Depuis quelques mois, je suis la page Facebook de Guillaume Vermette
Depuis quelques mois, je suis la page Facebook de Guillaume Vermette, clown humanitaire et je suis touchée par ses actions, mais surtout par les gens qu’il nous présente à travers ses récits. Parce que j’ai eu envie de faire connaitre son travail (qui n’en est pas un puisqu’il est bénévole), mais aussi parce que j’étais curieuse de l’entendre parler de son expérience, j’ai tenté ma chance et je l’ai contacté. Guillaume a gentiment accepté de me partager un petit bout de son quotidien et de ses réflexions.
Nous nous sommes donc donné rendez-vous via skype, lui à Moscou, moi à Rimouski (vive les temps modernes!) Ce n’est pas son premier voyage en Russie; déjà avant de devenir clown humanitaire à temps plein, il avait participé à des missions dans ce coin. De façon progressive, il en est venu à vivre à temps plein selon ce mode de vie. Il a quitté son emploi, ses amis, sa ville, pour se consacrer à répandre de la joie un peu partout sur la planète. Il offre ses services aux plus démunis en s’associant à des organisations communautaire qui sont déjà actives sur place. Voici donc un résumé de la conversation que j’ai eu avec un nomade au grand coeur et à la belle moustache (je lui avais promis de parler de sa moustache, je suis une fille de parole!).
En quoi consiste le travail de clown humanitaire?
Sur la page Facebook de Guillaume Vermette, on peut lire que de façon bénévole et à temps plein, il va où les besoins sont les plus importants sur la planète, afin de distribuer de l’espoir, du bonheur et de l’amour. Les orphelinats Russes ainsi que les camps de réfugiés syriens sont deux endroits où il commence à se sentir presqu’à la maison, puisque cela fait plusieurs fois qu’il s’y rend et y a développé des relations significatives avec les gens de la place. Plus récemment, il se trouvait en Afrique. Bref, c’est sans plan précis qu’il parcourt la planète, le voyage et le dépaysement étant un bénéfice secondaire à ses occupations et non l’inverse.
“Ma job, c’est de leur offrir un moment d’enfance normal. Il y a souvent un gros manque de structure dans leur vie, un manque de simplicité. Ce n’est pas une question d’être performant comme artiste, mais plus de saisir leur besoin et d’aller les rejoindre à travers le jeu. Le but, c’est qu’ils s’approprient les jeux et qu’ils puissent jouer aussi quand je repars, seul ou avec leurs parents».
Guillaume poursuit en racontant qu’un ami lui a récemment fait remarquer que faire du clown humanitaire, «c’est exactement le contraire de faire la guerre. Quand tu fais la guerre, tu débarques dans un pays, tu fais du mal aux gens, tu reviens chez vous et tu te sens coupable. Faire du clown humanitaire, tu fais du bien aux gens, tu reviens chez vous et tu te sens bien.»
Quand la situation ne permet pas de créer des relations significatives, il lui arrive également d’offrir des performances artistiques pour divertir. «Des fois, le côté cirque, irréel et grandiose est un moment magique qui peut marquer les gens à jamais, surtout quand on n’a pas le temps d’établir de lien ou que les autorités gèrent plus sévèrement notre contact avec eux. Le spectacle devient la meilleur chose à faire.»
Qui peut devenir clown humanitaire?
Tout le monde! En fait, «pas besoin d’être le meilleur artiste pour y arriver, par contre il faut avoir le côté humain». Être en mesure de mettre son égo de côté, d’aller à la rencontre de l’autre, de s’adapter, voilà ce qui ressort du discours de Guillaume par rapport à ce qu’il fait. Il est très conscient que les jeunes qu’il côtoie ont souvent vécu de l’abandon et/ou de multiples traumatismes et ne voudrait surtout pas devenir une personne de plus qui les quitte. Cette sensibilité et cette intelligence émotionnelle semblent en effet surpasser les performances du clown.
Comment fait-il pour ne pas être découragé ou déprimé par toute cette violence humaine?
Guillaume côtoie la misère humaine au quotidien. Par contre, jamais je ne sens dans l’entrevue qu’il prend ces gens en pitié ni qu’il en veut à qui que ce soit pour leur condition. C’est plutôt la beauté de leur rencontre, des échanges de fous rires et des moments de complicité authentique qui ressort de son discours. «C’est quand même touchant d’avoir assisté de près à de la grande violence. De voir que les jeunes sont témoins de ça, mais sont habitués, désensibilisés et qu’ils deviennent parfois violents à leur tour. Ils fuient la violence pour trouver d’autre violence, celle des camps de réfugiée par exemple. (…) Mais je suis là, avec eux, pour les beaux moments, ils me connaissent et m’attendent, ils m’accueillent en criant mon nom. Ce sont tellement de beaux moments que parfois j’en oublie les problèmes derrière. Ce n’est pas pour souligner leur malheur que je suis là. Je suis là pour les accompagner, les divertir, les faire cheminer, aussi. Leur donner des outils pour affronter la discrimination qu’ils vivent, car parfois ils ne sont pas considérés comme des humains.»
Comment s’adapte-t-il à son mode de vie complètement nomade?
Pour comprendre le contexte, je précise ici qu’il vit de façon nomade en transportant sa maison sur son dos. Il est souvent logé chez les personnes qui s’occupent des organismes auxquels il s’associe. Pour ses petites dépenses personnelles (nourriture, réparation de costume, déplacement, etc.) il compte sur les dons qui lui sont acheminés via sa page Facebook. Bref, il est loin de la routine métro-boulot-dodo et il s’y adapte très bien. Il précise par contre qu’il lui arrive évidemment de s’ennuyer de ses proches, de son coin de pays. «C’est important de revenir chez moi de temps en temps, de faire attention à ceux que j’aime, ma famille, mes amis, pour ne pas devenir un cordonnier mal chaussé prônant l’amour et l’entraide en étant lui-même seul».
Et pour la suite?
Guillaume se voit très bien continuer dans cette voix toute sa vie. «Peut-être que la forme va changer, évoluer, peut-être même que je vais écrire mes récits ou partager mon expérience avec les autres, mais je vais rester dans la même voie.» Voila qui est rassurant pour la planète!
Je vous invite à aller faire un tour sur sa page Facebook et, si le cœur vous en dit, à contribuer à sa mission par un don. Chaque dollar fait une différence pour lui, mais surtout pour les jeunes qu’il côtoie.