Le dépassement de soi pour soi

Fête des Mères 2014, je cours mon premier semi-marathon. Une distance pour laquelle je m’étais plus ou moins préparée. À ce moment, je ne savais vraiment pas dans quoi je m’embarquais. Sur la ligne de départ, tous ces coureurs préparés et anxieux de se dépasser et de battre leur meilleur temps. Dans ma tête, la seule question : qu’est-ce que je fais ici?! C’est le départ, je me place en fin de peloton, car je sais très bien que je ne suis pas de taille parmi tous ces athlètes.

 

Le parcours fut long et difficile. Mes chaussures me faisaient souffrir le martyre et à chaque foulée, je sentais mes ongles d’orteils se soulever. Pas le temps de m’arrêter, je devais terminer. J’ai fini avec un temps de 2 h 13. Pour moi, c’était toute une victoire, mais admettons que pour cet évènement, je me suis classée dans les dernières. Quand j’ai enfin enlevé mes chaussures de course, mes bas étaient imbibés de sang. J’ai perdu cinq ongles d’orteils, mais j’étais TELLEMENT fière de ce que j’avais accompli. Moi, mère de deux enfants de sept et neuf ans, monoparentale avec très peu de temps pour l’entraînement, j’avais enfin réussi mon premier semi-marathon. Cette distance, je l’adore. J’adore cette distance pour l’entraînement que cela t’oblige à faire pour le terminer sans casse‑tête et sans trop de douleur.

 

Par contre, au printemps passé, lors de mon sixième semi‑marathon à Ottawa, tout ne s’est pas passé comme je l’aurais désiré. Au treizième kilomètre, j’ai commencé  à ressentir de l’inconfort. Il faut dire qu’avec le magnifique printemps que nous avons connu, mes très longues distances, je les avais courues à une température de dix degrés maximum. Cette journée du semi‑marathon, il faisait environ 25 degrés. Au 17e kilomètre, mes jambes n’en pouvaient plus. J’ai donc marché un peu et je suis repartie. Je l’ai terminé beaucoup plus lentement que je ne l’aurais souhaité. J’ai fait un temps de 2 h 20. J’étais extrêmement déçue. Et c’est à partir de ce moment que je me suis posé ces questions : pourquoi tu fais cela? Pour qui tu le fais? Qu’est-ce que ça t’apporte?

 

C’est en m’entraînant pour mon septième demi que mes réponses me sont venues. Depuis que j’ai commencé à courir en 2012, j’ai découvert une activité qui me gardait en forme, dont je ne me suis pas tannée et qui est accessible. Je cours donc pour MOI. Je ne cours pas pour être la meilleure et je ne suis en compétition avec personne. La médaille que je reçois à la fin du parcours a la même valeur que celle de la personne qui fait sa course en un temps remarquable. Quand j’aurai ma septième médaille de semi-marathon, je serai aussi heureuse que la personne qui l’aura couru en une heure de moins que moi. J’ai donc pris une décision pour cette course. Pas de montre, pas d’écouteurs, pas de temps. Pas de temps pour me démotiver, que du bonheur. Du bonheur de courir avec des milliers de personnes dans les rues de la métropole. Du bonheur de profiter de ces moments uniques qui me font vibrer. En fait, c’est pour ça que je cours : l’excitation de la ligne de départ et l’adrénaline pure que ces courses me procurent.

 

Donc, le 24 septembre, je serai sur le pont Jacques-Cartier à Montréal pour mon septième semi‑marathon avec une seule idée en tête : avoir du plaisir!

 

Annie Corriveau



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