe dans le troisième sous-sol et nous empêche de faire du sport ou de voir des amis. Si c’est le cas, direction pharmacie et clinique médicale pour demander conseil. Surtout, n’arrêtez pas un traitement sans être accompagné par une personne compétente (non, votre voisine-qui-a-une-opinion-sur-tout-et-dont-le-petit-cousin-de-la-fesse-gauche-a-déjà-pris-un-antidépresseur-en-1982 n’est pas une personne compétente dans cette situation). Ces médicaments jouent dans les neurones, et les arrêter brusquement risque de vous jouer de mauvais tours.

Donc à la question « La ligne ou l’humeur? », je répondrais, comme souvent quand on parle de santé mentale : c’est du cas par cas et tout est dans l’équilibre. Chose certaine, ne restez pas seul avec ça. Et ne laissez pas les dictats de la mode ou du bien-paraître vous convaincre que votre bonheur ne passe pas en premier.

Nathalie Courcy

Et si on parlait un peu d’actualité ?

Je ne vous apprends rien si je vous parle du retour progressif du système

Je ne vous apprends rien si je vous parle du retour progressif du système scolaire de nos enfants.

Combien d’entre vous se sont proclamés sur le retour en classe de vos enfants ? En fait, combien d’entre vous n’ont pas été jugés en fonction de leurs décisions parentales ? Elle est plus là, la vraie question. 

Depuis quelques jours, je vois plusieurs amies et connaissances se proclamer haut et fort sur cet éventuel retour. Ça fait partie intégrante des réseaux sociaux, c’est le sujet de l’heure… Personnellement, ce qui m’attriste le plus dans tout ça, c’est le nombre de gens qui jugent. C’est triste de voir notre belle société s’indigner contre les personnes qui ne partagent pas notre opinion. 

Maman monoparentale de trois enfants, je travaille quarante heures par semaine et je suis présentement en télétravail. Je voyais presque la réouverture des écoles comme une bénédiction. Mais comme deux de mes enfants ont des difficultés respiratoires, j’ai décidé d’attendre quelques semaines pour voir où en seront les statistiques. Je me suis fait juger en tant que maman, je me suis même fait dire que je nuisais à leur éducation. 

Pourtant, cette même éducation n’a pas débuté au niveau scolaire, mais bien dès leur naissance. Depuis maintenant onze ans, j’éduque mes enfants non pas à la perfection, mais au mieux de ma connaissance.

Je rêve d’un monde où les gens arrêteront d’avoir peur de s’exprimer à cause de la peur de se sentir jugés par leur famille, leurs amis. 

Et si je vous disais que la meilleure décision, c’est vous chers parents qui la prendrez pour le bien‑être de vos enfants ? 

J’ai confiance en l’humanité des gens. Chaque famille prend les décisions en fonction de son histoire. Cessez de juger et essayez de comprendre les autres qui vous entourent.

Seuls on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! 

Jessica Thériault