Portrait d’un « congé » pour épuisement professionnel
J’étais en burnout. J’utilise aujourd’hui ce mot que je n’osais pas prononcer parce qu’il éveillait en moi beaucoup de préjugés. L’épuisement professionnel, le burnout ou le trouble d’adaptation éveille encore des préjugés et des réactions issues de la méconnaissance de cet état. Il y a une question à laquelle j’ai voulu répondre. Une question ne m’a jamais été directement posée : qu’est-ce que tu fais pendant un arrêt de travail pour t’en sortir?
En mode survie
J’ai commencé par faire des téléphones et j’ai accepté de pleurer en ligne avec un inconnu parce que c’est juste comme ça que j’étais à ce moment. Oui, j’ai fait des appels en mode survie ou « sur le radar », comme on dit. J’ai commencé par traiter mon dossier d’assurance salaire (besoin de sécurité financière).
Puis, j’ai cherché et trouvé un(e) psychologue qui fait partie du Programme d’aide aux employés (PAE) en passant par l’Ordre des psychologues. J’avais besoin de soutien psychologique.
J’ai informé mes amies de mon état. Plusieurs sont venues me voir et m’ont sortie. J’avais besoin de socialiser et d’être entourée de plaisir (même si on ne nage pas dans le plaisir, ça fait du bien de baigner dedans).
Quand je suis sortie du bureau de mon médecin, j’avais un certificat médical et une prescription en poche. Ma prescription : 1) Routine de vie 2) Exercice 3) Plaisirs quotidiens. J’ai donc mis ces trois choses au cœur de mon horaire en accordant une attention particulière au repos et en ne me mettant aucune pression de performance reliée à la reprise de mes activités physiques.
J’ai commencé par marcher seule dans le quartier, puis je suis allée dans des endroits plus inspirants comme le bord du fleuve ou le Vieux-Québec avec une amie. Mon médecin m’a prescrit de l’exercice physique et ma psychologue de l’exercice mental. J’ai essayé plusieurs choses : la méditation, la cohérence cardiaque, l’écriture, la lecture et le bricolage.
Vous avez peut-être déjà pensé que pendant qu’une personne est en arrêt de travail, elle met son cerveau à off, qu’elle reprend son retard dans ses séries télé préférées ou bien qu’elle dort toute la journée. Bref, qu’elle se paie de belles vacances sur le dos des assurances collectives du bureau. Si c’est le cas, vous vous trompez tellement.
Dans la réalité, on est en rendez-vous chez notre psychologue, on tente de méditer, de faire de l’exercice physique, de se reposer et quand on sent qu’on reprend du mieux, on reçoit un appel de notre assureur qui veut être certain qu’on ne prend pas un congé payé pendant trop longtemps. Ben non! On fait juste de notre mieux pour prendre du temps pour se comprendre et se retrouver.
En résumé, ce qu’on fait, c’est :
- Envoyer promener les sentiments qui nous rongent et qui ne sont pas aidants (culpabilité, colère, impuissance…).
- Faire fuir la tentation de vouloir savoir ce qu’on pense de nous parce qu’on est en arrêt de travail.
Rendu là, si ça nous travaille, on doit se rendre à l’évidence qu’on a un ménage à faire par rapport à l’importance qu’on accorde au regard des autres. Tout ce qui compte, c’est d’aller mieux! Pis ceux qui jugent, ils devront un jour ou l’autre travailler leur empathie. Laissons-les vivre leur expérience.
- Accueillir et accepter notre situation.
Quand bien même on voudrait, c’est ça qu’on vit, on peut toujours résister, mais ça n’aidera pas à s’en sortir. Choisir d’avancer, ça passe par l’accueil et l’acceptation de cet état pour le transformer en autre chose.
- Faire de son mieux et prendre soin de soi.
Sans pression, simplement prendre le temps de se déposer et de reconnaître son besoin « ici et maintenant », puis en prendre soin. Ma psychologue me l’a assez répété et j’ai tellement pratiqué!
- Envisager la vie qu’on souhaite et faire des choix cohérents.
Se demander ce qu’on souhaite vraiment nous permet de prendre conscience de ses valeurs et contre-valeurs, de ses priorités et de ses limites. Cela permet de faire des choix de vie éclairés.
À travers tout ce que j’ai mis en place, il y a un exercice qui m’a beaucoup aidée. Un exercice pour nourrir l’estime de soi. Je t’accompagne afin de le réaliser sur La famille de ma vie — Coaching.
Stéphanie Dionne