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La montée du WOW!

J’ai fait un beau burnout. À l’époque, on m’avait o

J’ai fait un beau burnout. À l’époque, on m’avait offert de lire : Un burnout en cadeau. Je n’étais pas prête tout de suite à voir ça comme un cadeau. Quand je travaillais à me remettre sur pied, il y a une chose à laquelle je tentais d’arriver : apprendre à me déposer. C’était ça, le cadeau.

Ma psychologue m’avait répété si souvent de prendre le temps de me déposer. Voilà qu’après deux séances, je m’assoyais à nouveau devant elle. Bien que je pensais me sentir mieux, je me suis assise et j’ai pleuré. Je pleurais et je cherchais les mouchoirs sur son bureau. J’étais découragée de pleurer encore. Avant d’arriver, j’avais le désir très fort de lui montrer que j’allais mieux et juste cette idée me procurait une certaine fierté. Mais non, c’était loin d’être le cas. Elle m’a alors dit : « Tu ne t’es pas encore déposée? » et j’ai répondu en sanglotant : « Je sais pas comment ».

Se déposer

Je ne pouvais pas savoir comment, je ne savais même pas ce que ça voulait dire. Tu l’aurais su, toi? Je ne savais même plus comment reconnaître mes besoins. Décidée à avancer et à apprendre à me déposer, j’ai appelé mon amie Manon Jean en renfort. Elle est fondatrice des ateliers Arbre en cœur, je sais qu’elle sait comment se déposer. Je lui ai dit en pleurant : « Il faut que je me dépose, mais je sais pas comment. » Elle a tellement ri. Elle a ri d’un rire rempli d’Amour et de Compassion qui m’a fait chaud au cœur. J’ai senti que j’étais accueillie et surtout comprise. Merci encore, mon amie.

Voici ce qu’elle m’a dit :

« D’abord, réjouis-toi, de désirer prendre soin de toi pour aimer davantage ta famille et tes amis. Réjouis-toi de constater que tu ne vas pas super bien et que par Amour, tu apporteras des changements à ta vie. Le but de la vie, c’est de trouver REFUGE dans son propre cœur et de lui faire confiance, et ce, sans attentes… Pas facile, car c’est un peu contradictoire avec tout ce qu’on voit. Prendre conscience que notre vie est brûlante, stressante et épuisante, c’est accepter que c’est nous qui en sommes les responsables. Ensuite, il faut laisser monter un sentiment de compassion tellement fort pour soi-même que tout se dépose ensuite. Peu importe comment les choses se déposent, c’est la réussite du sentiment de compassion envers soi… Rien de plus, rien de moins. Comme Bouddha l’a si bien dit : Le bonheur véritable est dans l’apprentissage de savourer ses propres vertus… savoir aimer, partager, être patient, compatissant, au moment même où nous les appliquons dans notre vie. Je te connais peu et beaucoup à la fois, mais tu es une fille UNIQUE avec un cœur AIMANT, tu es généreuse et radieuse… Ferme simplement les yeux et savoure ce que tu es… et une vague de wow montera en toi et ce wow est ta vraie nature. Faire confiance à cette vraie nature et en faire son chemin de vie, c’est ÇA, s’aimer pour vrai. »

Elle a fait naître en moi le début de cette Compassion et de cet Amour pour moi. Aujourd’hui, l’expression « Se déposer » prend tout son sens. C’est maintenant le chemin que je prends pour me retrouver dans un état de calme. C’est ma capacité de reconnaître les moments de stress pour m’arrêter et reprendre contact avec mes forces. C’est cette capacité de cesser de forcer pour me laisser porter par la vague qui me vient naturellement.

J’ai tellement forcé dans ma vie. J’ai forcé comme s’il fallait que je me batte pour réussir et que tout se réalise comme je le voulais et quand je le voulais. J’avais oublié un allié important dans la réussite : le T.E.M.P.S. La patience et la foi sont devenues mes alliées. J’ai appris que toute chose est bonne à cueillir lorsqu’elle est mûre.

En me déposant, j’ai appris à m’aimer et j’ai appris à profiter de chaque moment. « Se déposer », ça demeure une expression jusqu’à ce qu’on y ait donné du sens. Aujourd’hui, je connais le chemin que je dois prendre pour me déposer et il prend tout son sens chaque fois que j’y suis.

Je t’accompagne afin de te déposer sur La famille de ma vie — Coaching.

Stéphanie Dionne

Portrait d’un « congé » pour épuisement professionnel

J’étais en burnout. J’utilise aujourd’hui ce mot que

J’étais en burnout. J’utilise aujourd’hui ce mot que je n’osais pas prononcer parce qu’il éveillait en moi beaucoup de préjugés. L’épuisement professionnel, le burnout ou le trouble d’adaptation éveille encore des préjugés et des réactions issues de la méconnaissance de cet état. Il y a une question à laquelle j’ai voulu répondre. Une question ne m’a jamais été directement posée : qu’est-ce que tu fais pendant un arrêt de travail pour t’en sortir?

En mode survie

J’ai commencé par faire des téléphones et j’ai accepté de pleurer en ligne avec un inconnu parce que c’est juste comme ça que j’étais à ce moment. Oui, j’ai fait des appels en mode survie ou « sur le radar », comme on dit. J’ai commencé par traiter mon dossier d’assurance salaire (besoin de sécurité financière).

Puis, j’ai cherché et trouvé un(e) psychologue qui fait partie du Programme d’aide aux employés (PAE) en passant par l’Ordre des psychologues. J’avais besoin de soutien psychologique.

J’ai informé mes amies de mon état. Plusieurs sont venues me voir et m’ont sortie. J’avais besoin de socialiser et d’être entourée de plaisir (même si on ne nage pas dans le plaisir, ça fait du bien de baigner dedans).

Quand je suis sortie du bureau de mon médecin, j’avais un certificat médical et une prescription en poche. Ma prescription : 1) Routine de vie 2) Exercice 3) Plaisirs quotidiens. J’ai donc mis ces trois choses au cœur de mon horaire en accordant une attention particulière au repos et en ne me mettant aucune pression de performance reliée à la reprise de mes activités physiques.

J’ai commencé par marcher seule dans le quartier, puis je suis allée dans des endroits plus inspirants comme le bord du fleuve ou le Vieux-Québec avec une amie. Mon médecin m’a prescrit de l’exercice physique et ma psychologue de l’exercice mental. J’ai essayé plusieurs choses : la méditation, la cohérence cardiaque, l’écriture, la lecture et le bricolage.

Vous avez peut-être déjà pensé que pendant qu’une personne est en arrêt de travail, elle met son cerveau à off, qu’elle reprend son retard dans ses séries télé préférées ou bien qu’elle dort toute la journée. Bref, qu’elle se paie de belles vacances sur le dos des assurances collectives du bureau. Si c’est le cas, vous vous trompez tellement.

Dans la réalité, on est en rendez-vous chez notre psychologue, on tente de méditer, de faire de l’exercice physique, de se reposer et quand on sent qu’on reprend du mieux, on reçoit un appel de notre assureur qui veut être certain qu’on ne prend pas un congé payé pendant trop longtemps. Ben non! On fait juste de notre mieux pour prendre du temps pour se comprendre et se retrouver.

En résumé, ce qu’on fait, c’est :

  • Envoyer promener les sentiments qui nous rongent et qui ne sont pas aidants (culpabilité, colère, impuissance…).
  • Faire fuir la tentation de vouloir savoir ce qu’on pense de nous parce qu’on est en arrêt de travail.

Rendu là, si ça nous travaille, on doit se rendre à l’évidence qu’on a un ménage à faire par rapport à l’importance qu’on accorde au regard des autres. Tout ce qui compte, c’est d’aller mieux! Pis ceux qui jugent, ils devront un jour ou l’autre travailler leur empathie. Laissons-les vivre leur expérience.

  • Accueillir et accepter notre situation.

Quand bien même on voudrait, c’est ça qu’on vit, on peut toujours résister, mais ça n’aidera pas à s’en sortir. Choisir d’avancer, ça passe par l’accueil et l’acceptation de cet état pour le transformer en autre chose.

  • Faire de son mieux et prendre soin de soi.

Sans pression, simplement prendre le temps de se déposer et de reconnaître son besoin « ici et maintenant », puis en prendre soin. Ma psychologue me l’a assez répété et j’ai tellement pratiqué!

  • Envisager la vie qu’on souhaite et faire des choix cohérents.

Se demander ce qu’on souhaite vraiment nous permet de prendre conscience de ses valeurs et contre-valeurs, de ses priorités et de ses limites. Cela permet de faire des choix de vie éclairés.

À travers tout ce que j’ai mis en place, il y a un exercice qui m’a beaucoup aidée. Un exercice pour nourrir l’estime de soi. Je t’accompagne afin de le réaliser sur La famille de ma vie — Coaching.

Stéphanie Dionne

« Souris, papa »

Le bruit m’affecte. Beaucoup. Et c’est invivable.

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Le bruit m’affecte. Beaucoup. Et c’est invivable.

Pourquoi? Je n’ai pas de réponse précise à cette question, mais je continue à chercher des solutions.

L’été dernier, j’ai découvert un outil qui m’aide grandement : me boucher les oreilles. On était allés à une plage publique sur le bord d’un lac. J’y étais allé un peu à reculons, mais je voulais faire plaisir à mes enfants.

Sur place, j’étouffais. Il y avait plein de gens et la musique était vraiment forte. En bon militaire, je me suis concentré sur ma mission : rendre ma famille heureuse. Je devais trouver un moyen de décompresser à travers cela.

Finalement, je me suis trouvé un espace pas trop achalandé. Je me suis installé là avec ma chaise zéro gravité. Avec des coupe-sons de style industriel sur mes oreilles, mon chapeau et mes lunettes fumées, j’ai fermé les yeux pendant au moins deux heures. Après ce temps, j’ai ouvert les yeux de façon graduelle afin de m’adapter à l’endroit et ça a fonctionné. Depuis ce temps, je porte des bouchons dans mes oreilles. C’est beaucoup plus discret, j’avoue!

Les enfants grandissent et font de plus en plus de bruit le matin. Les petits cris aigus sont assez fréquents. Les chicanes aussi. Les rires sont de plus en plus forts. J’ai eu des crises intenses de rage, de la misère à me contrôler, et ce, pendant des années. Le bruit m’irritait, mais je ne savais pas pourquoi.

Au fil du temps, j’ai commencé à comprendre certaines choses. Ma psychologue m’aide à reconnaître les signes physiques de détresse pour m’aider à trouver des solutions. Maintenant, le matin, lorsque mes enfants parlent fort, crient ou se chicanent, je suis conscient des signes.

En découvrant les signes, j’ai découvert que j’avais des « blackouts ». Ne me demandez pas ce qui se passe pendant mes « blackouts ». Je ne pourrais pas vous le décrire.

Un matin de semaine, l’an dernier, aussitôt arrivé dans la cuisine, le bruit me faisait (physiquement) mal. Je me suis mis à paniquer. Très vite, mon irritabilité a grimpé. Le ton de ma voix a aussi grimpé soudainement. Mon rythme cardiaque s’est emballé. Ma respiration s’est faite plus courte. Mon champ de vision a commencé à rétrécir et ma vision à se brouiller. Une série d’événements s’est produite, mais à ce stade‑là, je ne voyais plus rien. J’avais un « blackout ». Ma femme m’a vu dans un moment de panique totale. J’avais de la misère à coordonner mes mouvements. Je ne savais plus quelle direction prendre. C’était le noir total.

« Souris, Carl. »

« Souris, papa. »

J’étais dans le noir total et j’ai entendu leurs voix.

C’est alors que je me suis « réveillé ». Je suis sorti dehors pour prendre l’air et décompresser.

C’est un exemple parmi tant d’autres. Mais c’est celui dont je me souviens le mieux.

« Souris » est un mot de code dont nous avions convenu ensemble lors d’une rencontre familiale avec la travailleuse sociale de la clinique de Blessure de Stress Opérationnel. Cette rencontre avait pour but d’expliquer aux enfants pourquoi papa avait une blessure et avait des services de réadaptation. Nous nous devions aussi de trouver des solutions pour m’aider à m’en sortir. Il a donc été convenu avec les enfants que lorsque papa aurait une crise, ils pourraient simplement dire : « Souris, papa ».

Et ça fonctionne!

Beaucoup de gens n’osent pas parler, car ils pensent qu’ils sont en train de devenir fous. Et bien moi, je vous en parle. Et je ne suis pas fou.

Les « blackouts » sont un des aspects les plus sévères du TSPT. J’en ai eu souvent. J’ai aussi fréquemment une réduction de mon champ de vision. Ça fait partie de mon quotidien si je m’expose en public.

« Souris, Carl. »

« Souris, papa. »

Je suis confiant que bientôt, « blackouts » et autres symptômes seront chose du passé, grâce aux personnes que j’aime le plus au monde!

Carl Audet

 

Le mauvais chum dans le salon

2004, j’étais presque à la fin de ma mission en Afghanistan, et

2004, j’étais presque à la fin de ma mission en Afghanistan, et j’avais le pressentiment que cette mission était la dernière de mes trois missions dont deux auparavant en Bosnie-Herzégovine. Car celle‑là, je la trouvais difficile et j’avais de la misère à me comprendre.

À mon retour, l’alcool s’est installé quotidiennement de façon rapide sans que je m’en aperçoive, car ça me faisait du bien. Ça me gelait sans que je m’en aperçoive à la fin de mes journées de travail.

2005, j’ai décidé de m’acheter une maison, car je ne pouvais plus rester dans les maisons militaires en rangées collées les unes sur les autres. Je ne sortais plus dehors. Je restais enfermé dans mon logement parce que j’étouffais avec le monde.

Ce fut l’achat d’une belle maison canadienne en pierre avec vue sur le fleuve St-Laurent, dans le bois et possédant un vaste terrain boisé. Par la suite, j’ai fait l’obtention d’un chien. J’étais heureux, enfin, je pensais que je l’étais. Ma consommation d’alcool avait nettement augmenté à une quantité phénoménale, que j’ai maintenue pendant quatorze ans. Je ne savais pas ce que j’avais. Toujours pendant ce temps, j’avais le pressentiment que quelque m’observait ou était présent avec moi. Mais je ne voulais pas vraiment y porter attention…

En 2007, j’ai connu ma femme, puis en 2008, nous emménagions ensemble. 2009 fut l’année marquante de l’arrivée d’une belle petite fille aux yeux bleus et 2013 fut l’année de l’arrivée d’un beau petit garçon aux yeux bleus lui aussi.

Puis à travers ces années, j’étais devenu un papa heureux et fier d’avoir de beaux enfants en santé. Mais cela impliquait aussi d’avoir une vie sociale que je n’avais pas avant car j’avais une vie isolée, ce que je n’avais pas remarqué.

2012, je n’en pouvais plus de souffrir avec mes douleurs physiques et chroniques. Je commençais finalement à utiliser le mauvais chum dans le salon qui était là tout le temps à m’attendre. Et il m’aidait pour faire des plans pour mettre fin à mes jours. Suite à cela, j’ai discuté avec l’infirmière en santé mentale de la base militaire et j’ai été référé à une psychologue en ville.

Mars 2013, libération médicale des Forces canadiennes pour mes blessures et mes douleurs aux genoux et au dos. Ce fut un soulagement, une pression de moins sur mes épaules. J’ai décidé d’arrêter tous mes médicaments avec l’accord de mon médecin parce que selon moi, l’armée était mon problème.

Automne 2017, quelle erreur de ma part ! J’avais encore pété les plombs un matin comme tant d’autres, jusqu’à faire un black-out. Je me sentais mal, j’avais mal au ventre, je n’avais plus le goût de vivre. J’avais fait du mal à mes enfants, ceux que j’aimais le plus au monde. Le mauvais chum du salon était encore là. J’ai appelé ma femme dans le stationnement du DIX30 à Brossard et je me suis mis à pleurer. Je craquais, je ne voulais plus vivre ainsi, j’avais besoin d’aide !

J’ai pris un rendez‑vous à ma clinique privée et en m’y rendant, je me voyais écrire des lettres d’adieux à mes enfants. Je me suis dit : bon, il est temps que j’arrive, car ce maudit chum de salon n’arrête pas ! Il m’aidait encore à faire des plans pour m’enlever la vie.

J’ai consulté des psychologues pour finalement découvrir que j’étais atteint du trouble de stress post-traumatique (TSPT), alors que j’avais toujours eu des doutes par rapport à cette blessure. Donc, j’ai dû avaler ma pilule et l’accepter ! Car oui ça pouvait exister, j’en étais atteint !

Avec ma thérapie maintenant, je me suis rendu compte que je m’étais développé une vie en accord avec ma blessure sans m’en rendre compte.

Depuis environ quatre mois, ce mauvais chum de salon, je l’ai mis dehors de ma maison avec les conseils de ma psychologue et depuis, ça va beaucoup mieux. Car tant et aussi longtemps que je garde ce mauvais chum près de moi, rien ne pourra m’aider.

Je lui ai dit : Va-t’en dehors, mauvais chum ! Je ne veux plus te revoir !

Carl Audet

Chercher le sens : le quotidien d’une psychologue pour enfant

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Vous défilez dans mon bureau chaque semaine. Je vous accompagne pour des motifs variés : anxiété, dépression, idéations suicidaires, trouble alimentaire et j’en passe. Vous avez 4 ans, 8 ans, 13 ans, 16 ans, peu importe, je vous rencontre et je vous écoute. C’est mon travail, je suis psychologue. Bien souvent, vous ne savez pas trop ce que c’est mon métier. Vous arrivez avec vos doutes, vos craintes, vos défenses. Pour certains, c’est une première, pour d’autres je surviens après une longue liste de professionnels rencontrés, de diagnostics émis, de médications essayées. Mes collègues vous voient, vous saluent, mais ne connaissent pas votre histoire. Vous avez l’air rieur, confiant, arrogant; pourtant, quand la porte de mon bureau se ferme, c’est toute votre souffrance qui prend la place. Plus le temps avance et plus vous êtes à l’aise. Ça prend quelques minutes pour certains, des mois pour d’autres, mais nous réussissons toujours à bâtir une relation de confiance. Je vous trouve courageux, brillant et pertinent.

 

Ce que je fais avec vous est simple et complexe à la fois : nous cherchons le sens. Chercher le sens, ça veut dire voir au-delà du symptôme. Ça veut dire que vous n’êtes pas fou, votre corps, vos comportements et vos paroles livrent le message d’un mal‑être beaucoup plus profond. Ce qui est merveilleux, c’est qu’en le trouvant, en le nommant et en le pansant, les symptômes s’atténuent, puis disparaissent. lls n’ont plus lieux d’être. Il ne s’agit pas de mauvais symptômes à dresser, contrôler ou faire disparaître, au contraire, ce sont les alliés de votre santé mentale. Vos crises de panique, d’angoisse, de rage, elles nous permettent de comprendre le sens de votre souffrance, le sous ‑texte de votre vie que vous n’arrivez pas à mettre en mots ou encore pire, qui a été mis en mots, mais ignoré et qui ressort en maux. Je ne suis pas l’experte qui vous aide, j’ai autant besoin de vous que l’inverse, car sans votre confiance et vos confidences, je ne comprends pas plus que vous ce qui vous arrive. C’est vous les experts de votre système; je possède les connaissances, vous possédez la réalité de votre quotidien et ensemble, on co-construit un espace de réflexion, d’écoute puis de changement.

 

Parfois, je me sens mal de tout ce qu’on vous demande, nous comme société. Je trouve, en effet, qu’on vous demande d’être dans la norme dès votre arrivée dans le ventre de votre mère. Ni trop gros, ni trop petit, préférablement avec le bon nombre de chromosomes. Même chose à votre arrivée au monde : il faudrait idéalement boire aux quatre heures, ne pas trop perdre de poids et le reprendre bien vite. Dormir seul à quatre mois, être propre rapidement, être sociable, bien vous intégrer à la garderie et à notre rythme de fou. Et hop, vous voilà rendu à l’école où, là aussi, il y a beaucoup de consignes et peu de place pour la différence. Apparemment, vous êtes plus royal qu’avant. Personnellement, ça ne m’inquiète pas, ça me rassure. Parce que oui, il n’y a pas si longtemps, tout le monde écoutait à l’école et personne ne remettait en question l’autorité parentale, mais pour quelle raison? Par peur? Parce que les émotions, ce n’était pas si important? Parce que la petite sœur au couvent pouvait donner un coup de règle? Je vois là le symptôme d’une génération à qui on apporte plus de soin, une génération qui nous crie nos imperfections. Je vois là une occasion de grandir, d’échanger, de nous écouter. Je vois là des enfants qui étouffent dans des cases rigides où le temps va trop vite et où la peur est au cœur des relations et des décisions. Mais s’il arrivait ceci ou cela? Mais si à l’adolescence, ça empirait? Mais si on laisse faire ça, qu’est‑ce qui arrivera ensuite? Avec nos peurs, nous perdons de vue l’essentiel : votre capacité à vous adapter et à changer si seulement on vous accueille et on vous encadre. Oui, il en faut des règles, un cadre, des limites, sans elles vous êtes perdu, sans elle vous allez trop loin et vous vous perdez de vue. C’est pour cela que la relation est importante, la réciprocité, l’échange, ce regard bienveillant qui apporte le réconfort et qui enseigne sans brimer.

 

 Merci de votre authenticité, merci de nous rappeler les failles de notre société, merci de nous faire réfléchir et grandir. J’espère que vous avez, sur votre chemin, des adultes significatifs qui croient en vous pour ce que vous êtes et non ce que vous faites : un père, une mère, un enseignant, un oncle, des grands-parents, peu importe, quelqu’un qui ne veut pas vous changer, qui prend le temps de vous écouter et de vous souligner ce qui vous rend unique. Et s’il faut aller voir un professionnel, je vous souhaite qu’il soit disponible et ouvert, qu’il vous fasse sentir bien et qu’il cherche avec vous à faire émerger votre identité dans ce qu’elle a de plus authentique. Votre potentiel est immense lorsque vous êtes bien accompagné.

 

Roxane Larocque

Ces psys qui changent des vies

Souper de famille comme tous les autres… On jase autour de la tabl

Souper de famille comme tous les autres… On jase autour de la table de choses bien ordinaires quand, tout à coup, mon 9 ans plante son regard sérieux dans le mien et déclare : « Maman, j’aime tellement ça t’écouter parler. Je trouve ça vraiment intéressant. » Décontenancée, je bredouille un genre de : « Merci, on s’en rejasera quand t’auras quatorze ans. » Ben oui, je suis plate de même.

Mais de toute façon, ma réponse avait peu d’importance. Je ne m’en doutais pas à ce moment-là, mais son affirmation avait bien peu à voir avec le récit de ma journée. Mon fils se découvrait simplement un grand intérêt pour écouter.

C’est deux semaines plus tard que je l’ai réalisé, lorsqu’il m’a annoncé qu’il s’intéressait à un nouveau métier potentiel : « Dans la BD que je lis, la fille voit un psychologue pour discuter des problèmes qu’elle a avec son diablotin. Ça me ferait un bon travail ça, non? » Tadam! Mon petit bonhomme, qui rêvait encore de devenir druide il y a deux ans, me parlait maintenant d’ouvrir un cabinet de psychologie.

Quand notre rejeton commence à se projeter dans sa vie d’adulte, ce n’est plus vraiment le temps de faire des blagues, alors je lui ai répondu avec mon cœur cette fois-ci : « Mon coco, choisir une carrière, c’est trouver de quelle façon nous souhaitons contribuer à la société. On peut aider les autres en étant mécanicien, médecin, enseignant ou chanteur d’opéra… On ne manque pas de problèmes à résoudre sur cette Terre, alors les options sont nombreuses. Mais je suis convaincue que l’écoute et l’accompagnement d’un bon psychologue peuvent changer toute une vie. Alors si ça te plaît, c’est sûr que ça te ferait un bon travail. »

Mon coco, il connaît seulement la version actuelle de sa maman, la version heureuse. Il ne connaît pas tout le chemin parcouru pour arriver à ce bonheur.

Me proposer de rencontrer une psychologue était le plus beau présent que mes parents pouvaient offrir à l’adolescente angoissée et perdue que j’étais il y a vingt ans.

J’avais tellement refoulé mes émotions que j’avais brisé le pont avec moi-même. J’ai passé mes premiers mois en thérapie à répondre : « Je ne sais pas » à la question « Qu’est-ce que ça te fait? » (Je vous laisse imaginer les longs silences malaisants des premières consultations.) Ma psy essayait de gratter la surface, mais on n’avait accès à rien. Blindée. Puis j’ai passé les mois suivants à répéter : « Mais je ne veux pas que ça me fasse ça » lorsque de petites bulles arrivaient tant bien que mal à émerger des profondeurs. Je devais apprendre à laisser mes émotions exister, leur faire une place sans les juger bonnes ou mauvaises. Et j’avais besoin de beaucoup de soutien pour y arriver parce qu’une sensation de vide insupportable grondait en dessous de tout ça.

Le type de thérapie que j’ai suivi ne visait pas à me guérir de quoi que ce soit. Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’apprivoiser ce que je ressentais et par le fait même, découvrir qui j’étais. Sans cette connexion avec moi-même, j’avais perdu ma boussole. Mes décisions étaient fragiles et volages, s’adaptant aux désirs des autres, essayant de plaire à tout le monde (on s’entend que c’est plutôt irréaliste comme objectif). Sans accès à ma colère, je laissais mes premiers chums dépasser mes limites. Je m’engluais dans des relations toxiques. J’acceptais de reprendre une relation avec un copain que je venais juste de laisser, à l’hôpital, après sa tentative de suicide. Je me présentais à un poste de police, terrorisée par un ex qui refusait de me laisser partir. Sans entrer plus dans les détails, vous aurez compris que ma vie amoureuse était loin d’être glorieuse.

Ma destinée a pris un chemin de traverse grâce à quelques années de thérapie tombées du ciel à une période charnière de mon existence. Je m’y serais inévitablement retrouvée plus tard de toute façon, à soigner un burnout ou une dépression… parce que, comme le dit si bien ce proverbe danois : « Qui suit les avis de chacun construit sa maison de travers. » Moi, j’ai eu la chance de construire une vie qui me ressemble et qui répond à mes besoins grâce à mes deux fantastiques psychologues (je les salue affectueusement en passant). Elles m’ont appris à me traiter avec bienveillance et m’ont donné les outils nécessaires pour devenir une femme, une amoureuse et une mère plus épanouie. Et peut-être que cette écoute respectueuse que j’ai fait entrer dans nos vies, mon fils a maintenant envie de l’offrir aux autres?

Elizabeth Gobeil Tremblay

Désemparent!

J’ai très peu dormi, à peine quelques heures…<

J’ai très peu dormi, à peine quelques heures…

Ma fille était en pleurs au souper hier. Une belle adolescente qui te lance au visage son mal de vivre. Total. « Pourquoi faut-il toujours faire semblant que tout va bien! » Elle n’arrive pas à communiquer. L’effort provoque encore plus de sanglots. Elle a même demandé, d’elle-même, à rencontrer le psychologue de l’école.

Je me sens si seul.

Sa mère est morte depuis cinq ans. Déjà. Avant son dernier souffle, je lui avais promis que tout irait bien… Sans doute l’influence de l’homme à la cape rouge. Ce héros masculin rassurant. Mais nous avons tous notre kryptonite. Moi, c’est le désarroi d’une femme.

Une mère, ça sait comment faire dans ces moments-là. Naturellement. C’est l’image que j’ai retenue. Comme une définition de tâches. Imaginons la pression qui pèse sur elles. Et tous ces hommes qui prennent cette fuite, dès qu’ils en ont l’occasion. Le singe dont on fait cadeau. Sans dire merci. Impossible dans mon cas.

Me voilà plutôt à blaguer. À faire le clown. Triste.

Mais je lui dis au moins l’essentiel. Que je vais l’aider. Que je l’aime. Au travers de mots superflus. De phrases mal dites. Michel, enlève donc ton masque. Tes filtres. Sois la personne sensible que tu es. Pas facile de m’écouter. La carapace est solide. Bâtie depuis l’enfance. Très peu m’ont vu sans.

Je ne lui dis surtout pas ce que je pense des psychologues. Des panneaux sur le bord de l’autoroute. Aux messages variés, voire contradictoires. On espère juste qu’ils veulent nous amener où on veut vraiment aller. Rien comme un être perdu pour égarer tous les autres dans son sillage. S’en rendre compte après toutes ces séances. C’est chèrement payé, un domaine aussi vague. Je sais, plutôt sarcastique.

Si c’était mon amoureuse, je la prendrais dans mes bras. Juste le réconfort. La chaleur d’un câlin. J’ai trop peur. D’elle. Pas capable d’oser. La crainte de l’animal sauvage de cet âge ingrat. Un père, est-ce que ça peut être affectueux avec sa fille? Dans mes modèles, un père n’était affectueux avec personne.

Je suis si perdu.

Je lui parle de sommeil (elle dort moins que moi). D’utiliser moins sa tablette. Que l’équilibre mental, c’est fragile. Que la météo n’aide pas. Que ça peut même être lié à un dérèglement chimique. Une carence. Qu’elle devrait recommencer à prendre des multivitamines. Que je le fais encore. N’importe quoi, qu’elle doit se dire.

Depuis, l’angoisse. Toutes ces heures à penser. Des solutions, c’est plus aisé à trouver pour soi. Le sort de ceux qu’on aime, ça embrume le cerveau. Solide. J’ai même encore entendu le début du chant des oiseaux. Ça prendra juste un peu plus de café pour faire ma journée.

Elle a manqué son autobus ce matin. J’étais content d’aller la reconduire à l’école. Juste être là. Tenter de lui glisser quelques mots de réconfort. Tout croche.

Je sais au moins que j’ai changé. Je n’hésiterai pas à demander de l’aide. À impliquer son entourage. Le mien. Facile, ce n’est pas pour moi. Vous commencez à connaître le personnage. Ne riez pas!

Son frère n’est pas de mon moule. Il est chanceux. Il me dira ce matin qu’il est inquiet pour sa sœur. J’en profite pour lui dire de ne jamais attendre d’en parler quand ça ne va pas. Je le rassure, je prendrai soin d’elle.

Serais-je un bon modèle? Malgré tout, malgré moi…

 

michel