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Mes amis qui pleurez – Texte: Nathalie Courcy

Mes amis qui pleurez ou qui êtes en colère contre la vie, merci de

Mes amis qui pleurez ou qui êtes en colère contre la vie, merci de vous ouvrir à moi et de me confier une partie de votre trop-plein. Je n’ai pas encore trouvé la baguette magique pour sauver le monde ou le vôtre, mais au moins, je peux écouter. Je peux comprendre. Je peux compatir. Je peux même dire ce que je pense ou ce que je ressens, si ça vous tente de l’entendre.

Mes amis qui avez l’impression de traverser un tsunami sans fin, ne lâchez pas, n’abandonnez pas. Continuez de vous accrocher pour vous, pour vos enfants, pour vos familles, pour votre travail ou votre chat. Toutes les raisons sont bonnes pour s’agripper à la vie.

Mes amis qui avez déjà entendu tous les conseils et toutes les remarques visant à vous aider à remonter la pente (ou au moins à arrêter de glisser vers le fond), ne m’en voulez pas si je vous répète que l’espoir existe même dans le pire des brouillards. Si je vous dis d’aller chercher de l’aide, que la mort ne sera jamais la solution, que les épreuves ont leur raison d’être même si on s’en passerait bien… ce n’est pas pour vous faire suer ni parce que la Ligne Parents ou le psy d’à côté le dit. C’est parce que j’y crois sincèrement. C’est parce que moi aussi, un jour, on me l’a dit, et que ça m’a peut-être sauvé la vie. C’est parce que j’ai réussi à traverser des tunnels interminables et trouver la lumière de l’autre côté. C’est parce qu’on ne sait jamais si cette parole dite ou tue changera le cours des choses. C’est parce que c’est ma façon de vous dire « Je t’aime, je tiens à toi. Vraiment. »

Mes amis, vous avez le droit de cesser de me parler pendant des semaines et des mois même si je m’inquiète. Je comprends que parfois, c’est juste trop. On a besoin de se replier sur soi ou de prendre le temps de s’organiser. Permettez-moi de continuer de vous envoyer des ondes lumineuses et enveloppantes pour vous soutenir et vous protéger. Je suis là pour vous, peu importent le jour ou l’heure. Si jamais je réponds en disant « Est-ce que je peux te rappeler? Je prépare le souper. » et que c’est urgent, vous avez le droit de me dire « Non, c’est maintenant que j’ai besoin de toi. ». Si je dis quelque chose qui vous dérange, vous avez le droit de me le dire aussi. Je peux me tromper moi aussi!

Mes amis, vous faites partie de ma famille. Je vous ai choisis, et chaque jour, je choisis de vous garder près de mon cœur et dans mes pensées. J’aimerais tellement avoir le superpouvoir de vous débarrasser de la lourdeur qui s’abat sur vous et semble ne pas vouloir vous lâcher. Mais je sais que le temps et les actions feront leur travail. Moi, je suis là pour le soutien moral, pour écouter et aussi, si vous en avez besoin, pour dire des niaiseries et vous changer les idées.

Mes amis, si jamais je trouve la baguette magique qui fait disparaître les soucis, promis, je m’en servirai avec vous! Mais d’ici là, j’ai des oreilles et une épaule, servez-vous-en autant que vous voulez.

Nathalie Courcy

 

Si vous avez besoin d’aide

Ligne québécoise de prévention du suicide

www.aqps.info

1-866-APPELLE (277-3553)

Jeunesse, J’écoute

www.jeunessejecoute.ca

1-800-668-6868

Tel-Jeunes

www.teljeunes.com

1-800-263-2266

Prendre le temps de voir le beau

On le fait tous. C’est facile. Ça fait du bien sur le coup, mais

On le fait tous. C’est facile. Ça fait du bien sur le coup, mais à long terme, bof…

On chiale. On parle de ce qu’on n’aime pas. On met l’accent sur ce qui nous fâche, nous attriste, nous tape sur les nerfs. Sur le coup, ça fait du bien de faire sortir le méchant. Pis c’est correct! Mais à long terme, quand le méchant prend toute la place et nous empêche de voir le beau, c’est sur les nerfs de notre entourage qu’on « tape ».

On le fait tous.

Pendant le souper, un enfant va raconter qu’il s’est chicané avec tel ami à la garderie. Un autre va parler de la peine qu’un ami lui a faite à l’école ou des travaux qu’il n’aime pas faire. Maman et papa vont parler des problèmes qu’ils ont eus au boulot, du stress qu’ils vivent, des commentaires poches qu’ils ont reçus, des enfants qui ont été « pas du monde » dans la journée… Bref, on le fait tous. On a tous des journées où ça va tout croche.

Mais même dans les pires journées merdiques et chaotiques, est-ce que ça va réellement tout croche, tout le temps?

Et si on s’arrêtait pour prendre le temps de parler du « beau » de notre journée?

En septembre dernier, un petit rituel s’est installé dans notre famille, malgré moi. Grande fille de cinq ans vivait une période un peu plus difficile avec beaucoup de changements. Grande fille est une enfant merveilleuse avec un trouble anxieux généralisé, une difficulté d’adaptation et une hypersensibilité. Mon cœur de maman et mon cerveau hyperactif aux mille idées cherchaient comment arriver à l’aider et à changer un peu la dynamique et l’énergie qui régnaient dans notre maison. Un midi, après une crise de larmes, elle m’avait timidement confié avoir osé prendre le bâton de la parole qu’ils utilisaient à la maternelle, lors des causeries, et elle était très fière d’elle. C’est alors que l’idée de fabriquer une « baguette magique » m’est venue.

Ce soir-là, j’ai bricolé ce qui allait devenir une partie importante de nos futurs soupers. Ma fille l’a baptisée « La baguette magique des beaux secrets ». À tour de rôle, pendant le repas, on allait prendre la baguette et parler d’au moins un beau moment que nous avions vécu dans notre journée. Un seul, pas besoin de plus si on n’en avait pas, mais tant mieux s’il y en avait plusieurs. Une chose qui nous avait rendus heureux ou fait du bien. Tout le monde devait participer.

Le premier soir, j’ai pu savoir pratiquement tout ce que grande fille avait fait dans sa journée! Elle qui était muette depuis des jours, elle était tellement emballée par l’idée, c’était beau à voir. Les premiers temps, j’imposais un peu ce petit jeu, question de ne pas oublier de prendre le temps. Puis, le temps est passé, grande fille allait de mieux en mieux et la vie suivait son cours. Ce sont alors les enfants qui se sont mis à réclamer la baguette magique des beaux secrets. Ou naturellement, un des deux plus vieux allait la chercher et l’apportait à la table.

Je me rappelle un soir où maman et papa avaient vraiment eu une mauvaise journée (lire : une journée de marde). Surtout papa. Il n’était pas d’humeur. Puis, son tour est arrivé pour partager le « beau » de sa journée. J’ai insisté pour qu’il dise au moins une chose. Il a fini par trouver. Et on dirait que les démons de la mauvaise journée se sont un peu dissipés.

Un jour, pendant qu’il l’avait dans les mains pour faire comme les autres, mon pas délicat de presque deux ans a cassé la baguette. Je me promettais d’en fabriquer une autre, puis le temps a passé, passé et passé. La baguette est tombée dans la catégorie « Faudrait ben que je fasse ça quand je vais avoir le temps ». Un après-midi, après l’école, grande fille m’a demandé de lui apprendre à dessiner des étoiles. Elle en a vite été capable et est aussitôt allée s’enfermer dans sa chambre avec des ciseaux, du carton et de la colle.

La version carton de la « baguette magique des beaux secrets » est née. C’est maintenant celle-ci que nous prenons pour prendre le temps de raconter nos « beaux secrets ». Je trouve ça tellement touchant de voir que l’initiative vient d’une cocotte de cinq ans.

Selon moi, ce petit moment fait vraiment une différence dans notre quotidien. La baguette prendra probablement le bord quand mes enfants vieilliront, mais j’espère que cette simple habitude restera en eux. Ça ne nous empêche pas de passer des journées merdiques, mais ça nous rappelle que malgré tout, il y a toujours du beau sous nos yeux. S’agit juste de prendre le temps de le voir.

Caroline Gauthier