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Au bon endroit, au bon moment

Le 19 décembre 2011, l’Assemblée générale des Nations Unies a

Le 19 décembre 2011, l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré le 11 octobre Journée internationale de la fille, afin de reconnaître les droits des filles et les obstacles particuliers auxquels elles se heurtent de par le monde.

Je me suis dit que j’allais questionner ma fille de 15 ans sur le sujet. Elle est la mieux placée pour décrire comment elle perçoit sa liberté. A-t-elle conscience de ce qui se passe dans le monde pour les filles et comment le vit-elle ?

Alors, Mathilde s’est enfermée dans sa chambre et a écrit ceci…

AU BON ENDROIT, AU BON MOMENT

Je suis née du bon côté d’une ligne imaginaire qui sépare celles qui ont eu de la chance et celles qui n’en ont pas. De l’autre côté de la ligne, il y a celles qui n’ont pas le droit de s’instruire ou de conduire une voiture. Celles qui subissent des violences et qui sont forcées de se taire. Celles à qui on a retiré tant de droits. Le droit de s’exprimer, le droit de rêver, le droit humain.

Mais, j’ai beau chercher, cette ligne je ne la trouve pas, ne la vois pas. Quelle est-elle? Où est-elle? Qu’est-ce qui fait que l’on se retrouve d’un côté ou de l’autre? Peut-on la traverser? Et ces jeunes filles, de l’autre côté, qui sont-elles?

Elles sont vous, elles sont moi. Elles sont victimes de violences, de viols, de travaux forcés et de prostitution. Elles sont sous-payées et doivent lutter pour survivre. Elles sont oppressées, restreintes dans leurs ambitions et très mal traitées. Et parce que je pourrais très bien être à leur place, je ne peux simplement détourner les yeux de leur misère. Je ne peux me permettre d’oublier, car elles ne le peuvent pas. Je dois crier pour elles, dénoncer leurs souffrances, car elles ne peuvent le faire.

Je crois que chaque fille devrait pouvoir rêver, lire, écrire et s’affirmer. Il ne devrait pas y avoir de ligne. J’ai le droit de penser et de m’exprimer. J’ai le droit d’accéder à une éducation supérieure et d’être payée décemment. J’ai le droit de refuser de me marier et d’avoir des enfants. Pourquoi pas elles?

Et en ce 11 octobre, nous célébrons les adolescentes. Celles qui se battent. Celles qui protestent. Celles qui osent rêver. Nous célébrons leur courage, leurs droits. Nous célébrons l’avenir, le leur et le nôtre. Nous célébrons les filles d’aujourd’hui et les femmes de demain. Celles qui sont nées au mauvais endroit, au mauvais moment et qui luttent pour traverser la ligne. Et celles qui ont de la chance et qui tendent la main pour aider.

Nous avons le pouvoir de faire changer les choses. Nous pouvons nous battre à leurs côtés, les aider à vaincre l’adversité. Nous le pouvons tous et toutes. Car, oui, les hommes aussi sont concernés. Ce sont eux qui sont responsables du problème, mais ils sont aussi la solution. Sans leur appui, jamais ces filles ne seront libérées de leurs fardeaux.

«Les droits de l’Homme sont les droits de la femme, a dit Hillary Clinton, et les droits de la femme sont les droits de l’homme.» Redonnons à ces femmes ce qui leur revient de droit et effaçons la ligne, afin que chacune naisse au bon endroit, au bon moment et ait les opportunités qu’elle mérite. Car, on ne choisit pas où l’on naît, mais bien qui l’on est.

Florence n’était pas une statistique

Florence, c’était une petite sœur, une grande sœur, une sœur de cœur, une nièce complice, un

Florence, c’était une petite sœur, une grande sœur, une sœur de cœur, une nièce complice, une collègue devenue une amie, une « partner » de kickboxing, une joggeuse, une « partner » de voyages, une nouvelle amie, une amie de longue date, une éducatrice devenue une famille pour certains jeunes, une amoureuse, une belle-sœur aimante, une rencontre mémorable faite en voyage, une cousine, une « matante » gâteau, une marraine pleine de promesses. Florence, même à 28 ans, c’était le bébé de mes parents. Peut-être la plus sage des quatre, surement celle qui savait le mieux comment ne pas se faire prendre. Florence, c’était tout cela et tellement plus encore. Ce n’était pas une statistique.

Seulement 10 femmes sur 25 000 ou 0,04 % feront une embolie pulmonaire alors qu’elles prennent une pilule de 3e génération. C’est 2 fois plus fréquent que chez les femmes qui prennent une pilule de 2e génération et de 4 à 5 fois plus fréquent que chez les femmes qui ne prennent aucune pilule contraceptive. En fait, c’est que les hormones contenues dans celle-ci peuvent, chez certaines femmes, épaissir le sang, causant ainsi des caillots qui bloquent la circulation sanguine. 10 femmes sur 25 000, ça peut sembler peu. C’est pourquoi il arrive trop souvent qu’on nous prescrive ce médicament en négligeant cet aspect. On considère que les bénéfices dépassent les risques…

Le problème, ce n’est pas qu’on continue de le prescrire malgré les risques associés. Oui la prise de pilule contraceptive comporte plusieurs bénéfices et je ne m’y connais pas assez pour dire si oui ou non on devrait continuer de l’utiliser. Là n’est pas la question. Ce que je dénonce, c’est que ces risques soient si méconnus. C’est qu’on utilise des statistiques pour prescrire un médicament sans informer suffisamment les femmes concernées, les privant ainsi du pouvoir de peser le pour et le contre et de juger elles-mêmes si les bénéfices dépassent les risques. Prescrire la pilule est devenu banal. S’informe-t-on suffisamment de leur historique médical et des facteurs de risques qui pourraient faire en sorte qu’un autre moyen de contraception devrait être privilégié? Ont-elles des problèmes d’insuffisance veineuse (varices), l’habitude de faire de longs vols en avion, des antécédents de troubles sanguins dans la famille, fument-elles? Prendre le temps de poser ces questions permettrait aux médecins de mieux diriger leurs patientes vers un moyen de contraception indiqué pour elles et comportant le moins de risques possible. Certains le font, mais trop ne le font pas.

Ensuite, si la patiente, bien informée, convient que la pilule contraceptive est indiquée pour elle, prend-on alors le temps de la sensibiliser aux symptômes de phlébite et d’embolie pulmonaire, alors que ce médicament la rend de 4 à 5 fois plus susceptible d’en être victime. Lui dit-on quels sont les symptômes à surveiller et ce qu’elle doit faire si elle les observe ? Cette étape ne devrait jamais être négligée. Elle peut sauver des vies.

Si je considère mon expérience personnelle et celle d’une dizaine de mes amies et connaissances qui voient toutes des médecins différents, aucune ne se souvient avoir été informée des signes de phlébite ou d’embolie pulmonaire ni même des risques de la pilule contraceptive alors que toutes la prennent ou l’ont pris à un moment de leur vie. Est-ce nous qui avons oublié ces mises en garde parce qu’elles datent de plusieurs années et n’ont jamais été renouvelées ou est-ce les médecins qui ont négligé de le faire? Cela démontre toutefois qu’il y a un gros manque. Trop souvent, on ne prend pas le temps de nous expliquer ou alors on le fait lorsqu’on prescrit la pilule pour la première fois, puis on y revient que lorsque la femme atteint 35 ans, âge où les statistiques sont plus alarmantes. Trop souvent, ce n’est que lorsqu’un autre membre de la famille fait une phlébite ou une embolie que l’on informe ces femmes des effets néfastes pouvant être rattachés à la prise ce contraceptif. Je comprends que les médecins sont débordés, que le système de santé a des lacunes et que leurs conditions de travail ne sont pas optimales, mais avec le pouvoir de prescrire des médicaments viennent de grandes responsabilités qui ne peuvent être négligées. Peut-être certains tiennent-ils pour acquis que nous savons. Eh bien non, plusieurs d’entre nous ne savent pas. Florence ne savait pas.

« Est-ce qu’elle prenait la pilule contraceptive? » C’est la première question que tous les médecins nous ont posée suite au décès de Florence. Oui, elle prenait une pilule de 3e génération. La réponse fait mal. Comment se fait-il que le lien semble si évident par après, mais qu’il ne l’était pas suffisamment pour nous en informer avant l’irréversible? Peut-être Florence, sachant tout cela, aurait-elle tout de même décidé de prendre la pilule, mais elle aurait été à l’affut des signes de phlébite et d’embolie pulmonaire qu’elle présentait et aurait pu être traitée à temps.

Ma sœur a participé à une course quelques jours avant son décès. Elle avait mal au mollet et a donc dû terminer sa course en marchant. Cette douleur était présente depuis quelques jours. Elle croyait que c’était musculaire. Elle en a parlé à des amies. Personne n’a pensé à une phlébite. Le soir avant son décès, elle a vu que son mollet était un peu enflé. Elle ne s’est pas alarmée. Elle a dû croire qu’elle s’était « claqué un mollet » en s’entrainant, comme c’était le cas l’an passé. Les signes étaient là, mais elle ne les connaissait pas. Elle n’a pas eu la chance de les reconnaitre et de se rendre d’urgence à l’hôpital. Elle n’était pas informée. Je ne l’étais pas non plus et j’ai pris la pilule pendant des années, comme bien des femmes de notre âge. J’aurais fait exactement comme elle, parce qu’à 28 ans, on ne s’inquiète pas d’un petit mal de mollet… Sauf quand quelqu’un a compris toute l’importance de nous informer comme il se doit.

Ce n’était pas musculaire. Florence avait une bombe dans le mollet. Un caillot de sang qui bloquait sa circulation et qui menaçait de se déloger et de continuer sa route jusqu’à ses poumons. Le 24 septembre, Florence a perdu connaissance pendant un court moment au travail. Elle n’a pas cru sa vie en danger. Elle avait 28 ans, était sportive, s’alimentait bien. Comme la jeune femme responsable et l’éducatrice spécialisée dévouée qu’elle était, elle a attendu qu’on vienne la remplacer avant de se rendre aux urgences où ma mère l’a rejointe. Elles ont plaisanté, puis elle est partie passer quelques tests. Mais il était trop tard. La bombe a explosé. Le caillot s’est délogé. Florence n’est plus, parce qu’un petit 10 sur 25 000 ne justifiait pas qu’on s’attarde sur les risques. Parce que prescrire la pilule contraceptive est devenu si banal.

Si nous avions su…
Jamais ces mots n’auront été si douloureux. C’est pourquoi nous avons choisi de partager avec vous ces informations. Parce que malgré tout le temps que nous passons à ressasser ces évènements dans notre tête, la dure réalité, c’est que nous ne pourrons pas la ramener. Tout ce que nous pouvons faire maintenant, c’est en parler pour conscientiser nos proches, ses proches. Pour que les femmes soient conscientes des risques et questionnent leurs médecins et pour que ces derniers les informent et insistent sur les signes à surveiller.

Florence, c’était des souvenirs d’enfance, des regards complices, des fous rires à la tonne, une oreille attentive, des paroles rassurantes, un amour inconditionnel, des anecdotes à n’en plus finir, des secrets bien gardés, des réponses « punchées », une présence malgré la distance, des projets de voyage à l’infini. Florence, c’était tout cela et tellement plus encore, mais certainement pas une simple statistique.

Pour ceux et celles qui se posent des questions et qui voudraient plus de réponses, je vous suggère quelques liens. Je ne suis pas une spécialiste, donc je vous invite à visiter ces pages. Notez que le Nuvaring et plusieurs autres contraceptifs hormonaux agissent comme la pilule contraceptive et comportent, semble-t-il, les mêmes risques.
*AVEP (Association des victimes d’embolie pulmonaire en France) Vous retrouverez plusieurs témoignages de familles ayant perdu un proche ou de victimes ayant subi une embolie et vivant avec les séquelles. On y parle des risques de la pilule contraceptive.
http://www.avep-asso.org/association
*Ces sites fournissent de l’information sur les causes, symptômes, traitements et sur la prévention des embolies pulmonaires. Ils mentionnent tous un lien entre la prise de pilule et les embolies pulmonaires.
http://sct.poumon.ca/diseases-maladies/a-z/embolus-embolie/index_f.php
http://www.allodocteurs.fr/maladies/poumons/embolie-pulmonaire/embolie-pulmonaire-comment-reagir_5912.html
http://www.pharmaciengiphar.com/maladies/poumons-et-respiration/embolie-pulmonaire/embolie-pulmonaire-un-caillot-dans-poumonshttp://www.automesure.com/Pages/pilule3.html

 

Source du texte: La page Facebook d’Ariane Aumont-Légaré