Un père n’est pas une mère!

« Un père, ce n’est pas une mère » : le père de mon fils a dit cette phrase alors qu’il ne parvenait pas à consoler notre bébé et que ce dernier a arrêté de pleurer dès que je l’ai pris dans mes bras. Ça m’a brisé le cœur. C’est ingrat, parfois, la job de papa!

J’ai été touchée de l’entendre constater son impuissance par rapport à cette situation, mais j’ai aimé sa phrase. Elle m’a fait réfléchir au fait que parfois, on dirait que c’est ce que je lui demande d’être : une deuxième maman. Ça m’a connectée à mon côté sombre, mon côté control freak, mon côté de maman qui aimerait que tout fonctionne comme elle le veut pour assurer une routine stable et constante.

Quand je vois ce genre de maman, je capote! Je les trouve étouffantes, contrôlantes, castrantes. Mais il faut que je me l’avoue, cette partie-là, je l’ai en moi aussi. Ce côté de moi qui ressort quand je manque de sommeil ou quand je doute de mes capacités. Eh! Oui, je l’avoue, j’ai déjà reproché à mon mari de ne pas être capable de faire la vaisselle en même temps qu’il s’occupait du bébé. Je l’ai engueulé parce qu’il ne trouvait jamais le linge du petit et je lui ai reproché de prendre à la légère la routine du sommeil. Bref, ça m’a plongée dans ce côté un peu caricatural qui fait partie de moi, mais que je n’aime pas du tout!

Maintenant, quand ça arrive, je me rappelle sa phrase. En effet, un père n’est pas une mère. Quand mon fils est avec son père, il ne reçoit pas les mêmes soins qu’avec moi. En fait, il reçoit les mêmes soins, mais pas de la même manière, nuance! Il revient de son changement de couche sans pantalons; le matin, il est habillé de façon dépareillée ou avec du linge trop petit, et il s’endort en écoutant du Bad Religion plutôt que de la petite musique douce, qui dans le fond, me gosse profondément aussi. Je pourrais poursuivre longtemps sur les différences, mais ce qui est important de préciser, c’est que chaque fois que je me retiens pour ne pas corriger la situation, pour ne pas critiquer. Quand j’arrive à me taire et à observer, ce que je constate est si beau!

J’ai vu mon fils (à moitié habillé) danser pour la première fois au son de la musique que lui jouait son père à la guitare. Je l’ai vu se rendormir seul (pas de bas) suite à une caresse de son père alors que je croyais qu’il avait besoin d’être bercé plus longuement. Et je l’ai vu partager sans bavette, mais avec appétit, un repas de burger maison en riant et en se dandinant au son du vinyle d’Iron Maiden que son père avait mis pour faire de l’ambiance. Pas l’ambiance que je recherche au souper, mais eux, ils avaient du fun. Son père, il ne connaît qu’une chanson : Take me out to the ball game. Personnellement, je trouve ça redondant, mais comme il la lui chante depuis qu’il est dans mon ventre, c’est devenu la chanson qui apaise le plus notre fils. Si je ne m’étais pas retenue, si j’étais intervenue, tout cela ne serait pas arrivé. Ces moments si simples, mais si magiques, auraient été gâchés pour un détail du quotidien.

Je vois mon fils avec les yeux qui brillent quand il entre dans l’univers de son père. Je les vois construire une relation solide et complice et cela me rend fière et me touche. Et quand je le vois tenter de consoler notre fils qui ne veut rien savoir de lui, quand je le vois me l’amener parce qu’il ne réclame que sa maman et que mon chum ne le prend pas personnel, ne se sent pas rejeté ni diminué dans son rôle, je me dis qu’on fait une belle équipe. Un père, ce n’est pas une mère et vraiment, c’est mieux ainsi.



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