J’aurais voulu être… moi!
On nous dit toujours de ne pas regarder derrière, que c’est du passé. On nous suggère de regarder droit devant et de vivre le moment présent. Sauf que dans la vie, on change. Plus les années passent et plus on évolue. Nous vivons certaines épreuves ou certains évènements qui font de nous des personnes différentes. Est‑ce qu’on devait avoir des regrets? Je ne pense pas. Si nous sommes devenus ce que nous sommes aujourd’hui, c’est grâce au passé. Est‑ce que parfois, on voudrait avoir vécu notre vie différemment? Peut‑être.
Pour ma part, il y a ma vie avant la dépression et ma vie après la dépression. Quand on est au bout du rouleau, quand on touche le fond du baril, quand on est à bout, choisissez l’expression qui vous convient, il y a des prises de conscience obligatoire à faire. Ici, le constat a été bien simple : je n’ai pas vécu ma vie jusqu’à maintenant en m’écoutant pour vrai. Je n’ai pas respecté mes valeurs. Je n’ai pas fait ce qui me rendait heureuse et fière. Au contraire, j’ai fait ce que la société voulait que je fasse. Pour plaire, pour être dans le rang, pour ne pas déranger, pour ne pas trop faire parler de moi, pour être acceptée, pour ne pas faire de vague, etc.
Alors j’ai accouché à l’hôpital, mon premier enfant a eu quelques vaccins, mes enfants ont porté des couches jetables, j’ai acheté des purées, ils ont eu des jouets, trop de jouets, beaucoup trop de jouets en plastique, mes enfants sont allés à la garderie, puis à l’école, puis au service de garde, puis au camp de jour.
Si j’avais écouté ma petite voix intérieure, si j’avais décidé de vivre selon mes valeurs et si j’avais assumé mes choix, ça ne se serait pas passé comme ça! J’aurais voulu accoucher en maison de naissance. Je suis contre les vaccins. J’aurais voulu utiliser des couches lavables et j’aurais fait mes propres purées. J’aurais eu le courage de dire à ma famille que ça suffit les jouets. Je serais restée à la maison avec mes enfants. J’aurais adoré leur faire l’école à la maison. Je ne me serais pas limitée à une maison. J’aurais voulu avoir une caravane et voyager en famille pour voir le plus de choses possible.
N’ayez pas peur de vivre selon vos convictions, vos valeurs et vos choix. Assumez, choisissez, soyez vrais. Ça va peut‑être choquer ou bousculer des gens. Des gens qui, comme moi avant, restent dans le rang pour ne pas déranger. Laissez de côté la phrase « Mais qu’est-ce que les autres vont penser?! » On s’en fout de ce qu’ils vont penser.
Est‑ce que c’est trop tard pour moi? Pour certaines choses, oui… Je ne pense pas que mes enfants, à l’âge où ils sont rendus, aimeraient l’idée de manger de la purée faite maison par maman! Mais pour ce que je peux changer, il me reste du temps. Et pour le reste, ce sera dans une autre vie. Et cette fois, je me fais la promesse de vivre pour moi.
Valérie Grenier