Agression sexuelle, violence physique ou verbale, harcèlement psychologique… malheureusement, nou
Agression sexuelle, violence physique ou verbale, harcèlement psychologique… malheureusement, nous connaissons tous une personne qui a vécu une de ces situations. Nous connaissons certains organismes, les refuges pour les femmes vivant avec de la violence conjugale, mais qu’en est-il des femmes victimes d’agressions sexuelles ? Il n’y a pas beaucoup d’informations qui circulent à ce sujet, que ce soit pour avoir un soutien ou pour une personne avec qui parler. Ce que nous entendons, c’est : « Va porter plainte à la police. » Connaissant notre système de justice actuel (il y a présentement une tentative de changement, à suivre), les victimes, dont je fais partie, sont complètement découragées, perdues et se sentent abandonnées.
Première chose, je ne connaissais pas la ligne téléphonique d’aide pour les victimes d’actes sexuels : 1‑888‑933‑9007. Ce sont des intervenants spécialisés dans ce domaine, c’est confidentiel, bilingue, 24/7. J’ai téléphoné à plusieurs reprises et ils sont extraordinaires. En plus de leur écoute, ils conseillent et aident à trouver d’autres ressources d’aide. C’est justement une intervenante qui m’a fortement conseillé d’appeler un CALACS. Un quoi ? J’ai l’honneur de vous les présenter.
CALACS veut dire : Centre d’Aide et de Lutte contre les Agressions à Caractère Sexuel. Ce sont des intervenantes (femmes pour des victimes femmes) qui offrent plusieurs services : groupe de cheminement pour les femmes ayant subi une ou des agressions à caractère sexuel, cheminement individuel, soutiens aux proches, aides et référence téléphoniques, accompagnement auprès des différentes instances, elles font de la formation, de la prévention dans les écoles, de la lutte et défense des droits. Ces centres passent inaperçus, n’ont pas toute la reconnaissance qu’ils méritent. Je vais remédier à ceci maintenant.
Je viens tout juste de terminer le cheminement de groupe, 13 séances qui varient entre 1 et 2 heures, qui survolent plusieurs sujets (émotions, sexualité, intimité, honte, culpabilité, l’agression elle-même, etc.) Aucune femme n’est obligée de parler ou dire ce qu’elle ne se sent pas confortable de partager, c’est fait dans le respect et les limites de chacune. Il y a des règles bien établies dès le début, les intervenantes nous font remplir des formulaires de santé pour connaître les signes ou malaises qui pourraient survenir et être en mesure de donner les soins ou conseils pour nous aider. Par exemple, pour ma part, lorsque je vis des émotions trop intenses, je fais des crises d’angoisse très fortes, je peux perdre conscience, donc mon intervenante savait comment me garder dans le moment présent ou me ramener.
Au début de la thérapie, je ne savais pas à quoi m’attendre, j’avais la culpabilité, la honte et la colère au max. Je souhaitais être capable de vivre avec mon agression et ne plus ressentir autant d’angoisse. J’ai vite réalisé que mes objectifs étaient très hauts. Puis, les séances ont débuté, je ne voyais pas trop où les sujets que nous abordions allaient nous amener, à un point tel que j’avais presque oublié pourquoi j’étais là. Chaque sujet est très intéressant et aide dans la vie de tous les jours ; puis vient « Le récit ». Nous devons raconter notre agression avec les détails que nous sommes à l’aise de dire, et les semaines suivantes, la colère est abordée. Les trucs donnés pour évacuer cette colère peuvent être surprenants et très satisfaisants. C’est fou ce qu’une nouille de piscine peut défouler. À la fin, j’ai compris que les sujets du début étaient pour préparer le terrain pour le gros de la job. La dernière journée, il y a le bilan, où nous célébrons tout le chemin parcouru.
Je souhaitais ne plus ressentir d’angoisse ou de peur en pensant à mon agression. Non seulement j’y suis arrivée, je suis très ouverte à parler de mon agression et je veux m’impliquer pour la cause. J’ai plusieurs projets en tête comme une série de livres pour enfants qui explique le consentement et d’autres sujets relatifs aux agressions. Tous ces beaux projets et ambitions ne viennent pas de nulle part, tout vient de la confiance que mes intervenantes et femmes de mon groupe m’ont transmise. Ces femmes qui travaillent jour après jour avec des femmes brisées, traumatisées et perdues ne baissent jamais les bras. Elles travaillent sans arrêt pour améliorer le processus et trouver de nouvelles méthodes pour nous aider. Elles suivent des formations pour rester à jour ou tout simplement parce qu’elles veulent en apprendre plus pour mieux aider. Ça n’arrête pas là, non, elles font de la sensibilisation auprès des enfants et adolescents, organisent des marches pour continuer à faire avancer les droits des femmes, des victimes. Ah ! Sans oublier qu’elles accompagnent certaines femmes qui décident de confronter leur agresseur ou de porter plainte à la police tout au long du processus. Comme si ce n’était pas assez, elles gardent contact avec certaines femmes qui ont terminé leur thérapie depuis longtemps et continuent de les aider si nécessaire. Est-ce que je suis la seule à être essoufflée ? Elles font tout ça avec le plus beau et le plus sincère des sourires.
Ces centres sont essentiels, ces intervenantes sont essentielles. Les agressions sexuelles sont encore trop taboues et très mal comprises. Énormément de fausses informations et perceptions circulent. « Ben là, as‑tu vu comment elle était habillée ? Elle l’a cherché. » « Un gars, ça ne peut pas contrôler ses pulsions. » « Ouin, mais elle n’a pas dit non, elle n’a rien fait. » « Des fois, non veut dire oui. »
*La fille, ça se peut qu’elle veuille juste se sentir belle. Elle n’a pas une affiche qui dit « agresse-moi ».
*Un gars qui a appris le respect et le consentement va accepter si la fille change d’idée.
*Même si un non n’a pas été prononcé à voix haute, le fait de figer signifie un non.
*Non veut dire non. Point à la ligne.
Un CALACS change une vie, change des vies. Tu reprends le contrôle de ta vie. Tu comprends certaines choses. Ton futur est plus beau. Tu as des outils pour t’aider tout au long de ta vie. Tu peux contacter à nouveau ton intervenante en cas de besoin. Surtout, tu comprends que tu es une VICTIME, que ce n’était PAS de TA faute et que TU N’ES PAS SEULE.
Merci au CALACS L’Ancrage des Laurentides, merci à mes intervenantes.
Cindy LB
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Ligne téléphonique Info-Aide violences sexuelles :
1‑888‑933‑9007
Regroupement des CALACS du Québec (pour trouver celui le plus près) :
http://www.rqcalacs.qc.ca/
CALACS L’Ancrage des Laurentides et pour faire un don :
https://calacslancrage.ca/
https://calacslancrage.ca/faire-un-don/