Lettre d’une mauvaise mère

Je suis certaine que je ne suis pas la seule maman qui a tendance à s’autoflageller quand il s’agit de l’éducation de ses enfants… Dès qu’on passe une journée plus difficile, j’ai un don incroyable pour remettre en question mes capacités parentales. Les enfants se disputent? Bah, c’est de ma faute : je n’ai sûrement pas assez insisté sur la résolution de conflits… Les enfants refusent de manger un aliment? Bah, c’est aussi de ma faute : je ne le leur ai sûrement pas présenté assez souvent, ou assez jeunes… Les enfants me crient après? Bah, c’est encore de ma faute : j’ai monté le ton en les disputant hier…

Vous vous reconnaissez, n’est‑ce pas? Je pense que cette culpabilité est arrivée le jour où on a mis ces enfants au monde…

On passe notre temps à se remettre en question… à repenser nos façons de parler et d’intervenir avec eux… Mais est-ce qu’on prend le temps de s’arrêter, parfois, juste pour voir qu’on fait une maudite belle job, au fond?

Cette semaine, j’ai fait quelques pas de recul et j’ai observé mes enfants. Au lieu de focaliser sur les fois où mes filles sont venues me voir en chialant que l’autre avait volé son jouet, ou donné un ordre, ou parlé trop fort, ou regardé de travers, ou je-ne-sais-quoi-d’autre-qui-lui-tape-sur-les-nerfs, j’ai choisi de regarder les autres moments… Ce moment où j’entre dans leur chambre et que je les trouve couchées bras dessus, bras dessous, à regarder un livre d’histoire ensemble. Ce moment où je les entends chanter des comptines en voiture. Ce moment où la plus petite apporte sa doudou à la plus grande, pour la consoler. Ce moment où elles se souhaitent bonne nuit, comme si leurs mots d’amour ne reviendraient jamais. Ces moments…

Je pense qu’il faut regarder de plus en plus ces moments‑là. Il faut enlever nos lunettes de culpabilité-de-mère-indigne, pis regarder qu’on fait toutes une maudite belle job.

Pour ce début d’année scolaire, j’ai regardé ma fille faire sa toute première rentrée en maternelle. Ou en « matapouelle » comme elle aime si bien le dire! Moi qui m’inquiétais pour sa force de caractère, pour ses réactions souvent intenses et, disons‑le, pour sa maudite tête de cochon. J’te jure, elle n’est pas toujours facile d’approche… Pis encore là, j’ai pris le temps d’enlever mes fichues lunettes de culpabilité qui voudraient-que-tout-soit-parfait… Pis j’ai regardé mon enfant. Pour ce qu’elle est. J’ai vu une grande fille déterminée courir vers son enseignante pour lui faire un câlin. J’ai vu une grande fille prête, avec son sac à dos trop lourd, foncer vers la vie qui l’attendait. Elle a fini sa première journée avec des dessins plein les poches et des amis plein le cœur. Faque quelque part… je dois sûrement avoir fait une maudite belle job

Alors je vous donne ce petit truc aujourd’hui. Quand vous passerez votre prochaine soirée de m****, oubliez la broue dans votre toupet, calmez la vapeur qui vous sort des oreilles et allez voir à quel point vos enfants sont formidables. Pis à ce moment‑là, prenez donc une seconde pour vous dire que vous faites une maudite belle job.

Joanie Fournier

 



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