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Une mère prend la température sur le front d'une enfant sous l'oeil du père

Vive le rhume! Texte : Roxane Larocque

Je vais être franche : il y a quelques années, je n’aurais pas

Je vais être franche : il y a quelques années, je n’aurais pas pensé écrire ça. Mais là, ma fille a eu un rhume. Un vrai rhume, là… petite toux, petite congestion, mais quand même énergique. Pas de covid, ni de virus respiratoire, ni d’influenza… juste un rhume! Alléluia! 

Ce petit rhume m’a fait réaliser à quel point j’étais rendue stressée par les microbes. Pas tant les microbes en tant que tels. Je touche du bois, mes enfants se portent généralement bien et ont un système immunitaire qui nous tient loin des urgences (je re-touche du bois juste au cas où). 

Donc, pas peur des microbes en tant que tels, mais plus de toute la charge adaptative qui vient avec : réorganisation d’horaire, travail à la maison, annulation de ci et de ça. 

Est-ce qu’elle peut aller à la garderie? Est-ce que je dois annuler mon travail à la dernière minute? Est-ce qu’on va avoir les médicaments nécessaires en cas de besoin? Le stress d’entendre un petit toussotement la nuit et me demander si ça va s’empirer, si on devra rater une belle activité parce qu’on ne veut pas partager nos microbes. Tout ça était derrière nous pour la première fois depuis longtemps et j’en suis rempli de gratitude. 

Prenons deux minutes pour réaliser toute la charge mentale supplémentaire que nous a apportée la pandémie. Juste prendre le temps de constater les traces encore présentes dans nos mémoires et nos quotidiens. Prendre deux minutes pour reconnaître le poids mental de cette pandémie. Et si ce poids est trop lourd, si le stress ou la détresse sont trop grands, je vous en prie, parlez-en avec quelqu’un de confiance.

Roxane Larocque

 

Mon mois d’abstinence — Texte : Marina Desrosiers

J’admire ceux qui adoptent une nouvelle habitude saine et la maintiennent. Parce qu’on va se le

J’admire ceux qui adoptent une nouvelle habitude saine et la maintiennent. Parce qu’on va se le dire, le défi est souvent là : être plus tough que l’appel de la mauvaise habitude qui refuse de mourir. Si c’était si facile de changer nos vieilles façons de faire, on ne casserait pas le bécyk ! On prendrait la décision et hop ! La nouvelle habitude serait rentrée au poste.

Ahhhhh ! Qu’on aimerait donc avoir une baguette magique super puissante !

Mais revenons à la réalité.

Certaines personnes coupent la cigarette du jour au lendemain. Disent adieu à l’alcool à la fin de leur verre et n’y reviennent plus jamais. Se mettent à s’entraîner et continuent, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde pour eux.

Tant mieux pour ces personnes-là. Mon admiration n’est pas moins grande.

Et il y a tous les autres. Ceux qui rushent quand vient le temps de se lever plus tôt, de manger mieux, de reléguer aux oubliettes le grognon qui gronde en eux. Ceux dont la volonté est inversement proportionnelle à la constance. Ceux qui se promettent souvent d’arrêter ou de commencer quelque chose. Et qui se déçoivent presque aussi souvent.

Je dis « presque », parce que l’essentiel, c’est de tenir notre promesse une seule fois, mais pour de bon. Que ça fasse deux ou dix fois qu’on essaie de prendre une meilleure habitude de vie, ça peut être celle-là, la bonne !

En ce début du Défi 28 jours sans alcool, j’ai le goût de célébrer avec vous mon premier mois d’abstinence. Non, je n’ai pas arrêté de boire, de fumer ou de me piquer. Ça n’a jamais fait partie de ma vie. Ce qui faisait (vous remarquez que je parle au passé ?!☺) de ma vie depuis neuf ans, c’était les pilules. Celles pour relaxer, celles pour dormir, celles pour la douleur. Bref, des pilules pour m’endurer.

J’ai longtemps résisté au somnifère et à l’antidépresseur déguisé en anxiolytique. Pas que j’étais contre. J’avais déjà soigné une dépression avec des pilules et des rencontres hebdomadaires. Je ne fais pas partie de ces gens qui préféreraient presque mourir que prendre un médicament. Mais j’avais de jeunes enfants. J’étais souvent seule avec eux. Je ne voulais pas ne pas me réveiller s’ils avaient besoin de moi la nuit. Je ne voulais pas devenir accro non plus. Me sevrer de l’antidépresseur après deux ans n’avait pas été mon expérience de vie préférée…

Mon médecin m’avait déjà proposé des alternatives naturelles et des prescriptions. Elle respectait mon choix. Quand je suis retournée la voir pour une prescription de somnifères qui gèlent un peu le cerveau, c’est que j’étais devenue dangereuse. Je dormais une heure par nuit depuis des mois. Je m’endormais zzzzzzzzzz en conduisant. Mon humeur n’était pas au top (comment ça aurait pu être autrement avec des hormones sens dessus dessous et le cerveau dans la graisse de bine ultra dense ?). Et ça continuait de dégénérer.

Bref, il était plus que temps que ça change.

Connaissant ma génétique et mon historique familial, le médecin m’avait prévenue que j’aurais peut-être besoin d’un traitement constant, à plus petite dose que ce que ça prenait pour me remettre sur le piton. J’étais prête à cette éventualité. On n’enlève pas l’insuline aux diabétiques ni l’anticoagulant aux personnes cardiaques…

J’ai accueilli les améliorations avec un grand soulagement. Dormir une nuit complète m’a sauvée. J’ai arrêté (la plupart du temps) de m’arracher la peau à force de me gratter (on ne contrôle pas comment l’anxiété s’exprime !). Je n’ai pas refait d’attaque de panique. Avec ben de l’amour et du soutien, mon humeur s’est améliorée. Mes colères se sont apaisées. Ma tristesse est encore là on and off ; la joie a repris du service.

Quand tout a été plus stable, on a établi une dose de croisière. Moins forte que pour réparer les dégâts, mais assez forte pour reprendre le goût de vivre et la capacité de dormir.

Neuf années à prendre mes pilules chaque soir. S’étaient ajoutées dernièrement d’autres pilules pour gérer les douleurs articulaires qui viennent avec l’âge. Ça ne marchait pas tout le temps, mais ça m’a permis d’expérimenter ce que ça pouvait être, une journée légère sans souffrir. Une découverte !

J’ai eu le goût de revivre ça plus souvent. En ayant moins mal, j’ai pu recommencer à bouger. Je me récompense moins avec la nourriture parce que je suis moins à bout et moins souffrante.

J’ai donc essayé de diminuer les médicaments. Progressivement. Attentivement. Avec beaucoup d’amour pour moi, pour mon corps, pour mon esprit, pour mon foie aussi ! C’était rendu que j’avais le foie gras d’un alcoolique à force d’y faire transiter des médicaments chimiques !

J’ai coupé de moitié. Puis j’ai recommencé. Et encore. Je n’étais pas encore prête à subir les effets secondaires du sevrage, même si j’étais ben tannée des effets secondaires de la médication. Et il y a un mois, j’ai dit adieu aux médicaments. Ou au revoir, peut-être, parce que je pourrais en avoir à nouveau besoin plus tard. Beaucoup plus tard. Mais je vais essayer d’installer les meilleures habitudes possibles pour me gérer sans ça.

J’ai dû regarder mes symptômes de sevrage en face. Traverser plusieurs nuits d’agitation avec la foi que le sommeil reviendrait. Construire une nouvelle routine d’endormissement. Gérer les coups de fatigue que je savais temporaires. Noter comment s’exprime maintenant l’anxiété et ce qui la calme. Je me suis parlé, parfois fort, pour ne pas écouter l’appel du contenant de médicaments. Et j’ai réussi.

Le brouillard mental s’est dissipé. J’ai retrouvé mes idées claires, une certaine motivation, ma concentration. J’ai continué à bouger. Je n’ai pas perdu le poids accumulé, mais j’ai perdu le poids qui pesait sur mes épaules. Je continue à prendre soin de moi et de mes émotions qui dégèlent. Je continue à accueillir le soutien offert. Mais autrement.

Alors aujourd’hui, je peux le dire fièrement : je suis abstinente de médicaments depuis un mois ! Et comme pour les anciens alcooliques et les anciens toxicomanes : un jour, un instant, une nuit à la fois.

Marina Desrosiers

Manque d’oxygène – Texte: Audrey Boissonneault

Assise sur cette chaise de plastique, tu racontes à ton infirmière

Assise sur cette chaise de plastique, tu racontes à ton infirmière ce qui t’amène. La sensation de manquer d’air, la sensation de brûlure à la poitrine, la toux qui devient si répétitive et grasse, malgré les heures que tu passes à effectuer tes traitements. Pour en rajouter, tu as, encore, perdu du poids. Sur les radiographies, on voit clairement l’infection sur tes poumons.

En voyant ton teint pâle, ton sourire peu présent et tes yeux remplis de larmes, on te pose la question suivante: « Ton visage, ton corps, ta santé me disent que ça ne va pas, qu’est-ce qui se passe? »

Tu n’as aucune idée par où commencer, sachant que tout ce que tu diras sera inscrit au dossier, tu veux trouver les bons mots, même si tu sais que tu finiras en larmes sans pouvoir contrôler ce qui sort de ta bouche.

Impuissance. Peur. Épuisement. Douleur. Synonymes d’émotions nous parcourant, en décrivant nos journées. Ne pas avoir d’énergie, mais devoir passer au travers de la journée. Se réveiller avec l’envie de rester couchée pour le reste de la journée. Dormir avec plusieurs oreillers, afin de diminuer la toux. Se faire réveiller par la personne près de nous, parce que l’on s’étouffe à force d’irriter notre gorge. Se faire demander si l’on est correcte à cause de nos petits yeux. Chercher son souffle après avoir monté quelques marches et attendre un instant avant de rentrer dans la pièce pour s’assurer que de reprendre sa respiration et des pulsations normales.

Vouloir parcourir le monde, vouloir courir des kilomètres, vouloir marcher le long des rues sans se perdre entre nos respirations. Sentir le vent se faufiler entre ses lèvres pour joindre les bronches et pourtant, il n’arrive pas à trouver le chemin dans ce labyrinthe. Vouloir vivre et s’illuminer pendant de petits moments. Partir tête première, sans penser à cette partie de soi, qui ne partira jamais. Se permettre de rêver. Arrêter de se sentir comme une maladie, ne plus être que ce morceau aux yeux des autres. Se sentir prise entre quatre murs sans savoir quand une porte ouvrira.

Ce qu’il se passe… J’ai réfléchi, longuement, aux premières phrases qui sortiraient de ma bouche. J’ai gardé le silence, longtemps. J’ai fixé un point dans la pièce blanchâtre, puis j’ai murmuré: je manque d’air. Je manque d’oxygène. Je manque d’espace et de liberté. Ma cage thoracique se sert, alors que tout dans ma tête devient sombre. Ce qu’il se passe, c’est que je me pose des questions sur ma présence ici. Si on oublie les nombreuses infections qui me parcourent et les bactéries en surnombre, quel est mon rôle? Ce qu’il se passe… est que mes infections grugent ma santé physique et mentale.

En fait, tout ce que je veux, c’est un, deux ou même une dizaine de shooters d’air purifié.

 

Audrey Boissonneault

 

Chronique de nos douleurs – Texte : Nathalie Courcy

Tu te réveilles le matin, tu as mal. Tu travailles, tu as mal. Tu joues avec tes enfants, tu

Tu te réveilles le matin, tu as mal.

Tu travailles, tu as mal.

Tu joues avec tes enfants, tu as mal.

Tu prends un verre entre amis, tu as mal.

Tu relaxes sur le divan, tu as mal.

Tu joues au touriste dans un pays chaud, tu as mal.

Tu fais du ménage, tu as mal.

Tu fais l’amour, tu as mal.

Tu essaies de t’endormir, tu as mal.

Tu fais tout, tu ne fais rien, tu as mal.

Comme 1 Canadien sur 5.

C’est fou, hein ? 20 % de la population de notre pays qui souffre de douleurs chroniques.

 

Qu’est-ce que la douleur chronique ?

Ceux qui savent, savent. Pour ceux qui n’en ont jamais souffert (je suis sincèrement heureuse pour vous !), c’est difficile, voire impossible, de comprendre à quel point c’est omniprésent, sournois et malheureusement invisible. À quel point c’est handicapant. À quel point ça gruge notre énergie, notre bonne humeur, notre libido, notre joie de vivre, notre temps, notre corps, aussi. Parce que même si on sait que le mouvement est notre meilleur ami, c’est presque surhumain de se lever, de bouger, de pratiquer une activité physique, quand on a tout le temps mal.

L’Organisation mondiale de la santé reconnaît la douleur chronique comme une maladie (et non seulement comme le symptôme d’une maladie ou d’une blessure). La douleur chronique est une douleur qui dure depuis plus de trois mois. Une douleur qui s’incruste dans un muscle, dans une partie de notre corps ou qui se diffuse dans tout notre corps. Et qui ne part pas. La douleur chronique n’est pas regardante, elle touche les femmes, les hommes, les enfants aussi, les aînés.

La moitié de ces personnes souffrant de douleurs chroniques en souffrent chaque jour et chaque nuit depuis plus de 10 ans. Et c’est pour ça que la Semaine nationale de sensibilisation à la douleur chronique (qui se termine aujourd’hui) existe. Pour aider les non-douloureux à comprendre ceux qui souffrent. Pour aider ceux qui souffrent à se sentir plus outillés, plus informés et moins seuls. À garder le sujet dans l’œil du public et des gouvernements pour que la recherche continue et aboutisse, un jour, à des solutions concrètes.

La douleur corporelle est une messagère de mauvaise nouvelle. Une messagère qu’il faut absolument écouter. Elle nous avertit que quelque chose cloche quelque part. Mais my god que c’est difficile de découvrir ce que sont le quelque chose et le quelque part ! D’abord, chacun perçoit la douleur d’une façon unique à cause de son anatomie, sa façon de penser et de ressentir les émotions, sa culture, son vécu. Ensuite, parce que la douleur est invisible et parfois inexplicable. La cause existe sûrement dans une blessure physique ou psychologique, dans une autre maladie ou dans un gène, mais elle se cache souvent des yeux du patient et des spécialistes. Même quand on finit par trouver ces spécialistes qui pourraient nous aider dans la gestion de la douleur chronique.

La douleur, on la ressent avec une intensité variable. Plusieurs personnes qui se font attaquer constamment par ces douleurs ne sont plus fonctionnelles. Essaie, toi, de travailler à temps plein ou même à temps partiel, de t’occuper de tes enfants, de socialiser avec les amis et de t’investir dans un loisir ou des rénovations quand tu as mal, tout le temps, que tu dors mal, que tu manques d’énergie.

Même pour ceux dont la douleur est plus modérée ou mieux contrôlée, le défi demeure. Comment prévoir à quelle heure la souffrance frappera ? Comment savoir à quel moment de la journée notre énergie chutera sous zéro, grugée à force d’être concentrée sur la gestion de la douleur ? On a beau promettre qu’on sera au souper de parenté ou qu’on organisera la fête du petit dernier, ça se peut que rendu là, on soit effondré par terre, incapable de bouger ou de se motiver.

Et puis vient l’isolement… ça fait mal, l’isolement ! Et plus on est seul, moins on bouge. Et moins on bouge, plus la maladie s’incruste…

Les changements d’humeur… ça fait mal, ça aussi ! Nos muscles du sourire finissent par s’atrophier.

La conscience qu’on ne peut pas contribuer au monde comme on le souhaiterait, comme parent, comme ami, comme travailleur, comme passionné de quelque chose. Ouch !

La responsabilité, aussi, de s’auto-gérer. Parce que malgré une médication et un suivi (si on a réussi à les obtenir), la meilleure personne pour nous aider, c’est nous. Et on n’en a pas toujours la force.

L’évidence que les traitements ont un effet limité et que la médication devra probablement faire partie de notre régime quotidien jusqu’à la fin.

Aujourd’hui, la Semaine de la douleur chronique se termine. Mais la douleur chronique, elle, ne finit jamais.

Je fais partie de ces douloureux chroniques qui ont mal, chaque jour et chaque nuit, depuis 10 ans. En ce moment, pendant que j’écris, ça va quand même bien. Mon corps vit une période plus douce. Je sens les tensions, mais la douleur est peut-être à un 2 sur 10. C’est très rare, mais quand ça passe, j’en profite pour faire des choses que j’aime et je remercie mon corps. Parce que même s’il fait mal, je l’aime.

Nathalie Courcy

Rapport du groupe de travail canadien sur la douleur (2020)

Information sur la douleur chronique fournie par le Gouvernement du Canada

Association québécoise de la douleur chronique

Savais-tu que… octobre est le mois rose? Texte: Karine Larouche

Ce mois-ci, c’est Octobre Rose, le mois consacré à la lutte contre le cancer du sein. Et le 1

Ce mois-ci, c’est Octobre Rose, le mois consacré à la lutte contre le cancer du sein.

Et le 19 octobre est la Journée mondiale contre le cancer du sein. C’est nom seulement le temps de porter du rose et d’envoyer de l’énergie à toutes les personnes qui souffrent du cancer du sein, mais aussi de s’informer! Voici des renseignements repris de sites fiables qui ont tous le même but: informer, prévenir et sauver des vies.

  • 1 femme sur 8 sera atteinte d’un cancer du sein au cours de sa vie et 1 sur 31 en mourra.
  • 28 600 Canadiennes recevront un diagnostic de cancer du sein, ce qui représente 25 % de tous les nouveaux cas de cancer chez la femme en 2022.
  • 5 500 Canadiennes mourront d’un cancer du sein, ce qui représente 14 % de tous les décès par cancer chez les femmes en 2022.
  • En moyenne, chaque jour, 78 Canadiennes recevront un diagnostic de cancer du sein.
  • En moyenne, chaque jour, 15 Canadiennes mourront d’un cancer du sein.
  • 270 hommes au Canada recevront un diagnostic de cancer du sein et que 55 mourront de la maladie.

*https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/breast/statistics

 

  • Savais-tu que 83 % des cas touchent les femmes de plus de 50 ans ?
  • Savais-tu qu’il est recommandé aux femmes de 50 à 74 ans ayant un risque moyen de développer un cancer du sein de passer une mammographie tous les 2 ou 3 ans ?

* https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/cancer-du-sein.html

 

  • Un dépistage précoce améliore les chances de survie et l’accessibilité à des traitements plus efficaces.
  • Les taux de mortalité associés au cancer du sein diminuent constamment depuis le milieu des années 1980 : le taux de mortalité normalisé selon l’âge a chuté de 40 % depuis 1986. La survie nette après 5 ans est de 88 % pour les femmes et de 80 % pour les hommes.

Cette réduction s’explique entre autres par un diagnostic plus précoce grâce, notamment, au Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS). Les traitements du cancer du sein s’améliorent sans cesse grâce aux programmes de recherche.

* https://rubanrose.org/minformer/a-propos-du-cancer-du-sein/statistiques-sur-le-cancer-du-sein/

 

Karine Larouche

 

Diagnostic tombé ? Fuck les préjugés — Texte : Audrey Boissonneault

Tu es là, dans ta chambre, à essayer de dormir, mais la seule chose que tu fais, c’est de tourne

Tu es là, dans ta chambre, à essayer de dormir, mais la seule chose que tu fais, c’est de tourner d’un bord pis de l’autre en t’imaginant mille et une situations dans lesquelles tu pourrais te retrouver. Tu décides d’en parler à tes parents, tu es juste pu capable de faire de l’insomnie pis d’avoir des cernes qui descendent jusqu’au milieu de tes joues. La semaine d’après, tu as ton rendez-vous chez ton médecin, elle te pose quatre, cinq questions et bang !

Ton diagnostic est tombé : un trouble d’anxiété généralisée associé à une légère dépression.

Tu es là, choquée, le regard dans le vide pendant qu’on t’explique les conséquences de ces deux maladies mentales. On te dit que tout va bien aller, que tu peux en guérir, que tu dois travailler sur toi. Ils te disent qu’ils vont te recommander des personnes pour t’aider, qui ne seront pas là pour te juger. Mais ce n’est pas eux le problème, c’est la vie que tu as. Ce sont les personnes qui t’entourent, c’est toutes ses personnes qui sauront que t’es malade de l’intérieur.

On le sait bien que dans le fond, l’anxiété c’est dans notre « tête ».
On le sait qu’avoir une dépression signifie être sur le bord de se tuer.
On le sait qu’être bipolaire, c’est qu’on n’assume pas notre caractère.
On le sait qu’avoir une attaque de panique signifie qu’on n’est pas capable de se gérer.
On le sait que lorsqu’on a des idées noires, c’est parce qu’on n’est pas normal.
On le sait que pour vous, avoir une maladie mentale veut dire qu’on est fou, qu’on est bon pour aller dans une aile psychiatrique.
On le sait nous, qu’au fond, vous êtes juste bons pour cacher la vérité derrière des préjugés.
On le sait que dans notre génération, le monde a peur de tout ce qui peut se trouver dans notre tête pis que dans le fond, c’est eux le réel problème.
Fille, lâche prise, tu as le droit de vivre ta douleur.

Je le sais que t’aimerais tout détruire ce qui se trouve autour de toi, je le sais que t’aimerais crier sur tous les toits que toi aussi, t’es normale. Je comprends le sentiment qui te ronge de l’intérieur, tu as l’impression que ça brûle, que tout va exploser. Mais tout ce que t’es capable de faire, c’est de te renfermer sur toi-même et de pleurer chacune des larmes de ton corps. Je le sais que tu es épuisée pis tout ce que tu veux, c’est disparaître pendant un moment, le temps que tout le monde t’oublie. Je le sais que tu veux abandonner, que t’es pu capable d’avancer d’un pas et de voir ton monde s’écrouler autour de toi. Je le sais que tu es à boute, je le sais que tu te sens délaissée pis que t’as l’impression que le ciel va te tomber sur la tête, mais je te promets que tu n’es pas seule dans ce tourbillon de problèmes.

Je peux te garantir qu’y’en a pleins avec des maladies mentales pis qu’y’ont juste peur de s’assumer. Au fond, ce n’est pas du futur que t’as peur ; ce qui te rend anxieux, c’est de répéter tes erreurs du passé. N’oublie pas que ça, c’est le petit quelque chose qui te rend unique, ça je peux te le promettre, y’en a pas deux comme toi. Je sais que c’est de la marde, mais c’est le temps de prouver à tout le monde que tu es mieux qu’eux, que toi au moins, tu te distingues de chacun d’eux, que t’arrives à surpasser leur idée préconçue. J’aimerais tout simplement te dire que je comprends le désordre qui se passe dans ton monde. Bien évidemment, je ne peux pas te promettre que tout se réglera du jour au lendemain, mais chaque chose en son temps, n’est-ce pas ?

Oublie pas que ne tu n’es pas folle, okay ?
Ne laisse personne te dire le contraire, parce que fille, tu es incroyable pis t’es unique en ton genre.

Audrey Boissonneault

Notre rentrée – Texte : Eva Staire

Cette année j’avais ma grande ainsi que mon milieu qui entraient au secondaire. Quelle magnifi

Cette année j’avais ma grande ainsi que mon milieu qui entraient au secondaire.

Quelle magnifique entrée au secondaire pour mon 12 ans !

Ma grande, ç’a été plus rough, une crise d’anxiété qui l’a fait hospitaliser en salle de réanimation vu son cœur qui battait trop vite.

Une rentrée spéciale, avec mon plus jeune de 8 ans : nous avons dû aller voir le changement, la classe, la prof et la case la journée avant la rentrée.

Une rentrée spéciale en soi…

Parce que ce n’est pas facile pour toutes les familles.

La rentrée cette année a été spéciale. Maman qui a perdu son travail, mais une chance que cette aventure est arrivée. Parce que jamais je n’aurais pu prendre soin de ma grande fille.

 

M’arrêter, réaliser, écouter… cela ne faisait pas partie de ma vie de maman monoparentale. Car mon besoin principal était de subvenir à leurs besoins fondamentaux.

Mais ces besoins, nous croyons que c’est un toit, de la nourriture sur la table, les bons effets scolaires…

Malheureusement ce n’est pas que ça… C’est l’amour, la compréhension.

J’adore voir toutes ces photos sur mon fil d’actualité de la rentrée. C’est un beau moment dans la vie de plusieurs.

 

Mais pourtant, pour moi, c’est le pire moment de l’année.

Ce moment où mon enfant a décidé de s’automutiler (j’ai encore beaucoup de misère à écrire ce mot).

Sans que moi la maman ni papa ne nous en rendions compte. C’est difficile, difficile à un tel point…

Une rentrée en couleurs… mais la rentrée pour nous maintenant, c’est :

Anxiété

Courage

Panique

Bon temps.

 

Svp écoutez les cris du cœur de vos enfants.

Ce n’est pas si beau ni si facile… Prenez le temps d’écouter les signes de détresse qu’ils vous adressent !

 

Bonne rentrée !

Eva Staire

Ton tourbillon qui me terrorise – Texte: Eva Staire

Je ne suis pas à l’aise avec les mots. J

Je ne suis pas à l’aise avec les mots. J’ai été élevée dans une famille où il fallait sourire tout le temps et avoir l’air heureux. Peu importe que ce soit vrai. Épater la galerie et avoir l’air d’une famille épanouie. J’ai toujours été le mouton noir de la famille, celle qui crie, qui proteste et qui s’oppose, au grand désespoir de mes parents. Mais même si j’ai appris à m’affirmer, je reste tellement maladroite avec les mots… Écrire pour moi, c’est facile. Mais parler de mes sentiments dans la vraie vie, c’est toute autre chose… Je suis maladroite, impulsive et je dis souvent tout haut ce que je pense, sans tourner ma langue avant de parler…

Et je me retrouve aujourd’hui avec un dilemme. Parce que pour une fois, je suis paralysée par la peur et je n’ose pas parler. Je le vois que tu ne vas pas bien. Je te regarde dépérir depuis plusieurs mois et je ne sais pas quoi dire… Tu as perdu tellement de poids que tes joues se creusent et que ton teint faiblit de jour en jour. Mais de nos jours, ça ne se fait pas de parler du corps et du poids des autres. Alors comment je peux te dire que je m’inquiète pour ta santé ? Ta maigreur me fait peur et tu ne te ressembles plus. Je n’ai pas besoin que tu me dises que tu passes tes nuits dehors, à boire et à t’étourdir. Ça paraît dans tes yeux… La fatigue et les cernes ont envahi tes traits. T’as toujours aimé faire le party, mais pas à ce rythme effréné, et là non plus, je ne reconnais plus. J’ai peur que tu te perdes dans ce tourbillon.

Il y a tant de choses que j’aimerais te dire… mais les mots ne savent jamais comment s’organiser quand je suis face à toi. Je t’aime. Tu es important pour moi. Je veux faire partie de ta vie. Et j’ai si peur que tu m’en veuilles si je me mêle de ta vie. J’ai peur que tu te fâches, si je suis la seule à te dire la vérité. Tout le monde semble se taire, de peur de te froisser. Mais j’ai encore plus peur de te perdre que de te brasser…

Peut-être que tu t’es déjà perdu toi-même. Peut-être que tu ne te reconnais même pas dans ces lignes. Peut-être que tu penses que personne n’a rien remarqué. Peut-être que tu t’es même convaincu que tu vas bien, que tout ça est normal. Peut-être que tu continues de sourire, pour convaincre les autres que tu es heureux. Peut-être que tu continues ce manège depuis tellement longtemps que tu t’es presque convaincu toi-même…

Mais qu’est-ce que je suis censée faire ? Te regarder encore t’engouffrer dans ce tourbillon qui semble t’avaler ? Te regarder te noyer sans sauter ? Regarder ailleurs pendant que tu cales au fond ? J’ai peur pour toi. Ton regard trompe peut-être les gens qui te connaissent depuis peu, mais je te connais depuis trop longtemps pour être dupée. Tu n’as pas réussi à me convaincre, avec ton grand sourire figé, tes blagues et ton show. Je le vois dans tes yeux qu’il n’y a plus d’étincelle…

La vérité, c’est qu’on est plusieurs à s’inquiéter. Mais les autres ont appris à se taire et à sourire. Moi, je suis le mouton noir, tu te souviens ? Je suis incapable de me taire et de sourire. Je suis incapable de faire semblant que tout va bien. Je suis incapable de te regarder sombrer sans rien dire. Mais je ne sais pas comment m’y prendre.

J’ai envie de te crier de te réveiller de cette hypnose dans laquelle tu t’es plongée. J’ai envie de venir te cuisiner trois repas par jour, à des heures fixes, pour être certaine que tu manges. J’ai envie de venir te prendre dans mes bras. J’ai envie de vider tout ton alcool dans le lavabo. J’ai envie de rester à tes côtés, pour que tu dormes la nuit. Mais ça ne changerait rien. Parce que ces décisions doivent venir de toi. Et comme on t’a appris à sourire et te taire, je ne suis même pas certaine que tu ressentes toute la détresse que tes yeux hurlent.

J’ai envie que tu manges. Sainement. Avec équilibre. Des bonnes choses, de la scrap, en bonne compagnie et régulièrement. J’ai envie que tu dormes, une vraie nuit chaque nuit. Peut-être aussi que toi, tu n’as pas envie de tout ça… Peut-être que c’est moi qui juge alors que je ne le devrais pas. Peut-être que c’est moi qui dois encore, comme vous tous, apprendre à sourire et me taire.

Mais j’ai peur pour toi. Je suis terrorisée. J’ai peur que tu m’en veuilles terriblement de me mêler de ta vie. J’ai peur que tu penses que je te juge, comme si mes choix de vie valaient mieux que les tiens. J’ai peur que tu me tournes le dos, parce que tu penses bien aller. Mais tu sais de quoi j’ai encore plus peur ? J’ai peur de recevoir un coup de fil demain matin qui m’annonce que tu t’es enlevé la vie parce que tu n’en pouvais plus de sourire. J’ai peur de n’avoir rien dit pour t’en empêcher. J’ai peur de te perdre. Et je ne sais pas par où commencer pour te le dire…

Eva Staire

La fatigue – Texte : Cynthia Bourget

La fatigue est bien présente ces temps-ci. Elle me gruge de l’intérieur. Elle est là du matin a

La fatigue est bien présente ces temps-ci. Elle me gruge de l’intérieur. Elle est là du matin au soir à aspirer mon énergie en ne me laissant que des miettes pour passer au travers de ma journée. La nuit ne la satisfait guère pour disparaître. Elle aime mieux me rendre insomniaque pour augmenter en force. Elle me laisse parfois des petits moments d’énergie, mais c’est pour mieux se rattraper plus tard. Pour mieux frapper sur le clou déjà enfoncé, comme on dit. Pour me rappeler à quel point elle ne disparaîtra pas du jour au lendemain.

La fatigue m’empêche de bien fonctionner. Elle m’épuise tellement que les tâches quotidiennes sont maintenant devenues de vraies corvées. À mon plus grand regret, simplement le fait de m’occuper de mes enfants me prend l’ensemble de mon peu d’énergie. Le simple fait d’aller au parc est rendu difficile. Chose qui était des plus faciles avant que j’atteigne ce stade. Ce stade de fatigue intense est bien logé dans mon corps et semble bien s’y plaire.

La fatigue m’a envoyé des signaux avant de s’installer aussi solidement. Plusieurs fois, mon corps me disait non, mais puisque ma tête me disait oui, j’ai continué. Continué à 100 milles à l’heure sans m’accorder de repos. Sans même m’accorder des petites parcelles de tranquillité avec moi-même. De faire des choses pour moi. Des choses pour être douce avec moi. Des choses pour m’aider à relaxer. J’ai continué…

Continué à tenter d’être une super-maman et une super-blonde. Tenter de répondre au standard de la société. Tenter de ne décevoir personne dans toutes les sphères de ma vie. Tenter d’exceller partout et d’être appréciée de chacun, autant sur le plan physique que sur le plan de ma personnalité. Cette pression sociale que je mets moi-même m’a rendue à un point de rupture…

Point de rupture, qui heureusement, n’est pas éternel. J’ai confiance qu’en prenant davantage soin de moi je vaincrai. La fatigue se dissipera et le soleil brillera de nouveau à travers les nuages. Tout redeviendra plus facile et je pourrai à nouveau mordre dans la vie et m’écouter, cette fois-ci, davantage…

Cynthia Bourget

La covid n’a pas anéanti le rhume ! Texte : Marina Desrosiers

Vous vous souvenez de ce temps lointain, avant mars 2020, quand le virus du rhume circulait allégre

Vous vous souvenez de ce temps lointain, avant mars 2020, quand le virus du rhume circulait allégrement dans les garderies, les écoles, les milieux de travail, les hôpitaux… ? On n’en faisait pas de cas, tant que ça ne se transformait pas en « grosse grippe d’homme » (d’ailleurs, il faudrait penser à trouver une expression moins sexiste pour ça…).

Levez la main, ceux qui continuaient de se rendre au travail, qui envoyaient leurs enfants à l’école ou dans leurs activités parascolaires, qui prenaient les transports en commun, qui passaient chercher du lait ou du pain à l’épicerie… N’ayez pas honte, on l’a tous fait !

C’était la « belle époque », l’ère de l’invincibilité. Pourquoi un rhume nous aurait-il arrêtés ? Pourquoi aurait-on donné le pouvoir à un virus de gâcher notre routine métro-boulot-dodo ? On ajoutait une boîte de mouchoirs à notre boîte à lunch, un paquet de pastilles et hop ! À pieds joints dans notre quotidien inchangé. Même si ça voulait dire qu’on laissait traîner le virus partout dans les lieux publics, autour de nos collègues, autour des amis de nos enfants et de leurs enseignants, à plein d’endroits qui attendaient juste de contaminer d’autres mains et d’autres corps. Même si ça voulait dire qu’on étirait la période de symptômes parce qu’on empilait les manques d’énergie.

C’était la belle époque, non ?

Celle où la santé était prioritaire deux fois par année : au Jour de l’An (« de la santé pis ben du bonheur ! ») et quand on se retrouvait fiévreux au lit avec l’impression de mourir. L’époque où on était con‑vain‑cus que la Terre arrêterait de tourner si on manquait une journée de travail ou si nos enfants manquaient une journée de garderie ou d’école. Vous imaginez le drame ??!! Toute une journée de bricolage ou de calculs 2 +2=4 de moins dans une vie ! Une journée de repos sur les 2160 journées consacrées à l’école entre 5 et 17 ans…

Entre vous et moi, c’était surtout la belle époque pour les virus, microbes et autres bibittes du même genre. Ils n’ont pas dû nous trouver rigolos avec nos confinements et notre désinfectant à mains… Ils ont vécu cachés pendant plus de deux ans dans l’attente de leur grand retour.

Les revoici !

En force à part ça !

Parce que notre système immunitaire à nous, celui de nos enfants, de nos bébés, de nos parents, il s’est affaibli à force d’être moins stimulé. Nos anticorps ont pris une pause (bien qu’ils aient été chatouillés par les vaccins entretemps). Et maintenant, tout de suite, immédiatement, c’est le temps de les réveiller ! Les virus automnaux débarquent et ils ont faim ! Ce n’est pas parce qu’on a mis toute notre attention sur le coronavirus que le rhinovirus est mort !

Nous verrons dans les prochains mois et les prochaines années à quel point la leçon a été comprise : on est malade, on reste chez soi. On tousse, on mouche, on atchoume, on se sent comme de la m…, on a la tête dans le bol : on reste chez soi. Nos cocos coulent du nez, sont bougons, ont vomi leur déjeuner : on les garde avec soi ! Pas indéfiniment… juste le temps que le gros des symptômes et des tousse-mouche-atchoum passe. Même si les maladies bénignes ne sont pas mortelles, ce n’est quand même pas agréable, alors on laisse faire pour partager en « cadeau » d’échange.

Une journée de vrai repos permet souvent de mieux guérir et de guérir plus vite qu’une tête dans le sable qui essaie de se faire croire que « c’est pas si pire… je suis encore capable de marcher ! »

Levez la main, ceux qui ont des souvenirs d’une journée d’enfance où ils étaient malades et où ils sont restés à la maison avec papa, maman, grand-papa, grand-maman, la gentille voisine, peut-être… Les câlins en pyjama, la collation spéciale mangée dans le salon dans une grosse doudou, l’émission de petits bonhommes regardée à une heure pas rapport, la soupe fumante délayée avec de l’eau froide pour pas se brûler… Vous vous souvenez à quel point vous vous êtes sentis importants pour la personne qui a pris toute une journée pour être aux petits soins avec vous ?

Manquer une journée de travail ou d’école quand on est malades, c’est une façon d’aider la santé collective, mais c’est aussi une façon de se forger des souvenirs. Et ça, il n’y a aucun médicament qui bat ça.

Marina Desrosiers

« Maman, je pense que je suis dépressif » – Texte : Eva Staire

« Maman, je pense que je suis dépressif. » Il m’a sorti ça, comme ça, à 9 h le matin

« Maman, je pense que je suis dépressif. »

Il m’a sorti ça, comme ça, à 9 h le matin, devant ma tasse de café, en mangeant ses céréales.

J’ai senti mon cœur bondir dans ma poitrine, j’avais peur, j’avais envie de crier, de courir.

– Comment ça, dépressif ?

– Tout est « dark »

– Depuis quand ? À cause de la pandémie. tu penses ?

– Je suis comme ça. Depuis toujours, je crois. Je ne suis pas heureux, je ne le serai jamais. Je suis dépressif.

– As-tu des idées noires ?

– Tout est noir.

(Ne pas paniquer, ne pas paniquer…)

– As-tu envisagé de mettre fin à tes jours ?

(Je ne peux pas croire que je pose cette question à mon enfant !!!!)

– Je sais pas trop, mais mourir n’est pas quelque chose qui me dérange parce que je ne suis pas heureux.

– Merci de m’en parler, mon fils. Veux-tu de l’aide ?

– Je crois que j’aimerais bien de l’aide. Comme toi.

Je ne sais pas où j’ai trouvé en moi la force de ne pas hurler. Il m’a tendu la main et je l’ai prise.

Quelques mois plus tôt, j’ai frappé le mur pandémique et j’ai perdu mon étincelle. J’ai eu la chance d’être très bien entourée et accompagnée par des gens incroyables. J’ai investi dans ma santé mentale. Je me suis arrêtée, et je suis allée chercher de l’aide. Petit à petit j’ai rallumé mon étincelle et elle brille encore plus fort qu’avant.

Je suis devenue un exemple pour mon enfant.

« Maman n’allait pas bien, elle a reçu de l’aide, elle va mieux. Ça peut m’arriver à moi aussi. »

Je suis devenue de l’espoir pour mon enfant.

En quelques heures, avec des professionnels de santé très réactifs, nous avons tissé un filet d’urgence et de sécurité autour de mon gars.

Oui j’ai eu peur. Nous avons eu peur.

On peut mourir de ce mal-là. Je le sais.

Mais crois-moi, autour de toi, il y a des humains, qui sont là pour toi, et qui vont te redonner ce souffle, cet espoir et cette joie de vivre.

Même si tu trouves tout ça trop… trop noir… crois-moi, c’est beau après.

Parles-en. Tu n’es pas seul. Je suis là. On est là.

Eva Staire