Hymne à l’enfant dérangeant
À toi, l’enfant qui dérange
(le mien, le sien, celui du voisin ou du pays d’à côté),
À toi, je te dis : merci!
Merci de faire du bruit le matin dans ton lit et dans le panier d’épicerie :
Tu agrémentes chaque moment de tes rires et de tes cris.
Même si parfois, je souhaiterais un peu de silence,
Je te dis merci de prendre la parole et de me montrer le vrai sens de l’écoute.
Le silence viendra toujours trop vite.
Merci de mettre des miettes par terre et de la purée sur les murs.
Tu ajoutes de la couleur dans ma vie et de la patience dans mon cœur.
Avec toi, chaque moment minuscule devient grandiose.
Chaque anecdote cocasse devient un souvenir à raconter à la Terre entière (ou à garder en réserve pour le jour de ton mariage…).
Merci de me donner des dessins un peu maladroits et des mots d’amour écrits au son.
Tu me rappelles que l’important, ce n’est pas la perfection ni la décoration, mais l’intention.
Merci de dépasser les limites établies et de me forcer à te mettre en retrait.
Un jour, je te le promets, j’apprendrai qu’un parent aussi, ça peut profiter d’un time-out!
Merci de collectionner les « pourquoi » et les « comment » :
Tu questionnes ce que je tenais pour acquis et ce que je n’avais jamais approfondi.
Grâce à ton esprit aussi vif qu’une voiture de course, mes vieilles chaussures sortent du sentier battu.
Grâce à tes yeux curieux, je vois la vie sous toutes ses coutures et sous tous ses angles.
Merci de me réveiller trop tôt et de me garder debout trop tard.
Tu me forces à vivre intensément le moment présent,
À profiter à fond de chaque instant de plaisir et du moindre ronflement.
Carpe diem, qu’ils disaient!
Merci de me forcer à t’observer, à te surveiller, à t’admirer :
Tu diriges mon regard vers beaucoup mieux que mon nombril ou mes écrans.
Entre la lumière bleue et la lueur de tes yeux, le choix est évident et tellement pertinent.
Tu es ma plus grande merveille du monde, la raison de tous mes « ahhh! » et de tous mes « ohhh! ».
Merci d’être parfois un peu malade ou trop fatigué pour aller à l’école.
Tu m’enseignes à prendre des pauses, à profiter d’un moment collé et d’un congé forcé.
Qui sait, la prochaine fois qu’un gros rhube me frappera, je ferai peut-être comme toi :
J’attendrai que ça passe en position koala près de quelqu’un que j’aime au lieu d’aller m’épuiser au travail!
Merci à toi, l’enfant dérangeant.
Merci de bousculer mes habitudes et mes attentes trop élevées.
Merci de désorganiser ma vie et d’en faire une existence mille fois plus riche.
Merci de faire ton travail d’enfant à merveille : déranger la vie des parents pour les aider à devenir aussi grands que toi.
J’espère que tu continueras de me déranger encore très, très longtemps.
J’espère que même en grandissant, tu resteras un enfant.
Nathalie Courcy