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Ta grossesse ectopique — Texte : Stéphanie Dumas

Lorsque tu as vu le Yes+ sur le test de grossesse, ton cœur a gonflé d’amour. Déjà tu sentais

Lorsque tu as vu le Yes+ sur le test de grossesse, ton cœur a gonflé d’amour. Déjà tu sentais la présence de ce petit être qui allait grandir en toi. Toutefois, rien ne pouvait te préparer à ce qui allait arriver bientôt et qui allait détruire cette belle aventure pour la transformer en cauchemar.

Les quatre premières semaines sont passées très rapidement et tout semblait aller pour le mieux. Tu te surprenais parfois toi-même à flatter ton petit ventre, et ce, même si ce dernier était encore bien plat. Tu parlais parfois à ce petit bébé dans ta tête en espérant qu’il sentait l’amour et qu’il comprenait les messages de bien-être à son égard.

Puis, une nuit, tu t’es réveillée avec une grande douleur au ventre. Elle t’a même empêchée de te lever durant un instant. Ton premier réflexe a été de penser à ton bébé et non à toi et ta propre douleur. Tu es allée à la salle de bain en priant pour ne pas voir de sang. Malheureusement, il y avait du sang et ton cœur s’est emballé. Est-ce que tu avais perdu le bébé ?!

Sur la route de l’hôpital, ton esprit allait dans tous les sens et les larmes coulaient sur tes joues. Tu implorais le ciel pour que ton bébé soit encore présent bien au chaud dans ton bedon. Tu espérais qu’il s’agissait de règles anniversaires ou d’un saignement sans danger pour le bébé. L’attente était longue, les heures coulaient trop dans la salle d’attente. Cette attente était bien trop longue pour une maman qui s’inquiète et qui attend une réponse. Il faut attendre les résultats des prises de sang. Ensuite, il faut attendre une échographie et enfin voir le médecin.

Puis, la nouvelle arrive : le bébé s’est accroché dans tes trompes. Il n’y a plus rien à faire. Il faudra lui faire tes adieux, car on va t’injecter un produit qui va le détruire pour le faire sortir du nid qu’il avait choisi.

Une petite pensée pour tous ces petits anges qui se sont malheureusement installés au mauvais endroit tout en s’installant dans notre cœur.

Stéphanie Dumas

C’est encore possible

Il y a deux mois, j’ai fait un test de grossesse. Il y a deux mois, j’a

Il y a deux mois, j’ai fait un test de grossesse. Il y a deux mois, j’ai appris que j’attendais mon deuxième bébé. Il y a deux mois commençait un voyage qui, je le savais, ne serait pas de tout repos.

Pour toutes celles ayant déjà vécu une grossesse ectopique dans le passé, un résultat positif sur un test de grossesse sonne une cloche d’alarme. N’importe qui désirant un bébé se réjouirait de cette nouvelle. J’aimerais tellement que ce soit si simple. Oui, nous voulions agrandir notre famille, mais cela reste toujours inquiétant. Ce que j’ai vu avec les deux lignes sur le test, ce sont toutes les procédures qui allaient suivre et les nuits d’angoisse à ne pas dormir. Je voyais les appels en clinique pour essayer d’avoir un rendez-vous pendant la COVID. Je voyais les prises de sang aux deux jours. Je voyais l’attente du résultat téléphonique chaque soir. Je voyais les échographies à répétition jusqu’à ce qu’on trouve le petit cœur.

J’anticipais la déception si on m’annonçait qu’il n’était pas là où il devait être. J’anticipais la douleur des injections et du décollement. J’anticipais l’hospitalisation et le suivi post-injection.

Mon conjoint n’osait pas se réjouir, car nous avons déjà vécu cette expérience et nous savons ce qui peut arriver. On se regardait, on se souriait, mais on n’osait pas imaginer déjà notre vie à quatre.

Puis, après plusieurs tests, le résultat est arrivé… Bébé est à la bonne place et son cœur bat parfaitement. Nous sommes contents et reconnaissants de la chance que nous avons. Nous pouvons enfin nous réjouir.

Nous sommes conscients que plusieurs parents n’ont pas notre chance. J’ai pu garder ma trompe lorsque ma grossesse extra-utérine est survenue et ça m’a permis de concevoir ma fille et le futur humain qui s’en vient. En revanche, beaucoup de femmes se font prendre en charge trop tard et doivent se faire enlever une trompe pour sauver leur vie. C’est terrible de penser qu’une femme qui veut donner la vie passe proche de perdre la sienne par le fait même.

Je voudrais dire aux femmes qui ont vécu cette expérience par le passé que ce n’est pas impossible de concevoir après avoir vécu une grossesse ectopique. Certaines histoires se terminent bien. Et si certaines ne veulent pas se réessayer, c’est bien correct aussi. Il faut savoir s’écouter et se respecter. Mon témoignage aujourd’hui est juste pour vous dire que si vos trompes ont survécu à cette épreuve, il n’est pas impossible de concevoir à nouveau et à la bonne place. Ça prend beaucoup de courage et de résilience, mais c’est possible.

Je vous souhaite, à toutes celles qui le désirent, d’avoir un petit cœur dans le ventre lorsque vous vous en sentirez prêtes.    

Anouk Carmel-Pelosse

Lettre pour Nell

Salut ma peanut,

Deux ans. Deux

Salut ma peanut,

Deux ans. Deux ans déjà que papa et moi, nous t’attendions. Nous étions tellement contents quand tu es arrivée ! Malheureusement, ou heureusement, tu es arrivée en grand. À quatre semaines, j’avais déjà des symptômes. On ne pouvait pas s’imaginer que la joie indescriptible de voir enfin deux lignes bleues apparaître dans nos vies allait se transformer en notre première vraie peine d’amour. Maman est allée consulter, car malgré ta présence, elle n’avait toujours pas cessé de saigner. C’est à ce moment‑là que le docteur nous a expliqué trois possibilités :

  1. Tu ne grandissais pas à la même vitesse que les autres.
  2. Tu t’étais fait un petit œuf, mais tu ne t’y étais pas installée.
  3. Tu n’avais pas fini ta course et tu t’étais installée dans la trompe de maman.

C’est cette journée‑là que le plus long mois de notre vie a commencé. Prise de sang aux deux jours, douleur, excitation, doute, peur.

Lorsque tu as été assez grosse pour être vue à l’échographie, nous avons pu constater que malheureusement, tu t’étais fait un nid à la mauvaise place.

Le docteur nous annonce que nous allions devoir te sortir de là, car si tu grossissais trop, ta maison ne pourrait pas s’étirer comme tu voudrais et maman ne pourrait pas survivre. Il a donc fallu que maman reçoive une injection en espérant que tu t’endormes, que tu disparaisses. C’est la piqure qui m’a fait le plus mal de toute ma vie. L’aiguille était sur la hanche, mais c’est dans mon cœur que je l’ai sentie me piquer et je la sens encore de temps en temps.

Tu t’es battue, maman l’a senti. Tu t’es décollée de ton nid pour voler jusqu’à mon cœur et t’y faire une place pour toujours. Douleur extrême, autant physique que psychologique et émotionnelle. Je me suis sentie horrible de te faire ça quand toi, tu voulais simplement rejoindre nos vies. Je m’excuse tellement. Si tu savais comment j’ai trouvé ça dur de te dire au revoir avant même d’avoir pu te dire bonjour. Comment j’ai trouvé difficile d’annoncer à tes grands-parents qu’ils ne te connaîtraient jamais.

Pour papa et moi, tu resteras toujours notre premier bébé, notre premier espoir d’une vie de famille. Tu as été deux mois dans nos vies, mais tu resteras toujours dans nos cœurs et nos esprits. J’espère que tu comprends que je t’aime et que je t’aimerai toujours. Et que je m’en veux encore même si je n’ai pas eu le choix. Je sais que tu es là et que tu veilles sur ta sœur. Merci d’avoir fait le chemin pour elle et de l’avoir guidée dans nos bras.

Jamais je ne t’oublierai. Sache que pour moi, mars 2019 restera toujours le mois où tu ne viendras pas au monde.

Ta maman pour toujours

Anouk Carmel-Pelosse