Une relance du réseau… Texte : Mélanie Paradis
Je dois être une personne beaucoup trop optimiste. Chaque fois qu’il y a une conférence de presse sur le réseau de garde au Québec, j’imagine qu’enfin, nous les éducatrices en place, serons reconnues. Celles qui ont un DEC de technique d’intervention à la petite enfance, celles qui ont derrière la cravate des années d’expérience (RSG inclus).
On lance de beaux cadeaux aux nouvelles venues, je n’ai rien contre cette mesure. Elles nous aideront et nous serons heureuses de les accueillir.
Mais je vois aussi une charge supplémentaire. Nous devrons être là pour les soutenir, les guider et mettre notre expérience à leur profit.
Nous en faisons déjà tellement pour tenir à bout de bras ce réseau. Répondre à toutes les exigences du ministère de la Famille et du nouveau programme éducatif. On se bat pour revaloriser notre profession. On se bat pour un salaire respectable.
On oublie aussi les éducatrices formées qui quittent, épuisées. Qu’est-ce qui nous retient ? Un amour de la petite enfance immense… oui, mais un amour qui s’effrite de plus en plus pour certaines d’entre nous.
On manque de valorisation de la part de M. Lacombe. De beaux mots, pour nous dire à quel point on est essentielles. On l’était bien avant cette crise, mais il aura fallu une pandémie pour qu’il le réalise. Triste, n’est-ce pas ?
Allez former des éducatrices qui quitteront au bout de quelques années, par manque de reconnaissance.
Parce que, oui, ça passe par un meilleur salaire, de meilleures conditions.
La qualité de service, la qualité, c’est nous. Les éducatrices en place, chaque jour, pour accueillir nos mini humains. Pour leur offrir la qualité dont vous êtes si fier.
Le ministre a l’impression d’avancer, mais nous, on a l’impression de reculer.
Des délais inimaginables pour ouvrir de nouvelles installations, des RSG qui ferment sans arrêt, des éducatrices fatiguées de se battre pour une valorisation que le ministre nomme, mais sans mettre en œuvre de véritables solutions pour nous qui sommes en place.
Encore une fois oubliée… et toujours aussi fatiguée.
Mélanie Paradis, éducatrice