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Déménager. Dans le déni.

Le mois de juillet arrive. L’heure du déménagement approche. Yâ€

Le mois de juillet arrive. L’heure du déménagement approche. Y’a des pros du déménagement, t’sais, ceux qui ont déjà réservé leur weekend du 1er juillet prochain parce qu’ils vont déménager, comme d’habitude. Ces gens‑là méritent clairement un diplôme en gestion, parce que moi, je déménage une fois aux dix ans et je suis tout simplement dépassée.

Bon, là tu vas me faire la morale et tenter de me culpabiliser en me disant que ce n’était pas l’idée du siècle de faire du déni jusqu’à la fin du mois de juin. Mais mon déni pis moi, on t’écoute pas. Parce que je l’aime moi, mon déni. Grâce à lui, j’ai évité des semaines de stress, de nuits blanches et d’yeux cernés. Y’a ses avantages, quand même! Pis en plus, y’avait une grooooossse fin de semaine de trois jours pour la Saint‑Jean‑Baptiste… J’avais réussi à me convaincre que ce serait suffisant pour faire mes boîtes. D’une maison. De trois étages. Bon ok, j’avoue, le déni a ses limites.

Parce qu’on a fini notre grosse-fin-de-semaine-de-la-Saint-Jean, pis finalement, ça a passé beaucoup trop vite… J’ai eu le temps de faire deux garde‑robes. Bon, là je sens ton jugement. MAIS! La bonne nouvelle, c’est que les déménageurs n’étaient pas disponibles le 1er juillet. Ouin, il paraît qu’il faut les appeler à l’avance quand on déménage en même temps que le reste du Québec… Sont vraiment mal organisés, les déménageurs! Faque bref, les déménageurs vont venir seulement la semaine suivante. Ce qui me laisse… une autre grooooosssse fin de semaine de trois jours pour finir mes boîtes! Ça va être parfait. Je vais avoir le temps en masse d’empaqueter le reste de la maison. C’est sûr.

Clairement, à l’examen du déménagement, j’échoue. Même pas proche du 60 %. MAIS! Cet échec m’a appris à déléguer, c’est quand même pas rien! J’ai appelé une entreprise de nettoyage, qui va laver la maison avant que j’arrive. J’ai appelé une entreprise de peinture, pour enlever le lilas-matante de la cuisine. J’ai appelé des gars qui vont venir faire le terrassement… Tu vois, je suis en train de m’organiser! Bon, là je t’entends encore me juger! Tu vas me dire que ça m’aurait coûté pas mal moins cher si j’avais été organisée et que j’avais prévu de faire toutes ces tâches moi-même, à l’avance. Mais je te l’ai déjà dit… mon déni pis moi, on t’écoute pas.

Pis l’avantage de déménager juste une fois aux dix ans, c’est qu’on a le temps d’oublier… Parce que maintenant que j’écris ces lignes, j’ai un vague souvenir de mon dernier déménagement, pis il me semble que le déni m’avait accompagné un gros bout aussi… Il me semble même qu’on a mangé du fast‑food quelques jours parce que je ne trouvais plus mes ustensiles…

Sur ce, je m’en vais paqueter. Il paraît qu’il faut, en plus, numéroter les boîtes en fonction des pièces de la maison… C’est d’la job pareil! Bon déménagement, chers Québécois!

Joanie Fournier

 

Ton premier chez‑toi

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J’ai une jeune amie qui vient de quitter le nid familial pour habiter son premier logement. Je l’ai vue se questionner avant de se lancer. Je l’ai vue s’inquiéter et s’enthousiasmer. Elle a choisi son premier foyer de femme et s’y est installée en quelques jours. Jamais un deux-pièces ne lui aura semblé aussi libérateur, aussi significatif!

 

Je l’entends raconter ses anecdotes que j’ai moi-même vécues il y a bien longtemps. Le choix des premiers meubles, les premiers rideaux, la déco. L’envie d’inviter ses gens pour démontrer combien elle est bien installée. L’envie de prendre ses propres décisions jamais discutées. Elle est CHEZ ELLE.

 

Ton premier chez-toi, c’est important. C’est le premier pas de cette vie qui s’annonce devant toi, celle qui fera de toi une femme accomplie, petit à petit. Parfois, tu auras des doutes, des découragements, mais toujours, tu auras cette fierté d’y être arrivé!

 

Je me rappelle mon premier logement; je n’avais pas encore dix‑huit ans. Mon copain de l’époque, oui, alors nous n’avions rempli la demande de location qu’à son nom. Nous avions été refusés! En fait, IL avait été refusé! Je me rappelle mon indignation, croyant, dans mon habitude de révolte, à une injustice. Je me rappelle avoir écrit une lettre de deux pages au propriétaire de l’endroit qui se trouvait gérant d’une institution financière du quartier.

 

Je m’étais présentée à la succursale avec la ferme intention de défendre mon copain et de dire haut et fort mon désaccord face à ce refus. J’ai demandé à la réception de voir le gérant, on m’a annoncé qu’il n’était pas présent. J’ai donc demandé à avoir de quoi écrire. Vous commencez à me connaître un peu, mes amis, j’y suis allée de main forte!

 

Je ne pourrais pas vous réécrire ici cette longue plaidoirie… cela date de quand même « quelques » années (outch coup de vieux!). Mais je me rappelle avoir utilisé des mots comme « injustice », « je m’insurge », « inacceptable », « préjugés ». La lettre faisait deux pages bien remplies! Comme je retournais à la réception pour donner ma dissertation à la secrétaire, elle m’a lancé un sourire et m’a dit : « Attends! »

 

Un homme était derrière moi, elle lui a tendu ma « lettre », et lui m’a regardé tout sourire en me disant : « Je suis M…, le gérant ». Et moi, rouge comme une pivoine, mon zèle et mon courage se sauvant aussi vite que la chaleur montait en moi, j’ai répondu : « Et moi, je suis l’auteure de cette lettre! »

 

Il a regardé le texte vite fait sans le lire et m’a invitée à le suivre d’un geste gentil : « Venez mademoiselle, nous allons aller voir ça dans mon bureau. »  Je l’ai suivi, les jambes soudainement bien lourdes et ayant perdu mon grand courage.

 

Puis, il a lu ma lettre, mon indignation, mon cri à l’injustice, bref ma révolte étalée noir sur blanc avec des mots de politesse, mais des mots de colère et d’amertume. J’étais révoltée qu’on « nous » refuse cette location. Il a lu ma lettre… devant moi! Levant ici et là son sourcil blanc, esquivant un sourire que je jugerais aujourd’hui d’amusé. Quand finalement, il a levé les yeux vers moi, c’était pour me dire : « Quelle fougue! Félicitations mademoiselle Bernard, je vais vous faire signer le bail à vous et votre conjoint. » Il m’a expliqué qu’il avait d’abord refusé la location, car seul mon copain figurait sur la demande et que d’après ses calculs, seul, il n’arriverait pas à payer toutes ses dépenses. Mais là, en y ajoutant mes propres renseignements de revenus, tout allait bien aller.

 

Il avait raison : tout a très bien été, même si je me suis retrouvée à soutenir seule les coûts de ce premier logement. Il fut ma première réussite après un départ bien hâtif de « chez moi » à quinze ans.

 

Alors, toi, ma jeune amie, sois fière de toi! Profite bien de cette nouvelle liberté! Tu vas voir, tout va bien aller, ton départ était planifié et tu y es! CHEZ TOI. Tu as de quoi être fière et surtout, ne crains rien : avec une bonne planification, tout va aller merveilleusement bien!

 

Bon départ ma belle!

 

Simplement, Ghislaine!