Sérénité au parc

Dimanche après-midi. Début d’un printemps tant attendu. Des rayons chaleureux. Quelques heures de plein air sans se geler le bout du nez. J’observe mes enfants. Mon cœur se sent zen. Ma respiration est plus calme qu’elle l’a été depuis leur naissance. J’admire. J’absorbe leur joie d’exister. Leur joie d’être ensemble.

Ma grande Peanut vient de fêter ses quatorze ans. Et pourtant, elle nous accompagne au parc. Sans que j’aie eu à la tirer hors de son antre du sous-sol. Et pourtant, elle a marché avec nous toute l’après-midi, d’un kiosque à l’autre, sur la rue Principale qui se sucre le bec. Menoum, le trip de glucose à l’érable! Elle tenait la main de son petit frère. Elle offrait des câlins à cette marmaille qui est née après elle. Et maintenant, dans ce parc près de la rivière (que mes enfants surnomment « le parc de la nouille » pour une raison mystérieuse), je vois ma grande fille qui peint à l’aquarelle, installée à une table à pique-nique avec ses pinceaux chargés d’eau. Toujours prête au cas où une inspiration passerait dans le coin.

Ma belle Cocotte s’approche de ses douze ans. L’adolescence cogne à la porte. Mais ma foi qu’elle ne rentre pas dans le moule de l’ado détestable ou flanc mou! Elle rayonne comme un soleil sous le gril. Elle joue, elle rit, elle blague. Elle se moque gentiment de sa « vieille mère » qui perd pied sur un trottoir. Ne se retient pas pour éclater de rire quand cette même mère échappe toutes les oranges du rayon d’épicerie… et aide à tout ramasser. En étant solidement crampée.

Mon beau bonhomme de sept ans joue. Bref, il fait exactement ce qu’il doit faire. Il joue, il court, il grimpe, il montre ses gros muscles pour pousser le tourniquet et se transforme en acrobate. Il invite son petit frère à le suivre, à l’imiter, à entrer dans son univers fictif. Il a eu des bouts difficiles, mon bonhomme. Par bouts, il était agressif. Il a eu des avertissements à l’école, des tête-à-tête avec la directrice de l’école. Mais là, il est redevenu mon Binou-zen-Dalaï Lama-mixé avec Ghandi. Et il joue.

Et mon mini, mon Chaton de cinq ans, il est… heureux, tout simplement. Mon Roger-bon-temps. Il croque dans une pomme, vient jaser avec sa maman. « Maman, tu sais, c’est Dieu qui a créé tout ça. Le soleil, les pommes, les arbres. Mon frère… » B’ah oui, pourquoi pas? Il joue, il sort de sa timidité et s’approche des autres. « C’est quoi ton nom? J’aimerais ça, être ton ami. On peut jouer ensemble? » Pas plus compliqué que ça. L’amitié version 5.0.

Ah! Voilà la grande qui sort de son monde d’arts et qui veut jouer, elle aussi. Elle donne un câlin à sa sœur : « Viens! On va aller se balancer! » En passant, elle en profite pour me montrer ses peintures, magnifiques, à la hauteur de tout le travail qu’elle met pour faire briller son talent. Et aussi pour me faire une caresse. Pour lover sa tête dans le nid de mon épaule. « Je t’aime, maman ».

Quatre heures après avoir passé la porte de la maison, je les appelle : « Mes amours? Ça va bientôt être le temps d’aller souper. Encore cinq minutes? » Aucune obstination. Aucune plainte. On a encore vingt minutes de marche à faire pour retourner à la voiture. Le long de la rivière glacée. Un blanc à perte de vue qui apaise. Comme si on se baladait sur un rayon lumineux. On placote. On rit, encore. On partage des câlins et des mots doux. Des anecdotes de « quand on était petits », comme si on venait de la même époque. Notre complicité nous rend sereins. Ensemble.

Le plus beau dans tout ça, c’est qu’on n’a pas fini! Un souper de cabane à sucre maison nous attend… à la maison. Et malgré tout le glucose ingéré pendant cette après-midi, j’ai le cœur zen et le cerveau serein : mes enfants vont bien. Mes enfants sont bien. Les montagnes russes des dernières années sont derrière nous, au moins pour un bout. Maman se sent arrivée.

Nathalie Courcy



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