L’histoire de ta naissance

Hier soir, en allant te border, tu m’as demandé de te raconter l’histoire de ta naissance. Collée contre moi, tu me regardais avec tes grands yeux fascinés et remplis de curiosité. Tu voulais savoir où tout avait commencé. Comment j’avais su que c’était LE moment ? Est ce que j’avais eu mal ? Est ce que ça s’était passé comme je l’espérais ?

Je me demandais si je devais tout te raconter… mes espoirs, mes petites victoires, comme mes grandes douleurs… Puis, j’ai jugé que tu étais assez grande et mature pour entendre l’intégralité de l’histoire, de ton histoire. J’ai répondu à chacune de tes questions, ne négligeant aucun détail.

D’une part, je suis contente que tu saches toute la vérité. Parce que le jour où tu choisiras de mettre un enfant au monde, tu sauras. Tu sauras que oui, accoucher, ça peut faire mal. Oui, ça peut se dérouler différemment que ce que l’on espérait, parce qu’on ne peut pas tout contrôler. Tu sauras que ce grand jour est une épreuve de force, d’endurance et d’amour. Tu sauras que la douleur peut être intense, mais si vite oubliée.

Et s’il m’arrivait quelque chose… si je n’avais pas la chance de vivre ta première naissance avec toi, je serais heureuse d’avoir pris le temps de te raconter la tienne. Ta venue au monde, telle que moi je l’ai vécue, telle que nous l’avons vécue ensemble. Je n’aurais pas voulu que quelqu’un d’autre te raconte cette expérience qui nous lie toutes les deux.

À chacune de mes réponses, tu buvais mes paroles et les enregistrais dans un petit tiroir bien précieux de ta mémoire. Je voyais ton regard qui photographiait ce moment. Ce moment où je te contais ton premier souffle sur Terre. Je sais que tu te rappelleras chacun de mes mots. Je sais que cet instant restera figé dans ta tête, peu importe ce qui m’arrivera dans l’avenir. J’ai vu que tu sentais toute l’importance de cette discussion, de ce moment, de notre première histoire. Je suis contente d’avoir pris le temps de le faire.

J’ai longtemps pensé à écrire ton histoire de naissance, pour que tu puisses la garder en souvenir. Je sais que plusieurs mamans la rédigent dans l’album de bébé. Mais ce soir, j’ai vu dans tes yeux que ce n’était pas que les mots qui comptaient… Tu embarquais dans l’histoire, comme si tu pouvais toucher à ce souvenir.

Tu t’es esclaffée en pensant à papa qui courait partout. Tu étais pleine de compassion quand tu savais que j’avais mal. Tu avais le regard plein d’espoir quand je t’ai parlé de ton premier souffle. Tu as vécu ton histoire, à travers mes yeux de maman. Et ça, ce moment, celui où je t’ai raconté l’histoire de ta naissance, ça n’a pas de prix.

Notre maison peut brûler, je peux mourir, tu peux perdre toutes tes photos de bébé… Mais personne ne pourra t’enlever ce souvenir. Tu connais tous les détails, tous les instants importants et les heures qui signifient quelque chose…

Et vous, quel âge avait votre enfant quand vous lui avez raconté l’histoire de sa naissance ?

Joanie Fournier



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