Archives juillet 2021

Mon corps d’enfant – Texte : Marina Desrosiers

Je n’ai pas réussi à te faire bander. Tu me l’as reproché. Tu m’as boudée parce que je

Je n’ai pas réussi à te faire bander. Tu me l’as reproché.

Tu m’as boudée parce que je n’étais pas assez excitante.

Pourtant, j’ai essayé! Je voyais le cadeau que tu m’avais promis me glisser entre les doigts, alors que toi, tu voulais que ce soit ton pénis qui y glisse. J’ai pleuré. Pas de honte, pas de rage. De déception. J’étais déçue de moi, de mon échec. J’étais déçue de toi, de ta trahison. Tu m’avais promis que si je me mettais toute nue, que je te laissais me pénétrer, tu me donnerais ton plus gros toutou. Le jaune, presque aussi grand que moi.

J’ai couru à l’étage. Maman, maman, mon frère ne veut pas me donner son toutou, il m’avait dit qu’il me le donnerait!

J’ai dû révéler la condition. Tu voulais éjaculer. Et ça n’a pas fonctionné.

Un corps d’enfant de huit ans ne t’avait pas excité. Peut-être aussi que la peur de te faire pogner les culottes baissées avait refroidi tes ardeurs.

Tu t’es fait prendre quand même, parce que j’ai crié à l’injustice. Pas celle de l’abus, mais celle de la promesse non tenue. Tu as dû t’excuser, notre autre frère aussi. Parce que tu n’étais pas seul, on exigeait de moi des deux côtés. J’étais la petite sœur de service.

Vous avez demandé pardon, merci, bonsoir. Fin de l’histoire.

Jusqu’à ce que mon adolescence se réveille et que mes cellules se souviennent.

J’avais été touchée illégalement, sans mon consentement (on ne peut pas dire oui au sexe à cet âge et encore pendant de nombreuses années). Le pardon avait été demandé à la va-vite, comme le sexe que vous aviez essayé d’avoir à quelques reprises.

Plus tard, quand j’ai révélé ces abus, mon malaise, mon mal-être, on m’a accueillie à bras ouverts ou à cœur fermé, selon la confidente. On m’a comprise et écoutée. On m’a aussi jugée. « Arrête d’en faire tout un plat, ils étaient jeunes et remplis d’hormones, ils avaient besoin d’expérimenter. Tu étais là, c’est tout. »

Je cite ici une enseignante de formation personnelle et sociale qui enseignait la sexualité dans une école de filles. C’est bien ce qu’elle m’avait répondu.

En gros, farme ta gueule.

J’avais été choquée, blessée, mais je ne l’avais pas crue. Moi, je savais qu’ils m’avaient salie avec leurs hormones dans le tapis. Sperme ou pas, c’était dégueulasse. Point.

Dans le temps, on ne dénonçait ni les abuseurs ni ceux qui camouflaient. On endurait. Peu ont su la vérité, mais j’ai bien dû la révéler à des hommes qui me trouvaient crispée.

J’aurais aimé que le pardon soit suivi d’une réelle réparation. Sous quelle forme, je ne sais pas. Je portais encore des robes roses à dentelle, c’est jeune pour prendre une si grande décision. Mais j’aurais voulu ne pas devoir me battre à l’âge adulte pour que les abuseurs admettent leurs gestes à la femme que j’étais devenue.

« T’es folle, t’inventes des histoires, t’es juste bonne pour l’asile! »

C’est ce qu’un des coupables m’avait répondu. Plus d’une fois. L’autre s’était excusé, sincèrement. Mais de grâce, qu’on enterre ce sujet pour de bon, qu’on l’incinère, qu’on le jette aux oubliettes! La force du tabou, même quand on ose dire.

J’ai fini par recevoir une demande de pardon, maladroite, insuffisante, mais quand même mieux que rien. Une excuse pour le geste, pas pour les séquelles, qu’il ne connaît pas, puisqu’il ne m’a pas écoutée. On n’écoute pas les folles, après tout.

En passant, au cas où l’étymologie vous intéresse, le mot « inceste » vient du latin et signifiait « sacrilège », profanation du sacré.

Le corps d’un enfant, fille ou garçon, est sacré. Sacrez-lui la paix. Respectez-le.

Marina Desrosiers

Apprivoiser la solitude – Texte: Eva Staire

Ça fait un an et demi que suis séparée. Pas besoin de faire le calcul, oui, ça coïncide avec le

Ça fait un an et demi que suis séparée. Pas besoin de faire le calcul, oui, ça coïncide avec le début de la pandémie. Trois mois avant le début de la pandémie, très exactement. Je ne savais pas vers quoi je me lançais, hein ! On a tous eu des moments difficiles, mais je dirais que je m’en suis exceptionnellement bien sortie malgré les circonstances. J’avais besoin de me retrouver et j’ai retrouvé un certain équilibre face à moi-même qui me plaît !

Ce que je trouve difficile c’est maintenant, aujourd’hui. La vie reprend. Je réalise que, malheureusement, je suis seule. Pas seule dans le sens célibataire, mais seule dans la vie de tous les jours. On avait le même réseau d’amis, depuis plus d’une quinzaine d’années. Nos chemins se sont séparés, malgré moi. Ce n’est pas facile de se rebâtir une vie et surtout, ce n’est pas facile de réaliser qu’on voudrait faire une activité mais qu’il n’y a plus personne autour pour la faire avec nous.

– Vas-y toute seule, n’attends pas après les autres.

Si facile à dire mais si difficile à faire ! On a beau dire à tout le monde qu’on ne s’empêche pas de vivre et qu’on part en vacances toute seule, mais on ne peut se mentir à soi-même : c’est solidement plate !

C’est vrai que mes vacances, je les passe seule. C’est aussi vrai que je visite des endroits que je n’ai jamais vus ! J’aime, je découvre et j’apprécie, mais il me manque quelqu’un avec qui partager mes repas de fin de soirée. C’est ma bête noire !

J’aurais envie spontanément d’aller prendre une bière sur une terrasse, mais je n’irai jamais seule. J’aurais envie de partir une fin de semaine en camping, partir en road trip, aller voir un spectacle ou aller dans un festival qui reprend vie mais seule, le courage n’y est pas.

– Sors, rencontre des gens !

Heu ! Comment ? Je répète que je n’irai pas seule dans les bars ! Je ne m’inscrirai pas non plus sur un site de rencontres, non merci, et mon but n’est pas de rencontrer l’âme sœur ! Je voudrais juste retrouver des ami. e. s avec qui partager des passions ! C’est vrai que tout devient plus compliqué quand on vieillit.

Je ne pensais jamais un jour parler de solitude, jamais ! J’étais toujours occupée, toujours partie et j’avais à peine le temps de dormir. Ma vie était un vrai tourbillon ! Je disais toujours que si un jour je me trouvais à ne rien faire, j’allais mourir… Je me rends bien compte aujourd’hui que j’exagérais. Mais en dedans, il y a quelque chose qui me fait mal : cette solitude qui me fait tant de bien en finissant de travailler mais tant de mal la fin de semaine où normalement, je serais sortie tous les jours !

Je savais qu’une séparation ne serait pas seulement avec la personne dans ma vie mais aussi avec la famille, l’entourage et parfois, certains amis. C’est le cycle de la vie. Le temps arrangera certainement les choses, j’ai confiance, mais en attendant, c’est long et plate !

Alors, que diriez-vous d’une sortie au cinéma ?

Eva Staire

 

Ta non-naissance – Texte : Nathalie Courcy

Aujourd’hui, je célèbre ta non-naissance, comme chaque année. Il y a onze ans, tu es sorti de m

Aujourd’hui, je célèbre ta non-naissance, comme chaque année. Il y a onze ans, tu es sorti de mon ventre, mais tu n’es pas né(e). Je t’ai pris(e) dans ma main, mais je ne t’ai pas bercé(e). Tu es venu(e) dans ce monde pour en repartir aussi tôt. Je ne t’ai présenté(e) à personne, mais je n’ai pas non plus pu te garder pour moi. J’ai dû accepter de te laisser partir sans savoir sous quelle forme tu reviendrais vers nous ni quand. Ni si.

Il y a onze ans, mon bébé, tu as quitté le piège de mon ventre où tu étais mort depuis… quelques jours ? Quelques semaines ? Mon intuition de maman me disait depuis un mois que je ne te donnerais pas la vie. Mon ventre grossissait, bougeait, oui, déjà à trois mois de grossesse. Je sais maintenant que c’était ton frère qui s’exprimait. Peut-être cognait-il à la porte de ta part : « Hey, maman ! Quelqu’un veut sortir d’ici ! ». Savait-il, lui, si tu étais un garçon ou une fille ? Savait-il, lui, que tu étais déjà décédé intra-utéro ? Savait-il, lui, si ton cœur qui avait lâché, ou si ton cerveau fonctionnait mal, ou quel gène était défectueux ? Savait-il, lui, qu’il ne te suivrait pas malgré la porte que tu laisserais ouverte ?

Ton grand frère né après toi a maintenant dix ans et demi. Il est né en janvier, plusieurs mois après toi. Le médecin m’avait pourtant dit : « À partir de maintenant, madame, votre autre bébé a 50 % des chances de s’accrocher et 50 % des chances de partir. Il est en pleine forme, il mesure 10 centimètres, mais la porte est ouverte. Peu importe ce que vous ferez, c’est à lui de décider s’il reste ou non. » J’avais accepté que le meilleur se produirait, comme pour toi. Parfois, on ne comprend pas pourquoi, mais on l’accepte.

Il est resté.

Pendant des mois, je ne l’ai plus senti bouger. Toute la place que tu avais laissée… il barbotait dans le vide. Il devait te chercher. Même après sa naissance, il a continué. Il avait besoin de ta présence et ne comprenait pas que son partner des premiers temps n’y était plus. Encore maintenant, tu lui manques. Vous auriez fait une équipe du tonnerre !

Un intuitif m’a dit un jour que tu avais senti que je n’étais pas prête à avoir des jumeaux et que tu étais parti(e) pour me protéger. Peut-être. On ne le saura jamais. Ce que je sais, c’est que j’avais tout fait pour que tu sois bien, en santé, fort(e). Je n’ai aucun remords, aucun regret. J’aurais aimé te connaître plus longtemps, jouer avec toi, t’enseigner la vie, te voir grandir comme je vois grandir ton frère. Tu serais déjà presque aussi grand(e) que moi ! Tu aurais ta personnalité et non celle qu’on t’a imaginée. Tu aurais tes amis, tes petites habitudes, tes goûts, tes colères et tes joies. Tu aurais ta chambre, ou peut-être voudrais-tu partager celle de ton frère jumeau. Comme le fait votre petit frère, né deux ans plus tard…

Ce petit frère qui vient du même don de sperme que vous deux. Ce petit frère qui vient d’un autre monde tellement il est connecté à l’Univers. Ce petit frère fusionnel, si complice de son grand frère. Ce petit frère qui, chaque fois qu’il regarde vers le ciel noir, s’exclame : « Regarde, maman ! C’est bébé-étoile qui nous dit bonjour ! ». Ce petit frère qui est peut-être toi.

Nathalie Courcy

Je pensais être trop vieille pour tout ça – Texte : Joanie Fournier

J’ai commencé ma famille quand j’étais très jeune. C’était voulu

J’ai commencé ma famille quand j’étais très jeune. C’était voulu, c’était ça mon plan de vie. Je voulais profiter d’eux, avoir de l’énergie et être cette jeune maman cool qui peut les suivre dans toutes leurs activités.

Mais la vie décide de bien des choses à notre place et parfois, son plan à elle est plus fort que le nôtre. Dix ans plus tard, je retombais enceinte. Même papa, même amour, même bonheur, mais quelle surprise !

Et je vais être honnête, après 30 ans, je pensais vraiment être trop vieille pour tout ça. Je pense que c’est un gros tabou dans notre société. J’ai souvent eu peur de l’admettre devant les autres. Parce que certaines femmes décident d’avoir des enfants plus tard et que je respecte leur choix à 100 %. Certaines femmes aussi ne pensaient pas en vouloir et finissent par changer d’avis en vieillissant. D’autres rencontrent le bon partenaire plus tard. Bref, à chacune son parcours et c’est bien correct comme ça.

Mais MOI, moi avec moi, je pensais être trop vieille pour recommencer. Quand j’ai su que j’étais enceinte et que la vie nous avait fait cette surprise, j’ai eu peur. J’ai commencé à calculer l’âge que j’aurai quand ce bébé sera adolescent… J’ai commencé à me demander à quel âge les enfants partiront de la maison. Je me suis demandé si j’avais encore la force d’accoucher. Si j’avais encore la patience de bercer toute la nuit. Si j’avais encore assez de douceur pour allaiter, pour chanter des berceuses… Je me suis demandé, puisque tous mes autres enfants étaient maintenant grands, si j’étais trop vieille pour tout cela.

Puis, bébé est arrivé. Et je suis retombée en amour. Une cinquième et dernière fois. Je suis tombée en amour avec ce petit être, qui ne demandait qu’à être aimé. Je me suis surprise à le sentir, mille fois par jour, pour que son odeur s’imprègne dans ma mémoire. Je me suis surprise à le regarder dormir la nuit, moi qui me demandais quelques mois plus tôt si j’allais arriver à le veiller tard. Je me surprends chaque jour à être attendrie par son sourire et ses yeux coquins. Je suis en amour. En amour « ben raide ».

Mais bon, pour avoir eu des enfants dans la vingtaine, je peux affirmer que, dix ans plus tard, c’est vraiment pas la même game. Ho que non ! Faire des nuits blanches à 25 ans, c’est facile. Faire des nuits blanches à 35 ans, c’est de la torture. Allaiter à 25 ans, c’est doux et fusionnel. À 35 ans, ça l’est tout autant, mais mausus que j’ai eu plus hâte de retrouver mon corps à moi et juste à moi. Accoucher à 25 ans, c’est comme courir un marathon. C’est un gros défi, c’est souffrant, mais tu t’en remets vite après ! À 35 ans… accoucher, c’est comme courir un marathon, avec une jambe dans le plâtre, sous la pluie et avec une poche de patates dans le dos. C’est pas mal plus souffrant, pis non, tu ne t’en remets pas aussi vite. Dans la vingtaine, j’ai eu quatre grossesses en quatre ans et je n’ai gardé aucune vergeture. Dans la trentaine, une seule grossesse et j’ai l’air d’une tigresse.

Parce que le corps a vieilli, pis il est fatigué. Pis là, j’ai compris pourquoi les femmes commençaient à avoir des enfants bien plus tôt dans l’temps… parce que je suis persuadée que plus t’es jeune, plus c’est facile pour le corps.

Évidemment, avoir des enfants plus tard, ça apporte de la sagesse, de la maturité, une sécurité financière et professionnelle, etc. Mais je vais vous le dire, moi. Pour avoir vécu des grossesses dans la vingtaine et dans la trentaine… c’est sur le corps qu’il y a une différence ! Je ne me plains pas du tout. Je constate.

Et je veux lever le voile sur ce tabou. J’aurais aimé ça que quelqu’un me parle de tout cela quand j’étais jeune. Je pense que certaines mères ont tellement peur d’offenser les autres, qu’elles ne parlent que du positif. Comme si une mère n’avait pas le droit d’être épuisée. Comme si ça faisait d’elle une mauvaise mère, une mère ingrate.

Je refuse. Je suis fatiguée. Je suis épuisée. Et je remercie la vie chaque jour de m’avoir offert la chance de vivre ce bonheur une dernière fois. Je suis une bonne mère. Et j’ai le droit de dire qu’après 30 ans, je trouve ça plus dur. Mon corps est vieux, bon. C’est un fait. J’adore mon bébé, je suis en amour avec lui. Mais oui, quand je fais le cheval à quatre pattes avec bébé sur mon dos, c’est vraiment plus souffrant qu’avant de me relever ! Ça fait que je reste couchée un peu plus longtemps par terre avec lui, pour reprendre mon souffle, mais aussi pour savourer l’odeur de son cou juste encore un peu.

Joanie Fournier

 

L’éducatrice – Texte : Claudie Castonguay

Un éducateur ou une éducatrice passe presque plus de temps avec nos enfants dans une semaine que n

Un éducateur ou une éducatrice passe presque plus de temps avec nos enfants dans une semaine que nous-mêmes. Cette personne les nourrit, les cajole, les amuse, les éduque.

Dans notre cas, elle est arrivée dans nos vies comme une étoile filante. Je ne serais pas la maman que je suis sans elle. D’une joie de vivre contagieuse, d’une compassion inestimable, elle a su diminuer l’anxiété de mon quotidien. Au-delà de ça, elle nous a épaulés, écoutés, mais surtout respectés.

Merci à toi qui as compris nos besoins et ceux de nos enfants. Tu nous as laissés rentrer dans ton quotidien, ta maison jour après jour. Tu m’as accueillie en larmes, en joie, tu as partagé nos beaux et nos mauvais moments.

Tu es entrée dans nos vies depuis maintenant près de onze ans ! C’est une chance grandiose que mes enfants ont de t’avoir dans leur vie.

MERCI !

 

Claudie Castonguay

La maudite charge mentale – Texte : Joanie Fournier

La charge mentale. La maudite charge mentale. On en entend tellement parler depuis quelques années

La charge mentale. La maudite charge mentale. On en entend tellement parler depuis quelques années que c’est devenu un sujet anodin. Comme si les femmes tenaient pour acquis que cette charge leur revenait automatiquement sur les épaules. Et depuis qu’on en parle, la population se dit sensibilisée à la cause. Les hommes et les pères ont essayé d’équilibrer davantage les tâches ménagères. Et pourtant… la charge mentale continue, encore et encore de se retrouver emprisonnée dans la tête des mères.

Si tu es un homme et que tu lis cette introduction, ça se peut que ça te fâche. Parce que là, tu te dis : « C’est pas vrai ! J’ai changé mes habitudes ! J’aide ma femme à faire la vaisselle, la cuisine et même le lavage des fois ! ». Et il est là le problème. Le vrai problème. Cher homme, t’es pas censé « aider » ta femme. Tu vis dans cette maison, tu manges dans cette cuisine et tu salis tout autant la salle de bain. Alors ce n’est pas de l’aider que de nettoyer avec elle. C’est juste de prendre tes responsabilités, que tu aurais dû prendre dès que tu as quitté la maison de ta mère.

La charge mentale, ça n’a rien à voir avec le partage des tâches à la maison. Et je vais t’en faire la démonstration dans les lignes qui suivent. Parce que si toi, comme père, comme mari, comme homme, tu es persuadé que la charge mentale est répartie équitablement entre ta femme et toi, je t’invite à te poser les 10 questions suivantes :

1- Qui a inscrit les enfants à l’école ? Au CPE ? À la garderie ? Quand je dis « inscrire », je veux dire : commander le fichu certificat de naissance des enfants dans le format requis, remplir les formulaires qui n’en finissent plus chaque année pour faire la mise à jour du dossier sur la place 0‑5 et connaître LA semaine dans l’année où l’inscription doit être renouvelée à l’école…

2- Qui s’occupe des activités sportives chez vous ? L’inscription au soccer, aux cours de danse, au camp de jour, au camp spécialisé d’équitation… ? Savais-tu qu’il existe le plus souvent une seule et unique journée dans l’année où, pour avoir la chance d’espérer avoir une place, tu dois te connecter sur trois écrans à la fois entre 8 h et 8 h 02 pour faire ces inscriptions ? Savais-tu que si tu manques cette fenêtre, tu risques d’être pris à magasiner une petite gardienne pour tout l’été, et ce, juste pour avoir le luxe de pouvoir travailler ?

3- Quand quelque chose brise à la maison (le four, le frigo, le lave-vaisselle, la laveuse, la thermopompe, etc.), qui appelle pour obtenir des soumissions dans quatre compagnies différentes pour trouver la moins chère, la plus compétente et celle qui sera disponible dans un temps raisonnable ?

4- Au moins deux fois par année, qui s’occupe de vider, trier et changer toutes les grandeurs de vêtements dans les tiroirs des enfants ? Qui sait exactement de combien de paires de pantalons, de shorts, de bobettes chaque enfant a besoin pour chacune des saisons ? Qui sait quelle grandeur de souliers portent les enfants ? Quelle est la grandeur de chacun des manteaux d’hiver à acheter pour l’an prochain ?

5- Qui a pensé à acheter des cadeaux pour les enseignants à la fin de l’année scolaire en juin ? Pour les éducatrices en août ? Qui a choisi quoi leur donner, est allé l’acheter, l’emballer et l’a remis à l’enfant à temps ?

6- Qui s’occupe des invitations des fêtes d’anniversaire pour vos enfants ? Des sacs-surprises pour les invités ? Des jeux et des activités pendant la fête ? De la gestion des allergies et intolérances alimentaires de tous les invités ?

7- Quand votre enfant est invité à une fête d’ami, qui s’occupe d’acheter et emballer le cadeau pour l’ami en question ?

8- Qui s’occupe du menu de la semaine pour tout le monde ? Je ne parle pas de cuisiner. Je parle ici de décider de ce qu’on va manger lundi, mardi, mercredi, etc.

9- Qui connaît les dates des derniers rendez-vous familiaux chez le dentiste, chez l’optométriste, chez le médecin de famille… ? Qui connaît la date exacte où il faut les appeler pour reprendre rendez-vous, tout en respectant le calendrier de la clinique, les journées pédagogiques de l’école pour que ça s’emboîte bien, et tout cela en s’assurant d’avoir un rendez-vous dans le délai prescrit par ledit spécialiste ?

10- Qui a lavé les draps des lits des enfants la dernière fois ? Et quand je dis « laver », je veux dire : penser à les laver, défaire les lits, laver et sécher les draps et refaire les lits de tout le monde.

Si tu es un homme et que tu as répondu « Moi » à ces 10 questions, et bien je te lève mon chapeau : la charge mentale est répartie équitablement chez vous. Et si c’est le cas, je te dois de sincères excuses. Parce que si oui, je t’avoue que je ne l’ai pas cru possible. Je sais qu’il existe des hommes qui élèvent leurs enfants seuls. Même si ce sont des cas plus rares. Et je me demande comment ils arrivent à faire tout cela… parce que selon les agissements de beaucoup de pères en couple, leur pénis serait beaucoup trop encombrant pour leur permettre de partager cette charge mentale…

Et si, dans votre couple, c’est le père qui fait ces 10 choses-là… on veut le savoir ! Comment ça se passe chez vous ?

Joanie Fournier

 

Merci, nos Canadiens ! Texte : Marilou Savard

Malgré les larmes aux yeux et le motton dans la gorge, j’aimerais finir cette saison de hockey su

Malgré les larmes aux yeux et le motton dans la gorge, j’aimerais finir cette saison de hockey sur une belle note :

Je me souviens du but en désavantage numérique du numéro 41.
Je me souviens du but du numéro 15 à 15 minutes 15 secondes.
Je me souviens du genou à terre du numéro 73.
Je me souviens du saut dans les airs du numéro 62.
Je me souviens du retour et de la glissade du numéro 17.
Je me souviens du numéro 22 avec autant de talent à compter qu’à sourire.
Sans oublier ses passes avec son super binôme numéro 14.
Je me souviens de la confiance, de l’assurance et de l’excellence du numéro 31.
Et je me souviens de Marc Bergevin avec ses éclats de joie et tout son amour démontré pour ses boys.

Ah oui… je me souviens bien évidemment des pointes de pizza du numéro 24 après nos grosses win et des moments hilarants avec les anciens numéros 40 & 84.

Dieu sait que j’en oublie, tous ont été merveilleux tout comme mon préféré, numéro 26, Jeff Petry.

Vous avez gagné un trophée et c’est en finale que vous êtes allés.
Ce n’est pas rien.

Merci de nous avoir montré que croire en soi, en nous, fait toute la différence.
Merci de nous avoir donné de l’espoir.
Merci de nous avoir fait vivre des émotions incomparables.
Merci de nous avoir sauvés en temps de pandémie.

Une chose est certaine, ce n’est que le début. PROUD OF YOU!

Marilou Savard

Maudit que j’t’aime – Texte : Joanie Fournier

Ça nous arrive de se chicaner. De se chicaner fort. Ça m’arrive de pé

Ça nous arrive de se chicaner. De se chicaner fort. Ça m’arrive de péter des coches, solides. Parce que quand je vois tes bobettes sales par terre, à côté du bac à linge vide, ça fait tilter quelque chose dans mon cerveau. Quand je vois la vaisselle de ton déjeuner, t’sais ton assiette pleine de miettes de pain et de pelures de banane, déposée sagement sur le comptoir, juste au-dessus du lave-vaisselle que j’avais pris la peine de vider, et bien ça fait sortir le Hulk en moi. Bon, je suis bien consciente que la plupart de nos chicanes de couple ont pour cause les tâches ménagères, mais en même temps, c’est pas nouveau…

Donc oui, on se chicane fort parfois. Parce que ça vaut la peine. Toi, nous, tout ce que nous vivons ensemble, ça vaut la peine parfois de se battre pour que ça fonctionne. Pas de se battre à coups de poing, là ! Se battre à coups d’opinions, de valeurs et de convictions. Parce que je veux me battre jusqu’à mon dernier souffle pour que ça marche encore, nous deux. J’ai peur qu’un jour on arrête de se battre, l’un pour l’autre. Qu’on arrête de se chicaner, comme si on baissait les bras et qu’on ne valait plus la peine.

Après presque vingt ans à tes côtés, faut que je te le dise : maudit que j’t’aime. Même si tu ronfles fort, tu ignores encore que je te regarde souvent dormir et que chaque fois, mon cœur est rempli de tendresse. Même si on manque de temps pour se retrouver, tu ignores encore que je te regarde les fesses du coin de l’œil quand tu passes. Même si nous sommes coincés dans un petit espace en cuisinant, tu ignores encore à quel point j’aime quand tu viens derrière mon dos pour me prendre dans tes bras.
Parce que ce que je veux me rappeler de notre histoire d’amour, ce ne sont ni les engueulades, ni les ronflements, ni le manque de temps ou de place. Je veux me réveiller à 80 ans avec en tête toutes les fois où je t’ai regardé avec tendresse, amour et désir.

Je veux encore me réveiller à côté de toi tous les matins, malgré ton haleine.

Je veux encore venir me coller dans la douche avec toi, même si tu me voles mon shampoing et que tu mets toujours l’eau trop froide.

Je veux travailler dans le même bureau que toi, même si tu me tapes sur les nerfs quand tu parles fort au téléphone.

Je veux encore me coller le soir sur le divan avec toi, même si tu mets des miettes de chips partout pis que tu me voles ma doudou.

Je veux encore qu’on plie le linge ensemble le soir devant la télé, même si tu me laisses toujours la pile de bas dépareillés à trier à la fin.

Je veux encore qu’on cuisine ensemble pour le souper, même si je repasse derrière toi pour te dire comment on coupe des piments.

Je veux encore faire l’amour avec toi, même si on aimerait avoir plus de moments d’intimité juste nous deux.

Je veux encore dormir avec toi toutes les nuits, même si tu ronfles et que tu m’accuses de toujours voler la couette de mon bord.

Parce que c’est ça, l’amour. C’est pas tout rose, tout le temps. C’est pas des petits oiseaux qui chantent pis de la musique douce en trame de fond. Parfois on crie, parfois on se chamaille, parfois on se déçoit. Mais le plus souvent, on s’aime en maudit.

Joanie Fournier

 

Se souvenir et espérer – Texte : Nathalie Courcy

Aujourd’hui, 1er juillet 2021, nous fêtons le Canada. C’est la fête de notre grand

Aujourd’hui, 1er juillet 2021, nous fêtons le Canada. C’est la fête de notre grand pays. Nous célébrons le fait d’être Canadiens et Canadiennes.

Le drapeau unifolié sera à mi-mât cette année. Notre drapeau en deuil de nos enfants.

Un peu partout sur notre immense territoire, des tombes de bébés et d’enfants des Premières Nations ont été et seront découvertes, après avoir été recouvertes par la terre et le secret pendant des décennies.

Ce jour de fête se transforme en jour de deuil national. Les chandails rouges et blancs qui envahissaient habituellement la Colline parlementaire d’Ottawa prendront des teintes orangées cette année. Les visages maquillés en rouge et blanc seront tristes. Des manifestations de peine et d’appel à la justice seront sûrement entendues, aujourd’hui et dans les années à venir.

Appelons à la mémoire. Appelons à l’harmonie. Appelons au pardon, mais pas un pardon naïf qui se retourne et oublie. Appelons à l’humanité et à la diversité. La vraie, pas juste la politique ou la « pour faire beau ».

Appelons à la Vérité ; pas celle enseignée dans les cours d’histoire, qui donne juste une version, juste une partie. Ouvrons la discussion. Répondons aux questions de nos enfants. Osons une prière ou une pensée sincère pour ces enfants, pour ces familles. Pour nos enfants, pour nos familles.

On ne peut pas changer le passé. D’autres générations, motivées par d’autres croyances et d’autres principes, ont commis des crimes odieux. Le Canada a changé, mais le racisme existe encore. Le racisme blesse et tue encore. La discrimination fait des victimes chaque jour, malgré la bonne volonté des citoyens et des dirigeants. Mais ça ne sert à rien de se sentir coupable et de continuer notre chemin. Il faut agir, même à hauteur individuelle.

Pourquoi ne pas profiter de ce jour de commémoration pour regarder des reportages en ligne sur l’histoire des pensionnats autochtones ou pour lire le livre d’un auteur des Premières Nations ? Combien d’artistes autochtones connaissez-vous ? Elisapie Isaac, Norval (Oiseau-Tonnerre de cuivre) Morrisseau, Kathia Rock, Alanis Obomsawin, Q052, Hannah Claus, Ayimach, Kent Monkman, Jemmy Echaquan Dubé, Natasha Kanapé-Fontaine… Ça vaut franchement la peine de s’intéresser à eux et à leur travail. La sensibilisation passe souvent par l’art, c’est une occasion à ne pas manquer de jouer notre rôle dans la construction d’un meilleur monde, d’un pays plus juste. On ne veut surtout pas que l’histoire se répète, peu importe la couleur de la peau, les croyances, l’origine, la langue.

Cette année, on peut utiliser le 1er juillet pour plus grand qu’un congé ou un déménagement. On peut l’utiliser pour se souvenir et espérer. Espérer que ça n’arrivera plus jamais, à aucune nation.

Si vous êtes un membre des Premières Nations ou si vous êtes bouleversés par l’actualité, vous êtes invités à contacter la Ligne d’écoute d’espoir (sac-isc.gc.ca) (1-855-242-3310 ou clavardage à https://www.espoirpourlemieuxetre.ca/).

Nathalie Courcy