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Ami imaginaire… ou paranormal ?

Lorsque ma plus vieille avait deux ans, elle est sortie de sa ch

Lorsque ma plus vieille avait deux ans, elle est sortie de sa chambre en me disant qu’il y avait une petite fille assise sur son lit. Tout de suite, je me suis dit qu’elle avait un ami imaginaire. Cependant, la petite fille ne la suivait pas partout. Elle jouait seulement avec elle dans sa chambre.

Une nuit, ma cocotte s’est mise à pleurer. Je suis allée la voir. En ouvrant la porte de sa chambre, je ne l’ai pas vue dans son lit. Tout de suite, je me suis dit qu’elle avait un ami imaginaire. Elle n’y était pas ! La panique montait en moi. Je me suis mise à la chercher partout dans la maison. Je ne la trouvais pas. Je l’ai entendue pleurer de nouveau et ça venait de sa chambre. En entrant, j’ai entendu un bruit venant du garde-robe. Je l’ai ouvert. Ma cocotte y était, couchée sur une boîte de couches. Bien bordée, son verre d’eau près d’elle et son doudou fétiche dans les mains. Comment expliquer ceci ? Mon chum et moi, on n’a jamais réussi.

J’ai laissé les choses aller en me disant qu’en vieillissant, son ami imaginaire disparaîtrait. Naturellement, c’est ce qui s’est passé. Vers l’âge de cinq ans, elle ne m’en a plus parlé.

Cette chambre, elle est près de la nôtre. Alors, quand notre deuxième enfant a vu le jour, c’est devenu sa chambre. Dans sa deuxième année de vie est apparue la petite fille assise sur son lit. Elle jouait avec elle, beaucoup, plus que la première. Parfois, elle sortait de la chambre en disant : « La petite fille est fâchée et ne veut pas jouer avec moi. » Je me suis rassurée en me disant qu’elle avait un ami imaginaire elle aussi. Que toutes les similitudes étaient des coïncidences.

Et pour ma dernière, ce fut la même chose. La petite fille est apparue sur le lit, mais plus tôt, vers ses dix‑huit mois. Un jour, en la changeant de couche, j’ai cette impression qu’il y a quelqu’un derrière moi. Je suis seule à la maison avec cocotte numéro 3. Au même moment, elle dit « Bonjour pessieu ! » J’ai figé sur place. Pour me rassurer, je lui dis qu’il n’y a personne, qu’il n’y a pas de monsieur. Elle me répond « Oui maman, pessieu a un papeau (chapeau) ». Elle ne semble pas avoir peur, mais ne veut pas que je la dépose au sol. Elle finit par dire « Bye bye pessieu ! » Elle se débat pour que je la pose et elle retourne jouer. Moi, je n’ai pas la sensation d’être observée. Elle est partie en même temps que le « bye bye » de ma fille.

Ma théorie sur les amis imaginaires a été ébranlée. Le pessieu et la petite fille l’ont accompagnée jusqu’à ses cinq ans. Ensuite, ils ont disparu.

Quand nous y repensons mon chum et moi, nous nous demandons si nous n’avons pas eu affaire avec du paranormal. Trop de choses difficilement explicables (je ne vous ai pas fait part de tous les événements, mon texte aurait été beaucoup trop long.) Mon côté rationnel penche vers les amis imaginaires.

Mais il reste un doute…

Qu’en pensez-vous ?

Mélanie Paradis

Il s’appelait Atagne

Il est apparu dans notre vie comme une brise de printemps. Apportant

Il est apparu dans notre vie comme une brise de printemps. Apportant avec lui un air pur et frais. Sa présence à nos côtés rendait l’atmosphère tantôt calme, tantôt inquiétante.

Nous l’avons laissé jouer avec notre petite de quatre ans. Leurs jeux étaient remplis de grande complicité. Jamais je n’avais vu ma fille rire à gorge aussi déployée. Les histoires qu’ils se racontaient ! Puis, petit à petit, il s’est immiscé dans notre vie. Notre quotidien. Ma fille a même pleuré pour qu’il passe la nuit à la maison. C’est à ce moment-là que l’on s’est inquiété de leur étroite relation.

Il devait avoir son âge. Je crois. Je croyais.

Comment savoir. Je ne l’avais jamais vu.

Atagne, c’était son nom. Il était apparu dans nos vies peu après la naissance de ma dernière, Emmanuelle. La plus grande de la famille, Julia, était alors en première année du primaire. Lauriane s’est alors faite toute petite entre l’absence de Julia et la présence trop exigeante d’Emmanuelle. Elle s’est alors invité un ami. Inventé serait plus juste. Atagne est apparu.

Au tout début, il n’était présent que lorsque je donnais le lait à Emmanuelle. Lorsque je changeais la couche. Puis, peu à peu, Emmanuelle a exigé ma présence à ses côtés. Une enfant qui faisait du reflux de deux heures de l’après-midi jusqu’aux petites heures du matin. J’étais constamment auprès de celle qui en avait le plus besoin. J’avais retiré Lauriane du service de garde lorsque j’étais devenue enceinte (ben oui, je n’avais pas imaginé qu’une grossesse pouvait différer d’une autre). Je l’ai donc soumise à une attente interminable. Aux deux petites minutes qui se transformaient en demi-heures. Puis en heures

Je la trouvais débrouillarde de s’inventer autant de jeux du haut de ses quatre ans. Et très honnêtement, cela me soulageait. Jusqu’au jour où son besoin d’attention lui a fait faire des petits trucs qui n’étaient jamais de sa faute. Elle a commencé à jeter le blâme sur son nouveau copain de jeu. Difficile de le sermonner. Je savais qu’elle ne voulait pas mentir, mais c’était plus fort que moi. Je lui disais que ce n’était pas vrai ! Qu’il n’existait pas. Elle a dû réparer les bêtises de son confrère de jeu.

Plus le temps avançait, plus Atagne devenait trop présent. L’imaginaire de ma fille se confondait avec la réalité. Elle faisait des crises pour qu’il embarque dans son siège de voiture, pour que je lui fasse une place à la table. Nous avons déjà fait une marche dans le quartier avec Atagne dans la poussette et Lauriane qui marchait à côté de mon conjoint. La honte pour ce dernier. Pousser Atagne pour faire plaisir à sa fille. Une poussette vide, mais remplie de l’imaginaire d’une enfant de quatre ans.

J’avais laissé entrer cet individu chez nous, mais voilà qu’il ne pouvait plus partir. Ma fille l’en empêchait. Elle le retenait captif dans sa réalité, son imaginaire.

Elle était imaginative, créative. Mais je la sentais seule. Je me suis documentée, car il m’importait de la remettre en relation avec nous. L’inconnu m’effrayait.

Et c’est alors que j’ai compris que cet ami l’aidait à apprivoiser ces moments où elle était seule. Comme elle n’avait pas beaucoup d’amis au courant de sa journée, il lui a permis de connaître ce que c’était que de vivre avec les autres. Je l’ai observée, je les ai observés. Ils ont appris ensemble les bases des relations sociales. Cela n’a affecté en rien ses relations avec ses pairs une fois rendue à l’école. J’avais si peur qu’elle se referme sur elle‑même. Non, au contraire, elle était ouverte aux autres.

Cet ami lui a permis de mieux comprendre la nouvelle situation qui s’était présentée à elle. C’était la première fois qu’elle était grande sœur. C’était la première fois que maman était moins présente auprès d’elle.

Puis, j’ai laissé Atagne être là. Cela m’a permis de découvrir tellement sur ma fille. Atagne était en quelque sorte les goûts, les intérêts de Lauriane. Il était aussi ses émotions. J’ai tellement appris sur elle. Dans le quotidien d’Atagne, je découvrais ma fille.

J’ai finalement accepté cet ami, sans toutefois lui accorder la même importance que Lauriane. Je l’ai considéré comme un allié dans cette transition. Notre routine s’est établie petit à petit avec notre nouvelle famille et Atagne s’est dissipé dans les besoins de Lauriane. Il nous a quittés, peu avant son entrée à la maternelle. Aussi subtilement qu’il était entré dans nos vies.

Plusieurs années plus tard, nous avons évoqué le prénom d’Atagne lors d’un souper. Lauriane l’avait oublié. Mais pas à 100 %. Elle nous a regardés avec un air ébahi, sans trop comprendre ce que ce prénom lui faisait vivre dans son for intérieur. Nous lui avons alors raconté leur histoire. Nous avons ri. J’ai, comme toujours, versé deux ou trois larmes de nostalgie.

Atagne nous a quittés, mais jamais définitivement. L’imaginaire n’a pas de fin. Ni dans l’espace ni dans le temps.

Soyez rassurés. Les amis imaginaires sont positifs. Des petites bêtes qu’il nous faut toutefois apprivoiser.

P.S. J’ai eu le loisir de rencontrer Atagne un jour. Nous étions en visite chez mes parents. Lauriane m’a crié de venir la rejoindre. Atagne était à la télévision. Elle me l’avait toujours décrit avec des cheveux mi-longs, bruns. J’ai accouru devant le téléviseur. Une bataille à l’écran. C’était le film Le dernier des Samouraïs. Puis, au milieu de la cohue, Atagne. Il était là. Campé dans le personnage de Tom Cruise. Ma fille aura le don de choisir ses partenaires de jeu.

Mylène Groleau