Tag famille nombreuse

Ma Nathalie – Texte : Joanie Fournier

J’étais dans la jeune vingtaine quand je l

J’étais dans la jeune vingtaine quand je l’ai rencontrée. J’avais eu la chance incroyable de côtoyer ses enfants, les uns après les autres, en travaillant comme éducatrice. Au fil des mois, une confiance s’est installée et un lien d’amitié s’est créé. Un lien entre deux femmes, l’une mature et expérimentée, l’autre jeune et passionnée. Puis de l’éducatrice, je suis devenue l’amie. Elle m’a ouvert les portes de leur maison et de leur intimité.

Elle m’a impressionnée, dès la première rencontre. Elle jonglait entre les enfants, comme une pieuvre bienveillante. Pourtant, comme éducatrice, je savais bien m’occuper de plusieurs enfants à la fois. Mais ma Nathalie, elle était la master-maman. Chef de file d’une famille nombreuse, elle avait réussi à élever ses enfants avec respect, bienveillance et tellement de douceur. Elle était un modèle pour moi, une inspiration.

La première fois qu’elle nous a invités à souper chez elle, mon amoureux et moi, est un souvenir tellement fort pour moi. Je la revois en train de cuisiner, le fourneau rempli à craquer. Les enfants s’amusaient, tous ensemble. Et quand on s’est mis à table, leur harmonie m’a fait envie. Chacun avait sa place, son rôle à jouer, sa responsabilité. Avant elle, je connaissais seulement des mamans qui se levaient 32 fois de table pendant le repas et qui finissait par manger froid. Pas ma Nathalie. Pendant une heure, nous étions assis à table à parler et tout était tellement paisible… Ça m’avait frappé de plein fouet : moi aussi, je voulais ÇA plus tard ! Les plus grands aidaient à débarrasser à la table, un autre aidait le bébé à ramasser sa fourchette qu’il avait lancée ou échappée. Évidemment, il y avait des petits conflits d’enfants. Mais tout était tellement naturel…

J’étais vraiment impressionnée… et quand je suis sortie de là, j’ai dit à mon amoureux que moi aussi, je voulais une grande famille. Il m’a avoué que si je lui avais demandé cela avant, il aurait fait une petite crise cardiaque… mais plus maintenant. Maintenant qu’il avait vu tout l’amour qui envahissait cette famille, il était tout aussi conquis que moi.

Puis, l’année suivante, je suis tombée enceinte pour la première fois. Les questions se bousculaient dans ma tête, au même rythme que les nouvelles sensations dans mon corps. Et à chaque petite question, ma Nathalie pouvait m’éclairer. Mon médecin me donnait des statistiques, alors qu’elle, elle me parlait de son ressenti, de ses expériences. Et c’est exactement ce dont j’avais besoin. Je ne voulais pas entendre de données scientifiques, je voulais qu’on me dise que c’était normal d’avoir peur.

Puis, elle a partagé avec moi ses histoires d’accouchements, ses récits d’allaitement et tout le bagage d’une mère-veilleuse femme. J’ai pensé à elle en poussant mon bébé, le plus naturellement possible. J’ai pensé à elle quand j’ai mis bébé au sein. J’ai pensé à elle à chaque petite étape de ma nouvelle vie de maman, me demandant souvent ce qu’elle aurait fait. J’espérais tellement fort qu’elle ait réussi à me transmettre son instinct maternel…

J’étais maintenant une maman. C’est comme s’il y avait un fil invisible qui nous liait. Grâce à elle, je voyais la maternité comme un arbre qui prend de la maturité dans une grande forêt. Chaque maman a son arbre et toutes les racines sont liées, parce que certaines épreuves de nos vies de mamans nous lient indéniablement.

Les années ont passé. Ma Nathalie n’était jamais bien loin. Toujours à un coup de fil d’une réponse rassurante… Puis, mes grossesses se sont succédé et ma grande famille m’a comblée. Je suis devenue la maman-d’une-famille-nombreuse, mature et expérimentée.

Et un jour, la jeune éducatrice passionnée de ma fille a commencé à me demander des conseils. Des conseils sur la grossesse, sur l’accouchement, sur l’allaitement… et quand elle est tombée enceinte, je lui ai promis de toujours être là pour répondre à ses questions, peu importe l’heure du jour ou de la nuit.

Elle m’a remerciée le plus sincèrement du monde et m’a avoué que j’étais tellement un modèle pour elle… Moi ? Un modèle de maman ? J’ai réalisé ce jour-là que j’étais devenue sa Nathalie à elle… Quel honneur à mes yeux ! Je veux être pour elle cette maman qui a plein d’histoires à raconter… Cette maman qui sait écouter… Cette maman qui n’est pas parfaite, mais qui est humaine et bienveillante.

Je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, ma Nathalie, que tu étais ce modèle-là pour moi. Mais je veux te dire MERCI. Merci d’avoir toujours répondu au téléphone quand je paniquais et que j’avais besoin de toi. Merci pour toutes les fois où tu m’as rassurée. Merci de m’avoir montré que c’était aussi beau d’avoir une famille nombreuse. Je te dois une grande partie de ma belle famille.

Merci, ma Nathalie.

Et vous, avez-vous une mère-veilleuse dans vos vies ?

Joanie Fournier

 

À toi, mon enfant unique

Dans la vie, on a tous des regrets. Des regrets qui font mal et d’

Dans la vie, on a tous des regrets. Des regrets qui font mal et d’autres moins. Les regrets qui font mal sont souvent ceux avec lesquels il est plus difficile de vivre. Ceux qui reviennent nous hanter à certaines périodes spécifiques de notre vie… Ou pas. « Pas » dans le sens où ils peuvent être là, dans notre tête, sans arrêt, et qu’ils ne nous lâchent jamais.

Ça peut paraître banal pour certains ou frustrant pour ceux et celles qui ne peuvent pas en avoir, mais moi, je n’aurai jamais deux enfants. Oh oui, je t’ai toi, ma magnifique fille qui grandit à une vitesse fulgurante. Tu as déjà douze ans, tu es belle, gentille et intelligente, mais je n’aurai jamais un deuxième enfant. Tu sais, un autre bébé dont je pourrais prendre soin comme j’ai pris soin de toi. Un complément. Un p’tit bout d’humain avec qui tu aurais développé une belle complicité. Vous voir rire ensemble, grandir, vous amuser, vous chicaner. Je ne devrai jamais faire la police entre vous deux, vous séparer et m’exaspérer devant vos chicanes inutiles. J’aurais voulu vivre une vie de famille complète. Je sens qu’il me manque quelque chose et qu’il te manque quelque chose aussi… Mais dans le fond, qu’est-ce qu’une famille complète? On se complète bien, nous! Elle peut être complète avec un seul enfant, mais j’ai toujours ce sentiment qu’il me manque quelque chose… Peut-être que je ne cherche pas à la bonne place non plus, je ne sais pas.

En plus du fait que je n’aurai jamais deux enfants, je ne serai jamais « ma tante ». Je ne connaîtrai jamais la joie de prendre un enfant un week-end, de l’amener en vacances avec toi et ensuite, de le retourner chez ses parents! Évidemment, je le fais avec tes amies, mais ce n’est pas la même chose, non?

Il y a des choses dans la vie qui ont fait en sorte que je n’aurai pas d’autre enfant.

J’entends dire :

–          Apprécie ce que tu as. Tu as une belle grande fille en santé!

Absolument! Et je savoure chaque étape! Je t’aime, je t’adore. Tu es ma moitié, ma vie, mon inspiration. Tu es une partie de moi. C’est peut-être aussi le fait que tu es un enfant unique, que tu es si près de moi. Je t’aime encore plus fort et je ferais tout pour toi. Je te donne ma vie, mon temps et mon énergie. Tu représentes tout pour moi. Tu me complètes! On rit ensemble, on boude ensemble, on se chicane, on crie, on pleure de rire, on pleure de joie et on pleure de peine ensemble. Pour rien au monde, je ne changerais notre si belle complicité!

Mais j’ai peur, peur pour ton futur. Peur de te voir vieillir seule. Peur du jour où je ne serai plus là pour toi. J’ai peur que tu m’en veuilles un jour de ne pas t’avoir donné un petit frère ou une petite sœur. Tu m’en parles tellement souvent!

Mais tu sais, c’est à moi d’apprivoiser ces peurs, c’est à moi de me déculpabiliser et d’apprendre à vivre avec ce regret. Quand même les publicités à la télévision me font pleurer, quand même voir des enfants jouer ensemble me rend coupable… Je veux que tu saches, ma fille, que toi tu es là à mes côtés. Tu es ma fierté et on forme une super équipe!

La vie est tout simplement différente pour nous, mais elle n’est pas moins belle!

Je t’aime!

Ta mamounette,

Tania Di Sei