Les méchants de l’histoire

Chaque film d’animation pour enfants vient avec son méchant. Celui qu’on aime haïr. Le méchant qui, le plus souvent, n’est pas beau à regarder et si facile à détester. Et si ce vilain n’était pas si méchant finalement… ?

Chez nous, quand on termine un nouveau film, j’aime beaucoup discuter avec mes enfants de ce personnage en particulier. Je leur rappelle, chaque fois, qu’un « méchant », c’est une personne bien normale, mais qui fait de mauvais choix. Elle ne prend pas de bonnes décisions, le plus souvent, parce qu’elle a été blessée.

En partant de cette base, je demande aux enfants ce qui manque à tel méchant ou à telle méchante… Qu’est-ce qu’on aurait pu faire pour l’aider ? Comment ils auraient pu faire de meilleurs choix dans leurs histoires ?

– Et si le grand méchant Loup n’avait jamais connu la famine ? – Et si quelqu’un avait réellement aimé la méchante Reine, assez pour qu’elle voie dans les yeux de cette personne qu’elle serait toujours la plus belle ? – Et si on avait appris à la mère Gothel qu’elle était belle en vieillissant et qu’elle pouvait s’épanouir dans la vieillesse ? – Et si Moufassa avait aimé et accepté son frère Scar dans sa différence ? Et s’il lui avait fait une place dans sa famille ? – Et si Gaston ou les Bergens avaient réellement connu l’amour ? Et s’ils avaient été aimés réellement pour ce qu’ils étaient ? – Et si les hommes avaient accepté Maui… S’il n’avait pas eu à voler le cœur de Te Fiti ? – Et si ses douze frères avaient mieux traité Hans et lui avaient fait une place au sein de leur royaume ? – Et si Gargamel n’avait jamais connu la pauvreté ?

Et si…

Et s’il n’y avait aucun méchant ? Et si c’était notre vision de la société qui avait besoin de rejeter la faute sur un coupable ? Et si nous avions tort de toujours chercher le méchant de l’histoire ? Qui d’entre vous n’a jamais fait d’erreurs ? Qui d’entre vous ne regrette aucune décision dans sa vie ? Personne. Parce que nous sommes tous les gentils pour quelqu’un et les méchants pour d’autres. Parce que dans la vie, tout est une question de choix et de perceptions.

J’ai choisi d’enseigner à mes enfants à regarder le meilleur de chacun, peu importe ses choix. Mine de rien, je leur ai aussi appris qu’ils avaient droit à l’erreur. En leur démontrant que ces personnages de fiction ne sont pas que méchanceté et haine, je leur donne le droit aux imperfections. Parce qu’un enfant peut se voir comme un méchant s’il fait trop de mauvais choix et qu’on le lui reproche quotidiennement…

Pensez à l’enfant impulsif, qui peut se montrer plus souvent colérique et impatient. Combien de temps cela prendra-t-il pour qu’il se sente « méchant », pour qu’il s’identifie au mauvais rôle ? Et si cet enfant pouvait apprendre que ses choix et ses comportements ne définissent pas ce qu’il est ? Il est temps de démontrer aux enfants qu’ils ont aussi droit à l’erreur. Ils ont le droit de ne pas être parfaits. Ils ont le droit de ne pas être de petits adultes tous les jours…

Apprenons-leur qu’ils ne seront jamais les méchants de leurs propres histoires.

Joanie Fournier

 



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