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Gros dégueux ! Texte : Nathalie Courcy

Avertissement : Si vous n’êtes pas prêts à lire ma hargne prof

Avertissement : Si vous n’êtes pas prêts à lire ma hargne profonde envers les gros dégueux, arrêtez tout de suite, parce que ce texte est un déversement assumé de fiel.

Mais qui sont les gros dégueux ? Les abuseurs, les agresseurs, les harceleurs, les violeurs. Ceux (et celles, parce que ça se conjugue aussi au féminin ! Ça fait « grosses dégueuses…) qui s’en prennent aux enfants, aux bébés, aux ados, aux femmes, aux hommes, aux personnes âgées. Parfois même aux chiens, aux chèvres… J’ai même déjà entendu des hommes dire qu’ils se faisaient… par des veaux. Je vous jure.

Vous commencez à comprendre, hein, de quoi je parle? Ça n’a rien à voir avec la grosseur physique du gros dégueux. C’est juste qu’il faut être immensément colons et plein de m… pour faire des choses aussi dégoûtantes et horribles.

Que tu sois militaire, pauvre, curé, femme au foyer, père de famille, vedette, grand frère, ado frustré ou vieillard emmerdé, tu n’as pas d’affaires à toucher les autres sans leur consentement clair. Tu n’as pas le droit de mettre ta main ou ta bite sur eux ou en eux. Tu n’as pas le droit de cruiser avec insistance, de suivre une personne avec tes pieds, ton regard ou une application sur un cellulaire. Tu n’as pas le droit de dénigrer, de détruire l’estime de l’autre et les liens avec son entourage pour devenir son seul porc d’attache. Tu n’as pas le droit de menacer, de forcer, de frapper, d’étrangler, de brûler, d’assassiner. Tu n’as pas le droit de forcer à la prostitution pour faire du cash sur le c… des autres.

C’est interdit, illégal. Tu te retrouveras devant un juge, dans une cellule de prison, peut-être. Tu perdras ton emploi et ta crédibilité, peut-être. Mais chose certaine, ta victime, tes victimes, se retrouveront piégées dans tes griffes et dans un mal-être immense et pénible à guérir. Tu auras beau leur offrir des fleurs, des bijoux ou de la drogue pour leur prouver que tu les aimes les manipuler, ça ne réparera pas les plaies que tu leur fais au corps et à l’âme. Et on le sait, si tu leur offres des fleurs, c’est juste pour leur casser le vase sur la tête par la suite.

Gros dégueux, tu me dégoûtes. Tu m’écœures. Tu me répugnes. Chaque fois que j’entends parler de toi aux nouvelles, j’ai le goût de vomir. Mon corps te rejette. Je ne comprends pas que tu ne sois pas capable de garder tes mains dans tes poches et ta queue dans tes jeans. C’est simple pourtant :

– Veux-tu ?

– Non.

– OK.

That’s it.

Pas d’ostinage, pas de niaisage. Pas de « Envoye donc ! ». Pas de « Je le sais que tu veux… ». Pas de « Si tu me suces pas, ton patron va recevoir des photos de toi et tu vas perdre ta job ». Non. NON ! Si tu n’entends pas OUI, tu ne fais rien, tu t’éclipses et tu laisses tranquille.

Je ne comprends pas non plus pourquoi tu ne te fais pas soigner. La honte, j’imagine. Le manque de conscience ? De lucidité ? Quelque part en dedans de toi, il doit bien y avoir une petite partie qui te dit que c’est mal et malsain de forcer quelqu’un à avoir des contacts sexuels. Il doit bien y avoir une tite lumière rouge sang qui allume quand tu cognes, quand tu étampes dans le mur, quand tu cries. Les vois-tu, les yeux apeurés qui te regardent faire ton power trip ? Le vois-tu, le corps qui se vide de toute présence pendant que tu assouvis tes pulsions animales ? Ça t’excite, de défoncer une poupée de chiffon sans âme ? Vraiment ?

Je vous avais dit, hein, que mon texte serait sans compassion ? En réalité, j’ai de la peine pour ces hommes, ces femmes, qui sont si malheureux et mal dans leur peau qu’ils cherchent désespérément la peau des autres pour se l’approprier. Mais j’ai surtout de la colère et du dégoût envers eux. Envers le système aussi, qui les innocente trop souvent, faute de « preuves hors de tout doute raisonnable ». La parole de l’un contre la parole de l’autre. Les souvenirs brouillés d’une victime traumatisée contre des années de pratique en manipulation de la part du bourreau. Combien de victimes aura-t-il le temps de faire avant d’être forcé à l’introspection ?

Je sais bien que des gros dégueux, il y en a toujours eu, il y en aura toujours (ça m’écœure juste de l’écrire). Je sais aussi qu’on en entend plus parler dans les médias parce que les médias sont partout. Merci #MeToo et autres mouvements de dénonciation. Merci aux victimes qui dénoncent et affrontent ce long parcours du combattant que sont la mise en accusation et le procès. Vous tracez la voie pour d’autres, vous montrez l’exemple, vous aidez à  sensibiliser la population. Peut-être que grâce à vous, quelques gros dégueux sauront aller chercher de l’aide avant de s’en prendre à des personnes innocentes et souvent vulnérables.

On a tous un rôle dans la lutte contre les abus sexuels et la violence. Mon rôle aujourd’hui, c’était d’écrire ce texte et de le signer.

Nathalie Courcy

Complicité du soir

Ce soir, j’ai couché mes enfants trop tard. J’étais bien inten

Ce soir, j’ai couché mes enfants trop tard. J’étais bien intentionnée, pourtant ! Mais l’heure a filé sous mon nez. Pourquoi, me direz-vous, ai-je donc négligé l’heure du coucher ? En plein milieu de semaine… crime de lèse-majesté, OMG ! Jetez-moi en prison, ça presse.

Ce soir, j’ai couché mes enfants plus tard que d’habitude. Même les petits, remplis de leur besoin de dormir pour bien grandir et bien apprendre. J’ai osé défier la loi inébranlable de la routine du dodo. Tic tac tic tac… pendant combien de jours leur humeur sera-t-elle hypothéquée, ma foi !

Ce soir, j’ai couché mes enfants plus tard, parce que. Oui, oui, parce que. Parce qu’on avait le goût de se coller, bien empilés au milieu des doudous. Parce qu’on a pris le temps de lire un chapitre, puis un autre, et encore un autre. Et même un autre livre. Au complet celui-là. Sens dessus dessous. En plus d’avoir regardé le film en fin de semaine. Un peu accroc, me direz-vous ! C’était à la demande des enfants. Et au bonheur de maman.

Une chose en entraînant une autre, on a jasé d’émotions. De cerveau. Du fait que les mamans et les papas aussi ont des émotions. Qu’une maman fâchée, ça se peut, et que ça n’a pas nécessairement l’air du personnage de Colère enflammé et prêt à tout détruire. Une colère, c’est comme le reste, ça peut s’exprimer sainement.

On s’est dit que le dégoût et la peur peuvent sauver des vies. Sans eux, vous mangeriez de la viande restée sur le comptoir pendant des jours et vous traverseriez les boulevards sans regarder des deux côtés. Elles sont utiles, les émotions !

On s’est rappelé une de mes idées fétiches : une émotion qu’on n’exprime pas, ça pourrit en dedans et ça finit par puer le vieux fromage pourri. Aussi bien la laisser sortir avant que ça empeste !

On s’est aussi rappelé que même la joie, ça peut casser des fenêtres et briser des cœurs. « T’sais maman, la fois où j’étais trop excité et que j’ai cassé mon jouet en le lançant… ». Oui, je sais. Tu t’étais laissé emporter par un débordement d’émotion. Et tu as été bien triste juste après.

« Et toi, quelle émotion ressens-tu le plus souvent ces temps-ci ? »

« De la joie, beaucoup de joie ! Mais à l’école, un peu de tristesse aussi, parfois. Mais je n’ai pas le goût d’en parler. »

« C’est bien correct, tu sais. Je suis là si tu veux en parler à un autre moment. Ton professeur et ta sœur aussi. »

Et la tristesse ? Elle a sa place dans l’histoire ? C’est désagréable, la tristesse. C’est moche. Mais c’est temporaire.

« Tu te souviens quand tu as été triste l’autre jour ? Qu’est-ce qui t’a aidé à passer par-dessus ta peine ? »

« Ben… je suis allée te voir pour en parler, et tu m’as aidé à réparer mon jouet. »

Voilà. Tout est dit. Une émotion, on la ressent, on l’observe, et on agit. Ou pas.

Ce soir, au milieu des doudous, il y avait mes petits minous chéris qui avaient peut-être plus besoin de se coller et de jaser d’émotions que de dormir 30 minutes de plus.

Ils ont à peine eu le temps de se rendre à leur oreiller qu’ils dormaient déjà, apaisés par une conversation toute simple, cœur à cœur, accompagnée de plein de colleux réconfortants.

Ce soir, la tristesse, la colère, la peur, la joie et le dégoût avaient droit de cité dans nos mots. Mais je peux vous jurer que mes cocos se sont endormis avec la joie au cœur. Et moi aussi, je m’endormirai avec l’impression de bercer mes chatons en leur disant des mots doux.

Nathalie Courcy

Et vint le mouche-bébé…

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Et vint le mouche-bébé…

 

Un nouveau-né, c’est tellement mignon. Lorsque nous le tenons dans nos bras à la maternité, notre admiration sans bornes nous rend aveugles. Nous ne voyons pas le chemin ténébreux que nous devrons prendre lorsqu’il sera enrhumé.

 

Et pour être enrhumé, il le sera souvent, trop souvent. Au premier gros rhume de ma première cocotte, j’ai dû consulter. Grosse fièvre. La petite pleurait beaucoup lorsqu’elle était couchée. Diagnostic : otites dans les deux oreilles. La pédiatre a prescrit un antibio et m’a recommandé de faire des toilettes nasales avec de l’eau saline et l’utilisation du mouche-bébé. J’étais ignorante au sujet du mouche-bébé. Mon âme était encore à ce moment-là épargnée par cette horreur.

 

Je me suis donc présentée à la pharmacie avec la prescription et j’ai demandé à mon cher pharmacien qu’il me montre le fameux mouche-bébé. Il se met alors à m’en expliquer le fonctionnement. Il a beaucoup insisté sur le fait qu’il y avait un filtre et que les sécrétions nasales ne pouvaient pas remonter jusqu’à ma bouche. Son insistance venait sûrement du fait que mon visage était aussi vert qu’un piment, et qu’une rivière de sueur me roulait sur le côté du visage.

 

J’avais très bien compris l’explication. Je devais mettre le bout avec le réservoir dans le nez de ma fille et mettre l’autre bout du truc dans ma bouche, et aspirer le contenu du nez de ma fille. Je me sentais glisser le long d’un chemin parsemé de « Non! Je ne vais pas faire ça! », de « Est-ce que c’est vraiment anti-morve dans la bouche? », de « J’ai vraiment pas le goût d’aspirer sa morve verte (voir même glue) » et de « NOOOOOOOONNNNNN!!! ». Le pharmacien a fini son explication avec l’argument fatal : ma fille respirera beaucoup mieux par la suite et c’est bon pour son bien-être. Je suis partie avec la petite boîte de l’engin entre les mains, toujours aussi incertaine et écœurée par le fonctionnement.

 

Une fois revenue à la maison, j’ai expliqué le tout à l’homme. Réaction de dégoût accompagnée la phrase de non‑retour : « C’est pas moi qui va faire ça certain ». On s’installe à deux pour réussir à tenir bébé pendant l’opération. Je crois que je suis passée dans une sorte d’état second la première fois que je l’ai fait. Je me suis transformée en mini aspirateur et j’ai aspiré le contenu en me disant : « C’est ta fille, cette morve est à moitié à toi… » (Je voulais une raison pour justifier ce que je m’apprêtais à faire.) J’ai rempli le petit réservoir en une seule aspiration avec une seule narine. J’ai vidé le tout, en me demandant si tous les bébés de la planète n’étaient pas connectés avec ma fille, car son si petit nez ne pouvait pas contenir autant de morve à lui seul. J’ai recommencé avec l’autre narine. En vidant le réservoir la deuxième fois, je suis revenue à la réalité et j’ai eu mal au cœur le reste de la journée. Je revoyais l’opération en flashback.

 

Avec le temps, et trois bébés plus tard, l’utilisation du mouche-bébé est devenue de plus en plus facile. Aussi facile que prendre un mouchoir et lui essuyer le nez. Il m’est même arrivé d’oublier de mettre le filtre et d’avoir le contenu du nez d’une de mes filles directement dans la bouche. J’ai vomi… et l’homme a tellement ri…

 

Cet engin de l’horreur a tout de même une grande qualité. Il soulage vraiment bébé congestionné. J’ai appris par la suite qu’il y en avait à piles pour lesquels l’aspiration ne se fait pas manuellement. Un mini aspirateur à nez. Je suis tout de même restée avec mon bon vieux mouche-bébé manuel. J’aime le risque : pas besoin de sauter en parachute pour avoir de l’adrénaline. Un bon gros rhume pour bébé et le tour est joué.

 

Mes filles ont grandi et appris à se moucher. Le mouche-bébé a lentement disparu… pour être remplacé par la douche nasale… un autre cauchemar que je vous raconterai sûrement un jour.

 

Mélanie Paradis