La vérité sur les photos de profil
Quand on fait défiler l’actualité de nos amis sur les réseaux sociaux, y’a que des belles photos. Des beaux moments. Des beaux vêtements. Des beaux enfants. Des beaux sourires. Okay, vous avez compris le principe. Moi, je vais vous dire toute la vérité. Celle qu’on ne voit jamais sur vos photos de profil. Et parce que ça serait trop long, je vais vous sortir mon TOP 10 des vérités.
1- Vous voyez la photo touchante de mes enfants qui se flattent le dos en écoutant un film ? Sauf qu’après 42 arrête-de-me-fixer, 13 elle-m’a-fait-mal-pendant-que-tu-regardais-pas et au moins 25 disputes pour savoir qui dit oui ou qui dit non, alors qu’elles ne se souviennent même plus du sujet inital… Et bien la vérité, c’est que c’est moi qui les ai plugués devant un film pour avoir vingt minutes de silence et un semblant de santé mentale. Okay, peut-être plus que vingt minutes…
2- Vous voyez la belle vidéo des enfants qui s’amusent dans la piscine ? La vérité, c’est qu’il y a dix maillots de bain sur le plancher de la chambre de ma plus vieille qui est maintenant trop cool pour porter le premier qu’elle essaie. La vérité, c’est que je filme les enfants, mais qu’on ne me voit pas dans la vidéo, parce que no way, tu ne me verras pas en bikini sur Facebook… La vérité, c’est que le bébé a dû faire au moins deux fois pipi dans l’eau, et que je remercie le ciel qu’elle ait eu la gentillesse de nous avertir de son envie de caca.
3- T’sais LA fois que t’as texté pour nous prévenir dix minutes avant ta visite ? LA fois où tu m’as dit : « Je ne sais pas comment tu fais pour garder ta maison propre avec trois enfants… » Eh bien la vérité, c’est que je priais fort pour que tu ailles à la salle de bain du rez-de-chaussée, parce que les autres ont réellement pris une couleur douteuse… J’ai rougi quand ma fille a voulu te montrer son nouvel oreiller dans sa chambre, parce que je souhaitais fort avoir fermé la porte de la mienne… sinon, t’aurais assurément remarqué qu’on ne voit plus le plancher sous les vêtements… Arrête de me juger, ils sont propres… C’est jusque que y’en a pour trois heures de pliage…
4- Ha oui, parlons de la belle photo de notre sortie de famille ! Savais-tu que c’était à deux heures de route de la maison ? Ça, ça veut dire deux heures à me faire taper dans le dos, à entendre les touche-moi-pas-avec-tes-pieds, à me faire rappeler que nous, contrairement à la voisine, on n’a pas de DVD dans l’auto, pis à me demander sincèrement si j’allais survivre au trajet avec toute ma tête. #onestvraimentduspouruneminivan
5- Pis t’sais, la photo du dernier jour d’école, où on voit ma plus vieille sauter de joie ? Et bien en vérité, c’est moi qui saute de joie. Parce que je viens de gagner quinze minutes de plus de sommeil tous les matins. Parce que je n’ai plus de lunch à faire sans-noix-sans-arachide-sans-rien-de-salissant-sans-sucre-sans-goût-et-surtout-sans-surprise. Parce que mes enfants vont passer la journée à jouer dehors, à se salir, à bricoler, à relaxer devant la télé, pis à se mettre les cerveaux à OFF. C’est moi qui sautais de joie, sachant qu’on allait passer du bon temps ensemble, sans faire une heure de devoirs chaque après-midi.
6- Prends maintenant la belle photo de famille prise par le photographe professionnel. Maudit que c’est beau. Mais maudit que c’est faux. Parce que j’aimerais ça que tu m’expliques quel jour de l’année vous êtes tous habillés pareil dans la vraie vie. Ici, j’envoie les enfants s’habiller seuls, pis voici ce que ça donne : ma plus vieille a reviré sa garde-robe à l’envers (Je sais, je me répète, mais ça me met vraiment en maudit). Ma deuxième aura mis sa belle robe rouge de Noël, parce qu’a s’en fout qu’il fasse 30°C pis que sa maudite robe soit en gros velours épais ! Pis ma deuz’ans aura assurément encore les fesses à l’air en train de courir après le chien. Si c’était une vraie photo de famille, c’est comme ça qu’on y verrait mes filles. Pis moi, j’arborais le jeans, le t-shirt confo pis la queue de cheval. Point. Pis peut-être qu’on sourirait tous, mais peut-être pas non plus !
7- Ce soir, j’ai déposé une belle photo de mon souper-full-santé. Ça l’air bon hein ? Oui, ça l’était, mais la vérité, c’est que dès que les enfants seront couchés, je vais ouvrir THE armoire-à-cochonneries pour me goinfrer de pop-corn, de chocolat pis de bonbons. Pis non, mes enfants ne savent pas encore que ça existe. Pis tu sais quoi ? J’me sens zéro-coupable.
8- La photo des rénos. Quand on rénove une pièce dans la maison, on met une photo sur les réseaux sociaux. C’est une loi de la vie. La vérité, c’est qu’on prend la pièce en photo parce que c’est la seule et unique fois qu’elle aura l’air de ça. Parce que oui, ton chum va oublier des couches sales sur ta belle table à langer. Parce que oui, la vaisselle va traîner demain sur le comptoir propre. Parce que oui, les manteaux vont traîner dans l’entrée même avec ton beau set up pris sur Instagram ! Et on n’en prend pas, de ces photos-là…
9- Voici maintenant un point spécifique et unique réservé à l’usage de ta propre photo de profil. Parce que la belle photo avec le maquillage parfait, les filtres de couleurs et l’angle idéal, C’EST PAS ÇA LA RÉALITÉ ! Dans la vraie vie, tout le monde sait que tu as choisi la 33e photo prise, avant de la modifier avec tous les filtres possibles. Fille, déjà que tu te prennes en photo LA journée où t’es coiffée et maquillée, c’est assez. Pas besoin d’en faire plus. Ça serait le fun qu’on te reconnaisse. Pis t’es belle tous les jours t’sais, faque tu peux prendre la première photo que tu veux !
10- L’ultime vérité, c’est que vous saviez tout ça. On le sait qu’il y a des petites chicanes entre tous les enfants et du linge sale qui traîne dans toutes les maisons. On le sait qu’on est habillés confortablement la plupart du temps. On le sait que tout le monde mange des cochonneries en cachette le soir venu. Mais la vérité, c’est qu’on continue de mettre des belles photos parfaites et de les partager sur les réseaux sociaux. Parce que la vérité, si elle n’est pas toujours bonne à dire, est parfois aussi dérangeante à voir. Et si le temps était venu de se montrer qui nous sommes… en vérité ?
Joanie Fournier