Lettre à mon papa
Bonjour. Je me présente : je suis un garçon et je m’appellerai Laurent. En attendant de naître, je sommeille paresseusement dans le ventre de ma petite maman. Elle a hâte que j’arrive, car j’envahis son corps de plus en plus, mais moi je ne suis pas pressé. Il y a aussi ma grande sœur Charlotte et mon père qui m’attendent avec impatience. Je le sais, car ils me parlent chaque soir à travers le bedon de maman. Charlotte me fait des coucous et papa, avec sa voix grave, aime me raconter combien le bonheur le submerge lorsqu’il regarde maman et Charlotte jouer ensemble. Il est très fier de ma grande sœur qui court partout et qui parle autant qu’une pie, mais il est heureux que la vie lui offre un garçon. Il se sentira moins seul de mâle, me dit-il en riant.
Mes parents débutent dans cette grande aventure qu’est la famille. Ils sont souvent fatigués, car ce n’est pas facile tous les jours. Parfois, ils aimeraient récupérer un petit bout de leur vie de jeunesse, surtout papa. Mais je sais qu’il m’aime déjà. Il me le répète souvent. J’ai hâte de le connaître.
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Ce soir, papa s’en va à une fête pour se détendre et prendre du bon temps avant mon arrivée. Maman n’y va pas. Elle est trop fatiguée et elle préfère se reposer avant mon arrivée.
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Maman pleure ce matin. Depuis quelques heures, je ressens ses nombreux sanglots. Je rebondis chaque fois. Charlotte se colle souvent sur son bedon. Elle doit sentir qu’il se passe quelque chose, car je ne l’entends plus rire. Je n’entends pas la voix grave et chaleureuse de mon papa non plus. Il y a aussi plusieurs autres voix, dont celle de grand-maman et de grand-papa. Je ne sais pas ce qui se passe. Je m’inquiète, mais je vais continuer à profiter de mon nid douillet.
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Je suis finalement arrivé. Je n’avais plus le choix. Le ventre de maman était devenu trop petit. Je suis heureux de rencontrer ma famille. Maman sourit enfin et Charlotte adore me bercer. Sans compter grand-maman et grand-papa qui me couvrent de baisers. Tout le monde est là… ou presque! En fait, papa n’est pas au rendez-vous. Je n’aurai pas la chance de le connaître, de réentendre sa voix, de sentir sa barbe piquante sur mes joues et la chaleur de ses bras.
Après la fête où papa est allé s’amuser, il a pris la route même si tout le monde lui disait de ne pas conduire. Il avait bu un truc qui s’appelle « alcool ». Comme il avait trop hâte de nous retrouver, il n’a pas écouté ceux qui lui conseillaient de ne pas prendre le volant. Je ne comprends pas trop, mais cela lui a fait faire un grave accident.
Dorénavant, je devrai me contenter de photos et des souvenirs que maman et mes grands-parents me raconteront. Papa ne pourra jamais me bercer et me voir grandir. Même si je suis encore tout petit, il y a déjà un grand vide dans mon cœur.
Je t’aimerai quand même papa…
Laurent
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Cette lettre est inspirée d’une histoire vraie, malheureusement. Une jeune femme que j’ai côtoyée dans le passé, une petite maman toute neuve comme je me plais à le dire, a dû faire face à ce drame terrible. J’espère qu’elle pourra vous toucher et vous inciter à être prudents.
Isabelle Lord