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Soi-même parmi les jaloux – Texte : Arianne Bouchard

Quand j’étais plus jeune, comme beaucoup de jeunes filles, j’avais une faible estime de moi-mê

Quand j’étais plus jeune, comme beaucoup de jeunes filles, j’avais une faible estime de moi-même. Je me sentais différente, laide et mal aimée. Les commentaires récurrents visant à m’atteindre parvenaient à se frayer un chemin jusqu’à mon cœur, l’effritant chaque jour un peu plus. J’avais beau avoir des personnes exceptionnelles autour de moi qui m’aimaient, me trouvaient belle et qui appréciaient ma compagnie, c’est comme si dans la balance du bien et du mal, le mal l’emportait toujours. Je me sentais mal aimée, parce que je ne m’aimais pas moi-même.

Avec de l’expérience et du recul, si je pouvais serrer dans mes bras la plus jeune version de moi-même et lui parler, voici ce que je lui dirais humblement :

Ma chère enfant, tu es magnifique. Je ne dis pas cela uniquement parce que je suis une version plus âgée et améliorée de toi-même, mais plutôt parce que c’est une généralité : tous, nous sommes magnifiques, à notre façon. Tous, nous sommes beaux, puisque la beauté est dans les yeux de celui qui regarde. Même si certaines personnes ne te trouvent pas forcément attrayante, tu n’en restes pas moins belle aux yeux d’autres personnes. Il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier ! Tu n’as pas besoin d’être la plus belle. Tu n’as pas besoin d’être parfaite. Il y aura toujours quelqu’un pour te trouver parfaite avec toutes tes imperfections et qui t’en aimera que davantage. La perfection n’existe pas. Il faut que tu cesses de te mettre de la pression. Tu n’as nul besoin de revêtir ce masque platonique pour te conformer aux attentes inatteignables de la société. Sois toi-même, tout simplement.

Et puis personnellement, avec de l’expérience, j’ai adopté une nouvelle philosophie, que j’aurais dû, avec du recul, adopter plus tôt : je ne me lève pas le matin pour faire plaisir au monde ! En gros, l’avis et le regard des autres importent peu. Finalement, tout ce qui compte, c’est le regard que tu portes sur toi-même. S’aimer soi-même, c’est une histoire d’amour dont on est certain qu’elle dure toujours.

Les gens qui se moquent de tes différences, c’est ridicule. Tu es née unique, alors pourquoi mourir en pâle copie de quelqu’un d’autre ? Souvent ces gens sont les mêmes personnes qui te critiquent car ils voient en toi ce qu’ils ne seront jamais. Ils essaient de détruire ce qu’ils n’arriveront jamais à construire. Ils sont jaloux, envieux et puérils. Ne leur en veux pas pour autant et comprends plutôt que le problème vient d’eux et non de toi. La jalousie à petite dose est un manque d’amour et à plus grande dose, c’est probablement un manque de confiance en eux-mêmes. Il ne faut pas laisser ces personnes jalouses t’empêcher d’être qui tu es au fond de toi ni t’empêcher de faire ce que tu aimes. Continue d’être la meilleure version de toi-même, en constante amélioration.

Vis ta vie comme il te plaît, car de toute façon il y aura toujours quelqu’un pour te critiquer. L’être humain est ainsi fait, à toujours se croire meilleur que ceux qui l’entourent. C’est une fatalité !

Si les gens ne t’acceptent pas alors que tu essaies seulement de rester toi-même dans un monde de semblant, eh bien tant pis ! Les gens doivent t’aimer pour ce que tu es réellement et non pour ce qu’ils veulent que tu sois. Il y a sept milliards de personnes sur terre, il ne faut pas te laisser abattre par une pognée d’imbéciles. Leurs avis sont aussi importants qu’une goutte d’eau dans l’océan !

Tu te dois de continuer d’avancer avec la tête bien haute et tu ne dois surtout pas leur laisser voir l’emprise qu’ils ont sur toi. Il n’y a pas plus grande vengeance, pas plus grande victoire, que de les narguer avec ta force de caractère, en encaissant les coups et en te relevant toujours plus forte. Il ne faut pas baisser les bras. Les guêpes piquent toujours les plus belles fleurs, tu sais ! Tu es exceptionnelle et ils le savent. C’est exactement pour ça qu’ils te persécutent, pour essayer de ternir la lumière vive qui émane de toi, comme une étoile qui scintille plus fort que les autres dans l’immensité d’un ciel nocturne.

Tu dois les laisser faire. Il est inutile de riposter ou de chercher à se venger. Il n’y a que les faibles qui se vengent ! Les plus forts pardonnent et les plus heureux oublient tout simplement. Sois heureuse, sois forte et oublie-les. Comme chaque personne est auteur de sa propre vie, concentre-toi à l’écriture de ta propre histoire, toi qui aimes tant écrire. Nul besoin d’essayer d’arracher les fins heureuses aux autres. Crois-moi, les personnes de ce genre n’ont besoin de personne d’autre qu’elles-mêmes pour gâcher toutes leurs chances.

Finalement, je terminerais en te rappelant que l’amour de soi est l’amour qui compte le plus. Si tu ne t’aimes pas toi-même, cela se sent. Les autres pourront ressentir tes faiblesses et s’en servir à ton détriment. Il faut dégager de la puissance et de l’assurance pour attirer les bonnes personnes. Le parfum des doutes et des insécurités est toujours plus facile à détecter par le nez fin des détracteurs. De plus, tu comprendras rapidement que pour être capable d’aimer une autre personne, il faut d’abord être capable de s’aimer soi-même et comprendre ce qu’est réellement l’amour.

Et puis tu verras qu’en apprenant à te connaître, tu auras l’impression de t’aimer un peu moins, mais je t’assure qu’il suffit d’apprendre à connaître les autres pour t’aimer toujours un peu plus…

Arianne Bouchard

Quand la différence n’est pas acceptée

Mon fils est sans contredit ma plus grande fierté, ma joie de vivre

Mon fils est sans contredit ma plus grande fierté, ma joie de vivre et un soleil dans ma vie. Comme toutes les mères, je trouve que mon fils est parfait comme il est, même avec son caractère de préado! Mon fils, aussi parfait soit-il à mes yeux, est différent : il est autiste.

Il y a autant de formes d’autisme qu’il y a d’autistes. Raphaël est verbal, fonctionnel, hyper intelligent. Sa différence s’exprime dans le fait qu’il n’a aucun filtre lorsqu’il parle. Il peut paraître gêné et peu sociable, il est réfractaire aux changements s’il n’est pas mis au courant préalablement. Il n’aime pas être touché, il aime la routine, il n’aime pas les contacts visuels et il a des rigidités alimentaires.

Il a reçu son diagnostic il y a maintenant plus de quatre ans. Ce jour-là, je l’avoue, j’ai été soulagée. On avait enfin mis un nom sur la différence de mon fils, j’entrevoyais une lumière. De l’aide allait pouvoir être apportée et il aurait un type d’éducation adapté à sa situation. Si pour moi, ce fut un soulagement de pouvoir enfin mettre un nom sur ce qui affligeait mon fils, cela n’a pas été le cas pour les gens qui nous entouraient. Si la majorité a bien répondu et était également heureuse de savoir ce qui en retournait, d’autres, par contre, ont réagi négativement. Ils ont eu honte de la condition de mon fils, du fait que celui-ci n’était pas « parfait » comme eux l’entendaient. Ils se sont mis à le traiter différemment, à questionner son intelligence et son avenir.

Pire encore, on m’a blâmée pour la situation. On a accusé mon surpoids d’être la cause de la rigidité alimentaire de mon fils. On a dit que j’étais trop « mère poule » et que c’est pour cela que mon fils n’était pas porté à aller vers les autres. Si mon fils s’exprime sans filtre, c’est forcément que je l’ai mal élevé, ai-je entendu à maintes reprises. On a dit que je le couvais trop en lui expliquant au fur et à mesure le plan de la journée, et qu’en prenant le temps de lui expliquer les changements qui étaient survenus, je l’avais rendu insécure et que c’était aussi pour cela qu’il évitait les contacts visuels. J’étais LA raison derrière la différence de mon fils. Les médecins et les spécialistes se trompaient et j’avouais mes torts, puisque je ne demandais pas de seconde opinion médicale.

Ça m’a bien entendu fait beaucoup de mal, ça m’a blessée profondément. J’ai voulu protéger mon fils de ces gens et de ces propos en les côtoyant le moins possible. Malheureusement, on ne peut pas toujours couper les liens avec certaines personnes, même si on le voulait. Le temps a passé, ma carapace s’est épaissie face à ces personnes. Le temps a passé et Raphaël a grandi. En grandissant, il a observé par lui‑même le comportement différent de certaines personnes envers lui et envers sa sœur. Un jour, il m’a posé la question que je redoutais : « Pourquoi ils sont différents avec moi qu’avec ma sœur? ». C’était confirmé, flagrant et indéniable : lui aussi l’avait remarqué.

J’ai alors eu une conversation avec mon fils que je n’aurais jamais voulu avoir. Lui expliquer que sa différence est malheureusement mal connue des gens et que certaines personnes le perçoivent différemment à cause de cela. Que cela ne change rien à qui il est, à ce qu’il peut ou ne peut pas faire, mais que l’ignorance des gens sur l’autisme fait en sorte qu’ils agissent de façon étrange avec lui. L’autisme n’est pas une maladie, c’est un état. On naît avec cette condition et non, les vaccins reçus lors de la petite enfance ne sont pas en cause!

Raphaël sait qu’il est différent. Il est conscient de son état, il est capable d’expliquer l’autisme aux gens autour de lui. Il l’a même fait aux membres du service de garde de son école! Par contre, il m’a avoué que certains enfants à son école jouent avec lui, mais aussitôt qu’ils apprennent qu’il est dans une classe relation (classe pour enfants autistes), ils arrêtent de lui parler et de jouer avec lui. Malgré mes explications, il ne comprend pas la situation et je vois la tristesse dans ses yeux de ne pas être accepté. Mon cœur de mère saigne lors de ces moments, car je sais que hormis écrire des textes et parler de sa condition pour la démystifier, je ne peux rien faire de plus pour changer la vision des gens.

Je souhaite, pour toutes les personnes vivant avec une différence, quelle qu’elle soit, que les gens puissent finalement voir l’être humain se cachant derrière cette différence. Que la société arrête de voir des obstacles où il n’y a que des possibilités. De voir les gens pour ce qu’ils sont et les apprécier tels quels, sans préjugés ni idées préconçues. La différence doit être célébrée, c’est ce qui fait de nous des êtres uniques.

Annie St-Onge