Mon papa, confiné

Dans quelques jours, ce sera la fête de mon papa. Il aura 73 ans. Mon papa est atteint d’une maladie grave des poumons, une maladie dégénérative et malheureusement, elle ne se guérit pas.

Mon papa, comme beaucoup de papas, est confiné. S’il sort, il met sa vie en danger. Comme la plupart d’entre nous, vous me direz. Oui. Mais lui, ses poumons fonctionnent à moins de 30 %. Mon papa a des poumons malades.

Je lui ai donc formellement interdit de sortir. J’ai mal en dedans. J’ai mal de devoir lui dire quoi faire. J’ai mal aussi de voir que beaucoup de papas, de mamans et de grands‑parents sont prisonniers. J’ai mal de savoir qu’il y a des gens malades qui ne peuvent voir leur famille et qu’ils sont confinés, seuls.

Mon papa est dans une maison remplie d’amour. Une maison où les gens font attention, où les gens ne sortent pas vraiment sauf pour l’essentiel. Une maison où le lavage de mains devient presque une manie et où une crise d’hystérie surgit si la personne entre sans le faire. Mon papa est, je crois, bien entouré. Oh, ce n’est pas toujours facile, comme dans toutes les maisons, mais mon papa n’est pas seul. C’est ce qui compte.

Je lis de plus en plus des témoignages de préposé. e. s ou d’infirmiers. ères qui racontent comment les personnes âgées sont isolées et comment ces humains sont maltraités, mal nourris, mal aimés. J’ai mal en dedans.

J’ai souvent mal en voyant mon papa ne plus travailler et ne plus avoir de souffle. Sa santé va bien, mais son souffle ne va pas, lui. Ses poumons malades ne vont pas bien, eux, mais il me dit qu’il est heureux parce qu’il n’est pas seul. J’ai toujours peine à le croire. Je sors toujours de sa chambre avec le cœur en miettes. Et lui, il sourit, tout le temps!

Depuis le confinement, je réalise peu à peu ce que mon papa a toujours voulu me dire. Je réalise que j’ai fait le bon choix. Avoir les gens qu’on aime loin de soi en sachant qu’ils sont malades, il n’y a rien de pire. J’ai une pensée pour celles et ceux qui le vivent. Vraiment.  

  • Papa, tu peux descendre, le souper est prêt!

Tranquillement, je vois une petite tête blanche descendre l’escalier, à son rythme bien sûr, le sourire aux lèvres pour déguster un bon repas, en famille.

Oui, mon papa habite avec moi et en cette période de confinement, nous sommes bien heureux de nous avoir! Bonne fête papa!

Tania Di Sei



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