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Ce que j’aurais fait différemment – Texte: Nathalie Courcy

Entre le moment où le projet Bébé est né officiellement et maint

Entre le moment où le projet Bébé est né officiellement et maintenant, il s’est écoulé un quart de siècle. Les couches sont chose du passé depuis longtemps. Les rush pour faire la tournée maison-garderie-service de garde-école-travail sont (Dieu merci!) terminés. Les responsabilités parentales et les remises en question, elles, continuent. C’est parfait ainsi. 

J’ai beaucoup cheminé dans les dernières années. Me séparer, emménager seule avec mes enfants, puis avec un nouveau conjoint, et aussi m’engager dans des parcours de croissance comme la PNL, ça a changé mes perspectives. 

C’est certain qu’à 25 ans, je ne pouvais avoir le vécu que j’ai maintenant. Je ne pouvais pas comprendre le monde et moi-même de la même façon qu’avec autant d’expériences de vie derrière le chignon. J’ai fait les choses de mon mieux, à ma façon et avec les meilleures intentions du monde. Et ça aussi, c’est parfait ainsi. 

Si la moi de maintenant discutait avec la moi de l’époque, qu’est-ce que je lui proposerais de faire différemment (en sachant qu’elle était bien trop têtue pour m’écouter)?

  • Mettre un peu plus de routine dans le rythme de vie familial, sans être freak. 

Je voulais tellement suivre le rythme de chaque bébé que ça les a peut-être (ou peut-être pas) insécurisés. Je voulais tellement qu’ils apprennent à s’adapter et à profiter du moment qui passe, et pour moi, ça allait à l’encontre de la sieste figée à 10h et à 14h. Je voulais qu’ils apprennent à se connaître et à se fier à leur nature plus qu’aux diktats du Mieux-Vivre. J’aurais gardé beaucoup de souplesse et ma mentalité easy-going, mais j’aurais mis un peu plus de cadre avec tout autant d’amour.

  • Retourner au travail plus tard. 

Quand j’ai eu mon premier enfant, j’étudiais à la maison. J’ai allongé mon programme d’un an, mais j’ai remis mon nez dans mes livres après deux semaines, pendant que ma fille dormait. Elle avait deux mois quand j’ai fait mon examen de thèse, et deux ans au moment de ma soutenance. À ce moment, j’avais la bedaine remplie de mon deuxième enfant (qui est né quelques jours après). Je suis retournée sur le marché du travail quand mes autres enfants avaient moins d’un an. J’aurais dû en profiter plus longtemps malgré l’exigence financière. Ces moments ne reviennent pas. J’aurais voulu aussi leur donner plus de temps pour se développer dans le calme avant de vivre la routine de garderie, les rush matinaux et les parents fatigués de leur journée de travail. 

  • Prendre plus de temps pour moi et pour mon couple. 

Je me suis dévouée, et je me dévoue encore, à mes enfants. J’ai tout lu (pas tant que ça, mais j’ai lu en titi!) sur l’éducation, la psychologie, les activités par projet, les relations humaines. J’ai couru les spécialistes, j’ai participé aux activités scolaires et parascolaires. Je me suis laissé piéger par la croyance que faire garder mes enfants une fois de temps en temps, c’était trop compliqué comparativement au bénéfice retiré. Je me suis épuisée. Le couple s’est éteint. Je ne regrette pas du tout l’attention donnée à mes enfants. Ma présence les a influencés positivement. J’aurais probablement pu arriver à un résultat semblable même en prenant une heure par jour pour être autre chose qu’une mère. Si je l’avais fait, peut-être que je ne subirais pas encore les séquelles de l’épuisement total que j’ai vécu. Peut-être que je n’aurais pas changé autant de perspectives non plus.

  • Enseigner comment vivre les émotions (et l’apprendre moi-même).

J’ai toujours essayé d’exprimer mes émotions et mes idées d’une façon honnête et adéquate. Mais je constate maintenant que les exprimer et les vivre, c’est différent. Je suis en train de déconstruire un modèle de personne uniquement forte pour y ajouter un modèle de personne sensible qui peut même être vulnérable et fragile. J’ai géré mes émotions comme on gère un dossier budgétaire, en faisant attention à ce qui entre et ce qui sort pour que ça balance. J’essaie de montrer un exemple différent maintenant que mes enfants sont plus grands. Ressentir au lieu de gérer, écouter au lieu d’exprimer (tout ça dans l’équilibre, bien sûr). 

Si j’avais fait les choses différemment avec les mêmes enfants, les résultats auraient probablement été différents. Peut-être pires, peut-être mieux. Je me permets ces prises de conscience avec beaucoup de douceur et de bienveillance, envers moi et envers mes enfants. On a tous fait de notre mieux à ce moment-là, et on le fait encore.

Un prochain article s’intitulera «Ce que je n’aurais pas changé»…

Nathalie Courcy

Le mot que nous ne devons jamais prononcer : « DPJ » – Texte : Eva Staire

Comme ce mot est tabou dans notre société !  <span st

Comme ce mot est tabou dans notre société ! 

Lorsqu’on entend « DPJ », les idées se placent dans la tête de nos proches :

 « Oh (l’organisme dont nous ne pouvons prononcer le nom) est entrée dans votre famille ? »

Pourquoi tant de jugements ? Sans doute que cela est causé par la façon dont cette société nous a été dépeinte depuis de nombreuses décennies ? 

Saviez-vous qu’en tant que parents, nous avons droit à de l’aide de leur part ? 

Saviez-vous qu’avec leur aide, on évite (selon la situation) les délais interminables proposés par

le CLSC ? Selon les situations, ils peuvent nous aider à faire avancer le dossier de nos enfants qui ne vont pas bien. 

Je vous en fais part aujourd’hui, car j’aurais aimé avoir cette information avant qu’ils ne m’appellent. 

M’appellent pour s’assurer que j’avais mis en place toutes les ressources nécessaires pour ma fille…

À quel point j’étais insultée ? Ce n’est même pas descriptible, car cela fait 7 ans sur 13 que nous essayons (papa et moi chacun de notre côté) d’avoir accès à des services… Et on nous reproche que nous ne lui donnons pas assez de ressources pour qu’elle aille mieux… 

Voici les ressources que nous lui avons offertes :

Psychologue (privé) × 2 ans (environ 3 000 $) 

Travailleuse sociale (privée) × 1 an (environ 950 $)

Psychoéducatrice (privée) × 2 ans (environ 1800 $)

Toutes ces belles personnes, sans rien leur enlever, nous ont dit que notre enfant était une enfant « normale avec un fort caractère ». 

Qui sommes-nous en tant que parents pour aller à l’encontre de 3 professionnels qualifiés ?

Avec tous ces jugements gratuits qui nous arrivent de part et d’autre ? 

Honnêtement, je n’en ai aucune idée. 

Comment je me sens ? Comme une mère qui n’a pas accompli sa tâche de mère, ne sachant plus comment aider son enfant. 

Avant de juger, s’il vous plaît, assurez-vous d’être au courant de l’historique familial, avant de vous rendre à bout vous-même en vous tapant sur la tête… Informez-vous auprès de la DPJ pour savoir comment ils pourraient aider votre famille avant qu’eux ne le fassent… Parfois, ils sont là pour les parents aussi. 

Ne lâchez pas, les parents !

 

Eva Staire

Maman, papa, je vous entends – Texte: Nancy Pedneault

Il y a longtemps que j’ai envie de vous en parler. Mais chaque fois, les mots restent pris dans ma

Il y a longtemps que j’ai envie de vous en parler. Mais chaque fois, les mots restent pris dans ma gorge. Je ne sais pas comment vous dire ça…

Maman, papa, je vous entends.

Mon cerveau d’enfant est en formation, mais mes oreilles entendent très bien. Alors, quand vous passez des commentaires sur moi, je vous entends et surtout, je vous crois. Vous êtes ma référence.

Comme je suis encore petit, je ne fais pas la nuance entre une mauvaise journée et un mauvais enfant.

Quand vous discutez à mon sujet à la garderie, je vous entends. Je ne comprends pas tous les mots, mais je sais qu’il ne sont pas positifs: tannant, dort mal, crise. Je crois que je suis méchant.

Quand vous parlez à mon prof, devant moi, en disant que je suis anxieux, je deviens anxieux. Je crois que je le serai toujours. Je ne sais pas que c’est momentané et qu’il est possible de trouver des solutions. Je vous crois.

Quand vous dites à vos amis et à la famille que je suis un enfant difficile, je vous entends. Je sens que je ne m’améliorerai jamais. Je vous crois.

Papa, maman, je vous en prie, faites attention aux mots que vous utilisez quand vous parlez de moi en ma présence. Laissez une trace positive dans mon cerveau.

Voici quelques trucs :

L’acronyme TDAH n’est pas un petit nom d’amour. Pourtant, je suis énergique, enjoué et créatif. Soulignez mes bons côtés.

Plutôt que dire que je suis beau, dites de moi que je suis intelligent et débrouillard. Je développerai ces qualités.

À la place de malcommode, vous pourriez souligner que je suis curieux et drôle.

Vous voyez, ce n’est pas difficile!

De votre enfant qui vous croit sur parole.
Nancy Pedneault

Nous, l’enfant et le temps – Texte : Stéphanie Dumas

C’était le premier jour de mon congé de maternité. On se préparait à accueillir un nouveau me

C’était le premier jour de mon congé de maternité. On se préparait à accueillir un nouveau membre dans la famille. La chambre était prête et tous les petits vêtements étaient soigneusement pliés dans les tiroirs. À ce moment précis, je visualisais les prochains mois et seulement des moments avec ce petit bébé apparaissaient dans mon esprit. Je ne me doutais pas de tous les changements que cette année allait provoquer en moi.

Les trois premiers mois ont représenté une période d’adaptation, nous devions tous nous apprivoiser dans cette nouvelle vie à trois. Il fallait apprendre à se connaître et établir notre routine familiale. Et répondre aux besoins du petit. Mon conjoint et moi devions aussi apprendre à former une équipe dans ce nouveau rôle de parents.

Puis, un certain calme s’est installé. Je me suis posée. L’intensité des premiers mois s’estompant graduellement, mon esprit amenait de nouvelles réflexions sur ma vie.

Moi, jadis très carriériste, je me disais que cette vie ne me convenait peut-être plus. Comme si tout ce qui avait autrefois tant d’importance me paraissait désormais vide de sens.

La vraie vie, elle était ici, avec moi, dans notre petit cocon familial. Comme si le 9 à 5 devenait désormais le pire scénario possible.

Après les huit premiers mois, la fin de cette année semblait arriver beaucoup trop vite. Mes pensées m’amenaient à tenter de trouver un moyen de mettre ma vie en adéquation avec mes nouvelles valeurs et mes nouvelles priorités.

Ces priorités, c’est nous, l’enfant et le temps.

 

Stéphanie Dumas

À toi mon p’tit homme – Texte : Caroline Lortie

  Tu n’avais même pas 24 heures de vie encore que je savais qu’il y avait quelque chos

 

Tu n’avais même pas 24 heures de vie encore que je savais qu’il y avait quelque chose qui « clochait ». Tous les tests auditifs et visuels ont été rapidement faits.

Dès ce moment, un long parcours nous attendait. Dès tes premiers mois, certaines sphères de ton développement prenaient du retard tandis que d’autres évoluaient à la vitesse grand V.  En accord avec ton pédiatre, nous sommes directement allés vers le Bouclier, un centre de réadaptation pour enfants. Tes difficultés langagières étaient lourdes et plusieurs autres petits retards étaient soulevés.

Mais on parlait toujours de retard… donc, tout serait rapidement rattrapé. Plus le temps avançait et plus tes petites fesses n’arrivaient pas à rester sur une chaise et plus les papillons ou les coups de vent tout simplement faisaient qu’il t’était impossible de rester concentré sur une tâche plus de 20 secondes. Avec une équipe formidable, avant ton entrée à la maternelle, nous avons pu pallier tes retards intellectuels, mais deux points restaient à démystifier… ta concentration et ta bougeotte !

Les quatre lettres flottaient déjà dans l’air. T-D-A-H. Tu n’avais même pas encore 5 ans.

La maternelle est arrivée. Tu étais tellement surexcité tout le temps d’apprendre, d’être avec tes amis, de voir madame Gabrielle ! Les journées de pluie durant lesquelles tu devais rester à l’intérieur étaient un vrai calvaire pour toi. Mais on trouvait des moyens de te faire dépenser ton énergie de guépard dans ton petit corps de 5 ans.

L’école primaire est arrivée. Durant ta première année, tes enseignants et nous-mêmes avons vite compris que l’école serait difficile pour toi. Ouf ! Devoir rester en place et écouter un adulte parler durant des heures était mission impossible pour toi. Même avec tout le sport, les trucs, les attentions particulières.

Tu revenais le soir en ayant mal à la tête, en me disant que la souris dans ta tête courait beaucoup trop vite et qu’elle t’empêchait d’écouter en classe…

Te voyant si désespéré, nous avons accepté la médication. Ton médecin, tes profs et les professionnels de l’école étaient tous du même avis. Tu avais besoin d’un petit coup de pouce.

L’entente était celle-ci : le médicament pendant la semaine, et relâche les weekends. Il faut dire que cette petite molécule te coupait totalement l’appétit et te voir ne rien avaler de la journée nous était pénible.

J’ai retrouvé mon p’tit homme tellement heureux et souriant ! Enfin, tu arrêtais de te faire sermonner sans arrêt de te rassoir sur ta chaise. Enfin, tu arrivais à écrire correctement. Enfin, tu réussissais tes dictées…. tes exercices… tes apprentissages !

Et comme l’effet de la fameuse pilule s’estompait le soir, tu retrouvais ton énergie de petite tornade !

C’est pas facile, mon coco. Et nous en sommes tellement conscients. T’as pas toujours envie de la prendre ta torpinouche de pilule le matin parce que tu veux manger tes lunchs… parce que tes amis te parlent de tes médicaments….

C’est pas facile de te voir comme ça non plus. Tout doux, tout calme. Mais, quand tu me dis que ta petite souris arrive enfin à rester en place pour écouter ce qu’on a à te dire et que c’est facile maintenant pour toi de ne pas bouger et rester concentrer, ça console mon cœur de maman.

C’est pas facile de se faire dire qu’on « bourre notre enfant de chimique ». Mais, on sait nous, ce que ta souris est capable de te faire… et on ne veut plus que tu pleures à cause de ça.

Mon beau Gabriel, tu es maintenant un grand garçon de 9 ans. Tu es un futur joueur de soccer vedette. Tu arrives maintenant à te faire des amis. Tu pètes des scores à l’école sans besoin de te forcer à en avoir mal à la tête. Je t’aime tellement, toi, ton TDAH et ta petite souris dans ta tête 😉

Caroline Lortie

 

La tendresse de l’allaitement — Texte : Jessica Archambault

Avertissement : L’allaitement est un sujet qui fait réagir. Je suis tout à fait consciente

Avertissement : L’allaitement est un sujet qui fait réagir. Je suis tout à fait consciente que ce n’est pas facile pour toutes. Bien que je prône l’allaitement, je considérerai toujours la santé mentale de la mère comme primordiale et à ne pas négliger dans les différents choix à faire dans sa maternité. Ce texte touche mon expérience bien personnelle.

Pour moi, l’allaitement est simplement naturel. Ce sont des moments précieux et doux avec mes enfants. Au-delà de les nourrir, c’est un puissant réconfort. J’ai l’impression d’être la maison de mon bébé. C’est drôlement dit, mais c’est vraiment le sentiment que j’ai. Lorsque mon bébé boit au sein, comme ses frères avant lui, je le sens apaisé, calme, serein. Je le sens en confiance et complètement abandonné. Il fait le plein de lait, mais aussi d’amour et de tendresse.

J’ai l’immense chance que ce soit facile pour moi. À mes deuxième et troisième bébés, j’ai pu faire des dons de lait à Héma-Québec pour aider de jeunes prématurés nés avant 32 semaines de grossesse. Les bienfaits sont nombreux et je suis heureuse d’avoir pu y contribuer. Je le nomme ici parce que ce n’est pas encore très connu. Je me dis que si ça peut donner envie à quelques mamans de faire de même, ça vaut le coup !

Même si je suis chanceuse dans mon expérience d’allaitement, ça reste un important don de soi. C’est exigeant, notre corps produit tout ce qu’il faut pour nourrir un autre être humain, ce n’est pas rien ! C’est donc aussi de nombreuses heures éveillées, parfois dans de drôles de positions, avoir faim et soif, gérer des canaux lactifères bloqués, peut-être même une mastite. Comme me disait Maïka, « on devrait chaque jour se dire qu’on est hot ! »

En sortie en famille au Centre des sciences, j’ai croisé une maman assise par terre dans un coin, allaitant son bébé. J’ai eu un sentiment de déjà-vu et le sourire que je lui ai fait valait un gros high-five !

Malgré les défis, je suis émotive à l’idée qu’un jour, ce sera terminé définitivement. Pour la première fois de ma vie de maman, je ne sais pas si mon bébé sera le dernier. Je n’ai toujours pas envie d’arrêter le dernier allaitement, ce boire avant le dodo où on s’arrête et se pose, bébé et moi. Peu importe l’intensité de la journée, nous partageons ce moment de douceur et de calme, seulement nous deux. Je crois que je l’apprécie autant que lui. Je m’ancre dans le présent, je savoure la douceur de mon bébé, je suis aussi apaisée.

Que ce soit la fin qui s’annonce bientôt ou que je vive une quatrième aventure d’allaitement, je sens que je vivrai un petit deuil lorsque ce sera terminé, car rien, pour moi, n’est comparable à ces instants de douceur.

Jessica Archambault

Ton entrée à la maternelle – Texte : Roxane Larocque

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déj

Tu es arrivé sur terre il y a 5 ans. Notre premier travail d’équipe officiel. On apprenait déjà à se connaître depuis 9 mois, chacun occupé à grandir, à devenir. Tu te transformais en humain, je me transformais en maman. Mais ce jour de ta naissance, c’était la première fois que tes yeux rencontraient les miens, ta peau gluante et chaude dans mes bras qui ne voulaient plus te quitter, nos deux regards dépassés par les événements qui se croisaient pour la première fois et qui se demandaient comment on allait se remettre de tout ça. Ton odeur de bébé tout neuf que je respirais profondément à travers tes petits cheveux tout fins.

Depuis ce jour, nous tissons notre relation, quelques mailles de travers à refaire, mais surtout bien du bonheur, de la douceur et de l’amour. On apprend à se défusionner, doucement, depuis ce jour où tu as quitté mon corps. Mon envie de retrouver mon corps, mon temps, mes esprits. Ton envie d’avoir plus d’autonomie, de découvrir le monde qui t’entoure et de partir à l’aventure loin de moi.

Comme il passe vite, le temps.

J’étais celle qui guérissait tous tes maux par ma seule présence, celle qui devinait tes besoins avant même que tu les nommes. Te voilà maintenant hors de cette période de survie depuis longtemps, à vouloir toujours plus de liberté, à réclamer ton intimité, à construire ton univers. C’est parfait, c’est ce que je nous souhaitais, c’est le cours normal de la vie. Mais il reste que mon cœur de maman est rempli d’émotions mélangées en ce moment, puisque tu es maintenant à la veille de ton entrée scolaire.

La fierté, celle de connaître de plus en plus ta belle âme, ton intelligence, ta douceur. La confiance, puisque je te sais prêt, mais aussi la peur, celle que tu sois blessé, que tu souffres, que tu aies mal.

C’est un grand saut vers la société que tu t’apprêtes à faire. Et cette société est un peu mal en point, faut le dire. Elle a bien besoin de vous, petits enfants pourtant déjà si sages. Allumés, près de vos émotions, criant notre vérité, celle que l’on ne veut pas toujours entendre.

Je vous souhaite, à tes copains de classe et toi, d’en apprendre plus sur qui vous êtes et non sur ce qu’on voudrait que vous soyez. Je vous souhaite de croiser sur votre route des enseignants qui vous aideront à garder votre unicité, vos talents, plutôt que d’essayer de vous conformer à des standards vides de sens. Je vous souhaite de recevoir suffisamment d’amour pour avoir envie d’en redonner partout autour de vous. J’espère que l’on verra qui vous êtes et non juste vos diagnostics, les réels et ceux qu’on invente quand on ne vous comprend pas. J’espère que ce milieu saura vous faire briller et non vous éteindre. Vous permettre de découvrir d’autres modes de pensées, d’autres façons de voir la vie. Je vous souhaite un milieu stimulant qui accepte vos souffrances plutôt que de vouloir les effacer.

Ton chemin sera unique. Il y aura des embûches, des défis, des moments difficiles, mais c’est à travers tout ça que tu découvriras tout ton potentiel. Ce que tu aimes, ce que tu détestes, les valeurs qui t’habitent. Et il aura nous, ta famille. Nous serons toujours là pour toi. Ta tribu, ton clan, ton refuge. À juste distance, en bienveillance.

Bonne rentrée scolaire !

 

Roxane Larocque

Une autre étape – Texte : Jessica Archambault

Ce matin, je suis allée reconduire mon aîné à l’école pour la dernière fois avant les vacanc

Ce matin, je suis allée reconduire mon aîné à l’école pour la dernière fois avant les vacances. Mon six ans a voulu marcher jusqu’à la porte seul, que je le regarde près de la voiture plutôt que je l’accompagne jusqu’à l’entrée. Parce que « je suis grand maintenant maman, je suis presque en première année ».

Je l’ai regardé s’avancer, fier, et j’étais émue.

Son entrée à la maternelle me terrorisait. Pourtant je suis prof, je sais. Notre grand intense et sensible, à tendance anxieuse, avec qui nous avions déjà tellement travaillé la gestion des émotions, la communication, qui avait fait de si grands pas du haut de ses cinq ans était encore bouillant, émotif, parfois impulsif ou maladroit avec les autres enfants. Comme il est costaud, on croit qu’il est plus vieux, on s’attend donc à ce qu’il soit plus sage. Ses mouvements brusques ont aussi plus d’impact sur les autres que les mêmes comportements venant d’un enfant de son âge avec une tête de moins. Il adore apprendre, est curieux, pose mille questions, s’intéresse à tout. Je craignais qu’il tombe sur une prof un peu vieux jeu, qu’on étouffe sa soif d’apprendre, qu’on brise son amour de l’école, qu’il ne soit « qu’un tannant ». J’étais terrorisée à l’idée que l’école gâche mon fils. Eh oui, c’est dit.

Je le regardais, disais-je, marcher vers l’école ce matin, la tête haute et j’étais si fière !

Oui, il est tombé sur des profs super qui ont su l’accompagner avec les bonnes doses de fermeté et d’amour, stimuler sa curiosité, sa créativité et canaliser son énergie. Oui, nous l’avons bien guidé. Cependant, la réalité est que c’est lui qui a fait le plus à travers les derniers mois. C’est lui qui est persévérant et humble, ouvert et réceptif, honnête et bon. Je suis capable de relever nos bons coups de parents, mais c’est lui qui fournit des efforts au quotidien et qui désire sincèrement s’améliorer. Il en a fait du chemin. Il est plus posé. Ses champs d’intérêt se sont diversifiés. Il aime encore autant l’école, il adore ça, même ! C’est tellement ce qu’il y a de plus important en maternelle. La base des années qui suivront : le rendre disponible et réceptif aux apprentissages. On discute de plein de choses avec lui, il nous en apprend beaucoup ! Il est plus habile avec les autres, a de super amis et sait les choisir judicieusement.

La veille, nous avions une amie à la maison et il a insisté pour lui présenter son portfolio rapporté le jour même. Tous ses travaux, activités et bricolages commentés de septembre à juin (oui, mon amie est patiente) avec, encore, beaucoup de fierté. Je trouvais ce moment beau et précieux.

Mon premier bébé est officiellement sorti de la petite enfance et c’est merveilleux. Merveilleux et émouvant.

Sa personnalité et ses goûts se définissent. Il choisit ses amis volontairement et consciemment. Il devient un enfant différent tout en étant le même. Nous sommes choyés de le côtoyer et de l’accompagner.

J’observe ses frères de quatre ans et de dix mois et j’ai hâte de les voir grandir ainsi, tout en voulant savourer d’autant plus leur petite enfance, période magique, intense et volatile.

Mon pincement au cœur de voir mon grand entrer à l’école en septembre s’est transformé en fierté et en joie. J’ai confiance qu’il fera son bout de chemin et j’ai hâte de revivre cette étape de grande transformation avec mes deux plus jeunes.

Jessica Archambault

 

J’espère… Non. Je veux… Non. Je VAIS aller mieux… Texte : Valérie Marcoux

J’ai composé ce texte environ trois mois après l’accouchement de mon garçon décédé. À

J’ai composé ce texte environ trois mois après l’accouchement de mon garçon décédé. À ce moment, je me jugeais moi-même de ne pas aller mieux. Une amie m’a fait réaliser qu’il n’y a pas de deadline, de temps prescrit pour guérir. En fait, je sais maintenant qu’il n’y aura jamais de fin à mon deuil. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé d’accepter les mauvaises journées…

 

J’espère aller mieux, mais pas trop vite…

J’ai besoin de temps pour te pleurer

 

J’espère aller mieux, mais pas maintenant…

J’ai besoin de temps pour penser à toi

 

J’espère aller mieux, mais pas tout de suite…

J’ai besoin de temps pour rêver à toi jour et nuit

 

Je veux aller mieux, mais pas trop vite…

J’ai besoin de temps pour imaginer tes yeux que je n’ai pas vus ouverts

 

Je veux aller mieux, mais pas maintenant…

J’ai besoin de temps pour me rouler en boule en pyjama

 

Je veux aller mieux, mais pas tout de suite…

J’ai besoin de temps pour m’imprégner de ceux qui sont toujours là

 

Je vais aller mieux, mais pas trop vite…

J’ai besoin de temps pour raconter ta présence et ton départ

 

Je vais aller mieux, mais pas maintenant…

J’ai besoin de temps pour être négative, rager et crier

 

Je vais aller mieux, mais pas tout de suite…

J’ai besoin de temps pour serrer tes souvenirs dans mes bras

 

J’espère… Non. Je veux… Non. Je VAIS aller mieux…

Mais pas avant d’avoir pris le temps d’aller moins bien…

Valérie Marcoux

Mon enfant, tu peux crier victoire – Texte : Audrey Léger

Ce matin, j’avais envie d’écrire sur la motivation, la confiance en soi, le bonheur et la RÉUS

Ce matin, j’avais envie d’écrire sur la motivation, la confiance en soi, le bonheur et la RÉUSSITE. J’avais la tête pleine d’idées. Évidemment, pour saisir le poids de ces mots, il faut accepter le cheminement : défis, obstacles, doutes, peurs, ÉCHECS. Sur la table, devant moi, j’ai vu l’évaluation scolaire de ma fille de 9 ans. Elle est en 3e année. C’est une année difficile. Nouvelle école, pandémie interminable, dyslexie et dysorthographie diagnostiquées, vous voyez le topo.

Pas besoin de spécifier que son évaluation ne satisfait pas les attentes du système scolaire. Toutefois, voici ce que j’ai demandé à son enseignant en cours d’année : « Pouvez-vous arrêter d’écrire NON RÉUSSI sur ses évaluations ? »

Ça m’arrachait le cœur chaque fois parce que moi, sa maman, je voyais toutes ses bonnes réponses et que j’étais fière et impressionnée ! Mais elle, elle pleurait, ma petite. Elle s’est mise à penser qu’elle n’était pas bonne, pas capable et qu’elle ne réussissait jamais. Elle était triste et découragée. C’est là que j’ai parlé au personnel de l’école. Je pleurais moi aussi. Ça n’allait pas du tout.

Est-ce qu’on pourrait souligner ses bonnes réponses plutôt que ses erreurs ? C’est PRIMORDIAL !

Si ma fille de 9 ans perd confiance en elle, que son estime s’effondre, ce sera ça, le réel échec. Ma fille est fabuleuse. Elle se relève les manches et veut toujours s’améliorer. Elle a du plaisir, elle est heureuse et épanouie. Ne la privons pas de ça, c’est le plus important right ?

Maintenant, sur ses évaluations, il est inscrit « 9 bonnes réponses » et c’est là-dessus qu’on va construire quelque chose de solide, quelque chose de GRAND ! Ma fille est bonne, elle est belle, elle est capable de tout. Je suis fière d’elle et fière de moi, fière d’être sa maman. Elle a fait de moi une personne meilleure ! Et quand je la regarde dans les yeux, je vois tout le chemin parcouru, je vois sa fierté et je sais que RIEN NI PERSONNE ne va la niveler vers le bas. Parce qu’elle croit en elle, elle est fière et heureuse. N’est-ce pas cela, le SUCCÈS ?

Dans la vie, tout le monde réussit à sa manière. Soulignons les réussites plus que les échecs. Soyons indulgents et patients avec nos enfants. Au bout du chemin, même si leurs routes sont différentes, ils pourront tous crier victoire… et NOUS AUSSI !

Audrey Léger

IG: Audrey. sans. artifice

La parole tue à petit feu, mais elle fleurit aussi après la pluie – Texte : Eva Staire

Je vais commencer ce texte par un souhaite très fort, le souhait de donner l’espoir qu’il peut

Je vais commencer ce texte par un souhaite très fort, le souhait de donner l’espoir qu’il peut réellement avoir une lueur au bout d’un fucking long tunnel. Je n’aurai pas la langue dans ma poche. Ça va être cru par moments, mais c’est promis, la pluie éteint le feu.

  • Habille-toi, mets-toi une veste. Si tu te fais violer, ce ne sera pas de ma faute.
  • As-tu vu la paire de boules qu’elle a pour son âge ?

Je n’étais qu’une enfant lorsque j’entendais ces phrases à mon égard.

  • Tu es tellement laide et grosse, parle-moi pas !
  • Viens ici, j’ai besoin d’un étui à crayon pour mon stylo, dit-il en le mettant entre mes seins.
  • Est-ce que je peux monter le mont Everest ?
  • Tiens, une paire de ciseaux, ça va être plus facile pour te couper les veines.

J’avais 12-13 ans lorsque les jeunes de mon âge me criaient ses paroles lourdes de conséquences.

J’ai longtemps cru que les gens avaient raison. J’essayais d’être discrète en leur présence pour ne pas les déranger. Difficile d’être discrète avec ma shape. C’est ce que je me disais. Ils avaient tous réussi à jouer dans ma tête. Je n’arrivais plus à voir des ciseaux sans penser à faire glisser la lame sur mon poignet. Me préparer pour l’école était interminable. Je me changeais pas moins de dix fois avant de choisir comment j’allais m’habiller. « Ah non, trop décolleté, trop moulant, trop coloré… » Je me demandais toujours ce que les autres allaient penser de moi. L’intimidation peut être invisible à l’œil nu, mais n’est pas pour autant indolore pour la personne qui la subit.

À l’âge de 13 ans, j’ai eu la chance de rencontrer un garçon merveilleux. La phrase qu’il aimait me répéter régulièrement c’est « On s’en fout des autres ». J’ai pris du temps pour vraiment assimiler ses mots, mais cette phrase a fini par résonner très fort en moi. Enfin des paroles qui fleurissent et non qui m’affaiblissent.

Encore aujourd’hui, dix ans plus tard, il lui arrive de devoir me rappeler de m’en foutre. Je ne suis pas guérie de toutes les blessures qui m’ont été infligées, mais il y a plusieurs cicatrices qui me rappellent d’où je viens. J’ai appris à respecter la femme que je deviens et à choisir ceux qui méritent de jouer un rôle dans ma vie.  C’est lorsque je regarde mes trois enfants dans les yeux que je vois de la lumière. Oui, oui, d’la lumière au bout du tunnel. Ce tunnel que j’ai finalement réussi à traverser en gardant mon souffle beaucoup trop longtemps. Je respire enfin la liberté et je commence à fleurir.

Et toi, en quelle fleur souhaites-tu grandir ?

Eva Staire