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L’intense, tu connais ? Texte : Claudie Castonguay

Je parle de l’enfant qui déplace, teste, parle plus. Celui que tout le monde remarque (ou celui d

Je parle de l’enfant qui déplace, teste, parle plus. Celui que tout le monde remarque (ou celui dont personne ne veut). Est-ce que ça fait de lui un enfant moins aimable ?

Que ce soit à petite ou grande échelle, chaque enfant a ses besoins, ses capacités d’adaptation, ses peurs, ses forces.

Il est très dur pour un parent d’avoir un enfant à besoins particuliers. Il est encore plus dur d’accepter que notre enfant ne colle pas dans le moule parfait. Et par le fait même, lorsque notre propre entourage nous le ramène sur le bout du nez.

Si la société apprenait à s’entraider plutôt qu’à juger ? Quand on est parent, on connaît les défauts de nos enfants. Et on se flagelle assez soi-même, parce qu’après tout, ils sont une moitié de nous ! On n’a pas besoin de se faire dire que notre enfant est intense. Et encore moins de se faire dire « Je préfère ton premier, ton deuxième… » Nous, comme parent, on aime tous nos enfants de façon égale.

Et si nos intenses étaient plutôt des curieux, des explorateurs, des sensibles, etc. ?

Bref des humains… 💗

 

Claudie Castonguay

Et si on parlait de l’intégration des élèves à risques…

RisqueS avec un grand S.

Risque

RisqueS avec un grand S.

Risque de vivre de graves difficultés d’apprentissage. Risque d’avoir un comportement inadéquat. Risque de vivre des épisodes d’impulsivité et de violence. Risque de vivre de l’anxiété.

Les classes spéciales se font de plus en plus rares. Ces classes sont pourtant si bien pensées pour des enfants aux besoins particuliers… Ce sont des milieux rassurants offrant un nombre de places restreintes et des adultes aux qualités professionnelles diverses, placés là exprès pour soutenir ces petits humains dans leur quotidien.

Aujourd’hui, la tendance est d’intégrer ces élèves aux écoles régulières, avec tous les défis que cela comporte, mais sans le filet de sécurité offert par une classe spéciale.

Je parle au nom de l’élève qui lui, ne vit aucune problématique, qui a cette chance d’être né avec un bon potentiel académique, qui ne vit pas d’anxiété, qui évolue dans un bon milieu et qui se retrouve pourtant négligé en classe quand on intègre à son milieu un élève à risques.

Cet élève ne mérite pas un enseignant moins présent pour lui parce qu’un autre élève demande plus au quotidien. Il mérite sa part d’attention, il mérite un enseignant qui le pousse plus loin encore, il mérite un environnement sécuritaire. Il a le droit de débuter sa journée sans entendre un élève crier, faire des bruits, lancer des objets parfois, même… Il mérite de vivre une vie d’élève normale.

Je parle au nom de cet enseignant qui redouble de créativité tous les matins pour accueillir cet élève (parfois deux ou trois…) particulier, cet enfant pour qui chaque matin est source de stress. Pour la majorité d’entre vous, entrer à l’école, défaire son sac et faire la routine demandée apparaît fort simple. Or, c’est souvent tout un défi pour un enfant vivant avec un TSA ou un TDA/H très marqué. Le nombre d’élèves, le bruit, les consignes… tout cela devient si anxiogène que son comportement devient imprévisible.

Cet enseignant, tu l’ignores peut-être, mais il subit régulièrement de la violence verbale et parfois même physique.

Je parle au nom de l’éducatrice spécialisée qui aujourd’hui, ne travaille plus seule dans une école. Elle fait souvent partie d’une équipe, car désormais, les besoins sont trop criants.

Elle est à bout de souffle. Son local déborde d’enfants qui ne sont pas disposés aux apprentissages. Elle fait des pieds et des mains pour imaginer des solutions parfaites qui répondent aux besoins de tous (parents, élèves, directions, enseignants…). Elle se sentirait tellement plus compétente autrement…

Dans une classe spéciale, son rôle est mieux défini ; les élèves auprès de qui elle doit intervenir, moins nombreux et sa relation avec eux, bien établie.

Je parle au nom des parents. Les parents d’enfants qui eux, ne sont pas « à risques » et qui méritent un milieu stimulant. Ces parents qui se font rapporter par leurs enfants des situations inquiétantes et tristes à la fois qui ont été vécues en classe. Cher parent, sache que l’enseignant de ton enfant fait son possible.❤️

Je parle au nom des directions d’école, coincées entre les mesures gouvernementales, la commission scolaire et les parents de ces élèves à risques… C’est une position si délicate!

Oui, l’intégration de ces enfants aux classes régulières peut être une bonne chose pour eux. Toutefois, plus le temps passe, plus les groupes se complexifient et plus je trouve que trop d’enfants en paient le prix. Leur imprévisibilité fait que parfois, de l’anxiété se développe chez d’autres enfants et parfois même, chez les adultes qui subissent de la violence verbale au quotidien…

Posons-nous la question : intégrer les élèves à risques, oui, mais dans quelles conditions? L’accompagnement en classe réservé à ces enfants, jadis, est presque totalement disparu aujourd’hui… Or, il faisait une grande différence. Pour l’élève touché par ce service, en premier lieu, mais aussi pour tous les humains qui gravitent autour de lui, petits et grands.❤️

Eva Staire

Mon ami Déni

« Le déni est une stratégie de défense qui mène à éviter, s

« Le déni est une stratégie de défense qui mène à éviter, sinon à nier une réalité. » (http://www.psychologies.com/Dico-Psycho/Deni)

Ça fait quoi, au moins cinq ans qu’on habite ensemble? Je pense que dès les premiers mois de vie de mon fils, on est devenus colocs, lui et moi. Pourtant, je ne l’ai jamais invité à emménager, celui‑là.

Depuis longtemps, il essaie de m’épargner. En surface, il est zen. Avec lui, il n’y a jamais de problème. Dès que j’ai une pensée qui m’inquiète, il est là pour me dire que je m’en fais pour rien. Il écarte les « d’un coup que » et les « si » en claquant des doigts et avec lui, tout va toujours bien, tout est normal. Je l’aime quand il me souffle à l’oreille ce qu’une mère a bien envie d’entendre, c’est vraiment réconfortant. Il a le don de calmer les boules d’angoisses et l’insomnie. Ça, c’est le beau de Déni, mais pour être honnête, notre colocation est vite devenue malsaine. J’ai une relation amour/haine avec lui. Il est assez bon manipulateur je dirais, il trouve toujours une façon de m’emmener à penser comme lui, même si je pense autrement. Il aime bien rejeter la faute sur absolument tout, il a pointé du doigt chaque moment, maladie ou épreuve de la vie de mon fils en les accusant d’être la source de ses particularités. Il est capable à lui seul de me faire croire que c’est moi le problème, que j’ai sans doute été trop ou pas assez.

Déni, c’est celui qui parle le plus fort dans ma tête. C’est un leader négatif de la gang. Cependant, il y a plus fort que lui. La plus puissante, c’est la petite voix intérieure. Elle, elle me dit mes quatre vérités et surtout, elle est très intuitive. Disons que les relations entre elle et Déni sont tendues, parce qu’ils ne vont pas dans le même sens du tout. Un essaie de me mettre la tête dans le sable telle une autruche et l’autre, de m’ouvrir les yeux bien grands. Quand elle parle, je la ressens dans tout mon être, ça me fait trembler de l’intérieur et ça fait même un peu mal. Quand elle parle, je sais qu’elle a raison, que c’est elle que je dois écouter. Au début, je trouvais dur de l’écouter, elle résonnait au fin fond de mon être en me disant ce que Déni se tuait à me cacher. Au final, j’ai compris que je préférais voir la vérité en face, aussi douloureuse soit-elle, parce que ça n’impliquait pas que moi. La petite voix intérieure et ses vérités n’ont rien d’apaisant comme Déni, surtout quand ça concerne ce que j’ai de plus précieux comme joyaux.

Mon précieux joyau, lui, a commencé à ternir vers l’âge de trois ans. Un soir, alors qu’on revenait d’une fête où il a été ridiculisé par un adulte, où il a entendu les gens me dire combien il était quelque chose, il a fini par me demander : « Toi maman, est-ce que t’aimerais mieux avoir un autre garçon que moi? »

Ce fut une douche froide, je dirais même glaciale. On venait de prendre mon cœur et de le balancer du haut d’une falaise. Je suis descendue et j’ai éclaté en sanglots. Ce soir-là, j’ai demandé à Déni de déménager. Même s’il était « bon » pour moi, il nuisait à mon fils. Je devais choisir entre MON bien-être, temporaire on s’entend, et le bien-être de mon fils.

Le choix fut simple.

J’ai fait appel à des spécialistes immédiatement. Hors de question que je laisse l’estime personnelle de mon fils dégringoler encore plus. Depuis deux ans, nous sommes toujours là-dedans et ça ébranle beaucoup mon cœur de maman. Déni aime bien revenir me saluer à l’improviste et souvent, il me supplie de le laisser emménager à nouveau. Mais, je le confronte. Ma petite voix intérieure et moi, on est bien d’accord pour dire que les éducatrices et la professeure sont les mieux outillées pour observer mon fils au quotidien, que les spécialistes sont les meilleures pour nous orienter et le diagnostiquer, si diagnostic il y a à y avoir. Nous sommes à la bonne place, même si Déni, lui, il continue de penser que ce n’est pas nécessaire.

On arrive à la fin du processus. Nous sommes en cours d’évaluation et Déni a peur qu’on mette une étiquette sur mon beau boy, il ne cesse de me répéter qu’il n’a rien. Cependant, moi et ma petite voix, on reste impassibles : ce n’est pas à lui de décider. Il est tellement important de faire confiance aux spécialistes, ils en ont vu d’autres et ils ont un regard différent sur la situation et sur mon fils. Il n’y aura peut-être pas d’étiquette, les spécialistes ne servent pas qu’à donner des diagnostics, ils ont un éventail d’outils pour m’aider à faire briller mon joyau à nouveau. Et… si étiquette il y a à y avoir, étiquette il y aura. En 2018, les étiquettes sont comme les passeports des enfants différents. Elles permettent de les identifier, de savoir d’où ils viennent, où on doit les envoyer. Pour se rendre à destination, ils doivent être dans le bon avion, au bon moment. Les étiquettes servent à ouvrir les horizons de ces enfants-là, et elles leur permettent de prendre leur envol sans avoir les ailes trop abimées.

Déni a presque coupé les ailes de mon fils, et ce de façon complètement involontaire. Il est maladroit, je sais que ce n’était pas son intention, mais il m’empêchait d’écouter ma petite voix qui, elle, me disait que ça n’allait pas. C’est une dure bataille, chaque jour, mais mon fils mérite que je mène ce combat contre Déni, pour lui.

C’est normal d’avoir un Déni en soi, c’est un mécanisme de défense et on n’y peut rien. Ce qui n’est pas normal, c’est qu’il peut prendre les enfants en otage en les privant de la seule chose dont ils ont besoin : l’aide.

Marilyne Lepage