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Déception saisonnière

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Depuis de nombreuses années, j’ai ce sentiment au printemps…

En fait, ça fait bientôt quinze ans. Le temps, le boulot, la famille, les amis et toutes mes responsabilités actuelles n’y font rien. Si je ferme les yeux, je m’y replonge complètement. Cet hier, celui qu’on ne désire ni aujourd’hui ni demain. Pourtant, tout semblait si parfait.

J’avais passé l’été à bien m’y préparer. Une espèce de maturité naissante. Mon père m’avait inscrit à un camp de perfectionnement. Pour celui‑là, je m’y étais donné à fond. J’ai aussi mieux assumé le stress de la période de sélection. Ce court moment, où d’autres vous remettent à votre place.

Enfin, je faisais le double lettre. U13 Pee-Wee BB.

Nous avions une saison formidable. Quatorze jeunes qui formaient une équipe. Un ensemble, fort de chacun de nous. Chacun de nous, fort de l’ensemble. Solidaires. William et Thomas sont restés mes amis. Nous jouons toujours le jeudi soir, le souffle court et moins de rapidité qu’autrefois.

J’aimais beaucoup notre entraîneur. Patrick était motivé, mais juste. Surtout, il nous a communiqué la responsabilité. Le jeu, c’est le nôtre. Du banc, il ne peut ni arrêter les rondelles ni compter de buts. Encore moins fournir les efforts nécessaires.

À la mi‑saison, nous étions déjà qualifiés pour faire les séries régionales. Les Seigneurs avaient le vent dans les voiles depuis une dizaine de matchs. J’étais le deuxième marqueur de la ligue. Avec espoir encore d’être le meilleur. Ma plus belle saison « à vie », comme je le disais alors.

Tout était prévu. Grand-papa Gaston y serait comme chaque année. Il avait ajusté son séjour pour y être. Lui, moi et le hockey, c’était lié. Il était celui qui m’avait accompagné si souvent aux activités, parce que mes parents ne pouvaient pas. Enfin, pas tout le temps. Cette année‑là, c’était le premier hiver qu’il passait en Floride. Au chaud, comme il disait à tous. Avec son clin d’œil espiègle.

Tout semblait possible, même le championnat…

Puis, la décision a été prise. Évidemment, sans nous. Nous prenant complètement par surprise. C’est terminé! Plus de matchs, plus de séries, plus de saison. La pandémie et le virus avaient gagné. J’ai tellement pleuré. Seul, dans ma chambre. Effondré par le choc. Mon premier, de ceux qui nous marquent à jamais.

Je ne vous parle pas de ma déception sportive. Je pense à mon grand-papa Gaston, mort en Floride. En mars 2020, l’année de la COVID-19.

Tu me manques tellement, grand-papa…

michel

 

Ma gang de malades

C’est une sensation étrange ces jours‑ci que d’aller dans un

C’est une sensation étrange ces jours‑ci que d’aller dans un commerce américain. Que ce soit Costco, Target, Walmart ou l’épicerie du coin, des étagères sont vides. Au pays de la démesure, même au fin fond du Nouveau-Mexique, une folie passagère germophobe a pris le contrôle des étalages : on ne trouve plus de lingettes désinfectantes. Dans plusieurs commerces, on peine aussi à trouver du savon à mains, de l’eau embouteillée et du papier de toilette. Et ce n’est pas juste ici : des Australiennes ont fait la manchette il y a quelques jours pour s’être querellées afin de déterminer qui aurait le privilège d’acheter du papier de toilette.

Alors que la saison de la grippe bat son plein, c’est une autre bibitte qui fait la une : le coronavirus (COVID-19).

Ce qui est un peu ridicule dans cette situation est que, malgré toute cette attention médiatique, chez l’adulte en santé, les symptômes du coronavirus sont similaires à un rhume. Oui, c’est dramatique un bateau de croisière en quarantaine, mais en réalité (et ce qui ne fera pas la une aux nouvelles), nous serons des milliers à avoir contracté le COVID-19 sans le savoir. Alors, soyons responsables et limitons les occasions de contaminer les autres.

Cette crise illustre aussi quelques faits déroutants qui semblent indiquer que pour certaines personnes, la survie personnelle est aux dépens de l’autre.

Cette compulsion d’accumulation et de surconsommation fait peine à voir. Ça te donne quoi de désinfecter ton bureau au travail et tes poignées de porte trois fois par jour avec ta douzaine de caisses de lingettes désinfectantes accumulées au détriment de ton voisin si celui‑ci n’a pas de savon pour se laver les mains? Est‑ce que tu te sens mieux avec tes 2 000 rouleaux de papier de toilette accumulés dans ton garage?

Est‑ce que ce sont les mêmes personnes qui se présentent au travail en toussant et avec une fièvre parce qu’elles ne veulent pas utiliser leurs journées de congé? Ces personnes sont‑elles différentes des trois passagers sur mon vol des États-Unis à destination de Montréal dernièrement qui, après avoir entendu l’équipage partager un message expliquant les symptômes à déclaration obligatoire à la douane canadienne, ont immédiatement cessé de tousser?

Je me suis demandé si ces voyageurs avaient des attentes différentes quand il était question d’être eux-mêmes exposés à la maladie de quelqu’un d’autre. Ne serait‑il toutefois pas irraisonnable de demander à quelqu’un qui ne sait pas s’il est contagieux de s’abstenir de prendre l’avion? Je n’ai pas de réponse à vous offrir, mais l’arrêt soudain de la toux après le message de l’équipage me laisse croire que ce qui était primordial pour eux était de passer sous le radar des douanes.

Cette peur de la maladie a non seulement engendré une pénurie artificielle en magasin et une augmentation indécente des prix en ligne, elle exacerbe la propension humaine à élaborer des théories du complot. Le virus a été créé en laboratoire! Le gouvernement cache la vérité! Fake news! Les Chinois ont fait exprès!

Ah, les Chinois. Plusieurs situations ont été reportées où des actes haineux ont été transmis envers des Asiatiques, perçus par certains comme responsables de la maladie. Des attaques dans les transports en commun, des messages d’intimidation, des billets d’opinion, etc. On a toujours une bonne raison pour pointer du doigt.

On n’a qu’à porter attention au mouvement survivaliste et à l’offre grandissante d’ensembles de nourriture sèche destinés à affronter les catastrophes naturelles pour comprendre que l’homo sapiens est obsédé par sa survie. D’un point de vue biologique, ça se comprend. N’est-il pas naturel pour toute forme de vie d’assurer sa subsistance et sa survie?

Mais de là à accumuler dans ton garage une douzaine de caisses de lingettes désinfectantes et tout le papier de toilette que tu as pu trouver, Bob? Vraiment?

Ceci dit, comme pour la grippe saisonnière, il est recommandé de prendre des précautions et d’être attentif à la maladie dans les situations où vous pourriez exposer une personne immunodéprimée ou au système immunitaire affaibli. Si tu ne te sens pas bien, laisse faire Dr Google ; va voir ton médecin et reste à la maison.

Pour plus d’information sur le coronavirus, je vous invite à consulter : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/2019-nouveau-coronavirus.html

Note de l’auteure : Depuis l’écriture de ce texte, la gouverneure de l’état du Nouveau-Mexique et le président des États-Unis ont déclaré l’état d’urgence. Les écoles sont fermées pour une période de trois semaines et les étagères des épiceries sont vides dans tous les départements (denrées non périssables, produits ménagers, produits frais, boucherie, etc.).

Genevieve Brown

Coronavirus, mais dans quelle merde nous as-tu mis?! 

Je vais parler du coronavirus, mais pas de son aspect médical. Non,

Je vais parler du coronavirus, mais pas de son aspect médical. Non, plutôt de ses répercussions. Le virus en tant que tel ne me fait pas peur, sauf pour les membres de ma famille pris avec des maladies pulmonaires ou avec un système immunitaire affaibli.

Je travaille comme technicienne en laboratoire dans une pharmacie communautaire. Je suis en première ligne avec les patients. Je n’ai pas de protection essentielle contre ce virus, ni gants, ni masque, ni désinfectant. TOUT EST EN RUPTURE D’INVENTAIRE PARTOUT. C’est très inquiétant. J’ai une famille avec deux jeunes enfants. Je suis stressée au maximum. Mes patrons font leur maximum pour nous aider, mais c’est impossible en ce moment. J’angoisse × 100 000.

Mon conjoint travaille dans l’industrie de l’audiovisuel. Tous ces contrats sont annulés jusqu’en juin. Il risque très fortement de perdre son emploi. Ce qui veut dire que je risque de perdre ma maison, ma voiture. Soyons réalistes, l’économie va être très affectée et l’industrie dans laquelle mon conjoint travaille ne repartira pas à plein régime lorsque la pandémie sera écartée.

Mes enfants… ils ne comprennent pas ce qui se passe. Maman et papa ne sont pas comme d’habitude. Même si je m’efforce du mieux que je peux de garder une vie normale, rien n’est pareil. Comment expliquer à mes enfants pourquoi les gens sortent de l’épicerie du coin avec des paquets de papier de toilette en quantité phénoménale? « Maman, est‑ce qu’ils ont la gastro? » a été leur question.

Un vent de panique s’est installé et tout part en vrille. Je suis angoissée comme je ne l’ai jamais été. Je suis en état de stress à un niveau inexplicable. Le futur me fait peur, je ne sais pas à quoi va ressembler demain. J’ai peur pour mes enfants. Je n’avais jamais connu de peur aussi intense. J’en ai mal physiquement.

S’il vous plaît, je vous en prie, au nom de ceux qui sont malades, mais aussi au nom de ceux qui risquent de tout perdre, prenez vos responsabilités d’êtres humains. Lavez-vous les mains. Si vous êtes à risque d’avoir contracté le virus, prenez les précautions mentionnées par le gouvernement. S’il vous plaît, ne soyez pas égoïstes avec les paquets de papier de toilette et offrez votre aide à vos voisins âgés, handicapés ou malades. Soyons des êtres humains. Soyons respectueux envers chacun.

Une maman essoufflée

L’humanité sur pause

On y est. Nous avons atteint ce moment, ce temps d’arrêt imposé,

On y est. Nous avons atteint ce moment, ce temps d’arrêt imposé, mais combien nécessaire. Des « vacances » à la maison, dans la simplicité.

Ce soir, en repassant le fil des événements, je suis fière de vivre ici. Je suis fière, enfin, qu’on soit des humains responsables, pour une fois. C’est beau de voir toute cette solidarité. Beau et déstabilisant à la fois.

Nous ne sommes pas habitués à être aussi bons les uns envers les autres.

Nous ne sommes pas habitués à nous occuper simplement, sans fla‑fla.

Nous ne sommes pas habitués à offrir notre aide à un étranger et surtout, à en recevoir.

Cette crise, elle aura ça de beau. Elle aura rapproché les humains, elle sera parvenue à faire ressortir ce qu’il y a de plus beau en eux : l’empathie.

Aujourd’hui, j’ai vu quelqu’un retourner des paniers d’épicerie à l’intérieur afin d’aider le commis débordé. J’ai vu des gens qui ne se connaissaient pas échanger entre eux sur la situation. J’ai reçu un texto d’une voisine qui m’offre de prendre mes filles au besoin.

Aujourd’hui, du moins pour nous, au Canada, l’humanité s’est mise sur pause.

Pendant les deux prochaines semaines, je vais prendre du temps de qualité avec mes filles et prendre soin de la cocotte de mes amis parce que j’ai cette chance d’être enseignante et donc, en isolement. Ce sera ma bonne action.

Et toi, quelle sera la tienne?

Karine Lamarche

 

Coronavirus, notre projet de société

Je suis née blanche, en Amérique du Nord, dans une famille de la c

Je suis née blanche, en Amérique du Nord, dans une famille de la classe moyenne. J’ai voyagé, je suis éduquée, j’ai une maison, deux automobiles, l’électricité, l’internet et l’eau courante à chaque jour de ma vie. Nous avons tout ce qu’il nous faut pour être heureux, ici, au Québec.

Et pourtant, notre système de santé est souffrant, le taux de suicide est très élevé, les inégalités sociales sont encore d’actualité. Je réfléchis à ce qui nous arrive avec le coronavirus et, si je mets de côté mes angoisses personnelles, j’arrive quand même à trouver qu’il y a du beau qui ressort de tout ça. Nous avons enfin un projet commun au Québec : aplatir la courbe de contamination du virus pour maintenir le cap avec les services de santé. Après, quand ce sera passé, on pourrait mettre autant d’énergie sur notre survie à long terme, non?

Je vois la situation actuelle, entre autres, comme un appel à l’élévation des consciences. Une prise de recul sur tous les privilèges que nous tenons pour acquis : être logé, nourri, l’éducation, les soins de santé, les services municipaux, etc. Retomber un peu en mode de survie (je sais bien que c’est de la survie de luxe), ça aide à rester humble et à avoir de la gratitude pour tous nos privilèges.

Après tout, les peurs qui nous habitent face à ce virus, que ce soient une crainte financière, une crainte pour la santé de nos proches ou de nous-mêmes ou encore la peur de manquer de nourriture… ou de papier de toilette (!) habitent des millions de personnes sur le globe, et ce, même sans le virus. Camp de réfugiés, inégalités sociales, crise environnementale, inégalités entre les hommes et les femmes et j’en passe… il me semble que nous devrions poursuivre sur notre lancée de solidarité après le passage du virus. Je sais bien que c’est utopique, mais il reste que la situation actuelle nous permet de voir tout le pouvoir que nous avons quand l’enrichissement d’un petit groupe d’humains n’est plus la priorité et quand on met l’économie au service des gens et non à leur trousse.

La terre s’autorégule pour assurer sa survie. Je ne crains pas pour elle, je crains pour nous. L’humanité semble déconnectée de son essence première : la nécessité d’être en relation profonde et bienveillante avec ce qui nous entoure. Même si je suis très sensible à tous les gens touchés par la maladie et aussi par toutes les morts, ça me donne confiance de voir le Monde sur pause, contraint de s’entraider pour le bien de tous. Sortir de notre nombril, de notre vie effrénée et de nos obligations pas si fondamentales que ça finalement, pour penser au « nous », au collectif, au bien de tous. Peut-être qu’à travers tout ce chaos, nous allons retrouver l’essentiel : être ensemble, en santé à essayer de vivre le moment présent sans tous les artifices qui nous éloignent de qui nous sommes.

Je sais bien que même si le virus touche les riches autant que les pauvres, les inégalités demeurent, mais ça me donne quand même l’espoir d’une amorce de réflexion, de discussion, de changement.

Sur ce, je m’en vais me laver les mains! 😉

Roxane Larocque