Mon p’tit joueur de hockey
C’est vêtus de short et gougounes au pied que nous traînons la poche de hockey de fiston. C’est un rendez‑vous pour tous les petits joueurs de hockey ainsi que pour leurs parents afin de faire face au processus de classement pour la prochaine saison. J’enfile ma p’tite laine et je vais m’asseoir dans les estrades, doudou sur les genoux.
Un drôle de réconfort me submerge. Je me sens chez moi dans ce froid hivernal, entourée de gens aussi passionnés que moi. On se dévisage quelque peu malgré les beaux bonjours enjoués. Sans jamais se l’avouer, chacun désire ardemment que son fils performe plus que l’autre. Mais quand t’es sportif dans l’âme, c’est normal…
Mon fils s’essaie pour le double lettre. Ses amis le font et naturellement, il veut être avec eux. Mon huit ans est entouré de neuf ans et de dix ans. Certains ont plus d’une tête de plus, mais il ne se laisse pas impressionner.
La première mise au jeu retentit. Je vois la palette du bâton de hockey de mon fils trembler. Nerveusement et maladroitement, il fait la passe à son coéquipier. C’est parti. Mon cœur bat à tout rompre. Involontairement. Je me surprends à être si nerveuse que j’en perds le souffle. Mon cœur de maman lui souhaite tellement d’être choisi! « Let’s go mon gars, t’es capable! »
Mon fils a joué avec son cœur. Il a fait de son mieux et je l’ai vu. Quelques heures plus tard, nous regardons les résultats rentrer sur Internet et nous voyons qu’il a été coupé. Ordinaire…
C’est spécial, ce sentiment de déception. Nous étions si fiers de notre fils (et le sommes encore!) et pourtant, nous étions si déçus pour lui. Annoncer à son enfant qu’il a été rejeté n’est pas le meilleur sentiment au monde. Voir les larmes lui monter aux yeux, ne pas comprendre pourquoi, parce que lui, il le sait qu’il a fait de son mieux. Qu’il y a mis tout son cœur, tous les efforts du monde. Mais en vain. Ce n’était pas suffisant.
« Tu as tellement bien fait, mon chéri! Tu sais, tu étais avec des enfants âgés de neuf et dix ans, tu n’en as que huit et tu étais de leur niveau. C’est pas grave, tu vas rejoindre tel et tel ami qui n’a pas fait le classement. Tu pratiqueras tes points faibles et l’année prochaine, tu iras les rejoindre les yeux fermés. Tu vas voler sur la glace, mon gars! Vaut mieux être l’un des plus forts que le trentième repêché. »
Ces phrases, on les a toutes dites. Comme tous les parents de joueurs de hockey qui n’ont pas été sélectionnés durant leur camp d’entraînement. Mais c’est ça, un joueur de hockey, et année après année, nos enfants feront face à ces up and down. Certains seront choisis, d’autres pas. Vivre ces émotions avec eux vaut tout l’or du monde.
Peu importe le résultat, je suis fière de mon gars. Sa détermination et sa persévérance sont hallucinantes. La saison n’est même pas commencée et je capote déjà. Je serai là à chaque victoire comme à chaque défaite pour voir de mes yeux sa belle évolution.
À tous les p’tits joueurs de hockey et à leurs parents… bonne saison!
La hockey mom
Geneviève Dutrisac