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Voyager en famille… du rêve, à la réalité!

S’il y a bien une chose qui était claire pour moi lorsque je suis

S’il y a bien une chose qui était claire pour moi lorsque je suis déménagée en Italie, c’était que je ferais le tour de l’Europe avec les enfants. C’est même ainsi que je me présentais aux gens : « Bonjour, je suis ici pour faire l’école à la maison à nos deux garçons (1re, 2e et 3e années pour le plus jeune; 4e, 5e et 6e années pour le plus vieux), apprendre l’italien et planifier nos voyages. Mon mari, lui, travaillera pour l’OTAN trois ans et saisira chaque occasion de partir en exploration avec nous. »

Dans mes rêves, les voyages représentaient le summum à vivre avec nos enfants. Une expérience qui irait bien au‑delà du matériel… qui toucherait presque… le spirituel! Hum hum… Oui. Légèrement intense. C’est moi ça.

Après Paris, Londres, Berlin, Rome et tant d’autres… constat du jour : voyager en famille, c’est plus dur que je l’avais imaginé!

Au cours des douze derniers mois, dont trois ont été consacrés aux voyages de toutes sortes, je peux maintenant affirmer (sans l’ombre d’un doute!) que mes envies de tour du monde se sont évaporées comme neige au soleil.

Je précise tout de suite que je n’ai pas perdu complètement le goût d’explorer de nouveaux horizons. J’ai juste mieux compris le genre d’aventures qui plaît à ma famille… et on est loin d’un marathon comme le tour du monde!

Qu’est‑ce qui s’est clarifié à travers mes essais et erreurs de la dernière année? Qu’est‑ce qui fonctionne généralement pour ma famille? Et si je devais réunir les dix ingrédients d’un voyage réussi… quelle serait ma liste?

  1. Accepter qu’on voyage comme on vit. Je suis une fille qui priorise le plaisir et le bien‑être dans la vie en général. Je ne me transforme pas soudainement en une machine performante simplement parce que je suis dans un autre pays. J’ai toujours le même objectif : passer du bon temps avec les gens que j’aime. Profiter autant du chemin que de la destination, c’est ma philosophie dans la vie ET en voyage.
  1. Assumer ses priorités. Je priorise le plaisir, alors j’accepte que je ne pourrai pas tout voir. Perfectionnisme et légèreté ne vont pas ensemble.
  1. Choisir les activités qu’on veut réellement faire, pas celles qu’il faut supposément faire. Il y a tellement de choix… Si je ne peux pas tout faire, pas question de perdre mon temps avec une sortie qui ne me plaît pas vraiment!
  1. Prévenir les enfants que ce fameux plaisir n’arrivera pas nécessairement en même temps pour tout le monde. Mes cocos savent qu’il y a des moments pour eux et des moments pour leurs parents. Nous visons toujours un certain équilibre et ils pratiquent ainsi le respect d’autrui. Tout le monde essaie très fort de ne pas gâcher l’expérience des autres.
  1. Connaître nos ennemis pour mieux les dompter… le stress! Les voyages peuvent être une grande source d’anxiété. Il faut avouer que Papa et Maman ne savent pas vraiment plus que leurs enfants ce qui les attend… Moi, comme adulte, j’ai appris l’importance de supporter ce petit sentiment de vertige qui m’accompagne lorsque je quitte ma zone de confort. Mais mes enfants, eux, sont tout simplement : des enfants. Maturité et expérience ne riment pas avec petite enfance. Je ne compte plus le nombre de fois où mes enfants auraient préféré rester à la maison, au lieu de se risquer à expérimenter un nouvel endroit ou une nouvelle rencontre… Il faut être prêt à les accompagner là-dedans… à les encourager à explorer les territoires inconnus. Ils pourront toujours juger par la suite, selon leurs intérêts et leur personnalité, de ce qu’ils apprécient ou non. Et plus souvent qu’autrement, le moteur de la passion et de la curiosité s’enflammera parce qu’ils auront découvert quelque chose qu’ils aiment. Heureusement, avec l’expérience, je peux dire que les enfants apprennent à gérer cette anxiété et avancent dans chaque voyage avec plus de confiance.
  1. Connaître nos ennemis pour mieux les dompter… la fatigue! Saviez-vous que vous avez le droit de prendre une journée de pause en plein milieu d’un voyage? Après trois ou quatre jours, je ressens toujours le besoin de me reposer. Rien ne nous oblige à maintenir constamment le même rythme. Nous ne serons que plus disposés à reprendre nos activités normales dès le lendemain.
  1. Connaître nos ennemis pour mieux les dompter… la faim! J’essaie de toujours avoir une collation et de l’eau dans mon sac. Nous faisons ainsi d’une pierre, deux coups. Nous évitons l’irritabilité qui accompagne une chute trop drastique de notre taux de sucre et nous diminuons le stress au repas. Si notre enfant n’apprécie pas son dîner, nous sommes moins inquiets de le voir chipoter dans son assiette en sachant qu’il a mangé un petit encas nourrissant il y a deux heures et que nous avons ce qu’il faut pour un goûter d’après-midi. J’emporte en voyage un sac rempli de barres tendres dès que possible!
  1. Ne pas acheter de souvenirs. On prend des photos et on dépense pour des activités, pas pour des objets. Mes enfants le savent et connaissent par cœur ma phrase fétiche : « Nos plus grands souvenirs sont dans nos têtes. » Ils ne le demandent même plus et on évite bien des batailles. Je ne magasine pas de cadeaux non plus. Je profite simplement de mes vacances. Évidemment, cette règle n’est pas coulée dans le béton… Il y a eu quelques exceptions.
  1. Privilégier les grandes villes au lieu de se déplacer de village en village. En changeant moins souvent d’emplacement, on diminue le temps de transport et les changements d’hôtels, donc le stress et la fatigue. J’apprécie aussi la grande variété d’activités qu’offre une métropole.
  1. Louer un appartement. En voyageant à quatre, il est plus économique de louer un appartement quelques jours que de dormir à l’hôtel puisque nous pouvons y cuisiner nos déjeuners et nos soupers.

J’aurai bientôt l’occasion de tester mes principes et de comparer ma façon de voyager, puisque je viens tout juste d’accepter l’invitation d’une amie pour aller découvrir les marchés de Noël de Vienne. Conjointe de militaire elle aussi, elle est dans la même situation que moi, c’est-à-dire temporairement seule à tenir le fort à Naples alors que mari chéri est parti servir son pays. Nous quitterons donc bientôt toutes les deux pour l’Autriche avec nos cocos respectifs. Ce sera l’occasion parfaite d’observer les trucs d’une autre famille et de pousser plus loin ma réflexion sur mes goûts en matière de voyage…

Elizabeth Gobeil Tremblay

 

La vie devant soi

Dans quelques jours maintenant, je m’envolerai seule vers l’Espa

Dans quelques jours maintenant, je m’envolerai seule vers l’Espagne. J’irai marcher pendant quarante‑deux jours sur les chemins de Compostelle. Quarante‑deux jours de marche pour mes quarante‑deux ans. C’est un heureux hasard ou la synchronicité qui se poursuit. J’ai choisi deux caminos pour la mer et ses montagnes, soit le Del Norte et le Primitivo. Je laisse derrière moi mon amoureux, mes trois enfants, ma famille et mes amis. Ils m’accompagneront toutefois dans mon cœur et dans ce que je suis.

Pourquoi je pars? Bien des gens m’ont posé la question avant même que je me la pose moi‑même. À dire vrai, je ne sais pas vraiment. Je sais toutefois que je ne pars pas pour les mêmes raisons qu’il y a quelques années alors que j’avais décidé d’entreprendre cette aventure. J’aurais envie de répondre qu’aujourd’hui, je pars parce que je veux découvrir cette côte nord de l’Espagne et ses paysages magnifiques, parce que je veux m’imprégner de ses cultures locales et m’ouvrir aux rencontres, parce que j’aime marcher tout simplement et qu’il y a assurément un défi personnel physique à ce parcours qui me semble tout sauf facile. Ça semble manquer un peu d’introspection à mon grand désarroi, mais c’est comme ça. Il y a probablement d’autres raisons inconscientes et des réponses qui se pointeront le nez au tournant d’un chemin. Pour le moment, ça n’a aucune importance.

Puis, on me demande : tu n’as pas peur? À vrai dire, autant je ne connais pas toutes les raisons qui m’appellent là‑bas, autant je peux vous nommer les peurs innombrables qui m’habitent. Ces peurs étaient inexistantes il y a quelques mois, mais plus la date de mon départ approche, plus je me sens anxieuse. Je n’ai jamais voyagé en Europe. Je ne connais pas les escales et les transferts d’avion. J’ai donc choisi deux escales soit à Paris et Amsterdam afin de dépasser ces peurs et me permettre de visiter les alentours un peu, puis je reviendrai par le Portugal. J’ai aussi peur de ne pas trouver d’endroit où dormir, j’ai peur de perdre mon passeport, mon argent ou pire, de me faire voler; j’ai peur que quelque chose arrive à mes proches alors que je serai trop loin, j’ai peur de me blesser et de ne pas terminer mon voyage, j’ai aussi peur, et de l’écrire me terrifie, de ne pas revenir. Mais oui, oui, je reviendrai.

Et au‑delà de ces peurs, au‑delà de ne pas connaître toutes les raisons m’emmenant vers Compostelle, je partirai. Je partirai heureuse de découvrir une autre partie du monde et de réaliser un rêve, le mien. J’irai user mes bottines dans quatre pays différents et je garderai les yeux grands ouverts devant toute cette beauté de l’inconnu. Je partirai en étant qui je suis, avec le meilleur de moi‑même et avec ma zone d’ombre. Je travaillerai mon anxiété et par le fait même mon lâcher‑prise. Je me ferai confiance, ferai confiance à ceux que j’aime et à la Vie.

Merci à mon amoureux et à mes enfants qui laissent partir leur femme ou leur mère pour qu’elle marche sa douce folie. Merci de me laisser partir sans que je me sente trop coupable et de m’accompagner dans mes rêves à moi. À vous mes amours, ma famille, mes amis et à vous qui lisez ces quelques lignes, je vous souhaite de réaliser vos rêves. Aujourd’hui, demain ou bientôt.

Isabelle Bessette

Ailleurs si nous y sommes. Entrevue avec une famille nomade

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Je regardais le fil d’actualité de mon Facebook quand j’ai appris qu’une connaissance se lançait dans un projet audacieux, celui de tout vendre pour partir en voyage d’une durée non déterminée avec sa conjointe et son fils. Tout de suite, j’ai eu envie d’en apprendre plus sur leur démarche que j’admirais et qui me semblait si inspirante. Ils ont gentiment accepté de prendre un peu de leur temps pour répondre à mes questions. Voici donc le résumé d’un échange virtuel avec une famille sensible, ouverte sur le monde et qui n’a pas peur des défis.

 

Qui sont-ils?

 

Un père : 

Kaven Croft, 34 ans, originaire de Rimouski, ingénieur mécanique dans le domaine aérospatial et spécialisé en matériaux composites. Travail en recherche et développement, 40 heures par semaine. Métro-boulot-dodo. Mordu d’escalade, mais de plus en plus difficile de trouver du temps pour en faire.

 

Une mère :

Christelle Proulx Cormier, 31 ans, originaire de Rimouski, chargée de projet en urbanisme social dans une firme privée à Montréal. Travaille à temps plein elle aussi (plus quelques soirs). Adepte de yoga et de sports de montagne.

 

Un fils :

Nolan Croft, 2 ans et demi au début du voyage, originaire de Montréal. Allait à la garderie à temps plein avant le départ.

 

Avant leur départ, ils formaient une famille plutôt typique : « Une routine de métro, boulot, garderie-dodo. Courses et ménage la fin de semaine. Pas beaucoup de temps pour faire ce qu’on aime : jouer dehors en famille.»

 

 

 

Du rêve à la réalité : la genèse d’un projet d’envergure

 

Le rêve qu’ils sont en train de vivre, plusieurs familles le désirent, l’imaginent, l’envient, mais peu passent à l’action. J’étais intriguée de comprendre leur élément déclencheur. De savoir comment est-ce qu’on passe de la rêverie à la planification concrète de ce voyage et quelles ont été les étapes nécessaires avant le grand départ. Voici ce qu’ils avaient à dire sur le sujet :

 

« Depuis quelques années, nous avions vraiment l’impression de courir après un équilibre inatteignable, d’être de moins en moins nous-mêmes et de ne plus prendre le temps de faire du plein air, ce à quoi nous avions toujours carburé. Nous avions l’impression de simplement “gérer le quotidien”, de ne pas avoir de projets. Rien d’exceptionnel. La réalité de plusieurs jeunes familles dans la trentaine.

 

En plus, comme bien d’autres, nous avions souvent parlé de tout quitter pour explorer le monde ou pour travailler à l’étranger et l’envie devenait de plus en plus forte. Depuis la naissance de Nolan, en 2014, Kaven souhaitait amorcer un tournant dans sa carrière. À l’été 2016, nous sommes passés à un cheveu de déménager en Californie puisqu’il y avait trouvé un emploi hyper motivant. Mais à la dernière minute, le projet n’a pas fonctionné. Ça a été dur.          

 

Entre-temps, le condo était vendu et nous avions encore plus envie de sortir un peu de notre coin de pays, au moins pour un temps. Après cette histoire, nous avions besoin d’une coupure, de réfléchir à la suite. De retrouver l’envie d’avoir des projets à nous, de prendre du temps pour se retrouver un peu, tous les trois. Et embarquer Nolan dans une telle aventure nous semblait vraiment être un cadeau pour la vie, même si à son âge, les souvenirs ne seraient pas si nombreux. 

 

Nous avons donc sauté dans le vide, mais il y avait pas mal de choses à planifier : conclure la vente du condo, prévoir l’entreposage de nos biens, organiser le déménagement, faire les changements d’adresse, bien fermer et transmettre nos dossiers au bureau, prévoir notre paperasse pour les impôts et parler à un comptable, aviser les gouvernements de notre absence, “sortir temporairement du système”, faire la tournée de la famille à travers le Québec, établir un itinéraire préliminaire, se faire vacciner, acheter le matériel nécessaire, aider Nolan à comprendre ce qui se passe, dire au revoir aux amis, alouette! Une vraie course contre la montre! Tout ça en deux mois! »

 

Le plan

 

Ce genre de périple exige à la fois un grand laisser-aller combiné à une bonne planification. Impossible de tout prévoir, de tout contrôler, mais en même temps, ça prend un plan de départ. Le leur a un peu évolué en cours de route, mais suit encore leur principe initial, celui de briser le cercle du quotidien en s’ouvrant au monde.

 

En effet, au début de leur aventure, on pouvait lire sur leur blogue qu’ils prévoyaient «un trip d’une durée indéterminée, mais d’au moins six mois» et qui allait « commencer par l’autre bout du globe : l’Indonésie. Ensuite, Singapour. Pour le reste, tout est encore possible. Assurément le Viet Nam, la Thaïlande, le Népal. Possiblement la Malaisie, le Laos, le Cambodge, la Chine. Et après? Possiblement un petit saut en Europe pour quelques retrouvailles et quelques bonnes bouteilles.»

 

Qu’en est-il cinq mois plus tard? La jeune famille nous apprend son nouvel itinéraire : « On voulait rester ouverts à toute possibilité, tout changement de plan. On était même ouverts à l’idée de se trouver un emploi en cours de route, mais ça s’est avéré moins facile que prévu. Alors on continue! On a écourté un peu l’Asie (moyennant quelques deuils et des promesses de retour) et on passe plus de temps en Europe. Ce fut donc l’Indonésie, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, le Viet Nam, la Grèce, l’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse. Et pour la suite, possiblement l’Italie et la France.»

 

Leurs photos, que vous pouvez admirer sur leur compte Instagram Ailleurs si nous y sommes, font rêver. On y voit de splendides clichés pleins d’authenticité. Des paysages, des repas en famille, un petit bonhomme qui découvre la vie bien loin de sa routine d’autrefois.

 

 

 

 

 

 

 

 

Petit bilan de parcours

 

Évidemment, quand on passe du rêve à la réalité, les scénarios peuvent être bien différents de nos appréhensions, et ce, autant en positif qu’en négatif. Voilà un résumé de leurs impressions jusqu’à présent :

 

L’Asie :

 

Il y a une «quantité étourdissante de touristes; l’impression que plusieurs locaux sont devenus bêtes comme leurs pieds à cause du trop grand nombre de touristes (on s’attendait à plus de sourires et de chaleur); le bruit, partout, tout le temps; la pollution.

Mais aussi : des paysages à couper le souffle; le café au Viet Nam (une vraie culture et la qualité de celui-ci); Bangkok (on a plus aimé cette ville qu’on pensait); Lombok (encore assez authentique); l’art de rue et la musique indépendante à Yogyakarta; les pluies de Bali; la beauté de Sapa (encore plus wow que ce qu’on croyait)!»

 

L’Europe

Ils ont connu « la beauté de la Grèce continentale (très montagneuse), la gentillesse et la générosité de son peuple; le sentiment d’être chez nous en Angleterre et la magie d’Oxford; notre relative facilité à se débrouiller avec l’allemand, la qualité des jeux pour enfants en Suisse (eh oui!) et l’attitude beaucoup plus relaxe de Nolan en Europe (en comparaison à l’Asie).

Mais aussi : le sentiment d’incertitude qui règne partout (politique et économique); la méfiance de certains pays envers d’autres; la pauvreté en Grèce en raison de la crise.»

 

Le voyage en général

«On croyait plus triper en Asie, s’y intégrer un peu plus, se faire des amis locaux. Avoir une révélation, genre. Mais non. C’est difficile si on n’y vit pas. On est toujours l’Autre, le Blanc, le touriste. On est vraiment profondément Occidentaux. Et on veut vraiment vivre en Occident. On en est maintenant certains. Et ça nous a un peu surpris.»

 

L’adaptation de chacun

 

Le voyage, surtout sur une longue période, demeure un défi d’adaptation. Les membres de la famille demeurent très authentiques par rapport à leur vécu. Loin d’idéaliser leur quotidien, on ressent quand même toute la richesse de leur démarche.

 

« Il y a des hauts et des bas, on ne peut pas le cacher. Voyager longtemps, seuls, entre amis, en couple ou en famille comporte des défis et des risques bien différents. Mais ce n’est jamais facile. On se doutait bien que de passer plusieurs mois ensemble, presque 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ça ne serait pas évident. Mais même si parfois, chacun a besoin d’un peu plus d’air, on s’en sort plutôt bien! Cette expérience nous donne quand même une occasion privilégiée de partager des moments extraordinaires en famille, de consolider nos liens avec notre jeune garçon, de lui expliquer le monde à notre façon.

Le début du voyage a été une période d’adaptation pour tous. D’abord, il fallait réaliser ce qu’on avait fait, le digérer. Ensuite, il fallait se faire à l’idée que c’était notre nouveau mode de vie, et pas simplement des vacances. On ne voyage pas de la même façon quand notre routine nous attend dans quelques semaines. Et pour Nolan, il y avait encore moins de repères. Il fallait le rassurer, lui expliquer ce qui se passait et ce qu’il vivait. Ensuite, il y a pris goût et nous, on a relaxé un peu plus. Surtout à partir de la Thaïlande, disons.»

 

 

 

Le concept de la famille à travers le monde

 

Se fondre ainsi dans d’autres cultures nous apprend à connaître les autres, mais nous apprend également à mieux nous connaître nous-mêmes. J’étais curieuse de savoir comment leur voyage avait transformé leur conception de la famille. De savoir comment ce recul par rapport à notre mode de vie occidental les avait influencés. À ce sujet, ils répondent qu’ils se sentent « encore plus occidentaux et fiers de notre coin du monde (du Bas-Saint-Laurent, du Québec et même du Canada). On vient d’un endroit extraordinaire, qui n’a pas grand-chose à envier au reste du monde et qui a une super réputation partout sur le globe. Même si on est pleinement conscients qu’en comparaison, on y avait un rythme assez effréné, que les transports collectifs sont pourris et qu’il y a quelques autres irritants, les autres pays ne sont pas parfaits non plus.

           

Ce qu’on a envie de faire, c’est de s’inspirer un peu plus des aspects positifs des différents modes de vie qu’on a observés, pour ne pas se laisser complètement prendre dans l’engrenage qui nous a déjà épuisés. Relativiser. Choisir. En Asie, c’est impensable de voir son enfant seulement deux ou trois heures par jour et à la course en plus. En Grèce, c’est impensable de ne pas prendre le temps de boire un café avec les amis de façon régulière. En Europe, on ne fait pas les courses le dimanche. On est en famille et on joue dehors. À Bali, on respecte les gens et on adopte une attitude positive en présumant qu’ils sont bons avant de les juger. On veut se souvenir de tout ça quand on se créera une nouvelle routine.»

 

 

 

Et le retour?

 

« Le stress du retour commence à être présent, mais on gère bien. On a plus confiance en notre capacité d’adaptation maintenant! [] Le retour devrait normalement se faire au cours de l’été. Plusieurs choses sont encore floues, mais une chose est certaine, on veut apporter quelques changements à la routine et surtout, à notre attitude envers le stress du quotidien. On relativise bien des choses maintenant! Sommes-nous plus zens? On ne le sait pas, mais on est certainement changés»

 

 

Vous pouvez suivre Kaven, Christelle et Nolan via leur blogue : ailleurs si nous y sommes (ailleurssinousysommes.com). Ils ont également une page Facebook et un compte Instagram portant ce même nom. Vous serez assurément inspirés par cette famille remplie d’authenticité. Ils sont certainement un modèle de dépassement de soi et un rappel du pouvoir que nous avons tous sur notre vie.

 

 

Roxane Larocque