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Je suis tannée d’être forte

Je n’y arrive tout simplement plus. Ça fait dix ans que je tire l

Je n’y arrive tout simplement plus. Ça fait dix ans que je tire le navire à bout de bras. On me trouvait donc bonne, on me trouvait donc forte. J’ai élevé trois enfants pratiquement seule. Parfois couchée en petite boule à pleurer toutes les larmes de mon corps parce que j’ai trouvé ça dur.

La vie m’a envoyé des messages clairs en me disant que je devais me choisir. D’arrêter de pagayer seule et de demander de l’aide. Puis un jour, quelqu’un l’a fait pour moi. J’avais un rendez-vous avec mon médecin. Je n’ai pas eu besoin de parler et j’ai craqué.

Prescription en main, je suis ressortie. J’ai arrêté de travailler deux ans. Deux ans à tenter de remonter une pente déjà trop abrupte. Jamais je n’aurais cru un jour ne plus être capable de me lever le matin pour mes propres enfants. Je ne pouvais plus subvenir à leurs besoins. La réalité me rattrapait avec la pire des gifles que j’aurais pu recevoir. Je me suis promis, plus jamais. Plus jamais je ne voulais retomber aussi bas. Pour moi avant tout et pour mes enfants.

Je sais exactement ce que je ne veux plus dans ma vie. Je sais ce qui gruge mon énergie et ce qui pourrait me ramener à ma période sombre. Je le sais que je suis toujours tout près. Malheureusement. Mais on me dit de continuer, que ça va passer. On juge mes décisions, on me remet toujours en doute. Pourtant, je le sais ce que je vaux. Autant que je le sais, autant que je n’arrive pas à faire le saut. Ma relation m’empoisonne. Je suis devenue agressive envers lui. De la patience, je n’en ai plus. J’en ai eu pendant ses dix ans d’alcoolémie. Maintenant qu’il est sobre, qu’il est devenu celui que j’ai toujours rêvé qu’il soit, je n’en veux plus. Je lui en veux. Il n’a pas été là, jamais.

Il faudrait que je sois compréhensive et que je laisse le passé derrière. Parce que toutes les blessures que j’ai eues ne devraient plus me hanter. Parce qu’une relation, c’est au présent. On s’imagine un futur. Parce qu’aujourd’hui, on jette la serviette rapidement. On dirait que je n’ai pas envie de faire partie de ces statistiques-là. Parce que oui, j’y ai cru. Mais plus maintenant. Je suis brisée. Je ne me reconnais plus. J’ai l’impression que j’ai tout donné à mes enfants pendant dix ans et que maintenant, ils côtoient la pire partie que leur mère peut leur donner. De l’impatience et de la colère refoulée. À la limite, de la vengeance. Parce que oui, ça me fait chier de voir leur père revenir dans leur vie comme si de rien n’était. Parce que lui, même s’il n’est pas là souvent, il a le beau rôle.

Une maman fatiguée qui s’occupe de la maison, des lunchs, des activités, des anniversaires, des courses, etc., seule, c’est plate pour des enfants. Parce qu’avec papa, on ne va pas à l’épicerie. Parce qu’avec papa, on peut écouter un film collés. Parce que maman préfère dormir un vendredi à vingt heures quand monsieur est enfin là. Maman est plate.

Mais maman prend soin d’elle. Maman n’est plus capable d’être la mère, la femme, l’amante et la petite fille intérieure forte. Maman n’a plus envie d’être une femme, sa femme, ni une amante. Maman a juste envie de vous aimer et de profiter du temps avec vous. Je n’ai pas envie d’avoir de la rancune. D’avoir envie de crier chaque fois que j’entends sa voix. J’ai envie de vous offrir une famille saine et équilibrée, quitte à ce qu’elle soit éclatée. Éclatée mais en santé.

Eva Staire

On doit parler, Beauté

On doit parler, Beauté. Tu sais, avant ta venue, je me sentais fort

On doit parler, Beauté. Tu sais, avant ta venue, je me sentais forte, indépendante et au-dessus de tout. Je croyais que la femme de nos jours était considérée et respectée. J’étais obnubilée par cette fausse publicité. Ne voyant pas le mal d’une camisole où le nombril se dorait au soleil. Aimant les mini jupes et les décolletés plongeants. J’aimais être belle, sexy et je regardais les autres femmes, les trouvant belles et cherchant à l’être aussi.

Puis, tu es née.

Cette autre vie où je ne voyais pas le risque à trop montrer, à être cette femme que j’étais, me revient en tête en te voyant grandir. En remarquant les regards qui glissent sur toi. Oui, déjà.

Ma fille, je ne te le dirai pas mais, j’ai terriblement peur.

Lorsque je vois passer aux nouvelles ou dans certaines émissions les tourments de nos jeunes femmes en devenir… j’ai peur. J’espère te donner cette éducation qui te protégera, mais je ne suis pas autruche. Peu importe mes enseignements, tu feras ta route, aura tes propres embûches.

Ma fille je te regarde grandir depuis ta naissance. Tu es belle ma fille. Tu es magnifique avec tes éclats de caractères, tes mimiques. J’ai confiance en toi ma puce.   Quand tu as élu domicile en moi, j’avais si hâte de te voir, te toucher autrement qu’au travers de ma peau. Nos cœur battaient à l’unisson, je te parlais jour et nuit de cette vie qui t’attendait.

Maintenant, cette vie, elle m’effraie.

Tes yeux turquoise si innocents sont effrayants. Ta timidité charmante peut être si attirante. J’aurais envie de te garder dans cette bulle, près de moi et de te protéger. Mais tu étoufferais, c’est assuré. Tant de dangers en ce monde. Je sais bien, ma beauté, je deviens quelque peu paranoïaque, mais je voudrais te protéger de toutes ces arnaques!

Sois forte, indépendante et au-dessus de tout. Apprends à te respecter et tu le seras. Lorsqu’arriveront certains personnages voulant briser ton équilibre, bats-toi! Je voudrais me battre à tes côtés, mais je ne pourrai pas toujours y rester. Alors saches que le monde n’est pas un conte de fée. Malgré ses nombreuses beautés, ses innombrables et grandioses bonnes choses, la vie peut être dure aussi.

Je voudrais te léguer ma force et mon savoir. Mais tu devras pour certaines choses faire ton propre parcours, que je te souhaite pas trop lourd. Ma fille, ce soir je te regarde dormir et j’ai peur. La poitrine me sert, les larmes visitent mes paupières et j’espère.

J’ai à te dire, Beauté. À te dire que tu es ma fille, que tu es toi-même, que tu seras une femme superbe en tous points. Peu importent tes imperfections, tu seras toujours parfaitement imparfaite. Mais fonce! Ne laisse pas cette peur que je porte te freiner, sois téméraire! Comme je l’étais hier. Saches que peu importe ton parcours, tes choix, tes amours et tes combats. Je serai là si tu le désires. Vis intensément, mais promets à ta maman de le faire quand même un peu prudemment.

Filles de caractère; leaders, indépendantes et confiantes

J’ai souvent entendu : « Les filles sont plus calmes, elles font moins de crises que les garço

J’ai souvent entendu : « Les filles sont plus calmes, elles font moins de crises que les garçons », « C’est plus simple de s’occuper d’elles car elles écoutent plus facilement et rapidement les consignes », « Les filles s’impliquent davantage dans les tâches quotidiennes », etc.

Permettez-moi de faire une petite mise au point.  Il y a beaucoup de filles qui s’affirment et c’est tant mieux. Depuis que je suis éducatrice à la petite enfance, j’ai eu à m’occuper de quelques jeunes demoiselles avec beaucoup de caractère. En voici deux exemples :

Ariane. Elle avait 4 ans, cheveux et yeux noirs. Elle a vite pris sa place avec les garçons qui faisaient partie de mon groupe de six enfants. Elle ne s’en laissait pas imposer par personne. Elle s’affirmait clairement et était cohérente entre ses attitudes non verbales et son expression langagière. Elle me regardait droit dans les yeux pour exprimer haut et fort un « Non!!! » catégorique.

Il y a eu aussi, Emy. Petite châtaine aux yeux bruns. Dès son arrivée dans mon service de garde, elle affirmait son désaccord par des cris d’une forte intensité, à en faire mal aux oreilles. Les fenêtres ouvertes, les voisins l’entendaient certainement.

Qu’est-ce que ses deux jeunes filles ont en commun? Déjà, toutes petites elles étaient leaders, indépendantes et confiantes. Elles répondaient rapidement par l’affirmation ou la négation à une demande. Elles s’opposaient à une autorité dans un cadre restreint. Elles aimaient décider par elles-mêmes, elles étaient « pacables ». Elles étaient toujours disponibles pour m’aider, toujours prêtes à participer aux activités. Elles avaient une soif d’apprendre et une joie de vivre.

Elles ont marqué mes années dans mon milieu de garde. J’en garde de très bons souvenirs. J’ai dû adapter mon approche afin d’éviter des confrontations, et plutôt miser sur la collaboration afin qu’elles déploient chacune leur plein potentiel dans chaque sphère de leur développement. Elles m’ont permis de grandir. Elles m’ont appris à choisir mes mots et mon attitude quand je faisais une demande car elles étaient très réfractaires à l’autorité.

Tout d’abord, ce que j’ai fait et que je vous suggère de faire avec votre fille (et avec chaqcun des membres de votre famille) c’est de mettre sur papier ses qualités, ses habiletés et ses passions. Valorisez ses qualités et ses actions positives.

Je demandais à ces deux jeunes filles des petites tâches à faire (chercher le balai, mettre la couche du bébé dans la poubelle, aider un plus petit à s’habiller, servir les assiettes, etc.) selon leur âge et leurs habiletés tout en leur donnant parfois de petits défis. Elles étaient très heureuses, elles se sentaient responsables et valorisées dans leurs actions. C’est ainsi que j’ai pu établir un lien de confiance entre elles et moi.

Je dis souvent aux parents de jeunes filles avec un caractère fort : « C’est super, j’aime les filles avec ce caractère, car elles vont faire leur chemin dans la vie. C’est difficile quand elles sont petites, mais si vous leur donnez une base solide entre 0 et 5 ans, vous aurez seulement à les guider par la suite et elles vous remercieront quand elles seront grandes ». Ça console bien des parents d’entendre ces paroles.

Parfois, avec ce type d’enfant, il est important d’ignorer leurs actions négatives (tant que ça ne touche pas leur sécurité physique et affective). Il faut choisir ses batailles. Ce sont des leaders, elles aiment être dans l’action et diriger. C’est une des forces de ce type de personnalité.

Avec ces forces insoupçonnées, ces enfants, une fois devenues adolescentes, peuvent devenir des leaders de groupe de délinquants comme de groupe de projets communautaires. C’est avec l’enseignement de vos valeurs, la cohérence et le respecter de vos limites clairement établies qui feront la différence à moyen et à long terme. Par des questions ouvertes, intéressez-vous à ce qu’elles font, pensent et ressentent, et ce, tout au long de leur enfance et de leur adolescence. C’est une éducation gagnante-gagnante si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté pour qu’elles deviennent des leaders positives.

Oups, j’oubliais, Emy et Ariane avaient des qualités en commun : elles étaient déterminées et persévérantes. Avec le temps, elles finiront par atteindre l’objectif qu’elles se seront fixées. En encourageant à développer leur plein potentiel, les jeunes filles d’aujourd’hui deviendront demain des chefs d’entreprises prospères, des politiciennes, des directrices générales, bref, des femmes accomplies dans le domaine d’activité qu’elles auront choisi.

Nous avons besoin de ces filles dans notre société. Go les filles go! J’ai confiance en vous!

Léane et Pauline, une histoire de femmes fortes (et du cycle de la vie et de la mort)

Tu es entrée dans nos vies samedi, à 22h20. Habituellement à cette heure-là, les gens se prépar

Tu es entrée dans nos vies samedi, à 22h20. Habituellement à cette heure-là, les gens se préparent à dormir. Pas toi. Oh que non ma p’tite dame! Toi, tu entrais tête première dans un monde qui t’était inconnu en éclaboussant tout le monde de ta beauté. T’as choisi une drôle de date pour arriver tu sais, parce que le lendemain, toute la famille était réunie pour saluer une dernière fois ton arrière-grand-mère Pauline. Même que, lorsque Pauline est partie au paradis des arrière-grands-mères, j’ai bien pensé que ta mère accoucherait de toi ce jour-là. Ça m’a fait un peu peur au fait, parce que je voulais que ta fête t’appartienne à toi et à toi seule, je ne voulais pas que ta mère et ta grand-mère soient tristes en te chantant bonne fête pour la première fois.

Le soir de ta naissance, je pense que tout le monde était triste et anxieux à l’idée que le lendemain il nous allait falloir dire au revoir à Pauline. C’est toujours un peu difficile les au revoir, surtout quand tu ne sais pas vraiment quand est-ce que tu vas revoir la personne, et surtout quand la personne tu l’aimais beaucoup.

Elle t’aurait aimé, énormément, ton arrière-mamie Pauline. Elle aimait tellement ça les bébés! Un jour ma belle Léane, quand tu seras assez grande pour lacer tes souliers toi-même et que tu sauras compter jusqu’à cent, je vais te donner mes souvenirs les plus précieux pour que tu les gardes avec toi pour les jours de pluie. Je vais te raconter comment elle aimait cuisiner et combien ses desserts étaient extraordinaires. Je vais tourner les pages des albums photos avec toi assise sur mes genoux et je te regarderai t’éblouir sur la finesse de ses doigts et la fougue qu’elle avait dans le regard. Lorsque tu viendras nous visiter avec ta mère, ma cousine d’amour, je vais te regarder en m’exclamant bien fort “est tu belle cette enfant là!”, en te pointant du doigt, parce que c’est exactement ça que ta mamie aurait fait.

Tu lui ressembles déjà beaucoup, petite merveille! Ta mère aurait voulu que tu sortes la semaine dernière, elle était prête, elle avait hâte de te voir la binette mais toi… Tu n’en fais déjà qu’à ta tête! On m’a dit que tu avais déjà fait tout un remue-ménage du ventre de ta mère jusqu’à la chambre de naissance et que tu ne donnais pas ta place… Ça me rappelle quelqu’un ça! Ta mamie, c’était une femme forte. Pas dans le sens où elle tirait des autobus avec ses dents ou qu’elle cassait des planches à mains nues. Non. Une VRAIE femme forte. Celle qui élève sa marmaille et qui la couve toute sa vie, celle qui aide toujours, partout, tout le temps et qui ne s’arrête jamais pour se reposer. Celle qui a mené une vie plus rough que n’importe qui mais qui ne s’en sert jamais comme excuse et qui ne s’apitoie pas. Droite, forte, fière. Une vraie belle femme que tout le monde aime et qui aime son monde. Une tête de cochon aussi, qui écoute le docteur une fois sur trois et qui mange, boit, rit et fait rire, jusqu’à son dernier souffle. Une femme inspirante, avec le coeur gros comme une maison.

Je vais te raconter tout ça, ma petite cousine d’amour, un peu pour te remercier d’avoir à toi seule rétabli l’ordre des choses et bouclé la boucle du cycle de la vie.

On est tous encore triste parce que c’est jamais facile dire au revoir, mais on est maintenant aussi tous heureux, parce qu’avec toi la vie commence.