Premier larcin, la voleuse petite main!
Ma fille, tu as pleuré aujourd’hui. Apeurée et coupable de ton premier vol à l’étalage! Est-ce vraiment ta première fois, ou est-ce la première dont je me rends compte? Toujours est-il que tu as eu très peur. Une heure après être allée dans ce magasin des mille merveilles, je t’ai parlé et quelle ne fut pas ma surprise de voir dans ta bouche cette énorme gomme mauve! Où avais-tu pris cette friandise? Tu jouais l’innocence même, feignant d’ignorer d’où elle venait. Devant mon insistance, tu as avoué l’avoir « trouvée », puis devant mon ton alarmé, enfin tu as avoué! (Je craignais la provenance de cet élastique mâchouillable et j’étais à mille lieues d’imaginer la vérité!)
Tu l’avais tout bonnement VOLÉ!
Ma fille est une voleuse! Oh là là que ma colère a fait un bon! Je t’ai traînée à la salle de bain où tu as jeté l’objet de ton larcin, tu as lavé tes mains la tête base en écoutant mes remontrances. Je te préparais à faire face à ton geste. Ne dit-on pas : qui vole un œuf vole un bœuf? Alors peu importe que ce ne soit qu’une gomme à mâcher, tu avais mal agi et tu te devais de réparer. Je t’ai annoncé que nous retournions sur les lieux de ton crime, où humblement tu allais devoir avouer et t’excuser.
Tu avais honte. Pas moi. Je n’ai pas eu honte de toi, je n’ai pas eu honte d’y retourner pour t’enseigner la réalité et les risques de ce chemin sinueux. J’étais fière que tu me suives sans broncher. Tu as avoué avec le menton tremblant, t’excusant et promettant de ne plus jamais recommencer.
Chapeau à cette gérante, qui t’a expliqué la gravité de ton geste. Elle t’a parlé gravement, mais doucement. T’expliquant à ma suite que voler, c’est criminel. Que tu étais somme toute bien chanceuse aujourd’hui, tu ne t’étais pas fait prendre sur le moment. Tu t’étais évité l’attente des policiers qui aurait forcément été plus embarrassante. Toi qui idéalises ceux-ci, toi qui veux devenir une des leurs. Devant un avenir de criminel, tu n’aurais jamais la chance de revêtir cet uniforme. Tiens-toi-le pour dit!
Ma fille, je t’aime. Je t’aime dans tes imperfections, dans tes erreurs, dans ces moments où tu grandis, aussi de l’intérieur. Tu as appris une grande leçon aujourd’hui : piquer, c’est voler. Voler, c’est illégal et des gens vont en prison pour cela. Si tu te retrouvais avec une étiquette de voleuse, tu perdrais la confiance des autres et tu perdrais des amis. Personne ne veut avoir comme proche un chapardeur.
De retour à la maison, tu as voulu que l’on en parle toutes les deux. Tu m’as répété tout ce qu’une étiquette de bandit peut faire perdre à quelqu’un. Tu m’as dit que plus jamais tu ne ferais cela. J’ose te croire ma puce. J’espère que tu auras compris réellement et définitivement. Je t’ai promis en retour que la prochaine fois que tu ferais cela, c’est au poste de police que nous irions. Pas pour une visite guidée, sois-en assurée! Sauf si tu veux entendre et voir une certaine porte se refermer derrière toi. Entourée de quatre murs blancs, aussi attrayants que peut l’être l’idée d’être enfermée pour purger une peine de vol qualifié.
J’espère que tu as entendu, compris et surtout que tu n’oublieras jamais.
Je t’aime, peu importe ce que tu fais, mais je n’accepterai jamais sans agir que ma fille vole sans être punie!
Simplement Ghislaine