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Où étiez-vous il y a vingt ans ? Texte : Nathalie Courcy

Ceux qui étaient nés avant s’en souviennent sûrement. Ceux qui sont nés après ne connaîtront

Ceux qui étaient nés avant s’en souviennent sûrement. Ceux qui sont nés après ne connaîtront jamais l’avant.

L’avant 11 septembre 2001.

Avant les attentats. Avant le terrorisme qui tourne en boucle sur toutes les chaînes. Avant les aéroports où il faut enlever ses souliers et subir le scan corporel. Avant la terreur devant tout ce qui ressemble de près ou de loin à un turban. Avant la mort de près de 3 000 personnes, sans compter les autres, ceux qui ont suivi, blessés ou traumatisés.

Où étiez-vous ce matin-là ?

Quel est votre premier souvenir associé aux attentats du World Trade Centre, de Pennsylvanie et du Pentagone ? Comment avez-vous appris ce qui se passait ? Combien de temps avez-vous passé collés devant les écrans de nouvelles dans les jours et les nuits qui ont suivi ?

Connaissiez-vous des victimes, identifiées ou non, de ces attentats ? Avez-vous visité Ground Zero par la suite ?

Si vous avez des enfants, des petits-enfants, leur avez-vous parlé de cette partie marquante de l’Histoire ? Vous en parlent-ils quand ils reviennent de leurs cours portant sur le monde contemporain ? Comment abordez-vous ce sujet avec vos ados en cette année de commémorations ?

Qu’en gardez-vous ?

Pour ma part, j’étais chef d’équipe d’un site touristique situé dans une base militaire de Québec (la Citadelle, pour ne pas la nommer). Je me souviens d’avoir dû faire le tour du site pour escorter les groupes de visiteurs à l’extérieur sans pouvoir leur donner d’explications. Je me disais, en particulier en regardant nos visiteurs américains : « Ces gens vont arriver dans un restaurant de la vieille ville ou à leur chambre d’hôtel, et ils vont comprendre. L’équation va se faire en une seconde : leur pays était attaqué ».

Pour moi, Québécoise qui habitait à quelques heures de la frontière américaine, je me sentais à la fois trop proche et très loin de ce qui se passait. La liberté était attaquée. Nous sommes voisins des Américains, nous habitons en Amérique du Nord, nous sommes Occidentaux, mais nous sommes Canadiens. J’espérais que ce serait suffisant pour préserver nos vies, un peu comme quand on voyage avec un drapeau unifolié sur notre sac à dos. Je verrouillais les musées du site, à deux mètres de la résidence du gouverneur général et je n’étais pas grosse dans ma jupe de chef d’équipe. J’espérais que le Canada soit trop inintéressant pour…… je ne savais pas qui. Je ne savais pas ce qu’ils voulaient. Je ne savais pas ce qu’ils planifiaient ni quand ça finirait. Mais je savais que ça faisait mal au Monde.

Vingt ans ont passé. Les attentats ont été suivis de plusieurs autres tueries à petite et grande échelle. Humains contre Humains. La pire lutte de pouvoir possible.

Si les premières informations en ont fait sauter plusieurs aux conclusions, il a bien fallu apprendre de ces événements.

Musulman ne veut pas dire taliban.

Religion ne veut pas dire spiritualité et encore moins extrémisme.

Taliban ne veut pas dire djihadiste.

Peur ne veut pas dire xénophobie.

Attentat ne veut pas dire fin du monde.

Réglementation ne veut pas dire fin de la liberté.

Mes propos vous choqueront peut-être. Sachez que j’ai une empathie immense pour tous ceux qui ont souffert et qui souffrent à cause des attentats du 11 septembre 2001. La perte a été exponentielle. Le drame humain a causé un traumatisme, comme les guerres mondiales, les famines, les catastrophes naturelles dévastatrices. Et pour plusieurs, la plaie reste ouverte. Je suis avec vous. Je suis l’une de vous.

Je suis pour la liberté, contre la violence. Je suis pour l’ouverture, la cohabitation, l’harmonie. Je suis pour l’humanité. De tous les côtés, des humains ont souffert et souffrent. De tous les côtés, des individus et des groupes ont fait du mal et du bien. Les croyances sont différentes, très polarisées, et le clash a été brutal. Tragique. Il l’est encore et malheureusement, il se répète. Le vivre et laisser vivre sont loin d’être atteints. Mais on peut continuer d’y travailler, d’abord en nous et autour de nous.

Peu importent notre religion, nos allégeances politiques, notre statue économique, nos blessures, nos croyances spirituelles, notre culture et nos souvenirs, notre couleur de peau, nos origines et notre pays, nous pouvons faire une différence. Traitons les autres en humains et exigeons pour eux le même respect que nous exigeons pour nous. Construisons une humanité qui a appris de ses erreurs.

 

Nathalie Courcy

Le jour où je me suis dit fuck off ! Texte : Maggy Dupuis

Parce qu’on a tous des journées moins faciles. Pour toutes sortes de raisons. Mais parfois, les j

Parce qu’on a tous des journées moins faciles. Pour toutes sortes de raisons. Mais parfois, les journées deviennent des semaines, des mois et même des années.

 

Le temps pèse lourd. Trop lourd. Je ne sais pas si c’est mon anxiété qui m’a grugée autant de jus ces dernières années, mais disons que j’avais une charge mentale particulièrement élevée. Pas que ma vie était plus difficile que celle d’une autre, non. Mais je me mettais des standards trop élevés pour ce que mon corps pouvait encaisser.

 

En 2015, j’ai payé cher cet entêtement à toujours performer partout. Il a fallu que je descende dans les bas-fonds pour pouvoir me retrouver et analyser la situation. Mon corps me parlait. Je me devais de l’écouter. Trop souvent, je l’ai ignoré. Je l’ai négligé. Non pas par manque d’amour, mais par manque de temps. Par perfectionnisme. Par orgueil aussi. Parce que je voulais être LA mère qui y arrive. Qui ne se plaint pas. Celle qui concocte de bons petits plats, qui travaille à temps plein, qui gère les rendez-vous, la garderie, l’école, les sports, les devoirs… Alléluia !

 

Après deux ans, j’ai enfin réussi à renouer avec mon corps, mon esprit et ma tête. Je me suis choisie. J’ai choisi mes batailles. J’ai arrêté de courir sur mon heure de dîner pour aller commencer à couper mes légumes pour le souper du soir. J’y allais pour économiser un peu de temps, et pourquoi ne pas finir de laver la vaisselle que les petits avaient laissés avant de quitter à vive allure pour l’école et la garderie. Après tout, ce serait moins démoralisant à mon retour.

 

Mais moi, j’étais où dans tout ce brouhaha ? J’étais loin. Très loin. Le seul temps où je sentais qui j’étais, c’était dans mon quinze minutes de douche que je m’allouais… lequel finissait souvent avec moi recroquevillée en petite boule au fond de la douche à pleurer toutes les larmes de mon corps.

 

C’est à ce moment que je me suis dit fuck off ! Mes enfants ne m’aiment pas plus parce qu’ils ont une soupe aux légumes fraîchement préparée. Ils ne m’apprécient pas plus parce que la vaisselle est faite et rangée à sa place. Mes enfants m’aiment quand je suis avec eux, entière. Quand ma tête est disposée et avec eux complètement. Quand nos regards se croisent et que nos yeux brillent d’amour et de bonheur. Quand on rit aux larmes. Quand on se colle et qu’on se câline. Ce sont ces moments qu’ils se souviendront et non pas des repas fraîchement cuisinés chaque jour, au détriment d’une maman épuisée et non disponible émotivement. Depuis ce temps, je caresse la vie autrement. Je profite du temps de qualité avec eux. Je ne suis plus la supermom toujours trop occupée.

 

J’ai fait un doigt d’honneur bien haut à la vie et aux standards qu’on tente d’exiger aux mères en 2021. J’ai choisi le temps au détriment du rangement. J’ai choisi l’amour plutôt que l’épuisement. J’ai choisi de profiter plutôt que de subir. Je t’invite à l’essayer toi aussi. Essayer de trouver ton équilibre. De faire fuck off de temps en temps. Tu as le droit de te reposer. Tu as le droit de respirer. Tu as le droit de lire un livre le soir plutôt que de faire une brassée de lavage. Les petits ne se sentiront pas négligés pour autant.

 

Allez cher parent, choisis-toi et profite de tous les beaux moments qui te seront présentés. Après tout, ces petits humains ne nous sont prêtés que pour quelques années !

 

Maggy Dupuis

Lettre à mon enfant : tu vas vivre dans ce monde…

Tu vas vivre dans un monde où l'humain règne et détruit tout. Tu vas vivre dans un monde où l'ar

Tu vas vivre dans un monde où l’humain règne et détruit tout. Tu vas vivre dans un monde où l’argent décide tout.

Tu vas vivre dans un monde où l’on tue des hommes, des femmes, des enfants… À coup d’avion, de fusil, de hache, de camion, de bombe ou de couteau… Sous prétexte d’un dieu qui se contrefiche des innocents corps gisants.

Tu vas vivre dans un monde où l’on est capable de regarder mourir un homme et de le filmer, plutôt que de lui porter secours.

Tu vas vivre dans un monde où tu risques de mourir en tout temps, à toute heure, emporté par une haine grandissante, un cancer religieux qui s’infiltre partout et frappe aux quatre coins de la planète.

Tu vas vivre dans un monde où la nature se déchaine, perturbée dans son équilibre par une dévastation humaine, emportant tout sur son passage, brulant, inondant, déchirant le sol.

Tu vas vivre dans un monde où la moitié de la planète joue à “Pokemon Go” pendant que l’autre moitié crève de faim.

Tu vas vivre dans un monde où chacun se regarde le nombril, l’expose sur les réseaux sociaux comme une galerie d’art… Sans penser tendre la main à son voisin en détresse, qu’il croise pourtant au quotidien.

Tu vas vivre dans un monde de rentabilité, de résultats, d’argent.

Tu vas vivre dans un monde qui aime se faire la guerre au nom d’une invention humaine appelée “Dieu”.

Tu vas vivre dans ce monde…

Au fond de moi, j’espère que les valeurs que je t’enseigne te porteront plus haut que la barbarie de ce monde. J’espère que tes rêves dicteront tes actions et que tu pourras peut-être améliorer l’avenir.

Je suis désolé de te laisser ce monde. C’est ton héritage, c’est ta croix, c’est tout ce que tu as.
Tu vas vivre dans un monde où à tout instant, toi aussi tu peux sombrer et devenir ce meurtrier.

Mais tu sais, seul l’amour peut détruire la haine. Tu vas vivre dans un monde où l’amour sera ton arme.
Tu vas vivre dans ce monde…