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Doit-on apprendre à aimer à nos enfants?

Les médias relatent des histoires toutes aussi horribles les unes q

Les médias relatent des histoires toutes aussi horribles les unes que les autres. Comme si les horreurs conjugales faisaient partie intégrante du quotidien des derniers temps. À la suite de ces drames, je lis dans les médias à propos de la question de l’enseignement de l’amour aux enfants et des façons d’aimer et de bien aimer (à lire : le très bon éditorial de Patrick Lagacé dans La Presse+). Même le gouvernement se pose la question d’un plan d’action sur les violences conjugales, comme s’il s’agissait d’une épidémie. Est-ce qu’il a fallu encore plus de victimes pour qu’on s’interroge?

En tant que parents, doit-on apprendre à nos enfants à AIMER? Ils connaissent l’amour à travers nos yeux, ceux de leurs grands-parents, leurs amis, mais comment décrit-on l’amour avec un grand A? Ce sentiment puissant, qui nous prend aux tripes, qui peut être difficile à gérer, à comprendre, à maîtriser… Les enfants voient les signes d’amour : des baisers, des caresses à travers les adultes, les films, les histoires. Mais jamais on n’explique le sentiment, invisible, intangible et pourtant essentiel à toute vie humaine. Ils voient aussi des gens qui disent s’aimer, mais qui se disputent. Vos enfants ont été témoins de vos querelles de couple; comment leur dire que l’amour, c’est aussi d’affronter ses différences, d’assumer ses choix et de faire des erreurs?

Non, l’amour ce n’est pas toujours rose, toujours beau. Aimer, c’est respecter l’autre et c’est souvent difficile. C’est parfois renoncer à soi-même, à son propre bonheur, pour le bonheur de l’autre. Boucar Diouf parle de l’égo. Oui, c’est l’égo qui tue l’amour. Ne pas vouloir perdre la face, ne pas vouloir être blessé, vouloir avoir le dernier mot. Comme si l’amour se jouait sur un champ de bataille à coups de mots blessants, de crises de jalousie, de coups bas, de textos enragés ou pire encore, de poings levés, d’actes irréversibles.

Vous souvenez-vous de votre premier amour? De votre première peine d’amour, comme si le ciel venait de vous tomber sur la tête? Vous vous en êtes remis, car le temps fait bien les choses. Mais comment un enfant, un adolescent peut-il comprendre ce qui se passe en lui si on ne lui en a jamais parlé? Il est temps de démystifier ce sentiment ambivalent. Oui, ambivalent. J’ai toujours pensé que la détresse et l’amour étaient si proches. La personne aimée est souvent mise sur un piédestal, mais inévitablement, elle nous déçoit, elle tombe de son palais doré qu’on lui a créé. Alors, le sol s’effondre sous nos pieds. C’est le chaos. Aimer une personne, c’est accepter de la laisser partir, accepter ses défauts, accepter qu’elle ne nous appartient pas. L’amour, c’est lâcher prise.

Il est temps d’apprendre à nos enfants à AIMER. Aimer est la plus belle chose au monde, c’est un cadeau merveilleux, une aventure à deux formidable. L’amour, c’est la vie!

Gabie Demers

Mon tigre

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Il se déchaîne sans prévenir, sort d’un coup, sans aucun contrôle, et saccage tout. Il prend les rênes, utilise mon corps, ma voix, mes gestes… de façon si violente. Il attend sagement sans bruit et sans prévenir : il explose. Il fait du mal à ceux que j’aime, il est destructeur. Il fait partie de moi. Il est en moi. Il est moi.

J’essaie de le dompter, vainement. J’essaie de l’épuiser, vainement. Il est tellement en colère. Incontrôlable.

Et d’une certaine façon, il est aussi mon moteur, mon énergie, ma passion, celui qui m’aide à me surpasser, à atteindre des sommets, à faire des exploits que je ne me soupçonnais pas être capable de faire.

Je l’appelle mon tigre. J’en ai besoin, mais il me déchire. Il a toujours été là. Aussi loin que je me souvienne, il était là. Il surgissait comme ça, sautait au visage des autres, les agressait, m’enlevant le peu d’estime de moi que je m’efforçais d’avoir.
J’ai même essayé de le détruire, de me détruire… mais il est trop puissant et il ne m’a pas laissée faire. Il a une rage de vie incroyable, bien plus forte que les maux que je lui infligeais.

Quand la vie a poussé en moi, il s’est un peu tassé, mais il était toujours là, aux aguets, prêt à surgir n’importe quand.

Il n’a pas de pitié : il détruit. J’essaie de le calmer, de l’amadouer, de le fatiguer, mais il reste tellement sauvage !

J’ai même essayé de l’accepter, de le regarder en face, de le remercier. Mais il est traître et n’a aucune reconnaissance.

Il fait peur. Jusqu’où est-il capable d’aller? Qu’est-il capable de faire? Dois-je avoir recours à la médecine pour l’endormir pour toujours, au risque de perdre une partie de moi? Avant que les dégâts soient irréparables… L’amour et le pardon sont-ils plus forts que lui? Avons-nous tous une bête féroce en nous qui nous surprend? Est-ce cela qui fait de nous des meurtriers, des agresseurs, des violeurs? Est-ce dans la nature humaine d’avoir du fauve en soi?

Mon tigre est bien là, j’ai beau essayer de l’oublier, il refait surface et ravage tout sur son passage. Je me montre calme et forte, mais en dedans, c’est tumultueux.

Est-ce pour cela que l’humain tombe dans la drogue ou l’alcool? Pour essayer de geler son tigre? Quelles sont mes options pour le contrôler, l’utiliser sans le laisser déborder ni prendre le contrôle? La sagesse de l’âge finira-t-elle par m’apporter ces réponses?

Chaque jour, il sommeille en moi… Il me fait terriblement peur, mais je ne peux m’empêcher de l’aimer. Chaque jour, je le défoule ; il en a besoin, sinon il surgit. Chaque jour, il me donne l’énergie de me surpasser. Je réalise que de plus en plus souvent, je suis capable de le laisser sortir quand je le décide, et sûrement qu’à ce moment-là, les gens autour pensent que je suis folle. Nous le sommes tous, non? Je lui donne un peu de liberté, et je le renferme en moi. Chaque soir, je le remercie de ne pas être sorti sans mon accord. Il sommeille… Il est mon essence et ma flamme. Je l’attise en essayant qu’il ne brûle pas. Chaque soir, je prie pour qu’il ne s’enflamme pas…

Si vous regardez mes yeux, de tout près, regardez bien… Vous verrez cette lumière intense qui s’embrase en moi. Il est là, puissant, fort et fier.

 

Être maman

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Nous devenons une maman à l’instant même où les nausées du matin nous font réaliser le grand changement qui s’opère dans notre corps. Un jour, des papillons au creux de notre ventre nous confirment qu’un petit être est là : en nous. Un hôte bien particulier qui sera désormais notre priorité. Il change tout : nos repères, nos priorités, nos valeurs. Et il donne un sens insoupçonné à notre vie. Nos enfants poussent en nous et je crois qu’ils seront toujours une partie de nous.

En effet, quand nous sommes au travail, nous nous demandons toujours ce qu’ils font : sont-ils en route pour l’école? Ont-ils oublié leur boîte à lunch? Ont-ils pensé à prendre leurs affaires de sport? Leur clé de maison?

Quand nous passons du temps avec notre amoureux, nous nous préoccupons : sont-ils bien? Ont-ils chaud, froid, faim, peur? Sont-ils en sécurité?

Si dans leur regard, il y a de la tristesse, notre cœur pleure. Si leurs yeux pétillent de joie : notre cœur rit lui aussi. S’ils relèvent fièrement la tête et bravent les défis, notre cœur déborde de fierté.

Nous sommes eux, un peu… même s’ils détestent que l’on dise cela : MON bébé, MON enfant, MON grand… Ils veulent être EUX-MÊMES et se détacher… 

Alors, avec amour et résilience, nous leur faisons croire qu’ils sont libres. Mais au fond de notre cœur, la fusion ne nous quitte jamais vraiment. Quel que soit l’âge de nos enfants, ils seront toujours nos petits. Un cœur de maman aime, pardonne, donne sans compter, et bat au rythme de celui de ses enfants.

Si quelqu’un ose toucher à nos enfants ou les blesser, nous devenons des lionnes sans pitié; s’ils sont aimés et respectés, nous sommes apaisées.

Tous les livres de psychologies veulent nous forcer à les laisser aller, mais dans le fond de mon cœur de maman, mes trois bébés feront toujours partie de moi. Comme une continuité de la vie que j’ai semée. Ils sont un peu moi… Mais chut… Ne leur dites surtout pas…

Je garde ce secret au fond de mon cœur. C’est cela être maman : continuer de trembler chaque fois que nos enfants perdent l’équilibre, mais sans le leur montrer…