Lettre à toi, mon fils malheureux

Aujourd’hui, ma tête de maman pense beaucoup. Chaque fois qu’une crise survient, j’essaie tant bien que mal de comprendre ce qui se passe dans ta tête d’adolescent. Ce n’est probablement pas facile pour toi de trouver ta place. Toi qui t’es toujours senti dans un monde à part. Tu étais jeune et ne voyais pas l’utilité de vivre. Tu admets encore aujourd’hui que la majorité du temps, tu te sens malheureux, non compris et pas à ta place. J’aimerais t’aider, mais je ne sais plus comment m’y prendre.

Depuis toujours, nous sommes plusieurs à voir ce boulet que tu traînes avec toi jour après jour. Depuis le temps qu’il est là derrière toi, je sais que tu dois être tanné. Quand tu exploses comme ça peut t’arriver parfois, j’en suis venue à penser que pour toi, c’est peut‑être une façon d’essayer de l’alléger en nous le faisant vivre avec toi. Un côté de moi comprend, mais au fond, tout ce que cela amène est que tu sabotes encore plus tes chances d’être heureux. Cette façon de crier ta détresse t’a fait perdre des amis. Ça fait aussi que tes professeurs en viennent à te cibler, car ils ne te connaissent pas et te voient juste comme un fauteur de troubles.

Sache que toi aussi, tu mérites d’être heureux, autant que n’importe qui. Tu as le potentiel de te faire une belle vie. Tu dois juste apprendre à te contrôler et à te raisonner un peu. Tu dois voir tes qualités et tes forces. Comme tout le monde, tu as certains défauts, mais contrairement à ce que tu penses, tu n’as pas que cela.

J’ai bien hâte que tu détaches ton boulet et qu’enfin, tu commences à vivre. J’ai confiance que tu finiras par en être capable. D’ici là, je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’on pourrait faire de plus pour toi. Même si tu ne le crois pas, on t’aime plus que tu ne pourrais l’imaginer. Tu comprendras probablement cet amour seulement quand tu auras à ton tour un enfant. Malheureusement, c’est une chose en laquelle tu ne crois pas. Tu as souvent dit que tu serais seul toute ta vie, pensant que personne ne pourrait t’aimer autant. Sauf que ça t’arrivera. Tu dois arrêter de te faire des idées préconçues.

Tu ne vois pas tout le potentiel que tu as. Non seulement tu es très intelligent, curieux, comique, perspicace, audacieux, mais en plus au fond de toi, je sais que tu es empathique. Tu ne le vois peut-être pas, mais moi j’ai su le voir. Tout ça fera de toi quelqu’un de formidable. Pour le moment, tu dois accepter que tu apprends, que les erreurs sont normales et que tu dois apprendre de tout cela. La vie ne sera pas toujours parfaite, on fait des erreurs. On doit juste se relever et retenir la leçon qui devait être apprise de ce faux pas.

À travers de tout cela, tu grandis en maturité et tu me fais, moi aussi, grandir et réfléchir. Je deviens grâce à toi une meilleure personne. Sois confiant et crois en toi, car tout y est pour que le soleil brille pour toi, mon beau grand garçon.

Mireille Coutu Lessard



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