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Sois qui tu as envie d’être, mon enfant

De prime à bord, je n’aime pas dire à mes enfants qu’ils ont l

De prime à bord, je n’aime pas dire à mes enfants qu’ils ont le droit d’être différents, car pour moi, chaque personne est unique et a sa personnalité. Quand nous partons de ce principe, il est facile d’accepter nos enfants tels qu’ils sont. Nous n’avons pas à les comparer aux voisins, à l’enfant qui réussit dans tout à l’école ou au petit sportif qui cumule toutes les médailles.

Évidemment, pour certains, on remarque une identité plus marquée, que ce soit au niveau physique ou psychologique. J’ai trois garçons et je ne souffre aucunement du fait de ne pas avoir eu de filles. Mes enfants ont toujours pu commander des poupées et des toutous à paillettes par exemple. Petits, ils se sont déguisés en princesses et ont été accroc à Ballerina et à la Reine des neiges. Ils ont été libres d’être qui ils voulaient, d’interpréter le rôle qu’ils avaient envie. Ils savent déjà que ce sera toujours permis de suivre leurs envies, malgré les messages que la société peut envoyer.

Le jugement

Je sourcille atrocement lorsque j’entends des gens crier au scandale lorsque nous parlons d’une réalité maintenant plus médiatisée, et avec raison : la dysphorie de genre. Des adultes s’exclament que c’est une mode inquiétante. Une mode ?

Je crois que si nous pouvions nous mettre dans la peau d’une seule de ces personnes, seulement quelques semaines, nous pourrions mieux comprendre leur détresse. Je ne suis pas une spécialiste en la matière, mais je sais que ces changements ont une incidence majeure dans la vie de ces enfants touchés et dans celle de leur entourage. On est loin d’une bulle au cerveau quand on est prêt à accepter une multitude de chirurgies, de la médication et de l’intimidation à outrance par manque d’ouverture d’esprit. Ne croyez-vous pas que ces enfants préfèreraient jouer dehors avec leurs amis plutôt que de côtoyer spécialiste par-dessus spécialiste pour enfin réussir à s’affirmer et devenir qui ils sont vraiment ?

Le plus étonnant dans tout ça, c’est que les jugements viennent des adultes. On lapide sur la place publique des gens qui démontrent beaucoup plus de courage que ceux derrière leur écran. Vous savez, vos enfants apprennent de vous. Ils ont une résilience étonnante, tant et aussi longtemps que vous ne leur enseignez pas le contraire.

Aussi banal que des cheveux

Un de mes garçons a les cheveux longs. Dans ma tête de maman, des cheveux, c’est banal, mais en même temps très important. C’est une partie de l’identité d’une personne. Du haut de ses six ans et de son propre gré, il a refusé d’aller chez la coiffeuse. J’ai accepté. Je ne le poserai pas de force sur une chaise s’il n’en a pas envie. Aucun stress, ce sont des cheveux, ils vont tout simplement continuer à pousser. Quand il sera prêt, on ira. Aujourd’hui, deux ans plus tard, la tignasse est bel et bien définie. Il ne vit aucune intimidation de la part de ses camarades, petit bun sur la tête, queue de cheval ou cheveux à l’air libre.

Là où ça se gâte, c’est dans les lieux publics. Pourquoi ? Parce que des adultes de tous âges se permettent des commentaires dégradants. On a beau répondre poliment, mais les gens en rajoutent. Une fille est-elle « moins » fille si elle a les cheveux courts ? Non. Une fille peut dégager autant de féminité avec des cheveux courts. Pareillement pour un garçon. Un gars n’est pas moins gars parce qu’il a les cheveux longs.

Dernièrement, une dame d’une quarantaine d’années a crié à mon fils de huit ans, disons‑le : « Tes parents ne t’ont jamais appris qu’un vrai gars a les cheveux rasés ? Il serait peut-être temps qu’ils te le disent parce que c’est vraiment laid tes cheveux et tu as l’air d’une fille. » Mon fils m’a lancé un regard et m’a dit : « Maman, elle est bien bizarre, ce sont mes cheveux, pas les siens. » Quand je disais plus haut dans mon texte que les enfants sont plus résilients que bien des adultes… Malgré tout, je sais que cette dame a réussi à blesser mon fils et à créer un doute dans sa tête.

 

Souviens-toi

Tu as le droit de ne pas aimer. Tu as le droit de ne pas consentir. Tu as le droit à ton opinion. Tu as aussi le droit de la garder pour toi afin de ne pas nuire à l’émancipation de ces enfants‑là. Évite de semer un petit doute dans leur esprit. Tu ne sais pas ce que ces enfants vivent. Dans un an, lorsque mon fils tiendra son chèque pour Leucan pour le Défi Têtes rasées, j’ai hâte de voir ce que vous aurez à dire. Mon fils a une idée derrière la tête. Il a bon cœur et il est généreux. Il n’est pas mal élevé ni pouilleux comme vous l’avez perçu. Son cœur est clairement plus grand que le vôtre.

Si tous les gens se concentrent sur leur propre vie et acceptent les autres tels qu’ils sont, tout le monde s’en portera mieux. Gardez toujours ça en tête. Le monde sera plus beau et plus en santé.

Maggy Dupuis

 

Ma fille… Mon fils

Ma doudoune n’est plus! Je ne la vois plus! J’ai beau la cherche

Ma doudoune n’est plus! Je ne la vois plus! J’ai beau la chercher, elle s’est volatilisée. Il n’y a que ses yeux qui me confirment qu’elle a bien existé. Le regard lui ne change pas. Par contre, il y a une belle lumière qui n’existait pas auparavant.

Depuis plus d’un an, la testostérone a transformé son corps. Sa voix aussi. Je dois porter plus d’attention lorsqu’il parle, je le confonds souvent avec son frère. Ils ont le même timbre de voix. Et ça lui fait un p’tit velours lorsque je me trompe.

Je ne reconnais plus mon bébé et c’est parfois difficile. Je la cherche dans mes souvenirs, je regarde souvent des photos de son enfance pour me faire du bien, car mon cœur chavire encore à l’occasion.

Je l’aime de tout mon être, mais c’est parfois difficile de le suivre dans ses états d’âme, dans ses réactions dans tout ce que cela comporte comme changement. C’est tellement l’inconnu autant pour lui que pour moi.

Devant moi, physiquement, c’est un garçon. Mais qu’en est-il au niveau psychologique? J’aimerais être dans sa tête pour comprendre tout ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ce qu’il vit. Mais comme plusieurs garçons de 18 ans, il ne s’exprime pas beaucoup, du moins pas avec moi.

Les changements ne se font pas assez vite pour lui. Pourtant son cou est plus large, ses épaules aussi. Ses mains, ses pieds, tout est différent. De petits poils se sont installés sous son nez et sur son menton. Il est fier d’avoir une moustache molle comme son frère.

Son tour de taille s’est épaissi. Il a engraissé et il a grandi un peu. Il revit une puberté, mais cette fois‑ci, c’est beaucoup plus fort, beaucoup plus épuisant. Il est impatient, frustré et boutonneux. Une chance qu’il n’a plus de menstruations. Il traverse cette étape une deuxième fois et c’est cent fois plus intense.

Ce n’est déjà pas facile de soutenir un adolescent et de l’accompagner dans tous les changements qu’il peut vivre, alors imaginez avec un jeune de 18 ans transgenre. Ouf! Pas toujours évident.

Les papiers pour qu’il puisse subir une mastectomie sont maintenant envoyés. Il connaît le nom de la chirurgienne qui l’opérera. Mais pas encore la date. Il est prêt. Il n’en peut plus d’attendre. Mon chum s’est occupé de faxer tous les papiers. J’en étais incapable!

C’est mon enfant et je souhaite qu’il soit bien dans son corps. Mais cette ablation des seins me bouleverse, me vrille le cœur, me rentre dedans comme un truck. La panique me pogne et la peur m’envahit.

À cette étape, c’est comme si cette opération confirmait que mon enfant a réellement une dysphorie de genre. Que c’est un fait observable, qu’il n’y aura plus de retour en arrière. Que Leane n’existera plus… J’ai de la peine dans mon cœur. Je me dois de faire mon deuil. Faire le deuil de ma fille. Dans mon ventre, il y avait deux filles… des jumelles pas pareilles!

Je dois passer par plusieurs étapes du deuil et ce n’est pas toujours évident. Par contre, je sais et je comprends la chance que nous avons qu’il soit toujours en vie et plus heureux.

C’est une grande partie de sa féminité qu’il veut voir disparaître à tout prix. Il n’en a jamais voulu de toute façon.

Cette étape est pour moi la plus déchirante. Et pour lui, c’est l’une des plus importantes.

En attendant, il fait du taping pour cacher ses seins. Il utilise un chest binder pour camoufler sa poitrine. Cette partie de son corps qu’il ne voulait pas voir se développer est si intensément compressée qu’il a subi une inflammation intercostale (muscles des côtes). Cette situation devait être très douloureuse, car il m’a appelée au travail en me disant « Viens maman! Je souffre! »   Mon bébé avait besoin de moi. Direction urgence. Deux heures plus tard, anti-inflammatoires et médicament pour l’aider à dormir.

Je sais que je serai là pour l’accompagner lors de son opération, je sais que je prendrai soin de lui.

Mon enfant laisse partir des morceaux de son corps pour mieux se reconstruire. Mais cette étape à franchir me fait mal à mon cœur de maman.

Line Ferraro

Tu étais ma fille, maintenant tu es mon garçon

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Vous trouverez la deuxième partie içi : Ma fille est maintenant mon fils

Lors de ma deuxième grossesse, je souhaitais avoir un autre garçon. J’avais tout ce dont j’avais besoin pour en prendre soin. Des vêtements, de la literie, des jouets… Je trouvais cela beaucoup plus facile de prendre soin d’un p’tit homme en devenir et moins compliqué qu’avec une fille ! Je l’sais ! J’en suis une !

 

J’avais aussi acquis de l’expérience avec fiston. Mais ce que j’avais encore en  grande quantité, c’était de l’amour à offrir à l’enfant qui allait se joindre à notre famille. Peu importe son sexe, peu importe la couleur de ses cheveux, peu importe la grandeur de ses doigts… j’allais l’aimer jusqu’au bout de ma vie.

 

Des jumelles PAS pareilles

 

Mes deux filles sont nées à trente-huit semaines de grossesse. Deux petites filles très différentes. Des jumelles pas pareilles! La seule ressemblance était leur poids: 7 lbs.2 et 7 lbs.6. L’une avec beaucoup de cheveux noirs, l’autre avec un petit duvet châtain. L’une calme, l’autre impatiente. Une dormeuse et une curieuse.  Une rigolote et une réservée. Elles ont grandi, chacune à leur rythme. L’une s’est mise a parler, pendant que l’autre se déplaçait partout dans la maison. Elles se complétaient bien dans leurs différences. Et ces différences se concrétisent encore davantage en vieillissant.

 

 

L’enfance de ma doudoune

 

À l’âge de quatre ans, ma doudoune m’a dit : « Maman, j’ai pu l’goût d’être une jumelle! »

Pourtant, elles étaient si différentes physiquement et rarement habillées de la même façon. Elle ne voulait plus mettre de robes ni de jolis souliers. Fini les lulus et le vernis bleu sur ses ongles. Elle me disait que les chandails de filles étaient trop serrés, qu’elle se sentait coincée. Que les chandails de filles avaient trop de fleurs, trop de papillons et beaucoup trop de brillants. Alors pour lui faire plaisir, je lui refilais les chandails trop petits de son grand frère!

 

Elle continuait de grandir, de vieillir et de s’affirmer de plus en plus!

Pendant que sa soeur jouait à la princesse, ma doudoune faisait le pirate. Pendant que sa soeur se déguisait en Blanche Neige, ma doudoune se déguisait en Spider Man. Pendant que sa soeur faisait des bracelets, ma doudoune jouait au hockey dans la rue avec son frère. Plusieurs personnes que l’on croisait la prenaient souvent pour un p’tit gars!

Elle disait aux personnes qui l’entouraient que lorsqu’elle serait grande, elle aurait un pénis et qu’elle pourrait faire pipi debout, comme son frère! Que lorsqu’elle serait grande, elle ferait partie d’une équipe de hockey, comme son frère! Que lorsqu’elle serait grande… Elle avait plein de projets!

 

Vers l’âge de 12 ans, elle s’affirmait plus fort que d’habitude!

Elle ne voulait plus choisir ses vêtements du côté des filles, elle voulait faire des choix du côté des garçons! J’avais peur qu’elle se fasse juger, j’avais peur du regard des autres envers elle. Alors, pour lui faire plaisir et pour éviter une méga crise, j’acceptais! Oui oui, une MÉGA crise! Ma doudoune a un TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité) avec impulsivité.

 

14 ans.  Elle s’affirme avec encore plus de convictions!

Je vais la chercher chez une amie. Une nouvelle amie qu’elle connait depuis septembre. Une amie qui semble importante dans sa vie. Ses yeux pétillent lorsqu’elle en parle! Ce soir-là, elle est en retard. J’attends, j’attends !  Elle arrive enfin et s’excuse de son retard! Je sens qu’elle va m’annoncer une grande nouvelle.  Une grosse nouvelle! Une nouvelle dont je suis consciente depuis plusieurs années, mais que je cache au fond de mon coeur de maman. Je prends les devants et lui dis :

– Hé! doudoune, t’es amoureuse!

– Qui te l’a dit, maman?

-Une maman, ça sait tout!

Plus jeune, elle n’arrivait pas à mettre des mots sur son tourbillon interne, autant dans sa tête que dans son coeur. Elle était de plus en plus impulsive, bougonne, impolie, colérique. Je ne pouvais plus l’embrasser, la coller, discuter avec elle. Je sentais qu’il y avait quelque chose de plus! Je la perdais de jour en jour!!! Elle ne semblait pas bien! C’était plus que la période de l’adolescence. Elle se faisait du mal et se cachait sous de grands chandails, ceux de son grand frère! Elle se faisait du mal. Elle portait des pantalons, même en été!

 

Ce n’était pas le fait d’être gaie qui la bouleversait…

C’était plus que ça!

 

 

Elle me confrontait, m’accusait de tout et de rien! Puis, vers la mi-septembre, elle m’a envoyé un message texte :

« Maman j’veux pu être pognée dans un corps qui n’est pas à moi! J’veux être bien dans mon corps. J’veux pouvoir me sentir moi-même. C’est que j’suis pas bien dans mon corps! J’suis pas dans le bon corps! J’veux être moi.  J’veux être bien et pas me sentir pognée! »

J’ai compris que ma doudoune cherchait tout simplement à savoir si je l’aimerais toujours jusqu’au bout de ma vie…

 

Ma doudoune est, en fait, un garçon nommé Mathis!

 

Si je me concentre pour me rappeler, fouiller mes souvenirs et sonder mon coeur, les yeux de ma doudoune brillaient lorsque quelqu’un la prenait pour un garçon!

 

 

 

Je t’aime Mathis!

Et je t’aimerai jusqu’au bout de ma vie!

 

 

** Crédit photo lespetitinclassables.com **