Une pseudo plage!

C’est avec mon lecteur mp3 en main et mon kit de survie que je me suis dirigée d’un pas décidé vers la salle de bain. J’ai enfilé mon bikini, fait couler un bain pour que la buée envahisse mes miroirs. J’ai appuyé sur Play et la musique cubaine a envahi ma salle de bain. J’ai mis mes lunettes fumées (tout aussi embuée que mes miroirs) devant mes yeux et je me suis glissée dans le bain. Ah oui! J’ai oublié que j’avais en main un Sex on the beach! Et là, je me suis concentrée très fort, j’ai visualisé une plage de Cuba et pendant quelques minutes, j’y ai presque cru.

 

Tout ça parce que quelques heures plus tôt, j’ai fait pour la millième fois le même constat. Quand on devient maman, on s’oublie.

 

Je ne me rappelle même plus la dernière fois où j’ai magasiné pour moi, juste pour le plaisir. Il y a eu plusieurs tentatives, mais une sorte de force obscure m’entraînait systématiquement vers le rayon des enfants que je dévalisais. Je revenais avec les mains remplies de sacs, rien pour moi ou presque, sauf un paquet de bobettes à rabais, parce que le mot « nécessité » ne convenait même plus pour décrire celles que j’avais à la maison.

 

Des vacances dans le Sud, c’est devenu une blague pour moi. Avec un beau-fils et trois filles, pas facile d’économiser. C’est fou comme les enfants, ç’a toujours besoin de quelque chose. Les poussées de croissance qui font que les vêtements que tu as achetés deux mois plus tôt ne font plus, les rentrées scolaires, les anniversaires (les leurs et ceux des amis parce que maintenant, ça prend une ligne « fêtes d’amis » dans ton budget), Noël, et sans oublier tous les besoins que nous, parents, on leur crée.

 

Lorsque je suis devenue maman, je suis descendue bien bas dans ma liste de priorité. Je ne le regrette pas. Ma mère l’a fait pour moi et j’espère que mes enfants le feront pour les leurs. Mes filles grandissent et bientôt, je devrai prendre rendez-vous pour les voir. Du temps pour moi, j’en aurai tellement que je ne saurai plus quoi en faire…

 

Mais ce soir, je retourne à mon Sex on the beach (un lundi soir), ma musique (dont j’ai un peu monté le volume) et ma plage improvisée.

 

Je plonge la tête sous l’eau, parce que les enfants ne sont pas couchés et que papa tente tant bien que mal de gérer la guerre qui vient d’éclater.

 

Mélanie Paradis



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