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L’alphabet au-dessus de ta tête (TDC)

C’est ta professeur de maternelle qui m’en a parlé. Honnêtemen

C’est ta professeur de maternelle qui m’en a parlé. Honnêtement, je n’avais pas remarqué. Oui, il y avait un manque d’intérêt de ta part, pour les activités de bricolage, pour le coloriage. Je me suis dit que tu n’étais pas et que tu ne serais jamais une artiste, voilà, c’est tout.

Madame Carolyne pensait aussi comme moi, en début d’année. Mais plus l’année avançait, plus elle s’inquiétait. Et si c’était plus que ça?… Plus qu’un manque de volonté, plus qu’un manque d’intérêt. Et si c’était parce que c’était trop difficile pour toi?

C’est là que papa et moi avons décidé d’investiguer. Naturellement, on ne pouvait pas compter sur les services publics, beaucoup trop d’attente. Nous avons opté pour le privé, nous voulions des réponses et rapidement. Une évaluation en ergothérapie plus tard, et un portefeuille beaucoup plus vide, nous avons eu trois lettres : TDC.

Trouble D’acquisition de la Coordination, anciennement appelé dyspraxie motrice. Un long rapport nous énumérait tes faiblesses. Un paquet de recommandations suivait. Évidemment, la première recommandation était un suivi en ergothérapie. Désolée mon amour, mais papa et moi avons passé tout notre budget seulement pour l’évaluation. Bien sûr, il y aura référence au public, mais ton nom sera placé sur une longue liste d’attente.

Le rapport se terminait par des objectifs à atteindre et de nombreux exercices pour t’aider à les atteindre. Maman a pleuré, beaucoup. Je m’en voulais de ne pas être en mesure de t’offrir le suivi dont tu avais besoin. Papa, beaucoup plus positif, a dit qu’on y arriverait, que mon DEC en éducation spécialisée me servirait, que j’étais outillée pour t’aider.

Je me suis fait une nouvelle amie : Josiane Caron Santha (ergothérapeute). C’est une amie virtuelle, une amie qui, par ses capsules vidéo et ses mini formations, m’aide à me sentir plus compétente pour t’aider. Elle est géniale et je ne la remercierai jamais assez de nous partager son savoir.

Cet été, nous allons travailler ensemble. Travailler est un grand mot, parce que je veux que tu aies du plaisir et que tu t’amuses. Je ne veux pas que ce soit une corvée pour toi. Je veux que tu t’amuses avec maman, que tu travailles sans trop t’en rendre compte.

Tu seras plus forte que ça. Je ne serai pas un parent tondeuse. Je n’éliminerai pas tous les obstacles qu’il y aura devant toi. Je t’outillerai pour que toi, tu puisses les éliminer.

Heureusement, tu es une petite fille forte, persévérante, intelligente, au cœur grand comme l’univers.

Tu ne deviendras peut-être pas une neurochirurgienne… mais je sais que tu changeras le monde.

Je t’aime.

Maman

Mélanie Paradis

La dyspraxie

Depuis sa naissance, ma fille m’a inquiétée. Alors que tous me d

Depuis sa naissance, ma fille m’a inquiétée. Alors que tous me disaient : « Tu verras, le deuxième enfant apprend tout plus vite que le premier ! », je constatais que ce n’était pas DU TOUT son cas !

À sa naissance, elle avait cet air sévère que l’on voit chez les nouveau-nés qui ont souffert des dernières semaines de grossesse. J’ai pleuré en la voyant, oh j’étais tellement heureuse ! Mais je culpabilisais tellement aussi ! Je lui demandais plusieurs fois l’heure pardon pour cette souffrance que j’étais persuadée qu’elle avait vécue en moi : elle est née avec le cordon ombilical entouré plusieurs fois autour de son petit cou. Je sais bien que je n’y étais pour rien, mais vous savez ce que c’est : la culpabilité d’une mère, même insensée !

Elle n’a jamais marché à quatre pattes, se contentant de trois. À un point tel que j’ai eu peur qu’elle ait un problème de hanches !

Elle a marché très tard et que dire de l’apprentissage de la propreté !

Jusqu’à l’aube de ses trois ans, rien à faire. Elle n’apprenait pas du tout le principe ! Ce n’était pas par manque de volonté de ma part, par manque de trucs trouvés ici et là ou par manque d’expérience ! Elle était mon deuxième enfant et RIEN ne fonctionnait ! Elle pouvait faire dans sa culotte tous ses besoins et continuer à jouer tout bonnement sans que cela semble la déranger le moins du monde !

Puis, un soir, je ne saurai jamais vous expliquer ce qui s’est passé, mais au coucher, elle m’a dit : « Dodo ulotte mama! » Elle ne voulait pas de couche, pas de « pull-ups », non! Mademoiselle ma duchesse voulait dormir en bobettes alors que quelques heures plus tôt, elle s’en mettait partout !

Pour la première fois, elle démontrait un intérêt, alors elle a dormi en petit culottes et à partir de ce moment, elle n’a plus JAMAIS fait de dégâts ! Allez comprendre !

J’ai discuté alors qu’elle était toute jeune avec des amies professionnelles, m’inquiétant encore et encore sur son développement. Mais elle était trop jeune pour « savoir » si elle avait une particularité. J’ai attendu, la scrutant jour après jour…

Lorsque votre enfant vous dit en pleurs dans ses phrases décousues : « Mama é problème, amis comprennent pas tant je pale ! J’ai entendu et mama je pale pas bien ! », vous faites le saut !

Alors j’ai poussé et puis à la fin de sa première année du primaire, j’ai su : DYSPRAXIE.

Comment expliquer à son enfant ce « problème » ? Comment lui enlever cette sensation d’être « différente » et que cette différence ne soit pas « bien » ?

Je vous partage l’histoire que je lui ai racontée et croyez-moi, cela à fait toute la différence.

« Lorsque tu vois, entends, goûtes et sens, il y a une information qui entre dans ta tête. Il y a un petit bonhomme d’information qui a un travail à faire : apporter cette information au centre de ton cerveau pour que lui décide quoi en faire.

Par exemple, je te demande de répéter « Les patates sont cuites ! » Alors ton petit bonhomme d’information met la phrase dans son petit sac et part rejoindre le cerveau. En chemin, il chante, il saute, il regarde partout les belles lumières dans ta tête… Il échappe son sac, le reprend et arrive enfin à destination. Il donne le sac au cerveau. Celui‑ci regarde dedans et dit : « Ok, va porter cette information à la bouche pour qu’elle dise cette phrase ! » Voilà ce petit bonhomme qui reprend son chemin vers la bouche; il chante, il danse, échappe à nouveau son petit sac, le ramasse puis… il donne le sac à la bouche qui l’ouvre, regarde dedans et enfin, répète la phrase : « Les patates sont POURRITES ! »

Ma fille a sursauté ! : « Mais mama cé pas la bonne phase ! »

Voilà l’histoire qui a le mieux expliqué à ma puce de presque sept ans qu’elle n’était pas « différente » que ce n’était pas sa « faute» : c’était ce coquin de petit bonhomme d’information qui était étourdi facilement !

À partir de ce moment, j’ai vu dans les yeux de ma fille une compréhension, que dis‑je, une illumination comme je n’en avais jamais vue chez elle !

Elle va avoir dix ans le mois prochain et depuis ce jour, elle a beaucoup travaillé. Elle réussit ses études dans la moyenne avec les outils que j’ai pu trouver et que l’on m’a donnés.

La dyspraxie est une atteinte neurologique qui rend difficile la coordination des mouvements, de la parole, des actions entre elles, incluant les apprentissages de toute sorte. Ça veut dire qu’on est en double tâche cognitive en tout temps. Je vous partage un lien d’une vidéo l’expliquant mieux que moi‑même.

À l’ère où on conclut rapidement à des déficits d’attention de toutes sortes, renseignez‑vous sur les autres possibilités.

Nous soupçonnions un déficit chez mon plus jeune, mais voilà que lui aussi a cette dyspraxie à des niveaux différents de ceux de sa grande sœur. C’est comme deux personnes qui ont un rhume, mais qui n’ont pas les mêmes symptômes.

Depuis ce diagnostic, mes deux enfants s’épanouissent beaucoup mieux. Avec les bons outils, ça aide toujours !

Simplement Ghislaine