Archives juin 2020

L’héritage de la petite baleine

C’est l’histoire d’une petite baleine qui vivait avec sa famille dans

C’est l’histoire d’une petite baleine qui vivait avec sa famille dans les eaux du fleuve Saint-Laurent dans la région de la Basse-Côte-Nord. Depuis quelques années, la petite baleine voyait son environnement changer : les poissons se faire plus rare, l’eau se réchauffer, les bateaux se multiplier.

Un matin de printemps, elle décida que c’était assez. Elle voulait faire un changement. Elle en parla avec sa famille et ses amis, mais tous lui répondirent qu’il n’y avait rien à faire, que les humains savaient déjà ce qui se passait, mais ne faisaient rien pour aider. Mais la petite baleine n’y croyait pas. Ça ne se pouvait pas que les gentils humains qui viennent leur dire bonjour l’été ne fassent rien pour les aider. Elle décida donc de partir pour un long voyage vers Montréal. Là-bas, il y avait beaucoup de gens et elle pourrait chercher de l’aide.

Elle partit donc un matin de mai et entreprit un long voyage vers la métropole. Une fois sur place, elle se mit à sauter, sauter et encore sauter. Au fil des jours, elle voyait de plus en plus de gens s’attrouper autour du fleuve pour la regarder. Ah ! ce qu’elle était contente. Enfin les gens réaliseraient qu’il n’y a pas juste des poissons dans le fleuve et que la vie marine est fantastique. Ils finiraient bien par comprendre que quelque chose ne va pas en voyant une baleine en plein Montréal. « Les humains sont intelligents, ils vont comprendre mes appels à l’aide », se disait-elle. « Ils vont cesser de jeter n’importe quoi dans leurs égouts et ils vont arrêter de faire venir de plus en plus de bateaux cargo dans le fleuve. »

La baleine sauta ainsi pendant quelques jours afin de s’assurer que le plus d’humains possible voient son message et le comprennent. Mais la vie en eau douce n’est pas faite pour une baleine. Elle sentait ses forces la quitter et décida de retourner à la maison.

Cependant, ce n’est pas si facile après avoir fait tant d’exercices. Après une journée de tentatives, elle n’en pouvait plus. C’est pendant une nuit de juin que la petite baleine se laissa mourir. Elle voulait se reposer. C’est en imaginant les sons de bonheur et les années de surplus qu’aurait sa famille grâce à son aide qu’elle ferma doucement ses yeux pour la dernière fois, le cœur plein d’espoir… Elle imaginait déjà les humains se remettre en question et poser des actions concrètes pour aider la vie marine. Elle était fière d’elle.

Le lendemain, tout Montréal pleurait la mort de la petite baleine.

Faites en sorte que cette baleine ne soit pas morte en vain. C’est à nous d’écrire la fin de cette histoire et de rendre honneur à cette sauveuse.

Ne jetez pas de produits polluants dans les égouts. Ne jetez pas de médicaments, d’huile ou de lingettes dans vos toilettes ou vos lavabos. Il en est de même pour les restes de peinture et les insecticides. Utilisez des produits de nettoyage biodégradables et achetez local le plus possible.

Ceci n’est que le minimum que nous pouvons faire pour aider la vie marine du Québec et je vous suggère de vous renseigner pour savoir ce que vous pouvez faire de plus élaboré.

Merci petite baleine pour ce rappel important.

Je tiens à préciser que ce texte est une fiction, mais le problème écologique entourant la vie aquatique est bien réel.

Image : Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins

Anouk Carmel-Pelosse

Mon père m’a appris

Aujourd’hui, c’est la fête des Pères et j’aimerais en profiter pour

Aujourd’hui, c’est la fête des Pères et j’aimerais en profiter pour faire un petit bilan de ce que mon père m’a apporté.

Mon père est le genre d’homme qui a fait sa chance dans la vie. C’est le garçon qui a lâché l’école et qui est devenu, avec le temps, gestionnaire des archives et de la numérisation dans un grand hôpital. Il a travaillé extrêmement fort toute sa vie pour se rendre où il voulait. Mon père m’a appris le travail, l’endurance et la persévérance.

Mon père a toujours défendu les plus démunis du mieux qu’il pouvait. Que ce soit en s’impliquant dans les syndicats ou en allant aux manifestations de tous genres, il est toujours là pour défendre ceux qui en ont besoin. Il m’a souvent dit : « Qui ne dit rien consent » et ça m’a marquée. Mon père m’a appris l’acceptation et la solidarité.

Mon père a toujours mis les femmes de sa vie à l’avant-plan. Il a traité et traite encore ma mère comme un trésor. Pour lui, le respect et l’amour sont très précieux. Mon père m’a appris à connaître ma valeur et à ne pas attendre moins des autres que ce que je mérite.

Mon père a vaincu un cancer des poumons. Il vit avec des problèmes d’emphysème et se bat depuis quelques années contre un cancer de la prostate incurable. Malgré tout, il ne voit que le positif dans la vie et continue de faire rire tous les gens qu’il croise. Mon père m’a appris la force et la résilience. Il m’a appris que l’humour ne sauve pas des vies mais en soulage beaucoup.

Mon père a eu trois enfants de deux femmes différentes. Jamais il ne nous parlait de mon frère comme étant mon demi-frère. Nous ne sommes qu’une fratrie et nous ne nous aimons pas moins pour ça. Mon père m’a appris que les liens du sang ne veulent rien dire quand on parle de famille et d’amour.

Mon père est toujours prêt à aider. Que ce soit pour faire des commissions pour une personne, amener une autre voir le médecin, laver le linge sale de ses filles, faire des plats pour d’autres et j’en passe. Malgré le fait qu’il soit fatigué et que son corps souffre, il répond toujours présent. Mon père m’a appris l’entraide et le soutien.

Malgré le fait qu’il n’a pas eu le meilleur des exemples, mon père a été et est toujours le meilleur père du monde. Merci pour tous les apprentissages et toutes les belles valeurs que tu m’as transmis. Je t’aime très fort et je suis contente que Béa puisse t’avoir dans sa vie.

Le plus fort, c’est mon père.

Anouk Carmel-Pelosse

Papa… ce papillon jaune

Il est 2 h du matin et je me réveille en sursaut parce que je viens d

Il est 2 h du matin et je me réveille en sursaut parce que je viens de te voir, papa.

À travers un rêve qui me semble si réel, je vois ton visage illuminé, ta main levée au ciel pour me saluer et un immense sourire, ce sourire si doux et communicatif.

Tu es là papa, tellement réel que je prends le temps de m’asseoir dans mon lit et d’analyser ce qui vient de se passer.

Tu es là et par la façon dont tu me regardes et me souris, j’ai l’impression que tu es bien où tu es.

J’ai l’impression que ton doux visage est encore plus serein qu’il l’était déjà dans la vie de tous les jours.

Ce sourire si sincère est encore et toujours plus présent que jamais.

Ta main levée au ciel, le même mouvement que tu me faisais avant de partir — avant de me dire au revoir… à tantôt… à bientôt…

Tu es là, papa. Mais je me réveille petit à petit et je comprends que c’était un rêve!

Parce que tu es parti, il y a deux mois jour pour jour aujourd’hui.

Parce que, il y a deux mois, j’ai perdu une partie de moi… TOI.

Il est maintenant 2 h 15, je reprends mes esprits et j’essaie de comprendre ce que tu es venu me dire, papa. Mais chose certaine, je crois que tu es venu m’apaiser.

Peut-être parce que tu sais, j’ai une grande difficulté à accepter ton départ et tu te doutes que je rumine sans cesse cette décision que nous avons prise avec les médecins, celle de te laisser partir.

Peut-être aussi parce que tu avais envie de me rassurer et de me dire que cette voie était la bonne. Que tu es bien là où tu es.

Ce sourire que tu avais dans mon imaginaire, il y a quelques minutes de cela, c’est le sourire que j’ai connu et avec qui j’ai grandi, papa. Et ce sourire ne trahit pas. Tu sembles bien et heureux.

Le lendemain, alors que j’ai raconté ce rêve, quelqu’un m’a dit que tu as choisi de passer par moi pour livrer l’annonce de ton bien‑être. Tu as décidé de me rendre visite dans mes rêves, pour nous rassurer et nous dire que tu es bien là où tu es maintenant. Et tu sais quoi, papa?!

Je n’ai aucune difficulté à croire que tu m’as choisie pour faire véhiculer le message.

Tu le sais que je suis forte, papa.

Et tu m’as choisie pour cette raison.

Tu as vécu la maladie avec nous, ta famille, mais particulièrement avec moi. Et je me souviens que malgré les journées de chimio plus difficiles, les annonces plus ardues de la part de ton oncologue ou simplement les décisions plus posées que tu avais à prendre — on réussissait toujours à rire ensemble.

Tu te souviens quand la vieille dame à côté de nous en chimio pensait que nous étions un couple?!

Je lui avais répondu « Chère madame, à moins que monsieur soit milliardaire, aucune chance qu’on soit ensemble »!

On avait ri à en « pisser dans nos shorts »!

Maintenant papa, je comprends pourquoi tu es venu me voir cette nuit.

Parce que tu sais que je peux rassurer tes proches en leur racontant notre rencontre.

Parce que j’ai été et je suis encore là pour toi.

Parce que oui papa, je suis forte.

Je le suis parce que tu me l’as enseigné.

Aujourd’hui, il y a deux mois que tu es parti, papa.

Cette nuit, tu es venu mettre un baume sur ma douleur et je t’en remercie.

Papa, continue de venir me voir.

Que ce soit le papillon jaune qui me suit quand je suis à vélo ou le vent qui caresse mon visage.

Que ce soit lorsque j’ai des choix importants à faire et que soudainement, ça devient plus clair.

Ou simplement quand je cherche mes clés le matin, en retard dans ma routine du matin et que soudainement, elles apparaissent par magie… ou par tes énergies.

Continue d’être près de moi, papa.

Tu me manques, mais je sais que tu vis à travers moi… à travers nous et surtout, à travers tous ces petits bonheurs de la vie! Cette vie qui continue.

Isabelle Nadeau

L’école à la maison, c’est fini! (dernier partage de ressources pour le primaire)

La COVID-19 aura eu raison de notre école à la maison. C’est elle qui b

La COVID-19 aura eu raison de notre école à la maison. C’est elle qui boucle la boucle d’une précieuse époque où mes enfants auront choisi de vivre leurs apprentissages en famille. Ce n’est plus la même chose pour nous, sans permission de se rassembler et d’explorer le monde.

Mon plus vieux avait déjà effectué son retour en classe en septembre. Il termine présentement sa sixième année avec succès. Il a fait l’école à la maison de la deuxième à la cinquième année. Si vous suivez nos péripéties depuis le début, vous savez que c’est lui, l’initiateur de cette surprenante aventure familiale.

Mon plus jeune, lui, a suivi les traces de son frère et a toujours vécu l’école à la maison. Il termine présentement sa troisième année du primaire. Qui aurait pu prédire que ce serait lui, le plus bouleversé par le confinement imposé par la pandémie. Sans sa COOP d’école-maison, ses sorties avec ses amis, ses cours d’escrime… sa vie est devenue plus fade et il a perdu l’intérêt pour l’école-maison. Il m’a demandé de l’inscrire à l’école en septembre prochain. Hé oui, c’est celui qui faisait encore l’école à la maison qui est le plus à boutte d’être confiné! Ça prouve drôlement ce que je m’évertue à répéter depuis cinq ans : l’école hors établissement scolaire ne signifie pas qu’on enferme nos enfants à la maison. Au contraire, c’est une école sans murs qu’on leur offre!

Alors que la pandémie nous plonge dans l’insatisfaction et nous entraîne vers la sortie, je suis bien consciente qu’elle est également la porte d’entrée de nombreuses familles vers leur propre histoire d’école à la maison. Aussi, avant de tirer ma révérence, je souhaite partager le matériel qui m’a été utile pour les deuxième et troisième cycles du primaire. Donner un coup de main aux petits nouveaux!

Premièrement, des livres et encore des livres. Mon neuf ans a lu PLUS DE 400 LIVRES depuis le mois de septembre. Il les dévore! Avoir du temps pour lire faisait d’ailleurs partie de son top 5 des raisons pour préférer l’école à la maison il y a quelques mois… Si vous êtes curieux, les quatre autres raisons étaient :

  1. C’est toi qui décides! Plus de liberté dans le déroulement de la journée.
  2. Faire la marmotte le matin. Dormir tout son soûl sans subir le stress d’une routine serrée.
  3. Plus de temps libre! Il a pu écrire sa propre BD. Sérieusement, chapeau. Il a travaillé sur ce projet toute l’année. Le résultat est impressionnant.
  4. Passer du temps avec maman. (Ben oui! À neuf ans, il paraît que c’est encore ben ben trippant!)

Mais bon, je m’éloigne du sujet… la littérature jeunesse. Voici quelques suggestions rapides pour vos enfants :

Si vous avez des amoureux des chats chez vous :

  • La série Méchant Minou (Nick Bruel) ;
  • La série Gangster (Johanne Mercier) ;
  • La série Le Chat assassin (Anne Fine) ;
  • La curieuse histoire d’un chat moribond et sa suite (Marie-Renée Lavoie) ;
  • La série La Guerre des Clans (Erin Hunter) (plus pour le troisième cycle).

Si vous avez des fans de BD :

  • Les séries de Dav Pilkey (Capitaine Bobette, Super Chien et Ricky Ricotta) ;
  • Amulet (Kazu Kibuishi) ;
  • Mort et déterré (Jocelyn Boisvert).

Pour vos lecteurs de romans :

  • Les séries de Caroline Héroux : Les Pareils pour le deuxième cycle et Défense d’entrer! pour le troisième cycle ;
  • La collection La Bande des Quatre (Alain M. Bergeron, François Gravel, Martine Latulippe et Johanne Mercier) ;
  • La collection Mon Mini Big à moi. On a un faible pour Bacon Latranche — Détective grillé 1, 2 et 3 (plus pour le deuxième cycle) ;
  • La série Bine (Daniel Brouillette) (plus pour le troisième cycle) ;
  • Max au Centre Bell et la suite des aventures de Max (Olivier Challet) (plus pour le deuxième cycle).

Deuxièmement, voici les cahiers que nous avons utilisés pour nous guider dans nos apprentissages en français, mathématiques, anglais, science, géographie et histoire :

  • Français 3e — 4e années : Zig Zag (ERPI)
  • Français 5e -6e années : Arobas (ERPI)
  • Mathématiques 3e -4e années : Tam Tam (ERPI)
  • Mathématiques 5e -6e années : Décimale (ERPI)
  • Anglais 3e -4e années : You Have Mail! (ERPI)
  • Anglais 5e -6e années : Spirals (Chenelière)
  • Science 3e -4e années : Éclair de génie (ERPI)
  • Science 5e -6e années : Éclair de génie (ERPI)
  • Géographie et histoire 3e -4e années : Panache (Chenelière)
  • Géographie et histoire 5e -6e années : Escales (ERPI)

Et finalement, voici mes ressources Web incontournables pour préparer une année scolaire :

  1. L’orthographe au quotidien, moi j’y tiens! https://deuxprofsunepassion.jimdofree.com/orthographe-au-quotidien-2e-cycle/

Listes de mots à étudier (tirés de la Liste orthographique à l’usage des enseignantes et enseignants) ainsi que dictées pour le deuxième cycle

Listes de mots à étudier (tirés de la Liste orthographique à l’usage des enseignantes et enseignants) ainsi que dictées pour le troisième cycle

  • La pyramide des verbes au 2e cycle

http://laclassedezazou.eklablog.com/la-pyramide-des-verbes-2e-cycle-socrative-a115109398

  • La chanson de l’imparfait

http://tables-de-multiplication.fr/

Si vous cherchez des outils pour la maternelle et le premier cycle, j’ai déjà partagé mes ressources coup de cœur dans les billets suivants :

Et si on sautait la maternelle?

Les apprentissages en famille (ressources pour le premier cycle du primaire)

J’espère que ces informations vous aideront à faire le saut avec plus de facilité vers une année d’école à la maison. Évidemment, les cahiers ne sont qu’un petit morceau des apprentissages en famille. Dans certaines maisons, ils sont même totalement absents et l’expérience n’en est que plus agréable. De mon côté, ils m’ont aidée à apprivoiser un défi qui me donnait le vertige. Je repasse la rondelle à l’école de quartier avec plaisir, bien fière de ce que j’ai accompli avec mes deux garçons. Ils sont allumés, cultivés et très agréables à côtoyer. Je ne les ai pas brisés (ouf!). Bonne chance à vous, que vous entamiez ou poursuiviez l’aventure!

Elizabeth Gobeil Tremblay

Cheminement interrompu

J’ai fait appel à la mémoire de ma sœur…

J’ai fait appel à la mémoire de ma sœur…

En gros, aucun sujet réellement au cœur de mes préoccupations d’élève au secondaire. Honnêtement, j’étais plutôt heureux de l’occasion « légitime » de faire autre chose de mon temps. Certains étaient contre, valorisés par leurs études. Mais nous devions être solidaires. Un véritable mouvement étudiant. La grève.

Cette première vague dès 1973.

Bien des réunions dans l’amphithéâtre. Max, le président de l’association étudiante, était un des « vieux » de secondaire V. Il savait très bien diriger les troupes. Expliquer, orienter le débat. Obtenir les votes. Si je vous dis que vous le voyez, parfois, éminent journaliste de la chaîne publique nationale. Beaucoup moins de poils qu’à l’époque et un prénom désormais toujours bien complet.

Nous avions un slogan, qui reprenait le nom de l’école. Entonné avec fierté, dans la manifestation de notre exubérance. En fait, je me souviens de très peu de choses. Le temps file. Mais je revois ce bulletin de fin d’année. Une étape complète n’avait pas été considérée. Nos résultats finaux ne tenaient compte que des autres étapes. Pour tous.

Ce contenu absent, fait-il une différence aujourd’hui? Même, à l’époque?

Je vous laisse en juger. Mais ça n’a fait aucune différence dans mon cheminement scolaire. Aucun retard, aucune reprise. Bien évidemment, déjà, c’était une des menaces des autorités. Le message du ministre de l’Éducation, pour nous faire entrer rapidement dans les rangs. La peur espérée.

Ou, comme l’a verbalisé notre vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, nous rendre « dociles ».

Cet épisode oublié m’est revenu. Avec cette volte-face de notre savant ministre de l’Éducation. Celui qui a annoncé à tous les adolescents qu’avec la pandémie, le reste de l’année scolaire serait facultatif. Là, qui tente de leur faire peur. Pour forcer une participation. En ligne.

Docile.

Ce mot résonne et je me dis qu’il serait opportun que le mouvement se manifeste. Dans le respect, bien sûr, des règles de santé publique (la distanciation, ça prend encore plus de place dans les rues). Peu importe la raison. Le sort de la planète, pouvoir gazouiller sans intervention du capitalisme de droite ou, simplement, l’avenir. Leur avenir. Leur droit fondamental d’être respectés.

De ne pas être dociles…

michel

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Les moutons

Les moutons

Un mouton,

Les moutons

Un mouton, deux moutons, trois moutons…

Même plus besoin de les compter dans mon lit, ils me sautent dans la figure tous les jours sur les réseaux sociaux, par les temps qui courent.

« Hey gang de moutons » est devenu l’insulte de l’heure ! Une insulte dirigée contre ceux qui ont des croyances différentes quant à la situation actuelle. Étonnement, lorsqu’on tente d’entreprendre une discussion, le seul argument énoncé concerne les plateformes de nouvelles et des images visant à dénigrer l’interlocuteur.

J’en ai vu passer de la publication en ce genre, toujours le même baratin d’insultes.

Entendons-nous, je ne suis pas ici pour faire le procès de ces gens dont les croyances diffèrent des miennes. S’il y a bien quelque chose que je respecte, même si je n’y consens pas, ce sont les idéaux d’une personne. Ce que je veux dire par là ? Ce n’est pas de mes affaires ! Cela dit, il serait important que l’on respecte les autres, aussi ! Quand il y a des attaques, ça ne donne pas l’impression qu’on assiste à un partage de points de vue, mais plutôt à un recrutement. J’ai pu lire sur des pages de personnalités publiques des insultes et des préjugés quant à l’intelligence ou aux habitudes de vie d’une personne en raison de ses croyances. Voyons ! C’est fort quand même, de croire qu’on détient la vérité à ce point.

Certes, je ne savais pas que d’avoir un point de vue différent était si confrontant. La seule chose qui me confronte, c’est de voir les insultes fuser de toute part.

Si une personne porte un masque en public, c’est parce qu’elle juge bon de le faire pour des raisons qui lui appartiennent. À l’inverse, si quelqu’un s’y oppose, ses raisons lui appartiennent tout autant. Bien qu’il s’agisse d’un exemple, cela s’applique à tout ce qui se passe actuellement. Tout est question de choix et de perspective et je ne vois pas de sous-intelligence ici. Juste des gens qui respectent ce en quoi ils croient.  

Que l’on se donne le droit de s’attaquer à l’intégrité des autres, pour une question de croyance, cela me questionne grandement sur l’humanité de ces individus et que l’on reproche aux gens d’être des moutons me laisse d’autant plus perplexe. S’identifier à un groupe qui partage nos croyances est un comportement purement humain et à cet effet, je ne vois pas en quoi l’un des groupes est plus mouton que l’autre. 

Respect les amis ! Personne ne détient la vérité, nous sommes influencés par notre expérience et nos croyances. Faites ce qui est bon pour vous. Pas besoin de mettre de l’énergie à vouloir convaincre. Ce n’est pas parce que quelqu’un emprunte un autre chemin que le vôtre qu’il est inférieur à vous.

Marilyne Lepage

La maladie de Crohn, c’est quoi?

Le 19 mai, c’était la journée mondiale de la maladie de Crohn. Une

Le 19 mai, c’était la journée mondiale de la maladie de Crohn. Une maladie peu connue de certains, mais qui en affecte pourtant plusieurs. Je crois qu’aujourd’hui, il est important qu’on en parle afin que de plus en plus de gens soient informés sur la maladie. Mon expérience vous permettra peut-être de comprendre ce que ressentent les gens atteints du Crohn.

Pour vous mettre en contexte, j’ai été diagnostiquée comme ayant la maladie à l’âge de huit ans. En temps normal, les gens développent la maladie autour de la vingtaine, mais il existe des cas particuliers, comme le mien.

Lorsqu’on me demande en quoi consiste la maladie, je réponds souvent de la manière la plus brève : « C’est une maladie inflammatoire de l’intestin. C’est comme des petits ulcères de la bouche jusqu’au rectum et c’est une maladie chronique. » Au fond de moi, je sais que c’est tellement plus que cela. J’ai envie de leur dire que c’est plus que physique, c’est mental. C’est faire des choix constamment sans savoir s’ils sont bons ou mauvais. On ne sait jamais ce qui va se passer. Si ça va bien aller. C’est se demander constamment « pourquoi moi ? » C’est devoir accepter le fait qu’on n’aura jamais une vie normale. Qu’on devra constamment se justifier, se priver, s’accepter. Pourtant, j’ai toujours cette petite voix dans ma tête qui me répète « Dis‑toi que certains vivent pire » et je me rends compte qu’en fait, je suis peut-être chanceuse.

Cette maladie change complètement notre mode de vie. On ne peut pas manger n’importe quel aliment et on passe énormément de temps à la salle de bain. Pourtant, selon moi, ce qui est le plus difficile, c’est la façon dont on doit traiter la maladie. Par exemple, la médication. Au début, ce sont de simples pilules. Tranquillement, elles se transforment en injections, puis en opérations. En vain, le processus recommence.

On me dit souvent qu’une fois qu’on a accepté de vivre avec cette maladie, ça va mieux. On vit mieux. J’ai souvent essayé. Après huit ans, j’ai souvent cru l’avoir accepté, mais j’ai réalisé que je la supportais uniquement lorsque ça allait bien. Lorsque tout était sous contrôle. Malheureusement, c’est difficile de conserver cette stabilité, de la maintenir. En fait, c’est comme monter une colline. Au début, c’est difficile. Ça demande des efforts. Une fois qu’on arrive au sommet, on est soulagé. Tout va bien. On se repose. Pourtant, on le sait qu’un jour ou l’autre, on devra redescendre.

C’est exactement la même chose pour la maladie de Crohn. Une fois qu’on est au sommet, on est heureux et on accepte qu’elle nous habite. Malheureusement, quelques mois, quelques années plus tard, on recommence à zéro, là où ça fait mal. Je ne sais pas si un jour, je finirai par l’accepter. Accepter qu’on se partage le même corps, qu’elle habite mon esprit et mes pensées. Pour l’instant, j’essaie et c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Il faut simplement laisser le temps faire les choses.

On parle beaucoup de cette maladie de façon négative, mais comme toute chose, elle apporte aussi un peu de positif. Le fait que j’ai eu le diagnostic à huit ans m’a permis de comprendre un tas de choses beaucoup plus rapidement. Tout d’abord, le fait d’accepter la différence. Quand on parle de différence, on pense le plus souvent aux particularités physiques, celles que l’on peut voir. Mais il existe aussi la différence invisible, comme j’aime bien la surnommer. Je me sentais différente en raison de ma maladie. Les gens ne le voyaient pas, mais moi je le sentais. Je crois que cette expérience m’a permis de comprendre un petit peu plus comment les gens différents se sentent et ainsi, les accepter plus facilement. Je me souviens que, du haut de mes huit ans, j’admirais tant ces personnes différentes et aujourd’hui, c’est toujours la même chose. Autrement dit, je serai éternellement reconnaissante d’avoir eu cette prise de conscience si jeune puisque ça n’a pas de prix.

En conclusion, la maladie de Crohn vient avec son lot de difficultés, comme n’importe quel problème de santé. J’ai espoir qu’un jour, on trouvera une solution afin que les générations à venir ne souffrent pas. Afin qu’elles puissent vivre une vie normale, comme tant de gens souhaiteraient. Il faut donc garder à l’esprit que la santé, c’est le plus beau cadeau que la vie puisse nous offrir.

Juliette Roy

Jokes de gros

À l’âge de 11 ou 12 ans, alors que je dansais dans la cuisine sur

À l’âge de 11 ou 12 ans, alors que je dansais dans la cuisine sur l’air de Beat it, mon frère m’a lancé à la blague : après Michael, Janet et Tito, voici Jumbo Jackson. C’était drôle. On a ri.

Au début de l’adolescence, alors qu’Isabelle Brasseur et Lloyd Eisler étaient au sommet de leur gloire, ma cousine et moi tentions des doubles axels dans le salon en les imitant. Ma mère, à la blague, nous a dit que nous avions davantage le physique pour faire de la lutte gréco-romaine que du patinage artistique. C’était drôle. On a ri. 

Quand j’étais enceinte, assise sur le bord de la piscine, hésitante à sauter dans l’eau froide, mon amie m’a dit : « Ah ben, c’est pratique d’être enceinte. Avant, t’avais juste l’air grosse ; maintenant, t’as une excuse pour avoir une bedaine. » C’était drôle. On a ri.

Cet hiver, en parlant du légendaire porté de Patrick Swayze dans Dirty Dancing, mon humain de proximité m’a dit : « Eh boy, tu m’casserais ben le dos si on essayait de faire ça ensemble. » C’était drôle. On a ri.

J’ai ri de beaucoup de commentaires et de blagues qu’on m’a faits sur mon apparence. 

J’ai ri parce que j’ai un bon sens de l’humour.

J’ai ri pour éviter les malaises.

J’ai ri pour ne pas dire que j’étais blessée.

Les blagues de gros ou les blagues sur l’apparence des gens, même déplacées, vous avez raison, ce n’est pas la fin du monde. Le truc, c’est que lorsqu’on est différent ou non conforme, ce n’est pas LA blague lancée sans méchanceté qu’on ne trouve pas drôle, mais plutôt la 3448e blague qui ne nous fait plus rire. Ce n’est pas LE commentaire déplacé qui nous blesse, c’est le 2567e qui s’ajoute aux 2566 autres commentaires déplacés qui nous blesse. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aux blagues de gros ou sur le poids, s’ajoutent tous les autres commentaires, remarques et regards blessants.

Oh wow, t’es vraiment belle depuis que tu as maigri ; ou Imagine comme tu pourrais être belle si t’étais plus mince.

T’es cute, mais je suis pas sûr que je banderais avec une fille qui a du poids en trop.

Si tu avais cette shape‑là, je passerais mes journées à te faire l’amour.

T’es sûre que tu as encore faim pour un dessert ? 

Si tu veux rester grosse, c’est ton choix.

Et j’en passe. Et j’en passe. 

Ceci, c’est un échantillon de ce que j’ai entendu de la bouche de gens qui avaient de l’affection pour moi. Ça vous donne une idée de ce qu’on peut entendre de la bouche des gens qui n’ont aucun lien affectif avec nous. Et c’est encore bien plus soft que ce que les gens obèses vivent au quotidien. Une blague de gros, ça fait écho à toutes les blessures qu’on porte en soi et ça nous rappelle qu’on ne fit pas dans le moule — encore une fois. 

J’ai souffert de troubles alimentaires plus de la moitié de ma vie. Encore aujourd’hui, ça reste quelque chose de très fragile. La relation que j’entretiens avec mon corps et le regard que les autres posent sur lui viennent avec un lot de tristesse et de défis. Et je ne suis pas socialement marginalisée à cause de mon poids. J’imagine difficilement ce que peuvent ressentir ceux qui le sont, mais l’empathie, ça sert à ça. À se mettre à la place de l’autre pour mieux comprendre ce qu’il vit, pense, entend, ressent.

Se fâcher les uns contre les autres, ça ne sert à rien. Ça nourrit les stéréotypes, ça ajoute de l’huile sur les bobos qui font déjà mal et ça ajoute encore plus de distance entre les gens qui sont différents. Aujourd’hui, je vais avoir de l’empathie pour Martin Matte qui doit vivre quelque chose à quoi il ne s’attendait pas. Je vais avoir de l’empathie pour tous les gens qui n’ont pas compris la tristesse ou l’indignation de ceux qui n’ont pas ri de la pub de Maxi. Et je vais avoir de l’empathie pour les gens qui ont été profondément blessés. Pas par CETTE blague‑là précisément, mais par les 3448 d’avant.

Liza Harkiolakis

Mon amour, et si on restait confinés?

Voilà plus de huit semaines qui ont passé depuis que notre gouvernement a

Voilà plus de huit semaines qui ont passé depuis que notre gouvernement a annoncé le confinement pour tous.

Presque deux mois qu’on a changé notre routine en entier.

Au début, ce fut certes très déstabilisant, voire vertigineux.

L’école fermée, le hockey des gars terminé comme ça, sans party de fin de saison, même sans séries.

Nos projets à venir suspendus, le camping qu’on attend durant tout l’hiver qui n’a plus de date d’ouverture. Tout sur hold. Pour nous et pour la planète entière.

Y’a de quoi faire un peu d’angoisse.

Nos nuits furent perturbées ; on se réveillait en plein milieu de la nuit en se parlant de nos peurs, de nos inquiétudes. Ne sachant plus du tout de quoi serait fait demain.

Les gars se réveillaient après avoir rêvé à des choses tristes.

Leur mamie avait attrapé la COVID. Le lendemain, c’était leur pépère. Toujours ce genre de cauchemar.

Après dix jours, un nouveau beat s’est installé.

Chaque matin commençait maintenant comme si c’était dimanche!

Au menu : pancakes, musique, jeux de société et beaucoup de temps ensemble.

Les soirées? Des concours de soupers chacun son soir, des tournois de Mario Kart, de grandes marches, du temps, beaucoup de temps ensemble.

Soudainement, je me suis surprise à espérer que ça ne cesse pas tout de suite, que ça s’étire encore juste une semaine ou deux, pour qu’on puisse vraiment faire tout ce qu’on avait envie de faire. Ces deux semaines‑là ont passé et voilà que je souhaitais toujours qu’ils ne nous annoncent pas que c’était la fin du confinement.

Parce que, quand on ne sera plus confinés les quatre ensemble, vous me manquerez trop.

Toi Charlie, tu retrouveras tes amis, ton sport, ton envie de toujours être en action. Et moi, c’est tout ce que je souhaite pour mon enfant de dix ans. Bien sûr, mais en ce moment, je suis la plus chanceuse d’avoir autant de temps avec vous, t’sais.

Et Phénix, lui, il capote sa vie d’être ton seul ami en ce moment. Toujours prêt à tout pour rendre son grand frère heureux!

Les nuits à quatre dans notre lit à écouter Netflix seront rares.

Papa n’ira plus faire des méga grosses épiceries… (lol) et il ira encore moins à la SAQ pour maman (lol lol).

Mon stress, il reviendra inévitablement lui aussi.

Rien ne sera comme avant.

Ni notre façon de s’occuper de chacun de nous ni cette façon d’apprécier les moments ensemble. J’espère qu’on se priorisera toujours comme en ce moment.

Parce qu’après tout, la famille c’est ça, être bien ensemble, juste nous ensemble.

Beaucoup de choses nous manquent à tous et j’ai hâte que l’on retrouve tous nos activités et ceux qui nous manquent.

Mais j’espère que ce temps sur pause aura su nous apprendre à savoir prendre des pauses quand il le faut et quand on le veut!

Lisa-Marie Saint-Pierre

Le jour où ma vie a basculé

Le matin du 27 novembre 2005, le ciel était bleu, aucun nuage en vue.

Le matin du 27 novembre 2005, le ciel était bleu, aucun nuage en vue. Une légère couche de neige s’était installée durant la nuit. Mes parents étaient partis déjeuner ensemble. Ils étaient si amoureux.

Lorsqu’ils sont revenus, mon père est allé pelleter et ma mère et moi avons commencé à regarder la télévision. Quand mon père est entré, il était essoufflé. Il est venu s’asseoir par terre, il a enlevé son chandail et s’est installé avec une jambe relevée contre sa poitrine. Il serrait sa cuisse et son genou contre son plexus.

Cette position était celle qu’il prenait lorsqu’il ne se sentait pas bien. Mon père était né avec une cardiopathie congénitale, la maladie d’Ebstein, une maladie rare. Il avait un trou dans son cœur. Selon les médecins, il ne devait jamais atteindre l’adolescence et encore moins l’âge adulte. Dès que nous avons su parler, ma sœur et moi avons appris à composer le 9-1-1 et à dire « Mon papa est cardiaque et il est… ».

Je lui ai demandé s’il allait bien. Il m’a répondu qu’il était essoufflé et avait un peu de palpitations. Il est allé se coucher pour essayer de faire passer tout ça. J’ai regardé ma mère et je lui ai dit que j’avais un mauvais pressentiment, que nous devrions appeler l’Institut de Cardiologie. Elle m’a répondu que papa allait nous dire quoi faire. Mon père s’est relevé cinq minutes plus tard, il a dit qu’il allait dans la douche. J’ai demandé à appeler l’Institut. Il m’a dit que si après sa douche, il n’allait toujours pas mieux, je pourrais appeler.

Il est allé dans la douche, il y est resté trois minutes. Il est sorti et « boom ». Ma mère et moi avons couru jusqu’à la salle de bain. En ouvrant la porte, j’ai vu mon père convulser au sol en vomissant. J’ai appelé les urgences, « Mon papa est cardiaque et il est tombé, il convulse ». Lorsque j’ai prononcé cette phrase, je n’avais plus dix-neuf ans, mais cinq ans. J’ai donné le téléphone à ma mère pour qu’elle puisse décrire ce qui se passait. Ma sœur est montée du sous-sol en demandant ce qui se passait. J’avais pris mon cellulaire et j’ai juste eu le temps de lui dire « Papa » quand mon oncle a répondu au téléphone. J’ai expliqué ce qui se passait. J’ai vu le visage de ma sœur se décomposer devant moi. Nous sommes sorties pour attendre l’ambulance. J’avais appelé mon amoureux qui était pompier volontaire pour la ville, et son beau-père était le chef de la caserne de notre secteur.

Ma voisine d’en face a crié à son mari que quelque chose s’était passé et il a couru jusque dans la maison. Quand mon copain est arrivé, il m’a dit qu’il avait appelé son beau-père et ce dernier avait lancé un appel à l’aide pour nous. Plusieurs pompiers avaient répondu. Il m’a interdit d’entrer dans la maison tant que les ambulanciers seraient là. J’ai décidé d’aller me réfugier dans le camion avec ma sœur.

Après une longue attente, des gens ont commencé à sortir de la maison. Un ambulancier et un pompier sont sortis en trainant la civière avec mon père et l’ambulancier qui continuait les manœuvres. Quand je suis entrée dans la maison, je suis allée chercher le chandail des Canadiens de Montréal avec le nom BARBIER écrit derrière. J’espérais qu’il pourrait sauver mon père comme la dernière fois lors de son opération en 2001-2002.

Ma sœur, mon copain et moi sommes partis vers l’hôpital. Nous avons couru dans le stationnement jusqu’à la porte de l’Urgence. On nous a dit d’aller dans la salle familiale. Quand j’ai tourné le coin, j’ai vu un homme et deux femmes en sortir. Nous sommes entrés dans la minuscule pièce. Ma mère et son frère étaient là, assis sur un divan.

Mon oncle s’est levé et a demandé à ma sœur et moi de nous asseoir de chaque côté de maman. Il a fermé la porte du minuscule salon. Mon oncle s’est accroupi devant nous.

« Les filles, vous allez devoir être fortes. Vous savez combien je vous aime et combien j’aime votre mère. Sachez que je serai toujours là pour vous. » Sa voix s’est cassée, ses yeux se sont remplis de larmes. La tête de ma mère s’est penchée vers l’avant.

« Les filles, papa est parti. Son cœur n’a pas recommencé à battre, malgré tous les efforts du personnel médical. Papa est mort. »

J’ai vu mon amoureux s’effondrer au sol, en larmes. Tout le monde pleurait dans la pièce. J’ai tourné la tête vers la fenêtre, j’ai regardé le ciel bleu. Il faisait si beau dehors.

« Je veux sortir », ai-je dit.

Je me suis levée et je suis sortie dehors. Je me suis arrêtée au milieu du rond-point. Les mots résonnaient dans ma tête. « Papa est mort. Papa est mort. Papa est mort. » En boucle, sans arrêt. Ça faisait mal, de plus en plus mal. J’avais mal physiquement partout. On dit qu’avant de mourir, on voit notre vie défiler devant nos yeux. Moi, j’ai vu défiler devant mes yeux mes souvenirs et tous ceux qui n’auront jamais lieu, mon père qui m’amène à l’autel a mon mariage, mon père qui joue avec mes enfants, mon père que j’appelle pour avoir un conseil. J’ai senti quelque chose se briser en moi. J’avais tellement mal, mais tellement mal.

Le dimanche 27 novembre 2005 à 13 h, mon père est parti pour toujours. Mon père était un homme très drôle, un farceur, un homme généreux, attentionné, aimant, attachant, fier. Il touchait le cœur de chaque individu qu’il rencontrait. Il était ce genre de personne qui attirait toujours le bonheur. Il mettait un sourire sur les lèvres de tout le monde.

La douleur est toujours présente, elle est simplement plus tolérable. Même après quatorze ans.

Les jours passent. Les années passent. Chaque jour, je pense à lui et je m’ennuie. Mes enfants savent qui il est et je vais tellement parler de lui qu’ils vont avoir l’impression de l’avoir connu.

Mon père était mon héros. Mon idole. L’homme de ma vie. Mon roc. Mon confident. Mon meilleur ami.

Il est mon papa, mon papounet.

Je t’aime papa. Tu me manques terriblement.

Cindy LB