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Maudit que j’t’aime – Texte : Joanie Fournier

Ça nous arrive de se chicaner. De se chicaner fort. Ça m’arrive de pé

Ça nous arrive de se chicaner. De se chicaner fort. Ça m’arrive de péter des coches, solides. Parce que quand je vois tes bobettes sales par terre, à côté du bac à linge vide, ça fait tilter quelque chose dans mon cerveau. Quand je vois la vaisselle de ton déjeuner, t’sais ton assiette pleine de miettes de pain et de pelures de banane, déposée sagement sur le comptoir, juste au-dessus du lave-vaisselle que j’avais pris la peine de vider, et bien ça fait sortir le Hulk en moi. Bon, je suis bien consciente que la plupart de nos chicanes de couple ont pour cause les tâches ménagères, mais en même temps, c’est pas nouveau…

Donc oui, on se chicane fort parfois. Parce que ça vaut la peine. Toi, nous, tout ce que nous vivons ensemble, ça vaut la peine parfois de se battre pour que ça fonctionne. Pas de se battre à coups de poing, là ! Se battre à coups d’opinions, de valeurs et de convictions. Parce que je veux me battre jusqu’à mon dernier souffle pour que ça marche encore, nous deux. J’ai peur qu’un jour on arrête de se battre, l’un pour l’autre. Qu’on arrête de se chicaner, comme si on baissait les bras et qu’on ne valait plus la peine.

Après presque vingt ans à tes côtés, faut que je te le dise : maudit que j’t’aime. Même si tu ronfles fort, tu ignores encore que je te regarde souvent dormir et que chaque fois, mon cœur est rempli de tendresse. Même si on manque de temps pour se retrouver, tu ignores encore que je te regarde les fesses du coin de l’œil quand tu passes. Même si nous sommes coincés dans un petit espace en cuisinant, tu ignores encore à quel point j’aime quand tu viens derrière mon dos pour me prendre dans tes bras.
Parce que ce que je veux me rappeler de notre histoire d’amour, ce ne sont ni les engueulades, ni les ronflements, ni le manque de temps ou de place. Je veux me réveiller à 80 ans avec en tête toutes les fois où je t’ai regardé avec tendresse, amour et désir.

Je veux encore me réveiller à côté de toi tous les matins, malgré ton haleine.

Je veux encore venir me coller dans la douche avec toi, même si tu me voles mon shampoing et que tu mets toujours l’eau trop froide.

Je veux travailler dans le même bureau que toi, même si tu me tapes sur les nerfs quand tu parles fort au téléphone.

Je veux encore me coller le soir sur le divan avec toi, même si tu mets des miettes de chips partout pis que tu me voles ma doudou.

Je veux encore qu’on plie le linge ensemble le soir devant la télé, même si tu me laisses toujours la pile de bas dépareillés à trier à la fin.

Je veux encore qu’on cuisine ensemble pour le souper, même si je repasse derrière toi pour te dire comment on coupe des piments.

Je veux encore faire l’amour avec toi, même si on aimerait avoir plus de moments d’intimité juste nous deux.

Je veux encore dormir avec toi toutes les nuits, même si tu ronfles et que tu m’accuses de toujours voler la couette de mon bord.

Parce que c’est ça, l’amour. C’est pas tout rose, tout le temps. C’est pas des petits oiseaux qui chantent pis de la musique douce en trame de fond. Parfois on crie, parfois on se chamaille, parfois on se déçoit. Mais le plus souvent, on s’aime en maudit.

Joanie Fournier

 

Où en sommes-nous après ça ? Texte : Joanie Therrien

Après les premières fois Après les études Après l’achat d’une maison Après la naissance

Après les premières fois
Après les études
Après l’achat d’une maison
Après la naissance des enfants
Après leur rentrée à l’école
Où en sommes-nous ?

Après les lunchs
Après les devoirs
Après les entraînements de hockey
Après les soupers de famille
Où en sommes-nous ?

Après les rénovations
Après les semaines de travail
Après les hauts et les bas
Après les rendez-vous médicaux
Où en sommes-nous ?

On pourrait se poser la question des milliers de fois par jour.
On pourrait douter de temps à autre. On pourrait se remettre en question quand on est en désaccord.
On pourrait même hausser la voix quand tout tourne de travers.
Mais où en sommes-nous après tout ça ?

C’est simple. On est à la bonne place, au bon moment et avec la bonne personne.
On se comprend en un regard. On règle nos conflits avec peu de mots, mais avec beaucoup d’humour.

On s’écoute, on se parle, on se respecte. On avance dans le même sens, sur la même route et vers la même destination. Celle de la simplicité et du bonheur.

Et maintenant, si on me demandait de recommencer tout à zéro et de remarcher dans les mêmes souliers que ceux avec lesquels on s’est rendus jusqu’ici, je répondrais : oui, je le veux.

Et si au fond, c’était là qu’on était rendus ? 😉

 

Joanie Therrien