Ma vessie et moi

J’ai les trois plus belles filles du monde (à bas l’objectivité!). Je les ai portées toutes les trois pendant trente-sept semaines et quatre jours. J’ai accouché deux fois par voies naturelles et eu ma petite rebelle par césarienne. Je ne sais pas si c’est le total de toutes ces semaines, le poids des grossesses sur ma vessie ou encore les accouchements, mais ma super vessie n’est plus.

Avant les filles, je pouvais passer une journée entière sans faire pipi. Passer une nuit entière sans me lever, dormir douze heures en ligne. Une super vessie contenant des litres et des litres d’urine.

Et là, les filles sont arrivées. Tranquillement après chaque grossesse, j’ai senti que ma vessie perdait de sa capacité. Que ma capacité à me retenir diminuait, pour ne pas dire disparaissait.

Éternuer est devenu une épreuve olympique. Prévoir ledit éternuement, croiser les jambes et squeezer le périnée. Parce qu’éternuer sans les préalables nommés occasionne une fuite, plus ou moins importante selon le nombre d’éternuements consécutifs.

Je me suis même retrouvée dans un cours d’aérobie à faire des jumping jack d’une drôle de manière. Assez bizarrement pour que la prof vienne me voir et me demande si j’étais blessée. Et moi de répondre : « Oui, j’ai mal à un genou! » Pitoyable, car dans les faits, à chaque saut, je sentais que ma vessie expulsait une petite quantité de pipi.

Moi qui, pour faire une blague à ma mère, lui avais commandé un échantillon de serviettes d’incontinence. Parce que ses fuites et son incapacité à se retenir étaient devenues un running gag entre mes sœurs, ma mère et moi. Je me retrouvais dans une allée d’un supermarché, à contempler un mur de ces serviettes. À essayer d’évaluer à combien de gouttes équivalaient mes fuites (un peu, moyen ou merde je me pisse dessus).

J’avoue avoir pensé que les exercices de Kegels lors de mes grossesses n’étaient peut-être pas aussi nécessaires que ce que les médecins prônaient. Je les faisais parfois, sans trop de constance ni de persévérance. J’avais une vessie grande capacité, pourquoi me casser la tête avec ça? Ma vessie, elle ne m’abandonnerait jamais, on avait une relation privilégiée elle et moi.

Non! Elle a dit adieu à cette relation. Nos rapports sont maintenant houleux et remplis de surprises.

Tout ce que je sais, c’est que maintenant, le trampoline est devenu un engin de torture que j’évite. Cependant, lorsque sous les supplications de mes filles, je cède…

Je me dirige vers la salle de bain et j’enfile ce que j’ai finalement choisi dans le rayon de l’incontinence…

Mélanie Paradis

 



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