Mammographie à 30 ans
On en parle, on en parle, il y a de la prévention, mais on se sent toutes à l’abri, en se disant qu’on est trop jeunes, que ça n’arrive qu’aux autres… Ce n’est pas que j’avais vraiment envie d’y aller, mais j’avais tellement mal aux seins depuis trois semaines, que je me disais que ce n’était pas normal. Je ne supportais plus mes brassières en dentelles avec armatures. J’ai dû aller acheter en vitesse le modèle grand-mère des années 40. Vous voyez? Le type parachute. Mes filles auraient faire une tente avec. Tout ça pour dire qu’il y avait quelque chose de pas normal avec mes seins. Prise de rendez-vous avec ma gynécologue pour vérifier. Après quelques palpations, elle me rassure, mais étant donné mon historique familial, elle me recommande fortement une mammographie. Vous savez, juste pour contrôler! À mon âge! Et oui, il n’est jamais trop tôt pour commencer les dépistages, 5 % des femmes ayant un cancer du sein ont moins de quarante ans.
Je me retrouve donc quelques semaines plus tard pour ma fameuse mammographie. J’appréhende, certes le résultat, mais aussi la machine, la douleur. On m’invite à me découvrir le torse, je me retrouve nue en haut, mais chaussée de mes grosses bottes d’hiver en bas! Le total look!
Je me retrouve face à face avec une énorme machine. La technicienne me fait approcher, elle règle la hauteur et là, sans m’avertir, elle prend mon sein et le dépose comme une belle pièce de viande sur le plateau de la machine. Elle le reprend l’étire, le tire, le tort, l’aplatit comme une crêpe. Je vois mon sein devenir un genre de pâte à modeler extensible ou comme un chewing-gum qu’on essayerait de décoller de sous une chaussure. Elle s’excuse, mais elle n’a pas le choix pour bien voir. Elle fait descendre un deuxième plateau, froid, aseptisé. Il descend lentement sur la forme qui ressemble vaguement à mon sein. Et là, il se coince entre les deux plateaux, ça serre, encore et encore. La gentille dame me dit de ne pas bouger. Comment pourrais-je bouger quand mon sein est emprisonné? Même si je voulais partir, courir, j’y laisserais ma peau! La machine prend quelques clichés, je retiens ma respiration. La dame revient et me libère. Ouf! Quel soulagement, de courte durée, malheureusement, car j’ai deux seins. L’autre attend son tour impatiemment. La dame refait les mêmes gestes machinalement, étirer, tirer, aplatir… Quelques secondes de douleur, je dois attendre les résultats, un docteur viendra.
Bref, toujours nue, j’attends. La gentille dame revient, je dois refaire quelques clichés pour bien voir. Reprise numéro deux et c’est reparti pour une nouvelle séance de torture. Je me dis que c’est pour la bonne cause, vaut mieux prévenir que guérir.
Le docteur arrive, il doit aussi ausculter mes seins à l’aide d’une échographie. Il me badigeonne de gel hyper froid et passe et repasse sur mes seins en appuyant ici et là. Un coup, je lève le bras, un autre coup, je le descends. Quelques questions sur ma douleur, mes antécédents, et voilà que d’une voix légère et banale, il me dit que je n’ai rien. Mes douleurs sont sûrement dues à mes sous-vêtements trop serrés, au manque d’hydratation, à de mauvais mouvements… Bref n’importe quoi, mais pas un cancer du sein. Je suis soulagée!
N’hésitez pas si vous avez un doute, une douleur, une rondeur, quelque chose qui vous tracasse, ce n’est pas agréable, mais faire une mammographie précoce peut vous sauver la vie. Je suis contente finalement de l’avoir faite, et je n’hésiterais pas à la refaire s’il le fallait…
Gabie Demers-Morand