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Remise des diplômes

[Attention le texte qui suit est un texte complètement subjectif et il se

[Attention le texte qui suit est un texte complètement subjectif et il se base sur mon opinion, mes valeurs ainsi que sur mes expériences de vie. Prière d’argumenter votre désaccord dans le respect.]

Cette année, plusieurs milliers d’étudiants ne pourront pas clore leur fin du secondaire de la même façon que moi. Cependant, il serait injuste qu’ils tombent dans l’oubli. Qu’on les laisse de côté et que l’on relativise un moment super important : la remise des diplômes.

Je crois qu’il est pertinent de célébrer la fin et la réussite du secondaire, car ce n’est pas une étape facile. Puisque depuis cinq longues années, l’horaire de ces jeunes ressemblait à ça :

Ils se lèvent le matin.

Vite, vite, vite, ils déjeunent.

Vite, vite, vite ils courent après l’autobus pour ne pas le rater.

Vite, vite, vite ils entrent dans leur classe pour se bourrer le crâne de notions et de théories.

Vite, vite, vite ils mangent leur dîner dans un temps quasi impossible.

Vite, vite, vite ils retournent en classe pour continuer à se remplir le cerveau de matière.

Vite, vite, vite ils rentrent à la maison pour souper, à la table avec leur famille. Tout en essayant de garder la bonne humeur devant leurs parents qui font l’effort de s’intéresser à eux malgré qu’eux aussi ont eu une grosse journée.

Après un repas mangé rapidement, ils s’enferment dans leur chambre et ils font des devoirs, une tonne de devoirs. Se fendre le cerveau en deux pour comprendre des problèmes d’optimisation en mathématique, trouver de l’inspiration pour leur texte argumentatif sur un sujet poche comme « pour ou contre les publicités ». Après trois longues heures d’efforts, ils pensent mériter un peu de repos. Alors ils s’installent devant Netflix et essaient de ne pas terminer la nouvelle saison de La Casa del Papel. Puis, ils finissent par réaliser qu’il est peut-être temps de se coucher. Et cette journée recommence, encore et encore. Et je n’ai pas parlé d’une job étudiante, d’un chum ou d’une blonde ou des activités parascolaires qui s’ajoutent à l’horaire.

Émotionnellement, ça n’a pas été facile. Le secondaire est un zoo où tu essaies de te démarquer ou de simplement vivre. Tu as sûrement été la proie de quelques emotional breakdown comme on dit en bon français. Tu as sûrement pensé que ta vie était finie, car tu as coulé un examen d’anglais pour la troisième fois. Tu n’as sûrement pas dormi les trois jours précédant la date de ton exposé oral parce que tu étais beaucoup trop stressée. Tu as sûrement pleuré dans un de tes cours devant tout le monde (expérience vécue en ECR !). Tu as sûrement célébré la réussite de ton examen de conduite. Tu as sûrement adoré chaque moment de ton voyage scolaire.

La remise des diplômes, c’est ça : c’est plein d’émotions contradictoires qui t’assomment en même temps : tu es, à la fois, content(e) d’avoir terminé cette étape de ta vie, mais triste de la voir finir. Tu vas pleurer avec tes amis qui t’ont accompagné(e) tout au long de cette aventure. Qui ont grandi avec toi. Tu vas pleurer aussi, car tu sais qu’elles vont s’éparpiller un peu partout au Québec l’automne prochain. Tu sais aussi que ta vie d’adulte va commencer. C’est excitant, mais c’est difficile d’accepter la fin de l’adolescence.

C’est aussi l’occasion de célébrer. Fêter cette réussite qui n’a pas été facile à avoir, mais avec la persévérance et l’ambition, tu t’es battu(e) et tu l’as eu ton foutu diplôme. Pour certain(e)s, c’est l’occasion de montrer aux gens qui ne croyaient pas en toi, que tu es plus fort(e) qu’ils ne le pensent. Que tu ne t’es pas laissé abattre.

Je pense qu’on devrait être plus « lousses » face à nos adultes de demain. On devrait les laisser souffler un peu. D’une part, parce qu’ils ont eu une année différente. D’autre part, parce qu’ils ont tellement de choix à faire en si peu de temps à un âge beaucoup trop jeune. Ils étouffent face aux possibilités.

Chanceux vous dites ? Probablement, mais avoir dix-sept ans et choisir parmi plus de 1 000 formations offertes dans les cégeps et les DEP du Québec, ce n’est pas une tâche facile.

Je crois que la prochaine fois que l’on rencontre un fraîchement diplômé, nous ne devrions pas lui poser la question suivante : « Pis ? Tu t’en vas à quel Cégep l’année prochaine ? »Je pense sincèrement que celle‑ci est beaucoup plus importante : « Pis ? Comment tu te sens ? Es‑tu fier de ta réussite ? »

Cet été sera différent. Je vous souhaite de vous reposer, d’avoir beaucoup de plaisir et de profiter du moment présent.

Bon été à tous et bravo aux fraîchement diplômés ! J’espère que vous êtes fiers de vous.

Clara (une diplômée 2019)

L’éducatrice à la maison ou la sans-papiers

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Comme je l’ai déjà mentionné, je suis une responsable d’un service de garde à la maison. J’exerce ma profession en accueillant chez moi des minis et ce, depuis maintenant près de quinze ans. 

Auparavant, j’étais éducatrice en installation. Là où s’entremêlent tout au plus 80 enfants. J’ai obtenu ma certification en 1993 et depuis, j’ai poursuivi, à coups de formations annuelles, tout ce que j’ai pu apprendre afin de bien soutenir parents et enfants qui complètent mon quotidien. Afin de m’améliorer, de me moderniser. D’ajouter à mes compétences acquises diverses façons d’intervenir, d’observer et de m’ajuster à cette clientèle en pleine évolution.

L’automne dernier, je m’étais inscrite avec une amie à une formation échelonnée sur plusieurs semaines à un peu moins d’une heure de chez moi. Le même trajet emprunté pour aller me perfectionner. Ajouter du plus à mon service de garde. Apprendre à soutenir les enfants dans leurs apprentissages langagiers. 

Nous étions environ vingt éducatrices. Plus que majoritairement responsables en milieux familiaux. Nous avions toutes les mêmes objectifs. Les enfants. Les soutenir et les aider dans l’acquisition du langage. Nous détenions des années d’expérience sous notre chapeau de responsables. Pour avoir œuvré en installation, ces éducatrices formées étaient des femmes compétentes. Leurs propos étaient enrichissants et leurs passions débordantes. 

Un jour, l’une d’elles nous a lancé à la blague, mais avec une certaine pointe au cœur, qu’elle était « sans‑papiers ». Qu’elle n’avait pas de diplôme en petite enfance. Qu’elle ne possédait pas ce qui la qualifiait du statut honorifique d’éducatrice. Pourtant.

Je ne connais pas son passé. Ce qui fait qu’elle n’a pas de diplôme. Mais je sais qu’elle est une maman de plusieurs enfants. Dont certains avaient des troubles de langage. Qu’elle est une responsable déterminée. Qu’elle accueille avec bienveillance ses minis à elle, chez elle. Qu’elle m’en a appris sur ses méthodes d’observation. Que ses discours étaient justes, véridiques et méthodiques. Elle en connaît des trucs, des méthodes et des astuces. Elle s’ajuste en tout point. Elle est débrouillarde et en fait bénéficier toute sa petite marmaille. Accueillir un enfant à besoins particuliers n’a plus de secret pour elle. Elle ne se rebute pas devant un défi, elle fonce tête première et le relève avec brio. Comme si son manque de scolarisation l’obligeait à toujours se justifier. À toujours en faire plus.

Cela m’avait peinée. Constater à quel point les responsables en milieux familiaux ont, malheureusement, un jugement trop facile à leur égard. Combien des années à travailler peut parfois les désabuser de ne pas être considérées. Dans un monde où la performance est à un niveau supérieur, pourquoi toujours vouloir discréditer les années d’expérience acquises sur le tas? Pourquoi cette femme généreuse d’elle et de tout ce qu’elle peut offrir pour rendre le quotidien de tellement d’enfants si agréable doit-elle se vautrer dans le silence? 

Elle répond aux critères exigés par le ministère de la Famille. Elle se perfectionne chaque année. Elle donne sans compter. Elle est exemplaire.

Je vous le dis, malgré mes connaissances, mes diplômes et surtout celui de ma technique en petite enfance, ses expériences sur le terrain valent plus que tous mes diplômes cumulés. Elle brillera longtemps dans le cœur de bien des parents. Elle restera gravée tout aussi longtemps dans la mémoire de tant d’enfants.

À toutes ces responsables qui œuvrent « sans papiers », sachez que je vois votre travail. J’entends vos discours aimants offerts à votre petite clientèle. Je ressens votre don de vous. Je reconnais que vous êtes importantes dans le développement des enfants. Qu’à votre image, vous accueillez au sein de votre milieu, de votre vie, ce que vous considérez comme très précieux.

Je vous encourage à garder la flamme en vous, à perfectionner vos acquis, car cela reste toujours stimulant d’en connaître davantage. À garder en vous la raison ultime qui fait de vous une responsable. Vous êtes indéniablement une partie importante dans le réseau des milieux de garde. Je vous honore toutes pour votre travail donné sans compter.

 

Mylène Groleau