Une autre étape – Texte : Jessica Archambault

Ce matin, je suis allée reconduire mon aîné à l’école pour la dernière fois avant les vacances. Mon six ans a voulu marcher jusqu’à la porte seul, que je le regarde près de la voiture plutôt que je l’accompagne jusqu’à l’entrée. Parce que « je suis grand maintenant maman, je suis presque en première année ».

Je l’ai regardé s’avancer, fier, et j’étais émue.

Son entrée à la maternelle me terrorisait. Pourtant je suis prof, je sais. Notre grand intense et sensible, à tendance anxieuse, avec qui nous avions déjà tellement travaillé la gestion des émotions, la communication, qui avait fait de si grands pas du haut de ses cinq ans était encore bouillant, émotif, parfois impulsif ou maladroit avec les autres enfants. Comme il est costaud, on croit qu’il est plus vieux, on s’attend donc à ce qu’il soit plus sage. Ses mouvements brusques ont aussi plus d’impact sur les autres que les mêmes comportements venant d’un enfant de son âge avec une tête de moins. Il adore apprendre, est curieux, pose mille questions, s’intéresse à tout. Je craignais qu’il tombe sur une prof un peu vieux jeu, qu’on étouffe sa soif d’apprendre, qu’on brise son amour de l’école, qu’il ne soit « qu’un tannant ». J’étais terrorisée à l’idée que l’école gâche mon fils. Eh oui, c’est dit.

Je le regardais, disais-je, marcher vers l’école ce matin, la tête haute et j’étais si fière !

Oui, il est tombé sur des profs super qui ont su l’accompagner avec les bonnes doses de fermeté et d’amour, stimuler sa curiosité, sa créativité et canaliser son énergie. Oui, nous l’avons bien guidé. Cependant, la réalité est que c’est lui qui a fait le plus à travers les derniers mois. C’est lui qui est persévérant et humble, ouvert et réceptif, honnête et bon. Je suis capable de relever nos bons coups de parents, mais c’est lui qui fournit des efforts au quotidien et qui désire sincèrement s’améliorer. Il en a fait du chemin. Il est plus posé. Ses champs d’intérêt se sont diversifiés. Il aime encore autant l’école, il adore ça, même ! C’est tellement ce qu’il y a de plus important en maternelle. La base des années qui suivront : le rendre disponible et réceptif aux apprentissages. On discute de plein de choses avec lui, il nous en apprend beaucoup ! Il est plus habile avec les autres, a de super amis et sait les choisir judicieusement.

La veille, nous avions une amie à la maison et il a insisté pour lui présenter son portfolio rapporté le jour même. Tous ses travaux, activités et bricolages commentés de septembre à juin (oui, mon amie est patiente) avec, encore, beaucoup de fierté. Je trouvais ce moment beau et précieux.

Mon premier bébé est officiellement sorti de la petite enfance et c’est merveilleux. Merveilleux et émouvant.

Sa personnalité et ses goûts se définissent. Il choisit ses amis volontairement et consciemment. Il devient un enfant différent tout en étant le même. Nous sommes choyés de le côtoyer et de l’accompagner.

J’observe ses frères de quatre ans et de dix mois et j’ai hâte de les voir grandir ainsi, tout en voulant savourer d’autant plus leur petite enfance, période magique, intense et volatile.

Mon pincement au cœur de voir mon grand entrer à l’école en septembre s’est transformé en fierté et en joie. J’ai confiance qu’il fera son bout de chemin et j’ai hâte de revivre cette étape de grande transformation avec mes deux plus jeunes.

Jessica Archambault

 



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